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— Je suppose que... je n'aurais pas dû tirer de conclusion hâtive.

Mais connaissant votre passé... j'ai présumé que...

Cette tentative piteuse pour se justifier parut porter un coup sévère à la maîtrise que Sébastian exerçait encore sur lui-même.

— Eh bien, votre présomption était fausse ! coupa-t-il. Si vous ne l'avez pas encore remarqué, je suis occupé du matin au soir, et je n'ai certes pas le temps de batifoler. Et si je l'avais...

Il s'interrompit abruptement. Il n'avait plus rien à voir avec l'élégant vicomte qu'Evangeline avait un jour contemplé de loin dans le salon de lord Westcliff. Il était dépenaillé, contusionné et furieux. Et il respirait à grands coups saccadés.

— Si je l'avais...

Il se tut de nouveau et une brusque rougeur lui colora les pommettes et l'arête du nez.

Evangeline sut à quel moment précis il perdit toute retenue.

Alarmée, elle s'élança vers la porte close. Mais à peine eut-elle fait un pas qu'il l'empoigna. Elle se retrouva plaquée contre le mur par son corps et ses mains. L'odeur de linge imprégné de sueur, mêlée

à celle du mâle robuste et excité, lui emplit les narines.

Quand il l'eut immobilisée, Sébastian pressa ses lèvres entrouvertes contre la peau fine de sa tempe. Son souffle se fit plus haché. Pendant un bref instant, il ne bougea plus. Puis Evangeline sentit la caresse électrisante de sa langue à l'extrémité de son sourcil. Son haleine chaude sur le minuscule point humide fit courir une myriade de frissons dans tout son corps. Lentement, il amena sa bouche sur son oreille et en suivit les replis sinueux.

Son chuchotement lui sembla provenir des recoins les plus obscurs de son propre esprit.

— Si je l'avais, Evangeline... Alors je t'aurais déjà arraché tes vêtements de mes mains et de mes dents, et tu serais nue. À

l'heure qu'il est, je t'aurais allongée sur ce tapis et j'aurais soulevé

tes seins pour les amener à ma bouche. Je les embrasserais... je les lécherais... jusqu'à ce que leurs pointes soient comme de petites baies dures, et alors, je les mordillerais avec une douceur infinie...

Evangeline se sentit sombrer dans une espèce de lente pâmoison tandis qu'il poursuivait d'une voix rauque :

— ... je dessinerais un chemin de baisers jusqu'à tes cuisses...

pouce par pouce... et quand j'aurais atteint ces douces boucles rousses, je les écarterais de la langue jusqu'à trouver ta petite perle... et je l'encerclerais, je la lécherais, je la taquinerais... Puis je la sucerais jusqu'à ce tu me supplies. Mais pas trop fort. Je ne serais pas aussi gentil. Je le ferais avec tant de légèreté, tant de tendresse que tu te mettras à crier ton désir de jouir...

J'introduirais ma langue en toi... je te goûterais... je te caresserais.

Je ne m'arrêterais pas avant que ton corps tout entier soit humide et pantelant. Et quand je t'aurais suffisamment torturée, je t'écarterais les jambes pour te pénétrer, je te prendrais... je te prendrais...

Sébastian s'interrompit, l'écrasant de son corps contre le mur.

Tous deux demeurèrent figés, excités et haletants.

Il finit par murmurer d'une voix presque inaudible :

— Tu mouilles, n'est-ce pas ?

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Alors que les deux hommes discutaient d'une dernière affaire - un investissement éventuel dans une suite de boutiques censées se construire sur Saint- James Street -, Sébastian s'empara de la main d'Evangeline. D'un air absent, il la porta à son visage et frotta le dos de ses doigts le long de sa mâchoire tout en lisant la proposition écrite devant lui. Bien que Sébastian n'eût pas conscience de ce que la familiarité détendue de ce geste révélait, Evangeline se sentit rougir quand elle croisa le regard de Cam par-dessus la tête inclinée de son mari. Le jeune homme feignit de lui adresser un regard de reproche, comme celui d'une nourrice ayant surpris deux enfants à jouer au papa et à la maman, puis il sourit jusqu'aux oreilles quand sa rougeur s'intensifia.

