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La sonnerie du réveil nous tire l'un et l'autre du sommeil. Je me sens un peu perdue en ouvrant les yeux et il me faut quelques secondes avant de réaliser où je me trouve. Ludovic a remonté le drap sur moi et son bras entoure ma taille. Il me contemple d'un air tendre alors que je dois avoir une tête affreuse et les cheveux hirsutes.

- Tu es magnifique, dément-il quand je me plains de son examen qui me gêne.

- Toi aussi, je rétorque en admirant ses traits fins et détendus.

- C'est vrai?

- Comme si tu ne le savais pas!

- J'ai toujours trouvé que Loïck était vachement mieux que moi.

Ouille ! Un coup sourd dans ma poitrine.

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Je regarde par la fenêtre. Il fait encore nuit et il tombe un crachin neigeux. J’en éprouve une chair de poule malgré la chaleur douillette qui règne entre les murs de l’hôtel. Le calme n’est troublé que par le tic-tac de la pendule dorée posée sur le bureau.

D’ici quelques minutes, il sera sept heures et demie. Alors commencera le ballet des petits-déjeuners et les femmes de ménage entameront leur tournée. L’établissement s’animera au gré des allées et venues, des départs et des arrivées jusqu’au milieu de journée où il retrouvera des allures de belle endormie.

Je me frictionne machinalement les bras et je retourne m’atteler à la liste des achats. Travail ingrat, mais nécessaire, bien que dans mon cas, ce n’est pas la crainte qui me motive, mais l’envie de bien faire. Le Boudoir mérite mon attention et le temps que j’y passe. C’est un hôtel, certes, mais pas tout à fait comme les autres. C’est un lieu de rencontres, de détente, dont seuls quelques initiés savent profiter pleinement des bienfaits qu’il dispense. Ici, les membres de la Société prennent leurs aises entre le cuir fauve et les parquets anciens des salons, les boiseries richement sculptées de la bibliothèque, le marbre blanc des salles de bains. Le temps de quelques heures ou de quelques jours, ils s’étendent dans la soie et le velours, se vouent à la luxure la plus raffinée et jouissent de tous les services que peut leur offrir ce joyau niché secrètement en plein cœur de Paris.

J’y suis investie comme s’il m’appartenait, c’est d’ailleurs le cas… plus ou moins.

A côté de l’horloge, trône la photographie de mon père. À l’époque, il était assis dans le même siège en cuir que j’occupe désormais. Je me rappelle qu’à la place de ce portrait que je contemple tendrement, il y avait celui de ma mère me tenant sur ses genoux, mais également ceux de ses vieux amis avec lesquels il a fondé la Société. Alors qu’Henri Valmur, Paul Peyriac et quelques autres ont apporté les idées, le savoir-faire et les capitaux, lui a offert ce dont il était le plus fier comme cadeau de baptême : son hôtel. D’aussi loin que je m’en souvienne, mon père n’a jamais fait de cachotteries au sujet de son engagement au sein de l’organisation. Si ma mère se montrait réticente à me donner les explications que je réclamais parfois, lui m’accordait une confiance sans limites, tout comme son amour. C’est donc dans cet environnement de luxe et de mystère que j’ai grandi.

Une boule me noue la gorge. Je me concentre sur les chiffres alignés et les factures pour chasser une nostalgie encombrante. En rompant le silence, le téléphone m’offre une autre échappatoire. La voix de Lou me souhaite le bonjour et commence par prendre gentiment de mes nouvelles. Par l’intermédiaire des Duivel, je la connais depuis de nombreuses années, mais j’ignorais quelles étaient ses fonctions. Qu’elle devienne subitement la directrice de la Société m’a surprise, jusqu’à ce que je m’aperçoive à quel point, elle était faite pour ça. Depuis lors, nos relations ont évolué vers une franche et complice amitié que renforcent nos liens professionnels.

— Je vais bien, je te remercie. Que me vaut ton appel si matinal ?

— Une demande inopinée, bien sûr ! répond-elle joyeusement. Un membre souhaite passer la nuit au Boudoir. Je voulais savoir si tu avais encore des disponibilités.

— Pour quand ?

— Ce soir. Il doit partir pour les États-Unis demain et il désire profiter de quelques plaisirs avant de monter dans l’avion.

— En d’autres termes ?

— Il aimerait que quatre nanas lui vident les couilles pour être plus léger à bord !

Je ne peux m’empêcher de rire, Lou est d’humeur joueuse. Ceci dit, mon esprit pratique reprend aussitôt le dessus lorsque je consulte le planning sur mon ordinateur.

— Il ne me reste que la suite du Gouverneur.

— Ce sera parfait, me rassure-t-elle.

— Quant aux filles, c’est ton job. Qui as-tu en réserve ?

L’humour de Lou semble soudain s’envoler. Je l’entends cliquer rapidement, puis elle précise d’une voix posée :

— Sarah, Louise… et Jennifer. Je n’ai pas mieux. Les autres sont déjà retenues depuis un moment, je ne peux pas en décommander une.

