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Lily n'eut aucun mal à trouver les grilles du parc. Une immense allée sinuait entre les grands arbres, qui formaient une voûte que le clair de lune avait peine à traverser. Il lui sembla qu'elle parcourait bien plus que les trois kilomètres annoncés. Les grillons chantaient au bord du chemin. Un oiseau - une chouette, peut-être ? -poussa son cri. Un craquement dans le sous-bois la fit sursauter. Elle avait dû déranger un animal. Ces sons ne faisaient que renforcer l'impression de solitude et d'obscurité qui l'oppressait. La nuit était tombée à une vitesse incroyable.

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Quant à Lauren, elle ne se départait pas de son sourire radieux. En ouvrant le bal avec elle, Neville se demanda ce qui avait bien pu le faire hésiter à l'épouser, le pousser à la faire attendre six ans pendant qu'il brûlait la rébellion de sa jeunesse sous ses galons d'officier dans le 95e régiment de carabiniers. Il lui avait conseillé de ne pas l'attendre, bien entendu. Il avait beaucoup trop d'affection pour elle pour la faire lanterner alors qu'il n'était pas certain de ses intentions à son égard.

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La salle de bal de Newbury Abbey était magnifique, même vide. Mais, ce soir, elle était décorée de fleurs jaunes, orange et blanches cueillies dans les jardins et les serres, de rubans et de nœuds de satin blanc. Les centaines de bougies des lustres de cristal scintillaient et se reflétaient dans les miroirs qui couvraient les deux plus grands murs. S'y pressaient la crème de la bonne société et toute l'aristocratie locale, qui avait revêtu ses plus beaux atours en cette veille de mariage. Les soies et dentelles bruissaient, les bijoux étincelaient et les parfums de prix rivalisaient avec celui des mille fleurs de la décoration. On devait hausser la voix pour se faire entendre par-dessus le brouhaha des conversations et la musique de l'orchestre.

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Depuis deux jours, les attelages traversaient le village sous le regard plus ou moins discret des curieux. La moitié de la bonne société était attendue, disait-on. Des gens titrés en veux-tu, en voilà - on ne savait même pas qu'il en existait tant dans toute l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Ecosse réunis. À en croire la rumeur, toutes les chambres d'amis de l'abbaye étaient occupées, et Dieu sait qu'il y en avait.

Un certain nombre de familles de la région avaient été invitées au mariage lui-même, au déjeuner qui allait suivre, ainsi qu'au grand bal donné à l'abbaye la veille de la cérémonie. Quant aux villageois, ils ne seraient pas oubliés. À la demande du comte et à ses frais, un somptueux repas leur serait servi à l'auberge, puis l'on danserait sur la place du village autour du mât de fête.

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Newbury Abbey, propriété de campagne et résidence principale du comte de Kilbourne, dans le Dorsetshire, était une imposante demeure sise au milieu d'un grand parc très soigné, qui comportait une vallée retirée envahie par les fougères et une plage privée de sable doré. De l'autre côté des grilles du parc se trouvait le charmant village d'Upper Newbury, avec ses maisons aux murs blanchis à la chaux et coiffées d'un toit de chaume, son église et son auberge. Lower Newbury, un village de pêcheurs construit à l'abri d'une anse, était relié à Upper Newbury par un sentier escarpé bordé de quelques maisons et magasins.

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Une union dont tout le monde se réjouissait. De l'avis général, on n'aurait pu trouver plus beau couple que celui formé par le comte de Kilbourne et miss Lauren Edgeworth. Lorsqu'il était parti à la guerre - contre l'avis de son père, disait la rumeur -, le marié était un beau jeune homme blond, grand et mince. À son retour, six ans plus tard, il était pratiquement méconnaissable, et beaucoup plus séduisant. Mieux bâti, plus large mais toujours svelte, il était devenu plus fort, plus solide. Même la cicatrice laissée par un sabre qui lui avait entaillé le visage de la tempe droite au menton, épargnant de justesse son œil et le coin de sa bouche, soulignait sa beauté plutôt qu'elle ne la gâchait. Quant à miss Edgeworth, grande, mince et élégante, elle était ravissante avec ses boucles brunes et ses yeux que certains qualifiaient de gris et d'autres de violets - mais que tous s'accordaient à trouver magnifiques. Et puis elle avait attendu patiemment son comte jusqu'à un âge dangereusement avancé, puisqu'elle avait vingt-quatre ans.

