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Extrait ajouté par missnany 2012-07-04T20:52:24+02:00

-Tu prends tout cela très au sérieux, pas vrai?

-Oui. Je l'aime beaucoup.

-Cela veut dire que la lutte va être encore plus rude que je ne l'imaginais...

Aspen se dirige alors lentement vers la porte. Avant de la refermer derrière lui, il m'adresse un clin d’œil.

-Bonne nuit, mademoiselle America.

-Bonne nuit, officier Leger."

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Extrait ajouté par AJMT 2012-11-04T15:05:50+01:00

Il soupire. Je distingue l'affolement de son coeur, qui bat la chamade, à travers l'épaisseur de son costume. Avec délicatesse, il relève mon menton. Je sens un attachement indicible qui grandit entre nous.

Ensuite vient le baiser, d'une tendresse inimaginable.

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Extrait ajouté par Mimi316 2012-10-29T02:42:57+01:00

(Amercia et Maxon)

- Tout va bien?

- Il y a beaucoup de victimes, me répond-il, le visage assombri.

- Nous ferions mieux d'arrêter la séance.

Il se redresse et glisse ma main dans la sienne.

- La première chose que vous apprendrez dans ce métier, c'est rester inébranlable quand la tempête fait rage tout autour de vous. Un sourire s'il vous plaît.

Je me tiens bien droite et j'offre un sourire timide au photographe qui nous mitraille. Maxon serre ma main de toutes ses forces, j'en fais autant. Entre nous se propage une vibration, quelque chose de sincère, de profond.

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Extrait ajouté par anonyme 2012-07-16T15:31:05+02:00

- Ame!

Je pivote sur mes talons. Je reconnaîtrais cette voix entre mille.

- America!

Aspen se fraye un chemin à coups de coude parmi la foule. Des prostestations s'élèvent dans son sillage.

Nos regards se croisent.

Il se fige et me scrute, impassible. Angoisse? Regrets? De toute façon, c'est trop tard. Je secoue la tête, exaspérée par son petit jeu.

- Par ici, mademoiselle, m'appelle Mitsy en bas des marches.

- Au revoir, chérie! s'écrie maman.

Et je m'engouffre dans la limousine.

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Extrait ajouté par amelsdu11 2014-08-22T18:34:55+02:00

Je m'étrangle à moitié.

- Oui... Votre Majesté ?

- Le petit déjeuné est-il à votre convenance ?

- Tout est excellent, Votre Majesté. La tarte aux fraises... J'ai une soeur qui raffole des pâtisseries encore plus que moi. Je crois qu'elle verserait quelques larmes si elle mangeait cette tarte. Parfaite, tout simplement.

- Vous croyez vraiment qu'elle en pleurerait ?

A cette perspective, il parait jubiler. Je me demande ce qui le fascine tant chez les femmes qui pleurent.

- Oui, j'en suis certaine. Elle extériorise facilement ses émotions.

- Vous voulez parier ?

- Si j'avais de l'argent à ma disposition, oui, sans hésiter.

Les autre filles suivent notre échange en se dévissant le cou, comme si elles assistaient à un match de tennis.

- A défaut d'argent, seriez-vous prête à procéder à un échange. Vous semblez très avisée.

A l'évidence, Maxon s'amuse avec moi. S'il veut jouer, alors très bien. Nous serons deux.

- Que voulez-vous de moi ?

- Et vous, que voulez vous ? rétorque-t-il, du tac au tac.

Voilà une question qui me plonge dans un abîme de perplexité. Il a le monde à ses pieds. Dans ces conditions, que puis-je lui demander ?

Je ne suis pas un membre de l'Elite, mas je vis dans le luxe. Mon assiette est remplie à ras bord, mon lit est si confortable que cela dépasse mon imagination, des gens m'obéissent au doigt et à l'oeil. Mes moindres désirs sont exaucés.

- Si ma soeur pleure, je revendique le droit de porter des pantalons une semaine durant.

Mon offre est accueillie par des rires polis. Même le couple royal semble trouver ma requête hautement comique. La reine pose sur moi un regard bienveillant.

- Marché conclu, réplique Maxon. Et si elle ne pleure pas, vous me devez une promenade dans le jardin demain après-midi.