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A la vue d'Evangeline, ses amies se précipitèrent vers elle avec des cris perçants, et Evangeline elle- même éclata d'un rire aigu comme elles s'étreignaient toutes trois en s'embrassant avec exubérance. Tout excitées, les trois jeunes femmes continuèrent à s'exclamer et à piailler, jusqu'à ce que quelqu'un jaillisse dans la pièce. C'était Cam, les yeux écarquillés, le souffle court comme s'il venait de courir comme un fou. Il parcourut la salle d'un regard alerte, et, lentement, tout son corps se détendit.

— Sapristi, marmonna-t-il. J'ai cru qu'il était arrivé quelque chose.

— Tout va bien, Cam, le rassura Evangeline avec un sourire, le bras d'Annabelle toujours posé autour de ses épaules. Mes amies sont là, c'est tout.

Jetant un coup d'oeil à Sébastian, Cam observa d'un ton aigre :

— J'ai entendu des porcs faire moins de bruit quand on les égorgeait.

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— Je ne vais pas m'excuser pour mon passé. Un homme est censé

avoir de l'expérience.

— Tout porte à croire que vous avez acquis celle de dix hommes.

— Et en quoi cela devrait-il vous importer?

— Parce que votre... votre histoire amoureuse, pour parler poliment, ressemble à celle d'un chien qui s'arrête à toutes les portes de service d'une rue et récolte des restes sur chaque seuil.

Et je ne serai pas une porte de plus. Vous êtes incapable d'être fidèle à une femme... vous l'avez prouvé.

— Que je n'aie jamais essayé ne signifie pas que j'en suis incapable, mais simplement que je ne l'ai pas voulu ! Pour rester dans les allusions canines, vous n'êtes qu'une chienne intolérante

!

Au mot «chienne», Evangeline se raidit.

— J'aimerais que vous évitiez d'utiliser un langage aussi grossier.

— Il semble pourtant approprié, riposta Sébastian, à défaut d'être pertinent, car il se trouve que ce sont les femmes qui me supplient, et non le contraire.

— Dans ce cas, vous devriez aller voir l'une d'elles.

— Oh, je ne me gênerai pas ! Dès notre retour à Londres, j'ai l'intention de me lancer dans une débauche orgiaque qui ne prendra fin qu'à l'arrestation d'un des participants

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C'était Sébastian, tel qu'elle ne l'avait jamais vu auparavant : non plus détaché ni maître de lui, mais en proie à une rage sans nom. Une lueur meurtrière miroitait dans le regard pâle qu'il attacha sur Eustace. La respiration de celui-ci se fit laborieuse, et ses multiples mentons se mirent à trembler

— Donnez-la-moi, ordonna Sébastian d'une voix éraillée par la colère. Immédiatement, espèce d'ordure, ou je vous tranche la gorge.

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S'adossant à son fauteuil, il observa avec une désinvolture trompeuse Evangeline Jenner qui s'approchait. La bibliothèque était plongée dans la pénombre, à l'exception du feu qui brûlait dans la cheminée et éclairait d'une lueur douce le visage de la jeune fille. Elle ne paraissait pas avoir plus de vingt ans, avec son teint frais et ses yeux remplis de cette sorte d'innocence qui ne manquait jamais de susciter le dédain de Sébastian. Il n'avait jamais apprécié ni admiré l'innocence.

En tant que gentleman, il aurait dû se lever de son fauteuil, mais il jugea inutile de se montrer poli dans ces circonstances. Il se contenta donc de lui désigner l'autre fauteuil d'un geste négligent de la main.

