Extraits

La figure d’Harben se crispa comme sous le coup d’une insulte.

― Rester juste une nuit ? grommela-t-il. Quel genre d’homme êtes-vous ? Votre femme est trop maigre, et où sont vos enfants ?

Il ne laissa pas à Stephen le temps de répondre.

― Ma bière brassée maison fera pousser un bébé dans ce ventre plat.

Stephen hocha la tête comme s’il venait d’entendre une grande parole de sagesse.

―Et moi qui croyais qu’elle tomberait enceinte grâce à moi ! Si j’avais su qu’il fallait surtout de la bière brassée maison…

Harben émit un son ressemblant vaguement à un rire.

[...]

― Nous ne pouvons pas… murmura Scarlett contre ses lèvres. Harben…

Stephen lui mordilla le lobe de l’oreille.

― Je lui ai dit que nous avions prévu une orgie pour le restant de la soirée.

― Vous n’avez pas fait cela !

― Mais si, mais si ! murmura-t-il, les yeux brillants de malice.

Puis son expression gourmande se mua en stupéfaction. Déshabillant rapidement Scarlett, il posa la main sur son ventre rond.

À son interrogation silencieuse, elle répondit par un sourire et un hochement de tête.

Un hurlement de joie de Stephen sema la terreur dans le poulailler.

― Un bébé ! S’exclama-t-il en riant. Harben avait donc dit vrai au sujet de sa bière.

― Oh, Tam ! s’écria Scarlett en jetant un regard haineux à Stephen. Venez au camp et laissez-moi m’en occuper.

Tam ne bougea pas.

― Je pense que tu devrais demander la permission à ton mari. Car vous êtes bien son mari, n’est-ce pas ?

Stephen commençait à apprécier cet homme.

― J’ai déjà quelques cicatrices pour le prouver.

Assis dans la pièce principale de la petite ferme, Stephen se réchauffait les mains devant le feu. Il était venu voir Tam. Ce dernier, en visite chez sa sœur depuis quelques jours, était installé dans un coin et réparait un filet de pêche.

― Si je comprends bien, vous voulez que je vous aide à paraître moins ridicule, déclara Tam avec le plus grand sérieux.

Stephen se retourna, légèrement offusqué par la brutale franchise de l’Écossais. Il n’était pas encore habitué à ce qu’on ne lui serve plus du « monseigneur » à chaque phrase.