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— Jamais je n'ai rencontré quelqu'un d'aussi obstiné, commenta-t-elle en s'essuyant encore les yeux. Ni d'aussi aimable. Que va-t-il advenir d'elle, Gordon ?

Le capitaine soupira une fois de plus.

— Je crains qu'elle n'ait pas pris la bonne décision, avoua-t-il. Il s'est écoulé plus d'un an et demi et ce qui semblait déjà une folie à l'époque est devenue une complète impossibilité. Mais elle ne le comprend pas.

— Son apparition subite va provoquer une terrible commotion, renchérit Mrs Harris. Quelle folie d'avoir refusé d'attendre quelques jours, que vous ayez écrit cette lettre. Comment va-t-elle s'en sortir, Gordon ? Elle est si petite, si frêle, si innocente... Je crains pour elle.

— Lily est ainsi depuis que je la connais, en plus mince encore, certes, admit le capitaine Harris. Cependant, cette apparence de fragilité et d'innocence est en grande partie illusoire. Nous savons qu'elle a traversé des épreuves qui auraient été pénibles pour les plus durs de mes hommes. Et elle en a certainement enduré de pires encore, comme on peut l'imaginer.

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Son apparence contrastait fortement avec la leur. Quoique propre et nette, elle était très pauvrement vêtue, d'une robe de coton à taille haute très simple et d'un châle pour se tenir un peu chaud. L'un et l'autre paraissaient usés par les lavages répétés. Quant à son chapeau, qui avait dû être joli, il semblait l'avoir protégée de bien des averses, qui avaient laissé son bord mou et informe. Cette femme était jeune. Du reste, petite et frêle comme elle l'était, on aurait pu la prendre pour une jeune fille. Cependant, il y avait chez elle quelque chose qui attirait le regard des hommes pourtant occupés à diverses tâches. En plus de sa beauté et de sa grâce naturelles, il émanait d'elle une indéfinissable féminité.

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Malgré l'heure matinale et le froid, la cour du White Horse Inn, dans Fetter Lane, à Londres, était animée et très bruyante. La diligence qui se rendait tous les jours dans le sud-ouest de l'Angleterre allait partir. Quelques passagers étaient déjà montés, mais la plupart se massaient autour du véhicule pour s'assurer que l'on prenait soin de leurs bagages. Des colporteurs tentaient de leur vendre leurs marchandises, en prévision d'un voyage long et pénible. Les palefreniers s'activaient. Des enfants en haillons couraient dans tous les sens, surexcités, quand on ne les repoussait pas dans la rue à coups de pied.

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Ensuite, ils n'eurent plus l'occasion de parler en privé pendant un long moment. Le souper avait été servi, l'orchestre avait commencé à jouer, la conversation était devenue générale.

Lorsque l'on se mit à danser, Neville invita Elizabeth, puis Mrs Harris. Mais la troisième danse était une valse : le temps des politesses mondaines s'achevait pour céder la place à celui du romantisme.

— Vous ne pouvez pas savoir combien j'ai rêvé de danser la valse, lui avoua Lily en posant une main sur son épaule et en glissant l'autre dans la sienne, au moment où les musiciens jouaient les premières notes. Peut-être parce que j'ai cru que cela n'arriverait jamais.

— Avec moi, Lily ? murmura-t-il. Avez-vous rêvé de valser avec moi ?

— Oui. Avec vous.

Après cela, il n'essaya plus de bavarder. Il y avait un temps pour les mots et un autre où il fallait se contenter de ressentir. L'air était frais. La lune et les étoiles brillaient au-dessus d'eux. À Vauxhall, la nature était en parfaite harmonie avec la beauté artificielle de la musique de l'orchestre et des couleurs des lampions qui se balançaient doucement dans les arbres.