— Asseyez-vous si vous voulez. Encore qu'à votre place, je ne prévoirais pas de rester longtemps. Je m'ennuie assez facilement, et votre réputation n'est pas vraiment celle d'une causeuse étincelante.

Face à sa grossièreté, Evangeline ne broncha pas. Sébastian ne put s'empêcher de s'interroger sur le genre d'éducation qui avait pu la rendre aussi insensible aux affronts, quand n'importe quelle autre fille aurait rougi ou fondu en larmes. Elle possédait soit une cervelle d'oiseau, soit un sang-froid remarquable. Après s'être débarrassée de sa cape, Evangeline la posa sur l'un des bras du fauteuil capitonné de velours et s'assit sans grâce ni artifice. Une des «laissées pour compte», songea Sébastian, qui se souvint qu'elle était l'amie non seulement de Lillian Bowman, mais aussi de sa jeune sœur, Daisy, et d'Annabelle Hunt. Au cours des saisons précédentes, ces quatre jeunes femmes avaient fait constamment tapisserie lors des innombrables bals et soirées auxquels elles avaient assisté. La chance semblait toutefois avoir tourné en leur faveur, car Annabelle avait fini par décrocher un mari, et Lillian venait juste de prendre lord Westcliff au piège.

Sébastian doutait cependant que leur bonne fortune s'étende à cette créature balbutiante.

Bien que tenté de lui demander la raison de sa visite, il s'en abstint de crainte d'induire un accès de bégaiement prolongé qui les mettrait tous les deux au supplice. Il attendit, se forçant à la patience, tandis qu'Evangeline paraissait réfléchir à ce qu'elle allait dire. Comme le silence se prolongeait, Sébastian l'observa à la lueur dansante des flammes, et s'aperçut, non sans surprise, qu'elle était séduisante. Ne l'ayant jamais vraiment regardée, il avait gardé d'elle le souvenir d'une rousse mal fagotée, et qui se tenait mal. En vérité, elle était fort jolie. Alors qu'il ne la quittait pas des yeux, Sébastian sentit une légère tension lui raidir les muscles, et les poils de sa nuque se hérisser. Il conserva une attitude détendue, mais le bout de ses doigts s'enfonça dans le capitonnage des accoudoirs. Comment avait-il pu ne pas la remarquer? s'étonna-t-il. Elle ne manquait pourtant pas de traits remarquables. Sa chevelure, du roux le plus flamboyant qu'il eût jamais vu, semblait se nourrir des flammes du foyer et étincelait, comme portée à l'incandescence. Ses sourcils finement arqués étaient, de même que la frange épaisse de ses cils, d'un auburn sombre ; elle avait une peau de vraie rousse, laiteuse et semée de quelques taches de rousseur sur le nez et les joues.

Sébastian s'amusa de ce joyeux éparpillement de paillettes dorées, qui semblait dû au caprice d'une fée amicale. Les lèvres de la jeune fille étaient pulpeuses - ce qui n'était guère à la mode, ces temps-ci- et naturellement roses ; ses grands yeux bleus étaient beaux, mais dépourvus d'émotion, comme ceux d'une poupée de cire.

— Je... j'ai appris que mon amie Mlle Bowman était à présent lady Westcliff, commença prudemment Evangeline. Le comte et elle se sont rendus à Gret... Gretna Green après qu'il vous a... renvoyé.

— « Réduit en bouillie » serait plus exact, rectifia Sébastian, affable, sachant qu'elle n'avait pas pu ne pas remarquer les hématomes laissés sur sa mâchoire par les poings de Westcliff.

— Apparemment, il n'a pas bien pris que je lui emprunte sa fiancée.

— Vous... vous l'avez enlevée, répliqua Evangeline avec calme. «Emprunter» implique que vous aviez l'intention de la lui rendre.

Sébastian esquissa un sourire, son premier vrai sourire depuis longtemps. Elle n'avait rien d'une nigaude, de toute évidence.

