Extraits

Le prince Shax adressa un sourire complice à Verin, puis il se tourna vers l’invité suivant.

— Oncle Asmo !

Ses salutations semblaient sincèrement enthousiastes au lieu de polies, mais Verin frémit. Asmodée, Prince de la Luxure, se tenait désormais devant la princesse, ses mouvements beaux, sensuels et hypnotiques, son corps magnifique couvert seulement aux endroits stratégiques de cuir et d’or. Tellement d’or. Ses bagues serties de rubis, ses piercings, ses bracelets aux poignets et aux chevilles, il tintait en marchant. Des vagues de désir charnel émanaient de lui, impossibles à ignorer. Certains des laquais du vestibule y avaient succombé et s’envoyaient follement en l’air près de la porte d’entrée.

Asmodée ouvrit grand les bras et Shax s’y jeta, se tortillant et riant alors que son « Oncle Asmo » le caressait et l’embrassait. Les familles royales étaient bizarres. Lorsque la princesse s’éclaircit la gorge en fronçant les sourcils, Asmodée lâcha le petit prince, et il alla embrasser son hôtesse. Shax, pour sa part, fila vers Verin, le prit par la main, et le traîna dans les escaliers.

Quand ils eurent grimpé la moitié des marches, il présenta deux bagues à Verin. Deux des bagues des doigts du prince Asmodée.

— Par la Mère des démons, souffla Verin. Tu lui as pris ses foutues bagues.

— Eh oui, dit Shax en le prenant par le bras alors qu’ils regagnaient sa chambre. Toi et moi, Verin, on va s’amuser comme des petits fous.

— Très bien, dit le prince en roulant sur le ventre pour faire face à Verin, son sourire soudain insolent. Je vole des choses.

Des volutes de fumée quittèrent les narines de Verin. Il tentait de garder le contrôle de la situation, vu qu’il allait gagner un repas. Ça aurait été plus facile si le prince n’était pas aussi chiant.

— Moi aussi, je vole des conneries. C’est pas vraiment un truc non plus.

— Étant donné la situation dans laquelle je t’ai trouvé, tu n’es pas très doué pour le vol, dit le prince Shax dans un murmure, comme s’il partageait un secret. Voilà la différence.

— Je t’emmerde, Majesté.