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Caim, respirant par à-coups, continuait à se battre malgré la douleur, s’adjurant à gagner en force et en rapidité. L’un des soldats frappa avec sa lance ; il para. Un autre lâcha la sienne au profit d’une hache accrochée à sa ceinture. Les suètes fendirent le cuir rapiécé et l’homme s’affaissa au pied du mur, saignant par des trous jumeaux à l’estomac. Son collègue recula, trois doigts en moins. Il jeta sa lance et s’enfuit. Caim réagit instinctivement. Alors que l’individu était sur le point de tourner au bout de la ruelle, une masse mouvante d’estompes prit vie dans l’obscurité. Il y eut un gémissement sourd, puis le calme revint.
Caim s’approcha sans bruit. La douleur de son avant-bras pulsait au rythme de ses battements de cœur, mais c’était une sensation lointaine. La pénombre glauque s’ouvrit, révélant le soldat mort, couvert d’ombres grouillantes semblables à un tapis de vers noirs. Elles ronronnaient tout en se délectant de leur festin. L’espace d’un instant, Caim ressentit leur appétit et la douce saveur du sang chaud. Elles aspiraient le liquide vital comme s’il s’agissait d’ambroisie. L’épée noire tressaillit dans son fourreau, et l’assassin ferma les yeux.
Un hurlement déchira la nuit.
Afficher en entierCaim inspira puis bloqua sa respiration. Il banda son arc, amenant la corde jusqu’à son oreille, et le bois grinça.
À quarante pas de là, la cible tourna momentanément la tête avant de continuer à se restaurer. Caim évalua à nouveau la distance en tenant compte de la force du vent et du léger dénivelé. Le coucher du soleil s’était accompagné d’une brutale chute de température, et il gelait presque, ce qui affecterait la trajectoire de la flèche.
— Toujours en train de faire joujou dans la nature ? murmura une voix à l’oreille du jeune homme.
Celui-ci frémit lorsque Kit passa à travers lui. Sa chevelure luisait comme du vif-argent dans la lumière déclinante.
— Tu vas tirer sans lui laisser la moindre chance ?
— Ne…, commença Caim.
Car Kit, voulant viser elle aussi, s’était penchée devant lui et l’empêchait de voir ce qu’il faisait. La cible redressa la tête. Les mains de l’assassin s’engourdissaient à cause du froid, et la corde mordait dans la pulpe de ses doigts.
— … bouge pas, souffla-t-il.
Mais il était trop tard. D’un bond, le cerf s’enfuit entre deux conifères penchés, frôlant des branches. De la neige en tomba, saupoudrant ses traces. Caim s’écarta vivement de Kit pour suivre les mouvements de l’animal à travers le fourré. Le temps ralentit. Entre deux battements de cœur, il localisa sa cible et tira.
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