Extraits

Une fois de plus le loup au pelage noir et aux yeux dorés hurla à la lune. Les arbres frémirent, les vagues se firent plus sauvages, l’air plus vif et les bêtes de la forêt se terrèrent plus profondément encore au fond de leurs refuges. Au loin, un éclair zébra le ciel pour s’abattre quelque part en mer.

L’atmosphère était saturée de magie. Il la sentait vibrer autour de lui, force brute émanant des éléments, traversant chaque être vivant, les reliant les uns aux autres en une chaîne subtile et complexe.

Au sein même de la brise, il crut percevoir l’écho lointain d’un rire familier. A la surface des flots, couraient à présent de petites étincelles qui évoquaient autant de feux follets dansant sous la lune.

Penchant la tête de côté, le loup écouta ce qu’ils avaient à lui dire.

L’amour attend…

Se détournant brusquement, il s’enfonça de nouveau dans la forêt. Il aurait voulu fuir cette révélation mais elle le poursuivait impitoyablement dans le murmure des branches et le bruit du ressac.

L’amour attend…

Accélérant l’allure comme pour échapper au verdict fatidique, il fila, plus rapide que le vent, s’enfonçant au cœur des bois. Son sang s’échauffait, battant contre ses tempes au rythme effréné de sa course. Obliquant sur la gauche, il emprunta l’un des chemins les plus secrets qui le conduisit à une maison dont les fenêtres brillaient doucement, défiant les ténèbres. D’un bond, il sauta sous le porche.

Et le loup se fit homme.

Chapitre 1

Lorsque Rowan Murray posa les yeux sur la petite maison qui se dressait au fond des bois, elle sentit un mélange de soulagement et d’anxiété l’envahir. Elle était heureuse d’être enfin arrivée, après cet interminable trajet en voiture qui l’avait conduite de San Francisco

à l’Oregon.

A présent, elle était arrivée et sa nouvelle existence allait véritablement pouvoir commencer. Mais cette idée avait quelque chose de légèrement angoissant.

C’était exactement comme se retrouver devant une page blanche sans vraiment savoir ce qu’on désirait y écrire.

Qu’allait-elle faire de tout ce temps ?

Le plus raisonnable, songea-t-elle, c’était de prendre les choses au fur et à mesure. Descendre de son 4x4, aller ouvrir la porte et faire le tour de la maison où elle passerait ces trois prochains mois, puis prendre une douche et se préparer une tasse de thé bien chaud…

Mais Rowan se contentait de rester assise au volant de sa voiture, les yeux fixés sur sa nouvelle demeure, une sourde angoisse lui nouant le ventre et la gorge.

Elle se sentait soudain terriblement seule.

Bien sûr, c’était exactement ce qu’elle avait voulu.

Pendant des mois, elle avait cherché un endroit tranquille où elle pourrait se retrouver, se ressourcer et, lorsqu’elle avait demandé à Belinda d’occuper sa maison, celle-ci n’avait pas hésité un seul instant à lui prêter.

- Si tel était le cas, il n'aurait pas commis autant d'erreurs, croyez-moi ! Je le connais bien, Rowan. Son cœur est à vous si vous le voulez vraiment. Et je ne dis pas cela parce que j'aimerais le voir prendre la place de son père. Quelle que soit la personne qu'il ait choisie, Halfelin ou non, elle aurait été accueillie à bras ouverts dans notre famille. Alors ne tournez pas le dos au bonheur par fierté. La fierté est une bien triste compagne lorsqu'on est malheureux...

- Où vas-tu ? demanda-t-il, se sentant gagné par la panique.

- Où il me plaira. J'ai été ta maîtresse, Rowan, mais jamais ton amante. Je ne peux pas me contenter de cela. Même pour toi...

Elle se retourna et le regarda droit dans les yeux.

- J'ai remis mon cœur entre tes mains et tu n'as pas su quoi en faire. Je n'ai pas besoin de magie ni de boule de cristal pour te dire que tu n'en auras plus jamais d'aussi dévoué que le mien.

- Qui le pourrait ? marmonna-t-elle. Je suis sûrement encore en train de rêver.

Elle se figea brusquement, songeant à tous les rêves qu'elle avait fais de lui.

- Mon Dieu ! murmura-t-elle avec effroi.

- Je n'ai rien pris que vous ne soyez prête à donner, intervint Liam sur la défensive.

- Vous êtes venu dans mon lit et vous avez fait l'amour avec moi pendant mon sommeil ! s'exclama-t-elle.

- Seulement avec mon esprit. Je ne vous ai pas touchée physiquement.

- Ne vous évanouissez pas ! s'exclama-t-il. Vous me donnez l'impression d'être un monstre...

- C'est logique... Si vous étiez un grand magicien borgne, affublé d'un goitre, d'un nez tordu ou d'une vilaine cicatrice, que feriez-vous ?

A cette question, Liam ne put s'empêcher de sourire.

- Je modifierais mon apparence, bien sûr.

- Exactement ! Mais, il y a une autre raison, plus psychologique, celle-là.

- Laquelle ?

- Eh bien, je ne voudrais pas que l'on pense que Brinda a rejeté l'amour du sorcier parce qu'il était laid. c'est son âme qu'elle trouve repoussante, pas son apparence. D'ailleurs, c'est bien connu : Lucifer était le plus beau des anges.