— Ne peut-il pas se contenter de trois, ce gourmand ?

— Les désirs des membres sont des ordres…

— Et on doit tout mettre en œuvre pour les satisfaire ! je complète comme une leçon bien apprise.

— Isa, j’ai vraiment besoin de ton aide, supplie-t-elle comme je commençais à le craindre depuis quelques secondes.

— Lou, cette époque est révolue pour moi.

— Très bien, soupire-t-elle, résignée. Je vais continuer à chercher, mais tu ne me simplifies pas la tâche.

— Puis-je au moins savoir de qui il s’agit ?

— Il s’appelle Loïck Dehais.

Je sourcille, ce nom ne me dit rien et suscite forcément ma curiosité.

— Il est membre de la Société depuis longtemps ?

— Non, depuis quelques mois seulement. Il est architecte.

— Ne serait-ce pas celui qui a rénové l’Écarlate ?

— Perspicace ! confirme-t-elle en riant. C’est lui, en effet. Alexis tient énormément à ce qu’il bénéficie très largement de nos meilleurs services. Hélas, pour une première, je vais avoir la triste obligation de décevoir le séduisant Monsieur Dehais en ne lui apportant pas tout à fait ce qu’il réclamait.

Lou est une manipulatrice née. Voilà ce que c’est que de trop côtoyer la famille Duivel. Son insinuation très appuyée me fait sourire.

— Je le recevrai comme il se doit, mais ne compte pas sur ma participation active.

— Isabelle, je t’aime ! clame-t-elle, ravie de m’entendre concéder mon aide.

— Je n’ai pas envie que ça s’ébruite, je précise aussitôt. Ce type ne doit se douter de rien et d’ici à ce soir, tu essayes de trouver une autre fille.

— Je fais au mieux et je te tiens au courant.

À peine ai-je raccroché que trois petits coups discrets retentissent à ma porte. Je reconnais la marque de Josée. Elle attend quelques secondes de courtoisie avant d’entrer sans que je le lui dise. Comme chaque matin, elle m’adresse un grand sourire en me demandant si je veux un café et, comme chaque matin, je lui réponds que oui. C’est sa manière très personnelle de me saluer, de vérifier que je vais bien et que je suis au poste de commande.

La dame occupe officiellement les fonctions de secrétaire. Elle a quarante-neuf ans, un air doux et un style impeccable. Elle travaille au Boudoir depuis vingt ans. Elle connaît tout de ma famille et de moi. Pour un peu, je pourrais être la fille qu’elle n’a jamais eue. Plutôt que de devenir membre de la Société comme Henri Valmur le lui a proposé à l’époque, elle a préféré se mettre à son service au sein du réseau et sans jamais le regretter. Discrète et efficace, elle est l’indispensable charnière de cet établissement. Elle vit pour lui et par lui, à sa cadence immuable depuis toutes ces longues années. Pour preuve, elle repart dans le couloir silencieux et je sais qu’elle reviendra dans cinq minutes très précises, le courrier et la liste des clients prévus pour la journée en main.

Imperturbable routine !

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En me voyant récupérer ma cape sur le fauteuil, Loïck se redresse en repoussant les offensives caressantes de ses hôtesses.

- Vous partez ? m'interroge-t-il.

De peur qu'il me retienne encore, je m'éloigne à bonne distance de ses mains, ne lui laissant ainsi aucun autre espoir de me convaincre que par la parole.

- N'ayez crainte, les filles vous tiendront compagnie aussi longtemps que vous le souhaiterez et se feront un plaisir de répondre à toutes vos exigences.

- J'aurais aimé profiter davantage de vous, me rétorque-t-il, visiblement mécontent.

- Une prochaine fois, peut-être.

- Même si je devais m'aventurer à braver toute morale ?

- Il aurait suffi que vous le demandiez pour en jouir dès ce soir, monsieur Dehais, je mens sans scrupule.

Ma réplique mesquine l'atteint comme une gifle, puis ses fossettes se creusent dans un superbe sourire.

- Vous ne perdez rien pour attendre, je saurai me le rappeler.

Je lui adresse un regard éloquent et fais volte-face vers la sortie.

- Je vous en prie, dites-moi au moins qui vous êtes ! réclame-t-il au moment où je franchis le seuil de la chambre.

- Pour vous, je ne dois être qu'un souvenir de France.

Sa protestation accompagne la fuite et je referme vite la porte pour ne plus l'entendre.

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- Que suis-je censée dire? j'interroge tout bas.

-Oui.

-Oui, à quoi?

-A la demande en mariage que je m'apprête à te faire.

J'ai perçu son émotion dans sa voix, sur mes lèvres. Mon coeur rend les armes. Loïc cueille mes larmes sur ma joue, sur ma bouche.

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J’emporte votre souvenir, certes, mais vos paroles étaient, pour moi, chargées de promesses d’avenir. Je serai de retour à Paris le vingt janvier. Je vous veux, vous seule ! Appelez-moi et dites-moi oui.

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