Et puis il y avait la femme qu'il tenait dans ses bras, petite, bien proportionnée, délicate, qui lui sourit en le regardant dans les yeux tout le temps que dura la valse, sans fausse pudeur, sans indifférence feinte.

— Alors ? lui demanda-t-il juste avant que la valse s'achève. Est-ce une danse aussi scandaleuse que cela, Lily?

— Oh, répondit-elle, plus scandaleuse encore. Il rit doucement et elle se joignit à lui.

— Faisons quelques pas, voulez-vous ? Elle hocha la tête.

— Il faut que nous emmenions tous les autres avec nous, précisa-t-il. Mais, avec un peu d'ingéniosité, Lily, je crois que nous parviendrons vite à leur fausser compagnie.

Elle n'émit aucune objection.

Elle ne s'était pas trompée. Vraiment pas. Il l'avait épousée par sens du devoir. Il l'avait traitée avec gentillesse à son arrivée en Angleterre parce que c'était un homme bon. Il lui avait fait l'amour parce qu'il tirait le meilleur parti de toutes les situations. Il l'avait à nouveau demandée en mariage quand il avait découvert qu'ils n'étaient pas unis légalement parce qu'il s'y sentait contraint par l'honneur. Bien entendu, tout au long de leur histoire, il y avait aussi eu de l'amour. Il le lui avait dit et elle le croyait.

Mais, maintenant, c'était l'amour pur et simple. Il ne restait plus d'obligations. Elle l'avait libéré et, depuis, elle avait construit sa vie et appris des choses qui lui permettraient de trouver du travail et d'être indépendante.

S'il lui faisait la cour, désormais, c'était parce qu'il l'aimait.

Elle n'en avait plus l'ombre d'un doute. Et elle n'érigerait plus d'obstacles inutiles entre eux. Certes, elle ne serait jamais son égale aux yeux du monde ; elle savait en revanche que, désormais, elle était capable de vivre dans le milieu de Neville avec une certaine aisance, sans avoir honte. Songer à Newbury Abbey ne l'emplissait plus de désespoir.

Elle pouvait accepter une vie avec lui.

Alors, tandis qu'ils se promenaient dans une avenue bordée d'arbres dans lesquels étaient accrochés des lampions, avec le marquis et lady Selina, elle n'opposa aucune résistance aux manœuvres presque comiques des deux messieurs pour que les couples se trouvent séparés. Lady Selina ne protesta pas davantage.

— Vous voyez, Lily, dit Neville après qu'ils se furent engagés dans un chemin plus petit et plus tranquille, ces coins sont faits pour les amants.

— Oui, fit-elle. Comme c'est pratique !

— Et on a eu soin de les faire suffisamment étroits pour que les gens ne puissent y avancer qu'à la file ou en s'enlaçant.

— Nous ne pourrons pas parler si nous marchons l'un derrière l'autre, fit-elle valoir en souriant dans l'obscurité.

— Précisément.

Il posa donc un bras sur ses épaules pour l'attirer contre lui. Ne sachant que faire du sien, elle le passa autour de sa taille. Elle se rendit alors compte qu'il n'y avait rien de plus confortable que de poser la tête au creux de son épaule.

Malgré la musique de l'orchestre qui leur parvenait encore, les éclats de voix et les rires, elle avait l'étrange impression qu'ils étaient seuls au monde. C'était tout juste si, çà et là, une lanterne éclairait le chemin. Elle avait espéré du romantisme ? Eh bien Vauxhall Gardens en offrait en abondance.

Au bout d'un moment, inévitablement, ils ralentirent le pas avant de s'arrêter tout à fait. Il la fit pivoter et elle se retrouva confortablement adossée à un tronc d'arbre.

— Lily, dit-il en plaquant une main de chaque côté de sa tête sur l'écorce, ma chérie, il faut que vous me disiez non tout de suite si vous souhaitez que je n'aille pas plus loin.

