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Tandis que je revois en imagination la lumière grise qui baigne la maison, maman qui chantonne pendant que les camions de livraison mugissent sous nos fenêtres, on frappe à la porte. La réalité me rattrape malgré moi.
Cindly court jusqu’à la porte. À peine l’a-t-elle ouverte qu’elle esquisse une révérence.
— Votre Altesse.
Je me lève et je croise les bras sur ma poitrine, prise au dépourvu. Le tissu des chemises de nuit est aussi fin que du papier à cigarette.
— Martha, ma robe de chambre. Vite.
Martha, qui était pliée en deux, se redresse et file chercher ma robe de chambre tandis que je me tourne vers le prince Clarkson.
— Votre Altesse, comme c’est aimable de venir me rendre visite.
Et je le salue à mon tour d’une courbette, avant de me cacher comme je peux derrière mes bras.
— J’espérais, dit-il, que vous pourriez vous joindre à moi pour déguster quelques pâtisseries.
Un tête-à-tête ? Il est venu me proposer un tête-à-tête ?
Et moi qui suis en chemise de nuit, démaquillée, les cheveux en pagaille…
— Euh… dois-je… changer de tenue ?
Afficher en entier- J'ai un secret à te confier.
- Vraiment ?
- Tu veux que je te le dise ? Tu vas être la prochaine reine d'Illea.
Afficher en entier- Tu m'appartiendras, à moi et à moi seul. Et je te placerai sur un piédestal, si bien que tout le monde sera forcé de t'adorer.
Afficher en entier- Tu as su garder mes secrets et si tu m'épouses, je peux t'en faire la promesse, il y en aura d'autres, des dizaines d'autres. Tu ne me juges pas, tu n'as pas l'air d'être déstabilisée par grand-chose. Tu m'apaises. Et ce que je recherche en priorité, c'est la paix. Je pense que tu es la seule candidate capable de m'offrir cela.
Afficher en entierLa reine s'immobilise devant Bianca, Madeline et moi.
- A partir de maintenant, votre seule fonction est de bien présenter, de vous taire et de sourire.
Nos regards se croisent et, bêtement, j'interprête sa dernière phrase comme un ordre. Et je risque un sourire. Un sourire qui ne plaît pas à la reine, qui me gifle, de toutes ses forces. Je retombe sur la table avec un grognement et je reste aussi immobile qu'une pierre.
Afficher en entier"C'est étrange de découvrir qu'on compte pour certaines personnes alors qu'on ne s'en doutait pas une seule seconde. Ou que perdre lentement pied a aussi un impact sur les autres."
Afficher en entierL'héritier du trône a risqué sa vie pour moi. Je trouve ça tellement beau que c'est presque trop lourd à porter.
Afficher en entier— Que faites-vous là ?
Je sursaute. Le prince Clarkson est là, devant moi, dans le couloir.
— Rien du tout, Votre Altesse.
— Vous vous sentez mal ?
— Non, absolument pas.
J’essaie de me mettre debout, histoire de le rassurer. Mauvaise idée. Mes jambes me lâchent et je m’écroule par terre.
— Mademoiselle ? lance-t-il, et il s’approche de moi.
— Pardonnez-moi. C’est si humiliant.
C’est alors que le prince me cueille dans ses bras.
— Fermez les yeux si vous êtes prise d’un malaise. Je vous conduis à l’infirmerie.
Une anecdote comique que je vais pouvoir raconter à mes enfants et à mes petits-enfants : un jour le roi m’a transbahutée dans tout le palais comme si je ne pesais pas plus qu’une plume. Je me sens bien là, dans ses bras. Cela fait des années que je rêve d’un moment pareil.
Ouvrant les yeux, j’aperçois une infirmière qui pousse un cri alarmé à ma vue.
— Je crois qu’elle s’est évanouie, explique Clarkson. Elle n’a pas l’air blessée.
— Installez-la ici, je vous prie, Votre Altesse.
Clarkson m’allonge avec mille précautions sur l’un des lits qui meublent l’infirmerie. J’espère qu’il a compris, au regard que je lui lance, combien je lui suis reconnaissante.
Moi qui pensais qu’il allait partir sans attendre, je suis étonnée de le voir rester à mes côtés tandis que l’infirmière prend mon pouls.
— Avez-vous mangé aujourd’hui, ma petite ? bu assez d’eau ?
— Nous venons de prendre notre petit déjeuner, répond le prince à ma place.
— Vous sentez-vous malade ?
— Non. Enfin, si. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer.
En dédramatisant la situation j’espérais encore pouvoir participer à la partie de croquet un peu plus tard. L’infirmière affiche une grimace, à la fois sévère et attendrie.
— Excusez-moi de vous contredire, mais vous n’êtes pas arrivée ici sur vos deux jambes.
Exaspérée, je lâche :
— Ça m’arrive tout le temps.
— Comment ça, tout le temps ?
Je n’avais pas l’intention d’avouer tout cela. Je soupire, essayant de trouver une porte de sortie. Le prince va très vite découvrir que ma vie à Honduragua a abîmé définitivement mon organisme.
— J’ai souvent mal à la tête. Et, parfois, j’ai du mal à tenir debout. À la maison je dois me coucher des heures avant mon frère et mes sœurs, si je veux être capable de travailler toute la journée. Je n’arrive pas à me reposer comme il faut depuis que je suis arrivée ici.
— Je comprends. Autre chose, à part les maux de tête et la fatigue ?
— Non, madame.
Afficher en entierLa stabilité malgré la tempête.
Afficher en entierComment dormir avec ce cœur qui galope dans ma poitrine et ces pensées qui s'entrechoquent sous mon crâne?
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