Une promenade dans le jardin ? C'est tout ? Je m'attendais à pire. A coté de moi, une fille émet un petit bruit désapprobateur. Je comprends que si je perds mon pari, je serai la première fille à décrocher un tête-à-tête officiel avec le prince et cela va faire des mécontentes. J'envisage un instant, de négocier les termes du contrats.

- Vous êtes dur en affaire, Votre Altesse, mais j'accepte.

- Justin ? Allez donc emballer quelques-unes de ces tartelettes et envoyez le paquet à la famille d'America Singer. Que quelqu'un soit présent au moment où la soeur de mademoiselle goutera l'une des pâtisseries et qu'il nous fasse savoir seille pleure, oui ou non. Cela m'intrigue.

Le majordome hoche la tête et se volatilise aussitôt.

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1.

Depuis que nous avons reçu la lettre, maman flotte sur un petit nuage. Elle a l’air d’y voir la solution à tous nos problèmes, la promesse d’une nouvelle vie. Le seul petit grain de sable qui vient gripper les rouages, c’est moi. En temps normal je ne suis pas du genre à ruer dans les brancards mais là, je dis stop. Je n’ai pas envie d’aller grossir les rangs de la famille royale. Encore moins ceux de l’élite du pays. Hors de question.

Je me suis réfugiée dans ma chambre, un havre de paix au cœur du chaos qui règne à la maison, et je cherche un argument imparable qui pourra convaincre ma mère à tous les coups. Jusque-là, je suis un peu à court d’inspiration… et je sais d’avance que mes idées tomberont dans l’oreille d’une sourde.

Impossible de jouer à l’ermite plus longtemps, car l’heure du dîner approche et, en tant qu’aînée, je suis chargée de préparer les repas. La mort dans l’âme, je m’arrache à mon lit et je me traîne dans la fosse aux serpents.

Lorsque j’arrive à la cuisine, maman me jette un coup d’œil qui n’augure rien de bon. Elle est d’humeur massacrante. Nous exécutons un ballet silencieux autour de la table tandis que je prépare le poulet, les pâtes et les quartiers de pommes pour le dessert. Dès que je lève les yeux, elle en profite pour me fusiller du regard, comme si elle cherchait à m’enfoncer davantage. L’une de ses stratégies préférées, qu’elle utilise les rares fois où je refuse, par exemple, d’aller chanter chez un de nos odieux employeurs. Ou quand elle veut m’enrôler dans un grand ménage, parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’embaucher une Six.

Parfois, elle arrive à ses fins. D’autres fois, non. Aujourd’hui, je m’obstine à camper sur mes positions.

Elle est au bord de l’implosion quand je fais ma tête de mule. Pourtant, c’est bien d’elle que j’ai hérité ce caractère, comme mes cheveux roux. Ma réaction n’aurait pas dû la surprendre… Les soucis s’accumulent depuis plusieurs semaines et je la sens tendue. L’été touche à sa fin, l’hiver approche – et, avec l’hiver, le froid. L’inquiétude.

Maman pose la carafe de thé glacé au milieu de la table avec un bruit sourd qui trahit sa fureur. La perspective de me désaltérer avec cette boisson délicieuse me met aussitôt l’eau à la bouche mais je dois être patiente : ce serait un vrai gâchis de vider mon verre maintenant et de boire de l’eau tout au long du repas.

— Ça te tuerait de remplir le formulaire ? me lance-t-elle enfin, incapable de se contenir plus longtemps. La Sélection pourrait être la chance de ta vie. De notre vie à tous.

Je pousse un soupir interminable. Remplir ce fichu formulaire, c’est aussi signer mon arrêt de mort, en quelque sorte : ce n’est un secret pour personne que les renégats – ces combattants clandestins qui entretiennent une haine farouche contre Illeá – lancent des attaques contre le palais royal et leur violence n’a d’égale que leur régularité. Nous avons eu la malchance de les avoir déjà vus à l’œuvre dans la province de Caroline. La maison d’un magistrat a été réduite en cendres et les voitures de certains Deux vandalisées. Ils ont même organisé une évasion collective dans l’une des prisons et libéré une ado qui s’était débrouillée pour tomber enceinte et un Sept, père de neuf enfants. Je me suis dit que sur ce coup-là, je pourrais leur donner mon soutien.