— Enlevée, alors, puisque vous tenez à être précise. Est-ce la raison de votre visite, mademoiselle Jenner? Me donner des nouvelles des heureux mariés ? Je suis las de ce sujet. Vous avez intérêt à me raconter quelque chose d'intéressant très vite, sous peine de devoir partir, je le crains.

— Vous voul... vouliez Mlle Bowman parce que c'est une héritière. Et que vous avez besoin d'épouser une femme fortunée.

— Exact, reconnut Sébastian. Mon père, le duc, a manqué à la seule responsabilité qui lui incombait : conserver la fortune familiale intacte afin de me la transmettre. Ma responsabilité à moi, c'est de mener l'existence oisive d'un libertin en attendant qu'il condescende à mourir. Je m'acquitte de ma tâche à merveille; le duc, en revanche, a failli à la sienne. Il a saboté les finances de la famille et il est à présent non seulement d'une pauvreté

impardonnable, mais en fort bonne santé.

— Mon père est riche, déclara Evangeline sans émotion. Et mourant.

— Félicitations.

Sébastian l'étudia avec attention. Il ne doutait pas qu'Ivo Jenner tirait des revenus considérables de son club. Les gentlemen londoniens se rendaient chez Jenner's pour le jeu, la nourriture soignée, les alcools forts et les prostituées à bas prix. L'atmosphère y était d'un luxe teinté d'une bonne dose de vulgarité. Près de vingt ans plus tôt, Jenner's avait été une alternative de second choix au légendaire Craven's, le plus somptueux et le plus célèbre des établissements de jeu que l'Angleterre eût jamais connu. Cependant, quand Craven's avait été entièrement détruit par un incendie et que son propriétaire avait renoncé à le reconstruire, le club d'Ivo Jenner avait hérité d'un flot de riches clients qui, faute de mieux, l'avaient hissé à la première place. Non pas qu'il puisse jamais espérer égaler Craven's. Un club reflétait en grande partie la personnalité et le style de son propriétaire, deux qualités qui faisaient cruellement défaut à Jenner. Dereck Craven avait été

indiscutablement un homme de goût, doté d'un vrai sens du spectacle. Par comparaison, Ivo Jenner apparaissait comme une brute aux mains comme des battoirs, un ancien boxeur qui n'avait jamais excellé en rien mais qui, par quelque miraculeux caprice du destin, était devenu un homme d'affaires prospère.

Et voilà que sa fille unique se tenait devant lui. Si elle s'apprêtait à lui faire l'offre qu'il soupçonnait, Sébastian ne pourrait s'offrir le luxe de refuser.

— Je ne veux pas de vos fé... félicitations, dit-elle en réponse à sa remarque.

— Alors, que voulez-vous, jeune fille ? demanda Sébastian.

Venez-en au fait, s'il vous plaît. Cela commence à devenir pénible.

— Je veux être auprès de mon père durant ses de... derniers jours. La famille de ma mère refuse que je le voie. J'ai essayé de m'enfuir pour aller à son club, mais ils me rattrapent toujours, et ensuite, ils me punissent. Je ne re... retournerai pas chez eux cette fois. Ils ont des projets auxquels je n'ai pas l'in... intention de me soumettre... quitte à y laisser ma vie, s'il le faut.

— Et quels sont ces projets ? s'enquit Sébastian d'une voix languide.

— Ils veulent me forcer à épouser l'un de mes cousins, M. Eustace Stubbins. Il n'a au... aucune affection pour moi, pas plus que moi pour lui... mais il est disposé à tenir le rôle que la famille lui a assigné.

— Qui est de prendre le contrôle de la fortune de votre père à sa mort ?

— Oui. Dans un premier temps, j'ai envisagé la possibilité

d'épouser M. Stubbins, parce que je pensais que nous aurions notre propre maison... et que... l'existence pou... pourrait être supportable si je vivais loin des autres. Mais M. Stubbins m'a dit qu'il n'avait pas l'intention de s'installer ailleurs. Il veut rester sous le toit familial... et je ne crois pas que je pourrais survivre là-bas plus longtemps.

