Extraits

Ils se fixaient l’un l’autre, un courant d’anticipation picotant les sens d’Emmitt tandis qu’une boule de feu grandissait au creux de son ventre. Il ne comprenait pas trop ce qui était en train de se produire, mais cela lui faisait repenser à son affrontement avec Lassiter pendant l’échappée : il observait son adversaire et attendait de voir comment il allait réagir.

Ryu n’était pas un attaquant, toutefois. C’était un gardien de but, aussi avait-il probablement recours à la même tactique.

Avant qu’Emmitt ait pu faire quelque chose de téméraire, comme, par exemple, voir jusqu’où il pouvait pousser le bouchon, il entendit le rire tonitruant de Morley et vit les yeux de Ryu se river à la porte.

Leurs coéquipiers étaient arrivés.

— Bidasse ! Te voilà.

Morley s’approcha de leur table d’un pas lourd, tout aussi bruyant et jovial que d’habitude, tandis que Daniel, Tristan et le petit ami canon de ce dernier les rejoignaient d’une démarche plus mesurée.

— Merde, Ryu, on dirait que t’as signé pour tourner un clip de J-pop.

Emmitt ne savait pas d’où leur défenseur s’y connaissait en J-pop, et il n’était pas sûr de vouloir connaître le comment du pourquoi.

— C’était pas mal placé, j’espère ? s’enquit Morley. Tu sais que tu peux me dire quand je dépasse les bornes, mon pote.

— Tout ce qui sort de ta bouche est offensant, littéralement, "mon pote", rétorqua Ryu sans aucune agressivité toutefois.

— Est-ce que je devrais demander ce qui se passe, là ? demanda Sebastian.

Puis il leva une main avant que quiconque ait pu lui donner un indice et reprit :

— Non, j’ai décidé que je ne préférais pas.

— Tu veux qu’on te trouve quelques canons maintenant que t’es célibataire, Bellzie ? proposa Morley en se tournant vers le capitaine des Venom.

— Je vais plutôt me prendre une bière, répondit l’intéressé avec un sourire sarcastique. Mais merci d’avoir pensé à moi, le Trépied.