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La mélodie s’est fait à nouveau entendre et j’ai laissé pendre mes bras le long de mon corps, ma frayeur et mes inquiétudes s’effritant à mesure que les sons s’insinuaient dans mon esprit. Tout à coup, rien ne m’a paru plus agréable que d’être enlacée par les vagues plutôt que fouettée par la pluie.
C’était délicieux, à vrai dire. Cette eau, il fallait que je la boive. Que j’en remplisse mon estomac, mon cœur, mes poumons.
Dévorée par cette envie impérieuse, je me suis approchée du garde-fou et l’ai enjambé. Puis la chute, comme dans un rêve.
J’ai compris que je courais un danger mortel à la seconde où la main glacée de l’océan sur mon visage m’a ramenée à la réalité.
J’allais me noyer.
Non ! ai-je hurlé en mon for intérieur. Je ne suis pas prête ! Je veux vivre ! Dix-neuf ans, c’est trop jeune pour mourir. J’ai encore trop d’expériences à vivre, de plats à goûter et de lieux à découvrir.
J’avais l’espoir de me marier, de fonder une famille. C’est trop injuste de tirer un trait sur ses rêves.
« Tu en es certaine ? »
Je n’ai pas eu le temps de me demander si cette voix était un produit de mon imagination.
« Que serais-tu prête à sacrifier pour rester en vie ?
— Absolument tout ! »
Afficher en entier"Tu trouverais ça tordu que je te dise que tu es jolie ?
Tu es jolie."
"Tu trouverais ça tordu que je te dise que j'aime discuter avec toi-même si tu ne parles pas ?
J'aime bien discuter avec toi."
Afficher en entierQuand on n'a pas besoin de dormir ni de manger, quand seule la perspective du néant se déploie devant soi, l'âme ne trouve pas le repos.
Afficher en entier« J'ai l'impression que tu as dans la tête de quoi écrire des livres entiers. »
Afficher en entierViens jeter ton cœur dans les flots
Ton âme se perd, mais elle en sauve d’autres,
Bois de Mon eau et meurs
Echange ta vie contre mille vies
Viens, bois tout ton soûl
Bois et perds-toi en Moi et accueille la fin à bras ouverts
Bois et accueille la fin à bras ouverts
Tu fais partie d’un tout
Car tous doivent mourir, tous doivent périr
Offre-Moi ton corps
Que ta dernière demeure soit l’Océan
Viens et bois tout ton soûl
Bois et perds-toi en Moi
Bois et perds-toi en Moi
Afficher en entierEt Akinli m'embrasse, mon visage toujours entre ses mains. Un baiser qui allume un brasier dans mes veines.
"Tu m'as ramené à la vie", chuchote-t-il, et il m'embrasse à nouveau.
Afficher en entierA la fois mère de substitution, chaperon et employeur... la relation qui nous lie à l'Océan est très complexe.
Afficher en entier« Pourquoi penses-tu que J’ai des préjugés sur les humains ? demande-t-Elle, manifestement agacée. Je mets Ma vie à leur disposition. Tout en Moi leur appartient. Si tu considère qu’une malédiction pèse sur toi, que dois-Je penser, Moi ?
Je ne possède pas la réponse à Sa question.
« C’est trop te demander de garder un peu plus longtemps à Mes côtés la seule personne qui M’est précieuse ? »
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Un long voile blanc flotte autour d’elle, sa robe en dentelle est gorgée d’eau de mer. Elle m’observe, le regard vitreux. Cela devait être le plus beau jour de sa vie, pas le dernier. Impossible de dire qui est le jeune marié ; tous les hommes sont habillés de la même façon. Peut-être a-t-il déjà été englouti par l’Océan.
Soudain, la nausée me gagne. Cette femme avait trouvé l’amour, tout comme moi. Mais aucune de nous deux n’aura droit à son happy end. Bouleversée, j’arrête de chanter.
Même si mes sœurs poursuivent leur œuvre, mon silence brise le sortilège et la mariée, soudain lucide, se débat dans les flots.
« Michael ! s’écrie-t-elle. Michael ? » Alors, elle m’implore du regard. J’aimerais détourner le mien, mais j’ai l’impression que la regarder mourir lui rendra sa dignité, d’une certaine façon. Des larmes roulent sur mes joues.
« Pitié », lance-t-elle d’une toute petite voix qui couvre celle de mes sœurs.
Spontanément, j’avance dans sa direction. À peine le temps d’esquisser quelques pas : Elizabeth me rattrape, me fait tomber, m’attrape par les cheveux et me foudroie du regard. Je me débats.
« Lâche-moi !
— Chante, m’ordonne l’Océan.
— Chante ! » insiste Elizabeth. Derrière nous, Miaka et Padma persévèrent dans leur sinistre besogne. « Tu ne vois pas que tu aggraves la situation ? Chante. Finis ce que tu as commencé ! »
Je contemple nos victimes. Certaines s’arrachent progressivement à notre emprise.
« S’il te plaît, Kahlen, m’implore Elizabeth. Tu nous fais toutes courir un grave danger. »
« Au lieu de lui obéir, j’implore la clémence de l’Océan. « Sauve-la ! Il y a de la place pour une cinquième Sirène ! »
« Pas de femmes mariées. Pas de mères. Tu voudrais la condamner à cette vie ? » Il y a du chagrin dans Sa voix.
Je me tais. Non. Un siècle de meurtres, c’est mille fois plus cruel que quelques secondes de terreur.
Je blottis ma tête au creux de l’épaule d’Elizabeth et je me remets à chanter. La voix de ma sœur se mêle à la mienne. Je me concentre exclusivement sur Miaka et Padma, dont les visages trahissent un mélange d’émotions contradictoires : compassion, déception, colère, méfiance. Nous chantons jusqu’à ce que s’éteigne le dernier cri, jusqu’à ce que le paquebot sombre au fond de l’Océan. Le silence est tranchant comme la lame d’un rasoir, beaucoup plus douloureux que les hurlements des noyés.
Miaka, dans une colère noire, m’attrape par les épaules et me secoue.
« Elle aurait pu te tuer ! Elle l’a déjà fait, pour moins que ça ! Qu’est-ce qui t’est passé par la tête ? Tu as pensé à nous ? »
Je ne m’attendais pas à cette réaction. Mes sœurs sont censées me comprendre. Elles seules ont les clefs.
Je ferme les yeux. « Je suis fatiguée de la mort.
— Nous sommes toutes fatiguées de la mort », rétorque Elizabeth »
Afficher en entierMais, en toute franchise, je sais que je n'ai qu'un rêve dans ma vie et rien que d'y songer me fait souffrir.
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