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J'étais encadré par deux gardes. Ils portaient sur leur képi le badge tant redouté - le perfide serpent argenté, la tête dressée, prêt à attaquer. Ils m'avaient asséné tant de coups de pieds que je n'entendais plus rien. Je fixai le regard dur du père Troffim sur le tableau tandis que l'inspecteur égrenait les dernières charges retenues contre moi.
- Provocateur... Propagande... Agitation... Fauteur de trouble...
Est-ce que cet homme, si calme, assis derrière son bureau se rendait compte à quel point ce qu'il disait de moi était absurde?
- Fauteur de trouble?
L'un des gardes s'approcha de moi, comme s'il voulait à nouveau me frapper. D'un geste las, l'inspecteur lui ordonna d reculer. Je me pris la tête à deux mains. J'avais expliqué cent fois. Il ne servait à rien de s'acharner.
Malgré tout, je fus ébahi de la vitesse et de la facilité avec lesquelles la sentence fut prononcée.
- Dix ans de travaux forcés.
- Dix ans?!
Mais au moment où les mots franchirent mes lèvres, je compris que j'avais craint pire encore.Nous savions tous que manger une pomme pouvait être déclaré "Vol de Propriété d'Etat". Nous savions que les faibles, les vieux et les débiles étaient déportés, tous accusés de "Limiter le Progrès National". Mais le décret récent sur la "Révélation de Secrets d'Etat" avait fait arrêter une douzaine d'employés de notre ferme communale avant que nous ayons compris que nos gouvernants choisissaient eux-même ce qui devenait secret. Parler d'épidémies. Mentionner un aéroport des environs. Discuter des moissons. Le simple fair de prononcer le mot "Famine" pouvait vous valoir une peine de vingt-cinq ans.
Dix ans, ce n'était rien. C'était la peine requise pour un jeune délinquant.
[...]
- Merci, m'entendis-je même dire, tandis qu'on me remettait debout et qu'on me sortait de la pièce pour laisser la place au suivant.
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