Confrontée à son silence apparemment indifférent, Evangeline ajouta d'un ton posé :

— Je crois qu'ils ont l'intention de me tu... tuer après avoir mis la main sur l'argent de mon père.

Sébastian continuait à la fixer du regard. Ce fut néanmoins d'un ton désinvolte qu'il répliqua :

- Quel manque d'égard de leur part ! Et pourquoi devrais-je m'en soucier?

Evangeline ne mordit pas à l'hameçon. Elle se contenta de soutenir son regard, avec un calme qui trahissait une force intérieure comme Sébastian n'en avait encore jamais rencontré chez une femme.

— Je vous pro... propose de m'épouser. J'ai besoin de votre protection. Mon père est trop malade et trop faible pour m'aider, et je ne veux pas être un fardeau pour mes amies. Je pense qu'elles offriraient de me recueillir, mais, même alors, il me fau... faudrait être toujours sur mes gardes de peur que ma famille ne réussisse à m'enlever et ne me force à me soumettre à leur volonté. Une femme non... non mariée a peu de recours, socialement ou légalement. Ce n'est pas jus... juste, mais je ne peux me permettre de me battre contre des moulins. J'ai besoin d'un ma... mari. Vous avez besoin d'une femme riche. Nous sommes aussi désespérés l'un que l'autre, ce qui me laisse à penser que vous accepterez ma prop... proposition. Le cas échéant, j'aimerais que nous partions pour Gretna Green sur-le-champ. Je suis persuadée que ma famille est déjà à ma recherche.

Dans le silence pesant qui suivit, Sébastian l'observa d'un regard peu amène. Il n'avait pas confiance en elle. Et après la débâcle de l'enlèvement contrarié de la semaine précédente, il n'avait aucun désir de répéter l'expérience.

Toutefois, Mlle Jenner avait raison sur un point : il se trouvait effectivement dans une situation désespérée. Comme d'innombrables créanciers auraient pu l'attester, il aimait à bien s'habiller, bien manger, bien vivre. La maigre pension mensuelle que lui versait le duc allait bientôt être supprimée, et il n'avait pas assez d'argent sur son compte pour finir le mois. Pour un homme qui ne répugnait pas à choisir la facilité, cette offre était un don du ciel. Dans la mesure où Evangeline Jenner désirait vraiment aller jusqu'au bout.

— Ce n'est pas que je veuille me montrer tatillon, dit Sébastian, désinvolte, mais votre père est-il vraiment près de mourir ? Certaines personnes traînent des années sur leur lit de mort. J'ai toujours pensé qu'il était de très mauvais goût de faire attendre les gens.

— Vous n'aurez pas à attendre longtemps, répondit-elle d'un ton cassant. On m'a dit qu'il mourrait sans doute dans les deux semaines à venir.

— Quelle garantie ai-je que vous ne changerez pas d'avis avant que nous n'ayons atteint Gretna Green ?

Vous n'ignorez pas quel genre d'homme je suis, mademoiselle Jenner. Dois-je vous rappeler que j'ai essayé d'enlever et de violer l'une de vos amies la semaine dernière?

Evangeline planta son regard dans le sien. À la différence des yeux de Sébastian, d'un bleu pâle, les siens étaient comme des saphirs sombres.

— Avez-vous tenté d'abuser de Lillian ? demanda-t-elle avec raideur.

— J'ai menacé de le faire.

— Auriez-vous mis votre menace à exécution ?

— Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais fait auparavant mais, comme vous le dites si bien, ma situation est désespérée. Et puisque nous abordons le sujet... Me proposez-vous un mariage de convenance ou coucherons-nous ensemble à l'occasion ?

Evangeline ignora sa question.

— Auriez-vous pris Lillian de fo... force ou pas? insista-t-elle.

Sébastian l'observa d'un air ouvertement moqueur.