- C'est étrange, soupira Rowan. Je passais mon temps dans une université mais il a fallu que je vienne jusqu'ici pour réaliser l'ampleur de mon ignorance.

[...] Mais, chaque fois qu'il lui avait rendu visite, il était venu sous sa forme animale.

Elle l'avait toujours accueilli avec affection et il s'était laissé caresser et cajoler avec plaisir, toujours aussi surpris de constater qu'elle se méfiait beaucoup moins du loup sauvage que de son voisin humain.

PRÉSENTATION DES PERSONNAGES

C'est dans les paysages magnifique de l'Oregon -bois profonds et falaises abruptes dominant la mer- ,que Nora Roberts a campé le décor de "La forêt des secrets", dernier volume de la saga des Donovan.

QUI SONT-ILS ?

Liam Donovan:

De tous les descendants des Donovan, Liam est sans doute le plus sauvage, le plus mystérieux. C'est peu-être aussi celui qui ressemble le plus au guerriers irlandais, ses ancêtre. Dans sa splendide demeure qui domine l’océan, il invente des légendes d'un autres âge et crée des héros qui lui ressemble.

Roman Murray:

Rowan a quitté la ville, un fiancé qu'elle n'est pas sur d'aimer et un avenir tout tracé dont elle sait qu'il ne lui ressemble pas. Dans la maison perdue au fond de la forêt où elle s'est réfugié, elle cherche un sens a sa vie et goûte au plaisir de la solitude. Une solitude bientôt interrompue par la rencontre d'un homme aussi ténébreux que séduisant.

PROLOGUE

Son pelage était plus noir que la nuit, son pas aussi léger que silencieux et ses yeux reflétaient l'éclat de la pleine lune. Il courait par plaisir, s'abandonnant à cette euphorie familière que lui procurait le simple fait de parcourir les bois. Il connaissait chaque arbre, chaque buisson, chaque nouvelle pousse. Il ne faisait qu'un avec la magie millénaire de la forêt.

Puissant et redoutable, il progressait en direction de l'ouest, vers l’océan dont il pouvait déjà sentir l'odeur familière. Le vent du large lui murmurait les nouvelles des terres lointaines et inconnues. En son sein, il percevait la complainte des marin dont était l'ultime sépulture.

A son approche, les autres animaux de la forêt se terraient dans leur gîte, redoutant ce prédateur fantastique qui semblait sortir tout droit d'un légende. Comment auraient-ils put deviner qui ne chassait rien d'autre que ses propres idées noires ?

Il n'avait ni meute ni compagne et sa course n'était qu'une façon de conjurer la solitude qui pesait sur son âme.Hélas, ni les grands espaces qu'il parcourait sans relâche, ni la brise marine qu'il humait ne parvenaient à lui apporter la paix qu'il était venu chercher en ces lieux.

Le sentier qu'il suivait à présent remonta légèrement et les arbres commencèrent à s'espacer les uns des autres. Bientôt, il sortit de la forêt et atteignit les falaise qui dominait le Pacifique. En quelques foulées, il se retrouva face à l’océan. contrebas, on devinait le moutonnement argenté des vagues qui venaient s'écraser contre la parois abruptes.

Levant la tête en direction du ciel étoilé, il contempla l'oeil unique de la lune qui semblait lui rendre son regard. Il se mit a hurler, en appelant aux pouvoirs de la nuit, de la mer et du ciel. Son cri se répercuta, emplissant l'air d'un plainte déchirante qui faisait écho à toutes les questions sans réponses qui l'habitaient. Il mêlait un profonds désespoir et une impatience, une attente dont lui-même ignorait l'objet.

La roue impitoyable de la fatalité était sur le point de tourner a nouveau. Mais il ne parvenait pas encore a distinguer l'avenir qui se dissimulait derrière un voile ed fumée. Il ne savait qu'un chose: il devra bientôt faire face a son destin.

Une fois de plus le loup au pelage noir et au yeux dorés hurla à la lune. Les arbres frémirent, les vagues se firent sauvages, l'air plus vif et les bêtes de la forêt se tèrrent plus profondément encore au fond de leur refuges. Au loin, un éclair zébra le ciel pour s'abattre quelques part en mer.

L’atmosphère était saturée de magie. Il le sentait vibrer autour de lui, force brute émanant des éléments, traversant chaque être vivant, les reliant les uns aux autres en une chaîne subtile et complexe.

Au sein même de la brise, il crut percevoir l’écho lointain d'un rire familier. A la surface des flots, couraient à présent de petites étincelles qui évoquaient autant de feux follets dansant sous la lune.

Penchant la tête de coté, le loup écouta ce qu'ils avaient à lui dire.

"L'amour attend..."

Se détournant brusquement, il s'enfonça de nouveau dans la forêt. Il aurait voulu fuir cette révélation mais elle le poursuivait impitoyablement dans le murmure des branches et le bruit du ressac.

"L'amour attend..."

Accélérant l'allure comme pour échapper au verdict fatidique, il fila, plus rapide que le vent, s'enfonçant au coeur des bois. Son sang s’échauffait, battant contre ses tempes au rythme effréné de sa course. Obliquant sur la gauche, il emprunta l'un des chemins les plus secrets qui le conduisit à une maison dont les fenêtres brillaient doucement, défiant les ténèbres. D'un bond, il sauta sur le porche.

Et le loup se fit homme.