Elle leva une main pour suivre du doigt la cicatrice qui lui barrait le visage.

— Je ne dis pas non, murmura-t-elle.

Il l'embrassa, alors, ne la touchant d'abord qu'avec sa bouche. C'était un baiser d'amour, songea-t-elle avant de poser les mains sur ses épaules puis de nouer les bras autour de son cou.

Ils ne pouvaient être animés par rien d'autre, ni lui ni elle. Rien que l'amour. Alors elle ouvrit les lèvres pour lui rendre son baiser, passionnément.

Il releva la tête en l'enlaçant et la fit se cambrer contre lui.

— C'était écrit, Lily, murmura-t-il tout contre ses lèvres. Depuis le commencement.

Elle ne lui demanda pas où il situait le commencement. A leur première rencontre ? Au moment où elle était entrée dans l'église de Newbury ? Au commencement du temps, à l'aube du monde ? Peut-être un peu de tout cela. Et il avait raison. C'était écrit.

Il lui baisa la bouche, les yeux, les tempes. Puis la joue, le menton. La gorge. Et la bouche, de nouveau, en lui chuchotant des mots tendres.

Bientôt, il ne fut plus question de romantisme. Elle sentait les lignes dures et familières de son corps contre le sien. Elle respirait son eau de Cologne et le parfum masculin de sa peau. Elle goûtait sur ses lèvres le vin qu'il avait bu un peu plus tôt. Elle entendit son souffle s'accélérer et sentit son désir dressé contre elle. Son corps à elle répondait aux signaux de celui de Neville, depuis qu'il avait commencé à l'embrasser. Le creux de son ventre et de ses cuisses palpitait douloureusement. Elle se serrait contre lui. Elle avait besoin d'être plus près, tout près. Oh, Neville... Elle le voulait. Elle le voulait ici. Maintenant.

Mais, soudain, il releva la tête et raidit les bras autour d'elle. Il semblait écouter quelque chose. Malgré l'obscurité, elle devinait qu'il fronçait les sourcils.

Lily ne sut jamais si elle avait elle-même entendu un bruit - un bruit autre que ceux de la fête. En tout cas, elle fut de nouveau envahie par une terrible frayeur quand il se détourna pour scruter les arbres de l'autre côté du chemin. Par la suite, elle ne fut même pas certaine d'avoir vu quelque chose. Eut-elle le temps d'apercevoir une silhouette vêtue d'une cape noire, qui pointait un pistolet ? Tout alla si vite...

Neville se retourna brusquement vers elle et la fit passer derrière l'arbre tout en se plaçant entre elle et le danger. Le bruit sembla venir après coup. La balle avait manqué Lily, songea-t-elle tandis qu'il la plaquait douloureusement contre l'arbre pour la protéger. Mais l'explosion résonnait encore à ses oreilles.

Elle suffoquait. Ce qui ne l'empêchait pas d'apprécier le rempart qu'il formait devant elle. Sans lui, elle aurait cédé à la terreur.

Elle l'entendait haleter et devinait qu'il cherchait à réprimer le bruit de sa respiration pour ne pas les trahir. Elle se rendait également compte qu'elle le gênait.

S'il n'avait pas dû la protéger, il aurait pu se lancer à la recherche de celui qui les avait attaqués au lieu d'attendre qu'il les trouve.

Elle eut l'impression qu'ils restaient ainsi, dans cette tension insoutenable, un temps infini. En réalité, cela n'avait sans doute duré qu'une minute ou deux. Et puis un bruit de rires se fit entendre et se rapprocha, de plus en plus. Quelqu'un arrivait, songea-t-elle en défaillant presque de soulagement. Plusieurs personnes.

Ils étaient quatre. Au moment où ils passaient à hauteur de leur arbre, Neville saisit fermement la main de Lily et l'entraîna sur le chemin. Ils le remontèrent derrière les deux couples qui étaient tellement grisés par le vin qu'ils ne semblèrent pas se rendre compte de leur présence.