— Si je dis non, mademoiselle Jenner, comment saurez-vous si je mens ou pas ? Non. Je ne l'aurais pas violée. Est-ce la réponse que vous souhaitez ? Croyez-le, dans ce cas, si cela doit vous rassurer. A présent, pour en revenir à ma question...

- Je... je coucherai avec vous une fois, pour que le mariage soit légal. Et plus jamais ensuite.

— Formidable, murmura-t-il. Il est rare que j'aie envie d'honorer une femme plus d'une fois. Quel ennui mortel, quand le plaisir de la nouveauté n'existe plus ! De plus, je ne serai jamais assez bourgeois pour désirer ma propre épouse. Cela laisserait entendre que je n'ai pas les moyens d'entretenir une maîtresse. Évidemment, se pose le problème de me donner un héritier... Mais tant que vous restez discrète, je pense que peu m'importera de qui sera l'enfant.

Elle ne sourcilla même pas.

— Je veux qu'une pa... part de l'héritage soit placée sur un fond à mon bénéfice. Une part généreuse. Les intérêts seront exclusivement pour moi et je les dépenserai comme il me plaira, sans avoir à me justifier auprès de vous.

Sébastian comprit qu'elle n'était pas sotte, loin de là, même si de nombreuses personnes pensaient le contraire du fait de son bégaiement. Elle avait l'habitude d'être sous-estimée, ignorée, dédaignée... et il pressentait, non sans intérêt, qu'elle était capable d'en tirer avantage si besoin était.

— Je serais idiot de vous faire confiance, dit-il. Vous pouvez dénoncer notre accord à n'importe quel moment. Et vous seriez encore plus idiote de me faire confiance. Parce qu'une fois mariés, je pourrais faire de votre vie un enfer bien plus insupportable que tout ce que pourrait imaginer votre famille.

— Je pré... préfère que cela me vienne de quelqu'un que j'ai choisi, moi, riposta-t-elle. Mieux vaut vous qu'Eustace.

— Ce n'est pas flatteur pour Eustace, commenta- t-il avec un grand sourire.

Elle ne le lui rendit pas, mais se tassa un peu dans son fauteuil, comme libérée d'une forte tension, et le fixa avec une volonté mêlée de résignation. Leurs regards se soutinrent, et Sébastian éprouva un choc étrange qui l'ébranla de la tête aux pieds. Qu'il soit facilement excité par une femme n'était en rien nouveau pour lui. Il avait compris depuis longtemps qu'il était plus physique que la plupart des hommes, et que certaines femmes enflammaient sa sensualité plus vite et plus sûrement que de l'amadou. Pour quelque raison inconnue, cette fille gauche et bafouillante était l'une d'elles. Il voulait coucher avec elle.

Des images jaillirent de son imagination en ébullition : son corps, ses courbes, cette peau qu'il n'avait pas encore vus, la rondeur de ses fesses sous ses mains. Il voulait sentir son odeur dans ses narines, et sur sa propre peau... la soie de ses longs cheveux sur sa gorge et sur son torse... Il voulait faire des choses inavouables avec sa bouche à elle, et avec la sienne.

— Dans ce cas, c'est décidé, murmura-t-il. J'accepte votre proposition. Il y a encore beaucoup de points à discuter, bien sûr, mais nous disposerons de deux jours entiers avant d'atteindre Gretna Green.

Il quitta son fauteuil, s'étira, et son sourire s'accentua quand il remarqua la manière dont le regard de la jeune femme glissait subrepticement sur son corps.

— Je vais faire atteler la voiture et demander à mon valet de préparer mes vêtements, reprit-il. Nous partirons dans une heure. Soit dit en passant, je vous signale que si vous revenez sur votre décision lors de notre voyage, je vous étrangle.

Elle lui adressa un regard sardonique.

- Vous ne seriez p... pas aussi nerveux à ce sujet si vous n'aviez pas tenté la chose avec une vic... victime non consentante, la semaine dernière.