Au-delà de ce danger bien réel, j’ai la certitude que cela me briserait le cœur de présenter ma candidature à la Sélection. J’ai mes raisons pour rester là où je suis, et elles sont aussi valables que les motivations de ma mère.

— Ces dernières années n’ont pas été une promenade de santé pour ton père, siffle-t-elle. Tu es trop égoïste pour penser à lui, à ce que je vois.

Nous y voilà. Oui, j’ai très envie d’apporter mon aide à papa. Ainsi qu’à May et à Gerad. Et aussi à ma mère, dans un certain sens. Si elle me prend par les sentiments, mes arguments tombent tous à plat. Cela fait trop longtemps que nous nous serrons la ceinture.

Attention, je n’essaie pas de nous faire plaindre, je ne dis pas que nous mourons de faim, loin de là. Nous ne vivons pas dans la misère. Mais nous appartenons à une caste qui compte pour rien – ou presque – dans la hiérarchie sociale. Nous sommes artistes. Et les artistes, comme les musiciens, sont des Cinq, distants de trois échelons des parias d’Illeá. L’argent ne tombe pas du ciel et nos revenus dépendent du flux et du reflux des saisons.

Je me rappelle avoir lu dans un vieux livre d’histoire qu’autrefois tous les jours fériés se succédaient durant les mois d’hiver. Halloween ouvrait la marche, suivi de Thanksgiving, puis de Noël, et tout à la fin arrivait le jour de l’An. À la queue leu leu.

Noël n’a pas bougé dans le calendrier. On peut difficilement changer la date de naissance d’un personnage divin. En revanche, depuis le traité de paix signé entre Illeá et la Chine, le Nouvel An se célèbre soit en janvier, soit en février, en fonction des phases de la lune. Et toutes les fêtes qui tournent autour de l’indépendance de notre grand et beau pays ont été regroupées à une seule et même date, la Grande Cérémonie du Souvenir, en été. L’occasion de célébrer, comme un seul peuple, la naissance d’Illeá, de nous réjouir d’être en vie et d’avoir survécu à la guerre. Quant à Halloween, je ne vois pas en quoi cette fête consiste.

Ainsi, trois fois par an au moins, à l’occasion de ces festivités, tous les membres de notre famille trouvent un emploi et ramènent de l’argent à la maison. Papa et May vendent leurs œuvres à des mécènes. Maman et moi, nous nous produisons pendant des soirées ou des cocktails (je chante, elle joue du piano). Nous acceptons tout ce qu’on nous propose, du moment que notre agenda le permet. Quand j’étais plus petite, ces récitals me plongeaient dans un trac phénoménal. Avec le temps, j’ai appris à me fondre dans le décor, à me faire aussi discrète qu’une plante verte. C’est ce que nos employeurs attendent de nous : invisibles, mais pas inaudibles.

Gerad, lui, n’a pas encore trouvé sa spécialité. En même temps, rien ne presse. Il n’a que sept ans.

Bientôt les feuilles des arbres se teinteront de roux et notre petit monde sera ébranlé. Cinq bouches à nourrir, quatre personnes en mesure de travailler. Et pas de perspective d’embauche avant Noël. En considérant le problème sous cet angle, la Sélection est comme une solution miracle, une bouée à laquelle je peux me cramponner. La lettre que nous avons reçue ce matin assurerait ma fortune et tirerait d’affaire toute ma famille…

J’observe maman en catimini. Elle est plutôt enrobée, ce qui est inhabituel pour une Cinq. Sa silhouette n’a pas été épargnée par ses cinq grossesses. Ses cheveux auburn sont semés de nombreux filaments argentés apparus sans crier gare il y a deux ans. Des rides se sont creusées au coin de ses yeux et elle se déplace la tête rentrée dans les épaules, comme voûtée sous le poids d’un fardeau invisible. Ses responsabilités l’oppressent, je m’en rends bien compte, et je comprends pourquoi elle tente de me manipuler. Nous nous querellons souvent et, à l’approche de l’automne, sa nervosité augmente, ce qui n’arrange pas l’ambiance. Elle doit me trouver stupide de ne pas vouloir poser les yeux sur ce formulaire.

Le souci, je le répète, c’est que certaines choses me tiennent à cœur et cette feuille de papier me sépare d’elles aussi sûrement qu’un mur en briques. Possible que ces rêves ne riment à rien. Qu’ils me filent toujours entre les doigts. Mais ils m’appartiennent et je n’ai pas la moindre envie de tirer un trait sur eux, de me plier indéfiniment aux quatre volontés de ma famille. J’ai déjà fait pas mal de sacrifices.

