Extrait

La petite troupe remonte avec les valises. En file indienne. Le soleil commence à baisser. Le Chien sautille derrière, court entre les jambes. Porcelaine s’amuse à le faire aboyer en lui lançant des : « le Chien, du calme ! »

Elle assure :

– Il parle le chien. C’est sa langue, comme Marguerite parle breton à ses casseroles quand elle est toute seule.

Tout le monde se met à rire. Un bonheur de se faire chatouiller les jambes par les fougères, de baisser la tête sous les lauriers, de se faufiler entre les hautes herbes. Adrien en a cueilli une qu’il a glissée entre ses deux pouces pour en tirer des bruits qui ressemblent à tout sauf à des sifflements. Les quolibets ne l’arrêtent pas, il s’entête, se ridiculise. Puis vient un sifflement très aigu. Les filles lancent de grands cris d’admiration mais s’aperçoivent qu’Adrien n’a plus d’herbe entre les doigts. Le sifflement vient d’ailleurs. De la maison. On court jusqu’en haut du sentier, après le châtaignier. A l’orée de la pelouse saccagée par des traces de pneus, le moteur d’un camion tourne encore. Des hommes semblent grouiller partout. Entrent, sortent de la maison.

Un drapeau rouge à croix gammée flotte depuis le fenêtre du bureau, au premier étage. »