Ajouter un extrait
Liste des extraits
"- le Duc va être furieux, observa-t-elle avec un soupçon d'inquiétude.
-Ce n'est pas sûr. Pas sûr du tout, même.Les Bedwyn ont toujours pris le mariage au sérieux. Ceux ou celles qui nous épousent doivent se préparer à être aimés pour la vie."
Afficher en entierCe soir, elle voulait oublier ses soucis et savourer l'instant présent. Ce soir, elle serait Cendrillon au bal.
Afficher en entierDavy regarda autour de lui d'un air inquiet, un peu comme s'il craignait que le pique-nique ne lui échappe s'il faisait un seul pas. Muffin n'avait pas tant de scrupules. Oubliant les poissons, il se mit à aboyer joyeusement, puis les rejoignit en sautillant, une oreille dressée, tandis que l'autre, réduite à une moitié, tombait lamentablement.
Afficher en entierMuffin guettait les poissons, le nez au ras de l'eau, une patte repliée sous le ventre, les trois autres en équilibre précaire sur des rochers. Il se croyait une vocation de pêcheur, même s'il n'attrapait jamais rien, pas même un malheureux têtard. Le petit Benjamin Rice rejoignit sa mère en trottinant et lui tendit une poignée de jacinthes et de mauvaises herbes que Thelma prit à deux mains, comme s'il s'agissait d'un précieux trésor. Eve ressentit une pointe d'envie et s'en voulut aussitôt. Elle avait beaucoup de chance, se rappela-t-elle. Elle vivait dans un endroit idyllique, entourée de gens qui l'aimaient et qu'elle aimait, et la solitude de son enfance n'était plus qu'un lointain souvenir. Dans une semaine, soit un an après la mort de son père, elle abandonnerait ce triste gris de demi-deuil pour porter de nouveau des vêtements de couleur. Sous peu, John serait de retour, et elle pourrait enfin annoncer au monde entier qu'elle était follement amoureuse. Si elle s'était écoutée, elle se serait mise à danser de joie au milieu des jacinthes. Mais elle se contenta de sourire.
Afficher en entierEve se redressa et rabattit sur ses yeux le bord de sa capeline un peu cabossée attachée par un ruban gris. Sa robe à taille haute était grise, elle aussi, et très simple. Une tenue idéale pour une matinée à la campagne, quand on n'attend pas de visites. Un profond sentiment de bien-être envahit la jeune fille. L'été s'annonçait déjà, un été qui, pour la première fois depuis des années, ne serait pas gâché par l'anxiété. Certes, elle se posait toujours des questions au sujet de John. Pourquoi, mais pourquoi ne donnait-il pas de nouvelles ? Il aurait dû revenir en mars de Russie – au plus tard en avril. Or nous étions en mai, et il n'était toujours pas là.
Afficher en entierDavy, sept ans, cueillait des fleurs d'un air grave, comme s'il s'agissait là d'une tâche de la plus haute importance. Sa sœur Becky, âgée de cinq ans, les choisissait en chantonnant. Elle paraissait à l'aise et heureuse dans son nouvel environnement. « Si seulement Davy pouvait perdre un peu de son sérieux », pensa Eve.
Afficher en entierAu cœur des bois touffus qui s'étendaient à l'extrémité du parc, un ruisseau descendait en cascade pour rejoindre la rivière qui, après avoir délimité le domaine de Ringwood Manor, dans l'Oxfordshire, continuait paisiblement son chemin vers le village d'Heybridge.
Par cette belle matinée de mai, ce vallon ombragé semé de jacinthes était à couper le souffle.
Afficher en entierLe dernier souffle s'échappa d'entre les lèvres parcheminées du capitaine. Après lui avoir fermé les paupières, le colonel resta un genou en terre pendant quelques instants. Il semblait prier, mais en réalité il songeait à la promesse qu'il venait de faire. Il allait donc devoir apprendre, en personne, à Mlle Morris – dont il ignorait tout – que son frère était mort et que, avant de rendre l'âme, il avait demandé qu'elle ne le pleure pas et ne porte pas son deuil.
Afficher en entierDeux ans auparavant, alors simple lieutenant, le capitaine Morris lui avait sauvé la vie au cours de la bataille de Salamanque. Le cheval du colonel venait de s'effondrer sous lui, et le jeune lieutenant avait tué l'homme qui s'apprêtait à l'attaquer par-derrière. Sa rapidité d'action avait évité à son officier supérieur une mort certaine. Puis Morris avait insisté pour que le colonel prenne son cheval. Lui-même avait été légèrement blessé dans le terrible combat qui avait suivi. Cela lui avait valu d'obtenir ses galons de capitaine, une promotion qu'il n'aurait jamais pu se permettre d'acheter. Le colonel n'avait pas oublié son geste.
Afficher en entier— Un officier, dit-il en indiquant d'un mouvement du menton le ceinturon rouge. Qui est-ce ?
Son aide de camp se pencha, retourna le mort...et celui-ci ouvrit les yeux.
Le colonel le reconnut immédiatement.
— Capitaine Morris, vous êtes blessé. Rawlings, demandez qu'on apporte une civière.
— Non, dit faiblement le capitaine. Je suis fichu, mon colonel.
Afficher en entier