Désormais, Kenna est une femme mariée et Kota vole de ses propres ailes. J’ai repris leur flambeau et j’ai enfilé le costume de grande sœur dès qu’ils ont quitté la maison. Je travaille d’arrache-pied, en donnant la priorité à la musique et aux répétitions qui occupent la majeure partie de mes journées, entre le chant et les différents instruments auxquels j’essaie de m’initier.

Mais la lettre est arrivée et tous ces efforts ont été relégués aux oubliettes. Ma mère me voit déjà sur le trône d’Illeá. Si j’avais été plus maligne, je l’aurais caché, ce fichu courrier, avant le retour des autres. Je ne pouvais pas me douter que maman le glisserait sous sa ceinture. Elle le sort au beau milieu du dîner, comme un magicien tire un lapin de son chapeau.

— Destinataire : Maison des Singer, chantonne-t-elle.

Je tente de lui arracher la lettre des mains, elle réussit à esquiver mon geste. La traîtresse.

— Maman, s’il te plaît ! Donne-moi ça !

— Mais ça m’intéresse ! piaille May, ma sœur cadette.

May est mon clone avec trois ans d’écart. Ma copie conforme sur le plan physique uniquement, car en ce qui concerne le caractère nous sommes diamétralement opposées. Exubérante et extravertie, May commence déjà à s’intéresser de très près aux garçons. La Sélection va faire vibrer sa fibre romantique…

Je me sens rougir jusqu’à la racine des cheveux. Papa tend une oreille attentive et ma fofolle de sœur bondit sur sa chaise, presque hystérique. Gerad, qui ne se laisse pas distraire par si peu, garde le nez dans son assiette. Maman s’éclaircit la voix et se met à lire :

— « Le dernier recensement porte à notre connaissance qu’une jeune fille célibataire, dont l’âge oscille entre seize et vingt ans, réside actuellement dans votre foyer. Nous nous permettons de vous signaler une occasion unique de participer à l’Histoire de cette grande nation qu’est Illeá. »

— C’est toi, la jeune fille célibataire ! braille May en m’agrippant le bras.

— Je sais que c’est moi, petite guenon. Arrête, tu vas me briser les os.

Elle se tortille de plus belle sur sa chaise. Imperturbable, maman poursuit :

— « Notre prince bien-aimé, Maxon Schreave, atteint sa majorité ce mois-ci. Au seuil de cette nouvelle phase de sa vie, il espère fonder une famille avec une épouse loyale originaire d’Illeá. Si votre fille, sœur ou pupille souhaite embrasser son destin en tant qu’épouse du prince et princesse d’Illeá, n’hésitez pas à remplir le formulaire ci-joint que vous retournerez, dûment complété, au bureau administratif de votre province. Dans chaque zone géographique, un tirage au sort désignera la jeune fille qui aura le privilège de rencontrer le prince.

« Les candidates désignées par tirage au sort seront logées au cœur même du palais royal, à Angeles, pendant toute la durée de leur séjour. La famille de chaque candidate recevra une compensation généreuse pour services rendus à la couronne », ajoute ma mère en appuyant bien sur les mots « compensation » et « généreuse ».

Aussi subtile qu’un rhinocéros. Je lève les yeux au plafond. C’est ainsi que la famille royale d’Illeá procède avec les héritiers de sexe masculin. Les princesses sont depuis la nuit des temps « cédées » à un prince ou à un dirigeant étranger, et leur union sert à consolider nos relations avec les pays voisins. Il y a une logique à tout cela, même si elle me choque : Illeá est une nation jeune qui avait besoin de tisser à sa naissance un solide réseau d’alliés. Mais cela fait trois générations que la famille royale n’a pas donné de princesse à son peuple. Quant aux princes, ils ont épousé des roturières afin de maintenir à la hausse le moral d’une nation parfois capricieuse, de souder le peuple face à l’adversité et de nous rappeler qu’Illeá est sorti du chaos.