- Touché. Nous pouvons donc vous décrire comme une victime consentante?

- Impatiente, même, répliqua Evangeline, qui semblait prête à partir sur-le-champ.

— Celles que je préfère, fit-il remarquer.

Sur ce, il s'inclina poliment et quitta la bibliothèque.

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Au moment où Cam quittait les appartements d’Ivo Jenner, il croisa Saint-Vincent dans le vestibule. Ce dernier arborait une mine renfrognée et, quand il s’adressa à lui, ce fut d’un ton où perçait une pointe d’arrogance glaciale.

— Si ma femme trouve du réconfort dans des boniments à

la sauce gitane, je n’ai pas d’objection à ce que vous les lui débitiez.

Toutefois, si vous vous avisez de l’embrasser de nouveau – même de façon platonique –, je vous transforme en eunuque!

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— Pourquoi agitez-vous cette cloche si souvent ? s’enquit-elle avec douceur. Vous sentez-vous seul ?

Il vous suffit de le dire.

— Je ne me sens jamais seul, répliqua-t-il avec une conviction empreinte de détachement.

À sa grande consternation, elle n’eut pas de mouvement de recul, et bien qu’il se fit interrogateur, son sourire demeura en place.

— Dois-je m’en aller, dans ce cas ? voulut-elle savoir.

Sébastian sentit une chaleur traîtresse monter lentement en lui, se déployer, se répandre dans toutes les parties de son corps.

— Oui, partez, dit-il en fermant les yeux, absorbant avec avidité son parfum, sa présence.

Evangeline ne bougea pas. Le silence se prolongea jusqu’à ce qu’il ait l’impression qu’on entendait les battements de son coeur.

— Voulez-vous savoir ce que je pense, Sébastian ? finit-elle par demander.

Il dut faire appel à toute sa volonté pour parvenir à contrôler sa voix.

— Pas particulièrement.

— Je pense que si je quitte cette pièce, vous allez agiter cette cloche de nouveau. Mais peu importe le nombre de fois où vous allez sonner ou celui où je vais accourir, vous ne vous résoudrez jamais à me dire ce que vous voulez vraiment.

Sébastian entrouvrit les paupières… Ce fut une erreur. Le visage d’Evangeline était tout proche, sa bouche pulpeuse à quelques pouces seulement de la sienne.

— Pour le moment, tout ce que je veux, c’est un peu de tranquillité, grommela-t-il. Alors, si cela ne vous ennuie pas…

Elle le fit taire en posant ses lèvres tièdes sur les siennes, et il sentit l’effleurement vertigineux de sa langue.

Un flot de désir déferla en lui et il fut submergé par un plaisir sans mélange, plus puissant que tout ce qu’il avait pu éprouver jusqu’à présent. Il leva les mains comme pour repousser Evangeline, mais ses mains tremblantes se refermèrent sur sa tête, l’empêchant de s’écarter. Ses boucles flamboyantes écrasées sous ses paumes, il l’embrassa avec une passion dévorante.

Mortifié, il découvrit qu’il haletait comme un jeune garçon sans expérience lorsque Evangeline mit fin

à leur baiser. Ses lèvres pleines étaient roses et humides, et ses taches de rousseur brillaient telle de la poussière d’or sur ses joues empourprées.

— Je crois aussi, dit-elle d’une voix un peu chevrotante, que vous allez perdre votre pari.

Ramené à la raison par un accès d’indignation, Sébastian fronça les sourcils.

— Vous croyez vraiment que je suis en état de courir après d’autres femmes ? À moins que vous n’ayez l’intention d’en amener une jusqu’à mon lit, je ne risque pas de…

— Vous n’allez pas perdre votre pari en couchant avec une autre femme, l’interrompit-elle.

Une lueur espiègle s’alluma dans ses yeux comme elle portait la main à l’encolure de sa robe de chambre et, délibérément, commençait à défaire la rangée de boutons. Ses mains tremblaient juste un peu.

