Extraits

Je tournai les pages jusqu'à l'endroit où Lucas avait rassemblé tous les vers et les rimes. J'en connaissais déjà pas mal, mais ceux que je découvris là étaient confus, bourrés de symboles et propices à diverses interprétations, tout comme les visions de tante Maddy. Les mots sang et éternité y apparaissaient plus que la moyenne, volontiers couplés à ardent et affligé.

- En tout cas, ils ne sont pas de Goethe, remarqua Xemerius. A les voir, on dirait que quelques poivrots se sont rassemblés pour écrire des trucs cryptés à mort. « Eh, les copains, réfléchissons, qu'est-ce qui peut bien rimer avec Jade ?... Marmelade, salade, malade ? Non, on va prendre mascarade, c'est tout de même, hic, beaucoup plus mystérieux. »

- Savez-vous que j'ai rencontré votre ancêtre ?

En fait, je l'avais même pris en photo, mais je ne pouvais pas la lui montrer : il aurait aussitôt mouchardé que j'avais emporté des objets interdits dans le passé.

- Vraiment ? Je vous envie. Le baron a dû être une personnalité impressionnante.

- Euh... oui, très impressionnante.

C'est sûr ! Ce vieux junkie est terrifiant !

- Il m'a interrogée sur la Transylvanie, mais je n'ai malheureusement pas pu très bien le renseigner.

- Oui, ça a dû être dur pour lui de vivre en exil, dit Mr Marley, puis il poussa aussitôt un « eh ! » assez aigu.

Un rat, pensai-je, paniquée, en arrachant mon bandeau des yeux.

Mais ce n'était pas un rat qui avait fait crier Mr Marley. C'était avec des yeux terriblement brillants. Et une allure si incroyablement, si insolemment, si incompréhensiblement belle.

- Ce n'est que moi, fit-il en souriant.

- Je vois ça, bougonna Mr Marley. Vous m'avez fait une sacrée peur.

Et à moi donc ! Ma lèvre recommença à trembler et j'y plantai mes incisives pour la calmer. Cette idiote !

- Votre journée est terminée, je vais raccompagner Gwendolyn à la voiture, dit Gideon en me tendant la main le plus naturellement du monde.

J'affichai l'air le plus hautain (pour autant qu'on puisse le faire avec les dents de devant enfoncées dans la lèvre... je devais sans doute avoir l'air d'un castor. D'un castor hautain, toutefois...) et j'ignorai sa main.

Lucy et Paul.

-A ton avis, comment Gwendolyn va-t-elle réagir en apprenant qu'elle va avoir...? Je veux dire, ça va lui fair etout drôle.

-Elle sera peut-être jalouse. Car enfin, nous l'avons abandonnée quand elle était bébé, et si elle voit maintenant...

Mais j'avais déja passé mes bras autour de son cou et pressé mes lèvres sur les siennes. Et tant que j'y étais, je pressai aussi le reste de mon corps contre le sien, à la plus belle manière de lady Lavinia.

Pendant quelques secondes, je craignis que Gideon me repousse, mais il soupira doucement, m'entourra la taille des ses bras et m'attira encore plus fort à lui. Il répondit à mon baiser avec une telle fougue que j'en oubliai tout le reste et fermai les yeux. Je savais seulement que je l'aimais et l'aimerais toujours et ne voulait plus qu'un seule chose: me faire embrassé par lui, maintenant et pour toujours.

Et pour enfoncer le clou, il ajouta:

-Gwendolyn est la fille de Lucy et Paul !

- En revenant plein d'espoir de sa petite virée, le beau démon subtil dut malheureusement constater que le fille, entre-temps, n'avait perdu ni son corsage jaune pisseux ni son innocence....

-Ouh,dit Leslie en m'expédiant un coup de coude dans les côtes.Et il a de bonnes manières,avec ça.Il soulève ses fesses en voyant une dame se lever.De jolies fesses,cela dit.Quel dommage qu'il soit un si sale type!

Le diable se cache partout, même dans les écureuils, dit Leslie.

-Aïe, aïe, aïe! gémit-il. Si tu étais un programme de télé, je te zapperais là.

Xemerius

« Il soupira théâtralement.

- Les filles sont vraiment les personnes les plus usantes qui soient.

Juste après les agents du fisc à la retraite, les vendeuses de chaussettes et les présidents de jardins ouvriers. »