Quand je pense qu’il y a des filles assez stupides pour se disputer, sous les yeux du royaume tout entier et sous prétexte qu’il est de sang royal, les faveurs d’une mauviette qui finira par se jeter, la bave aux lèvres, sur une bimbo écervelée, et que son épouse obtiendra le douteux privilège de parader à ses côtés sans jamais décrocher une parole… j’ai envie de hurler. Vous connaissez plus humiliant, vous ? Par ailleurs, j’ai fréquenté assez de Deux et de Trois dans leur environnement naturel pour savoir que ces filles me dégoûtent. Je n’ai pas envie d’appartenir à leur caste. Être une Cinq, cela suffit à mes ambitions, même si cela implique des sacrifices. C’est maman l’arriviste, pas moi. Justement, elle se met à délirer :

— Et le prince va adorer America, c’est certain ! Elle est jolie comme un cœur.

— Maman, arrête. Je n’ai rien de spécial.

— N’importe quoi ! proteste May. Je te ressemble comme deux gouttes d’eau et je suis jolie, moi ! Alors toi aussi !

Son visage se fend d’une oreille à l’autre et j’éclate de rire, vaincue. May n’a pas tort. Elle est très jolie, personne ne peut dire le contraire. Et sa beauté ne se résume pas à ses traits fins, à son sourire irrésistible et à ses yeux clairs. générosité.

Nos regards se croisent une fraction de seconde et je comprends. Il est pris dans un dilemme : il ne veut pas exiger ce sacrifice de moi, il ne veut pas que je parte… mais il n’arrive pas à effacer de son cerveau les bénéfices potentiels que la famille tout entière pourrait tirer de ma candidature.

— America, sois raisonnable, grommelle maman. Tu dois être la seule fille de la province à faire ta mauvaise tête. Pense à l’occasion qui t’est offerte ! Tu pourrais être sacrée reine !

— Maman, en admettant que mon objectif ultime soit d’être reine, il y a des milliers d’autres filles qui vont se présenter. Des dizaines de milliers. Et si je suis, par miracle, tirée au sort, il me resterait à battre trente-quatre concurrentes, toutes plus calées en séduction que moi.

Gerad lève la tête.

— C’est quoi la séduction ?

— Rien ! répondons-nous tous en chœur.

Et je conclus ma tirade :

— C’est ridicule de penser qu’avec tous ces obstacles, je réussirai à gagner ce concours.

Ma mère se met debout et repousse sa chaise.

— Et pourtant, quelqu’un va bien finir par la gagner, cette Sélection. Tu as autant de chances que les autres. Gerad, quand tu auras fini ton assiette, tu fileras prendre ton bain.

Mon petit frère répond par un grognement.

May mange en respectant un silence prudent. Gerad demande une portion supplémentaire, mais les casseroles sont vides. Je commence à débarrasser la table tandis que papa sirote son thé. Il a de la peinture dans les cheveux – de petites mouchetures jaunes –, ce qui m’arrache un sourire. Il quitte la table à son tour et balaie les miettes qui parsèment sa chemise. Je marmonne, les bras chargés d’assiettes :

— Excuse-moi, papa.

— Rassure-toi, ma puce. Je ne suis pas fâché.

— C’est juste que…

— Tu n’as pas à te justifier, ma belle. Je te comprends. Bon, allez, au boulot.

Il dépose un baiser sur mon front et je retourne à la cuisine faire un brin de ménage. J’emballe mon assiette dans un torchon et je la cache à l’intérieur du frigo. J’ai à peine touché à mon repas. Les autres n’ont laissé que des miettes.

Furieuse, je regagne ma chambre. Pourquoi maman se sent-elle toujours obligée de me mettre la pression ? Elle n’est pas heureuse ici ? Elle n’aime plus papa ? Elle veut voir si l’herbe est plus verte ailleurs ? À quoi bon me harceler comme elle le fait ?

Je m’allonge sur mon matelas bosselé et je cogite. La Sélection a ses avantages comme ses inconvénients. Je ne dirais pas non à quelques bons repas concoctés par le cuisinier royal, par exemple. Et je sais que tout bien pesé, il y a peu de chances que je tombe amoureuse du prince Maxon. D’après ce que j’ai pu voir pendant le bulletin du Capitole, je n’aurai jamais aucun atome crochu avec lui.J’attends minuit avec une impatience fébrile. Postée devant le miroir fixé près de la porte, j’étudie mon reflet. Mes cheveux ? Parfaits. J’applique un peu de gloss, histoire de redonner des couleurs à mon teint de papier mâché. Maman m’a interdit d’utiliser du maquillage en dehors de nos spectacles – il n’y a pas de petites économies – mais je m’arrange toujours pour en subtiliser lors des grandes occasions. Comme ce soir.