— Vous allez le perdre avec moi, conclut-elle.

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— Ma récompense... mon plaisir et ma douleur... mon désir insatiable... Je n'ai jamais connu quelqu'un comme vous,

Evangeline.

Ses lèvres effleurèrent l'arête de son nez, glissèrent jusqu'à

l'extrémité.

— Vous osez exiger des choses de moi qu'aucune femme n'aurait songé à demander. Et, pour l'instant, je paierai votre prix, mon coeur. Mais plus tard, vous paierez le mien... encore et encore...

Il emprisonna ses lèvres tremblantes sous les siennes, les mains refermées sur sa nuque.

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— Pourquoi fronces-tu les sourcils, mon coeur ?

Sébastian vint se percher sur le bureau, un sourire interrogateur aux lèvres.

— Tu as lu quelque chose de déplaisant ?

— Au contraire, répondit Evangeline d’une voix lugubre. Tout le monde se répand en éloges dithyrambiques sur le club.

— Je vois, murmura-t-il en lui caressant la joue de l’index. Et cela t’ennuie parce que… ?

Les paroles se bousculèrent dans la bouche d’Evangeline tandis qu’elle expliquait :

— Parce que tu de… deviens très célèbre – je veux dire comme autre chose qu’un coureur de jupons –, et donc, tu vas être très recherché et, un jour, la période de deuil sera terminée et nous nous rendrons dans des bals et des soirées, et je ne crois pas être cap… capable de ne plus me cacher dans les coins. Je suis encore une laissée-pour-compte, tu sais. Je dois apprendre à être spirituelle et sûre de moi et à parler aux gens, sinon tu seras fâché contre moi ou, pire, tu auras honte de moi et…

— Evangeline… Chut ! Seigneur Dieu…

Du pied, Sébastian rapprocha une chaise, puis s’assit en face d’Evangeline, lui emprisonnant les genoux entre les siens. Il lui prit les mains et plongea son regard dans le sien.

— Tu as du mal à rester vingt minutes sans trouver une raison de t’inquiéter, pas vrai ? sourit-il.

Evangeline, tu n’auras pas à être autre chose que ce que tu es.

Il se pencha pour lui embrasser les mains et, quand il releva la tête, son sourire s’était évanoui. Une flamme brûlait dans son regard. Du pouce, il caressa doucement les mots gravés sur son alliance.

— Comment pourrais-je avoir honte de toi ? reprit-il. C’est moi qui me suis conduit en scélérat. Toi, tu n’as jamais rien fait de blâmable de ta vie. Et quant aux minauderies en usage dans les salons…

j’espère que tu ne deviendras jamais comme ces sottes à la cervelle d’oiseau qui ne cessent de pépier sans jamais parvenir à dire quelque chose d’intéressant.

L’attirant plus près de lui, il enfouit le visage dans son cou, goûta sa peau de la langue, et quand il chuchota contre la tache humide que celle-ci y avait laissée, Evangeline frissonna.

— Tu n’es pas une laissée-pour-compte. Mais tu as ma permission pour te cacher dans les recoins, ma douce, à condition que tu m’y emmènes avec toi. En fait, je te le demande instamment. Je préfère t’avertir : je me conduis très mal dans ce genre de situation. Je te débaucherai probablement sur un balcon, dans une gloriette, sous un escalier et derrière tout un assortiment de plantes en pot. Et si jamais tu t’en plains, je me contenterai de te rappeler que tu aurais mieux fait de ne pas épouser un vaurien dépourvu de conscience.

Evangeline pencha légèrement la tête en arrière sous la caresse légère de ses doigts.

— Je ne me plaindrai pas, assura-t-elle dans un souffle.

Sébastian sourit et lui mordilla tendrement le cou.

— Quelle petite femme dévouée… Je vais avoir une très mauvaise influence sur toi. Pourquoi ne pas me donner un baiser et monter prendre ton bain ? Le temps que tu aies terminé, je serai là.

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