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Côte à côte, ils dansèrent, attirant peu à peu le feu mâle vers la surface jusqu'à ce qu'il consume tout le reste.
Les tambours devinrent plus insistants à mesure que la musique atteignait son apogée.
Jared dansait, dansait, et dansait encore.
Son corps palpitait tandis que le seigneur de guerre au sourire féroce s'évanouissait peu à peu et qu'il s'emplissait d'un appétit sauvage et triomphant.
Les tambours se calmèrent et la danse du feu s'acheva.
Jared s'écarta du feu d'un pas incertain et s'écroula à terre, épuisé et excité au point d'en souffrir. Il frémit de tout son corps et s'embrasa en s'allongeant de tout son long sur le sol froid.
Afficher en entierRien de ce qu’il avait enduré au cours des neuf dernières années n’était plus douloureux que cette pénible réalité : il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il avait suffi que le garçon de dix-huit ans qu’il était alors, ce jeune mâle si fier et si sûr de lui, commette une seule erreur de jugement pour qu’il se retrouve sur ce chemin de souffrance. Un itinéraire qui le conduirait bientôt au sort cruel que les mines de sel de Pruul réservaient à leurs pensionnaires.
Afficher en entierJared jura. Il eut envie de se projeter contre la porte pour que la personne qui se trouvait derrière en goûte le bois, mais il entendit un grognement féminin et se ravisa. Se massant le bras, il s’avança dans la roulotte pour laisser Théra entrer.
— Ça suffit, dit Théra, dont les yeux verts étaient glacials. La dame a besoin de soins. Même un mâle devrait pouvoir le comprendre.
Jared montra les dents, se demandant si un regard pouvait castrer un homme.
Théra lui lança une couverture.
— Suspends ça et enlève tes vêtements trempés avant de tomber malade et de devenir complètement inutile. Je vais aider la dame.
Il l’aurait parié… Grâce à l’Art, Jared suspendit la couverture, puis il fit venir son sac de voyage en toile qui contenait ses tenues de rechange et se mit en quête d’habits dont l’odeur ne soit pas trop forte.
Afficher en entierJared regarda attentivement son visage pâle et fermé. Il recula si vivement qu’il poussa un cri en heurtant la porte. D’une main tremblante, il pointa un doigt vers elle d’un air accusateur.
— Vous êtes vierge ! Feu d’Enfer, ô Nuit, que la Ténèbre soit clémente ! vous êtes vierge !
Serrant toujours son manteau contre elle, elle le toisa d’un regard méfiant.
— Inutile de piquer une crise ! Ce n’est pas contagieux !
Jared passa les doigts dans ses cheveux, en proie à des émotions contradictoires qui se disputaient dans son esprit.
— Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans votre peuple ? et dans votre famille ? Comment ont-ils pu laisser une reine vierge sortir de son village d’origine sans escorte, et livrée à elle-même, hors de son Territoire ?
Sa colère éclata de plus belle.
— Quel homme est donc votre père pour vous laisser aller dans un lieu comme Raej ? reprit-il.
— Que sais-tu donc de mon peuple et de ma famille ?
Elle s’assit et souffla, les dents serrées.
— Et de quel droit insultes-tu mon père ?
Jared fit un pas en avant.
— Si vous vous appuyez sur cette jambe, je ferai ce que votre père aurait dû faire. Je vous coucherai sur mes genoux et je vous donnerai une sacrée fessée dont vous vous souviendrez, je vous le garantis.
— Au contraire de certains, je ne m’assieds pas sur mon cerveau, seigneur de guerre !
— J’en doute fortement, ma dame !
Afficher en entierCe qu’il lut dans son regard lui coupa le souffle.
- Je dois aider Théra, répéta Lia avec un sourire forcé.
Lorsqu’elle voulut s’éloigner, il la prit dans ses bras.
- Une fois encore, murmura-t-il en penchant la tête. Rien qu’une fois.
Il l’embrassa avec douceur. Profondément.
Afficher en entierTandis qu’il se concentrait sur ce doigt pointé dans sa direction, neuf années de souffrance et de peur se cristallisèrent en une rancune effroyable et mortelle. Autrefois, Jared croyait au service et à l’honneur. À présent, il ne croyait plus qu’en la haine et la rage. Il était un seigneur de guerre orné au Rouge de Shalador, membre du Lignage. Il se battrait contre elle quitte à en mourir, un sort préférable à la servilité et à la peur qu’il éprouverait tandis qu’elle le réduirait en miettes.
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