Je me faufile dans la cuisine sur la pointe des pieds, je récupère mon assiette, j’ajoute au menu un peu de pain rassis, puis une pomme, et je m’en fais un petit baluchon. Je retourne dans ma chambre à pas de loup, en réprimant ma nervosité.

Ouvrant la fenêtre, je plonge le regard dans notre jardin, à peine plus grand qu’un mouchoir de poche. Pas de lune ce soir : je dois attendre que ma vue s’adapte à l’obscurité. Tout au fond, en équilibre dans l’arbre, notre cabane émerge parmi les ombres. Quand nous étions petits, je me souviens que Kota nouait des draps aux branches et transformait la cabane en un gigantesque galion. Il tenait le rôle du capitaine, moi celui de second. Mes tâches consistaient à passer le balai et à « faire la popote », autrement dit fourrer du sable et des brindilles dans des vieilles casseroles empruntées à maman. Kota puisait cette mixture peu ragoûtante et la « mangeait » en jetant le contenu de sa cuillère par-dessus son épaule. Et je balayais comme une forcenée, mais cela ne me dérangeait pas. J’étais heureuse de naviguer en haute mer avec mon grand frère.

Je parcours les environs du regard. Les maisons alentour sont plongées dans une obscurité totale, personne ne semble espionner ses voisins. Je me glisse dehors avec mille précautions. Au début, je m’y prenais mal et j’avais le ventre couvert de bleus, mais à force j’y parviens sans encombre. C’est une technique que j’ai appris à maîtriser au fil du temps. L’essentiel : que la nourriture arrive en un seul morceau.

Je trottine sur la pelouse dans mon plus joli pyjama. J’aurais pu garder mes vêtements, c’est vrai, mais je préfère le confort à la coquetterie. Et ce petit short marron, associé à un T-shirt moulant, est très flatteur.

Escalader à l’aide d’une seule main les planches clouées au tronc est un jeu d’enfant, à présent. Plus j’avance et plus je me sens soulagée. J’ai l’impression de laisser l’agitation de mon foyer loin, très loin derrière moi. Ici, je ne suis la princesse de personne.

À l’instant où je pose le pied dans la cabane, je sais que je ne suis pas seule. Quelqu’un se tapit dans un coin, cerné par les ténèbres. Mon cœur s’emballe. Je place l’assiette par terre. La silhouette change de position et allume la mèche d’une bougie aux trois quarts fondue. Ténue, la lumière suffit à éclairer la cabane. L’intrus esquisse un petit sourire en coin.

— Salut, beauté…

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Extrait ajouté par isane3 2012-04-15T16:59:08+02:00

- Je t'aime, America Singer. Je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle.

- Je t'aime, Aspen. Tu seras toujours mon prince.

Et il m'embrasse jusqu'à ce que la bougie se consume.

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Extrait ajouté par missnany 2012-07-04T20:44:35+02:00

-Il faut que tu arrêtes de voir les choses en noir. Quand on est ensemble, on oublie cette histoire de castes. Tu es Aspen, moi je suis America. Rien d'autre ne compte entre nous.

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Extrait ajouté par Nelyss66 2014-08-10T21:52:27+02:00

- Bon, que je vous explique, il faut qu'on parle de votre image.

- Mon image?

- Quel message avez-vous envie de transmettre au public avec vos cheveux roux? On peut vous transformer en femme fatale mais si vous préférez la sobriété, ça peut s'arranger, précise-t-il sur un ton neutre, professionnel jusqu'au bout des ongles.

- Je ne vais pas me métamorphoser pour faire plaisir à un garçon que je ne connais même pas.

- Caramba! Une personnalité volcanique, pas vrai? fredonne-t-il, comme s'il s'adressait à une petite fille.

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Extrait ajouté par alucine 2013-10-07T14:09:02+02:00

- Ils devraient vous accrocher au plafond, avec les lustres. On croirait un sapin de Noël.

Je désigne la rangée de médailles rutilantes épinglées à son uniforme, qui rappelle celui des gardes, en mille fois plus élégant.

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