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Au creux des sonorités de Debussy se loge un intellect froid, un compositeur que la sensiblerie exaspère. (...) "Écoute-le, celui-là ! pouvait-elle s'exclamer lors d'un concert radiodiffusé. Écoute-le épater la galerie ! Tu entends ces horribles silences ? Tu entends que ce sont des pauses toutes calculées ? Alors qu'il ne croit même pas à son propre silence !"
Afficher en entier- C'est bien que tu sois passé aujourd'hui. C'est un temps idéal pour écouter Jacqueline du Pré. Et Elgar, en l'occurrence.
- C'est-à-dire ?
Elle sourit.
- Un temps couvert, pluvieux. Du vent en rafales.
- Tu sembles aimer toi aussi ?
- Je ne pourrais pas vivre sans. Si les journées ensoleillées durent trop longtemps, je me sens désemparée.
Afficher en entier- Qu'est-ce qu'elle t'a dit d'autre sur moi, Mme Lynge ?
- Que tu étais doué. Mais pas aussi doué que tu crois l'être.
Elle rit. C'est une insolence, une offense qu'elle vient de me balancer à la figure. Et pourtant, j'aime sa façon de rire. Je souhaiterais qu'elle ne s'arrête jamais de m'offenser.
Afficher en entierIl s'est encore pris les pieds dans une de ses absurdités dont lui seul a le secret et qui avaient le don d'énerver maman au plus haut point : "Hjalmar, est-ce que tu pourrais un jour m'expliquer pourquoi tu es toujours aussi approximatif ?" "Pas toujours ! aboyait-il en guise de réponse. À tes yeux en tout cas !" Et de ponctuer sa phrase par une ineptie similaire. Et Cathrine et moi d'écouter poliment le silence marmonnant qui s'en suivait. Sauf qu'aujourd'hui il n'a plus personne contre qui aboyer.
Afficher en entierMais Synnestvedt ignore que, pendant des mois, j'ai eu des journées à ne plus savoir qu'en faire. J'ai pu répéter ad libitum ces maudites fugues de Bach et les études de Chopin. La technique n'est plus un souci pour moi, mais bien les émotions qui fusent à l'intérieur de moi. Comment la musique va-t-elle pouvoir les restituer ?
Afficher en entierJe ressemble à ces gens pathétiques qui continuent de courir après le tramway alors qu'il est parti depuis belle lurette. Je ne veux pas être de ceux-là. Je ne veux pas me répandre en actes vains et ridicules (...)
Afficher en entierJ'étais prête à tout lui donner, tout, hormis un enfant. (...) Tu ne sais pas ce que c'est, toi, quand, en un clin d'oeil, le sexe devient une fixation, la seule chose que tu aies en tête ; quand, dans un accès d'amour ou de folie, tu te mets à vivre uniquement pour ces cours instants qui n'appartiennent qu'aux deux partenaires, ces moments délictueux qui font que tu te sens plus forte que le monde entier, oui, que tu te sens imbattable. Le plaisir est colossal. Plus rien ne te menace, personne ne te rabaisse. Pourquoi ? Parce que quelqu'un te désire et que tu peux rendre ces sentiments, même si tu ne crois pas avoir en face de toi l'amour de ta vie et tout ce qui s'en suit. Le plus important, c'est que tu te sens jeune, vivante, et que cette sensation, tu l'as pour la toute première fois.
Afficher en entierMais que faire de ce silence ? J'ai seize ans et rien ne me fait plus peur que ce qui va m'arriver. La nuit, une quantité bien trop impressionnante de rêves se déploient dans ma tête.
Afficher en entierOui, c'était une enfance d'une tristesse insondable. Elle était triste à pleurer car, le jour d'après, elle se terminait toujours en gueules de bois suivies à leur tour de disputes parentales. Et pourtant, elle n'en demeurait pas moins un conte (...) quand les rires se tairaient, quand le piano, désaccordé le lendemain, brillerait de son éclat noir, avec des cendres sur les touches en ivoire et des taches de vin rouge sur le couvercle rabattu, fermé au monde.
Afficher en entierCar là où résonne la musique jaillit la vie, plus fort que nulle part ailleurs.
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