— Je vous ramène à Elizabeth, annonça Neville en passant son bras autour de ses épaules tandis qu'ils arrivaient à l'avenue principale. Ensuite, j'irai chercher ce sal...

Il s'interrompit juste à temps. Il haletait étrangement.

Lily se tenait à sa taille de peur de tomber. Soudain, elle se rendit compte qu'elle touchait quelque chose de chaud, humide et poisseux.

— Vous êtes touché. Neville, s'exclama-t-elle en cédant à la panique, on vous a tiré dessus !

— Ce n'est rien, assura-t-il les dents serrées en pressant le pas.

Mais quand ils eurent rejoint la loge, il libéra Lily et la poussa à demi dans les bras d'une Elizabeth quelque peu étonnée.

— Prenez-la, ordonna Neville avec rudesse. Emmenez-la hors d'ici. Rentrez chez vous avec elle.

Sur quoi il s'écroula à leurs pieds.

Chapitre 22

Lorsque Neville revint à lui, il était allongé sur le ventre, sur un lit qui n'était pas le sien. Il avait les bras écartés et on lui tenait fermement les poignets. Il était torse nu. Et son épaule droite lui faisait un mal de tous les diables.

Il savait par expérience ce qui se passait.

— Diable !

C'était la voix de Joseph, qui lui tenait le bras droit comme dans un étau.

— Tu n'aurais pas pu dormir quelques minutes de plus, Nev ? maugréa son cousin. Tu aurais été mieux au pays des rêves.

— Tu n'es pas obligé de me tenir aussi fort, assura Neville. Je ne vais pas me débattre. Qui va me charcuter ?

— Le Dr Nightingale, mon médecin personnel, Neville, répondit Elizabeth d'une voix aussi calme et raisonnable que l'on pouvait s'y attendre, car elle n'était pas du genre à céder à l'hystérie. La balle est toujours dans votre épaule.

Et le Dr Nightingale avait déjà fait une tentative pour l'ôter. C'était ce qui l'avait fait revenir à lui, comprit Neville en se cramponnant au matelas. Il rouvrit les yeux. La tête tournée du côté gauche, il vit que c'était Lily qui lui tenait l'autre poignet.

— Sortez d'ici, lui ordonna-t-il.

— Non.

— Une femme doit l'obéissance à son mari.

— Vous n'êtes pas mon mari.

— Et vous allez me dire que vous avez vu bien pire sur les champs de bataille. Que cela ne vous fait rien du tout. Que je m'inquiète pour rien et que vous n'allez pas avoir de vapeurs.

— Oui, confirma-t-elle.

Le médecin, moins habile pour ce genre d'opération que les chirurgiens militaires, se remit au travail avec une douceur hésitante, qui ne fit que décupler et prolonger sa douleur. Neville garda les yeux rivés sur Lily jusqu'à ce qu'il croie que la souffrance allait avoir raison de lui ; alors il les ferma et serra les dents de toutes ses forces.

— Ah ! fit enfin le Dr Nightingale avec une note de satisfaction dans la voix.

— Ça y est ! fit Joseph, haletant d'avoir retenu son souffle. Elle est sortie, Nev.

— Et ni l'os ni les muscles n'ont été abîmés, je crois, ajouta le médecin. Nous allons vous réparer en un rien de temps, monsieur.

La douleur ne s'apaisa nullement. Elle le submergeait totalement. Il avait l'impression d'entrevoir la réalité de très loin, du fond de lui-même. Cependant, en rouvrant les yeux, il se rendit compte que la main de Lily se trouvait dans la sienne. Broyée dans la sienne. Un long moment, il fut incapable de desserrer les doigts. Peu à peu, enfin, il put se détendre et la libérer. Il nota avec un curieux détachement que les doigts de Lily étaient tout blancs et collés les uns contre les autres. Il lui sembla un instant qu'elle ne pouvait ni les bouger ni les séparer. C'était incroyable qu'il ne les lui ait pas brisés. Et elle n'avait pas dit un mot.

Elle se détourna un instant, puis il sentit un linge humide et frais sur son visage brûlant.

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