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Coup du sort, 1888

Ce fut un vrai coup de foudre.

Il n'y avait rien de mal à cela, bien sûr, mais l’éducation de Millicent Graves ne l'y avait pas du tout préparée. Et le choc fut d'autant plus rude.

Millie était la fille unique d'un industriel prospère, pro-priétaire d'une conserverie. Il avait été décidé - longtemps avant qu'elle ne soit en âge de comprendre ce que cela impliquait - qu'elle ferait un beau mariage ; c'est-à-dire que, grâce à elle, la fortune familiale s'allierait un jour à un titre nobiliaire illustre et ancien.

Millie avait donc passé son enfance à enchaîner les le-çons de musique, de peinture, de calligraphie, d’élocution, de maintien et, quand il restait du temps, de langues mo-dernes.

À dix ans, elle savait descendre gracieusement une volée de marches avec trois livres en équilibre sur la tête. À douze, elle était capable de soutenir une conversation en français, en italien et en allemand. Et passé son quator-zième anniversaire, elle qui n'était pas vraiment musi-

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cienne savait jouer les Douze Grandes Études de Liszt, à force d'exercices et de détermination.

La même année, son père décida qu'elle ne serait jamais une grande beauté, ni même une beauté tout court. On se mit alors en quête d'un fiancé de haut lignage suffisam-ment fauché pour envisager d'unir ses armoiries avec - quelle horreur ! - la fille d'un marchand de boîtes de sar-dines.

La quête prit fin vingt mois plus tard. M. Graves fut un tantinet déçu, car le comte qui avait accepté d'épouser sa fille en échange de sa fortune possédait un titre qui man-quait à la fois d'ancienneté et de prestige. Néanmoins, il était si infamant de vendre des conserves que ce noblaillon avait quand même exigé jusqu'à son dernier sou.

Puis, après des mois d'âpre marchandage, et alors que le contrat de mariage venait tout juste d'être signé, le comte eut l'inélégance de décéder brutalement à l'âge de trente-trois ans.

M. Graves y vit une sorte d'affront personnel.

Quant à Millie, elle pleura dans le secret de sa chambre.

Non qu'elle eût été particulièrement charmée par la mine anémique et renfrognée du comte, qu'elle n'avait par ailleurs rencontré qu'à deux reprises. Mais elle avait com-pris que, d'une certaine façon, il n'avait pas eu plus le choix qu'elle.

Ayant hérité d'un domaine en ruine qu'il n'avait jamais réussi à renflouer, il avait tout d'abord tenté de harponner

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une héritière issue d'un milieu plus reluisant, mais s'était vu éconduire, sans doute à cause de son manque de pres-tance et d'amabilité.

Une fille de nature rebelle aurait refusé tout net d'épou-ser un homme si peu engageant, de dix-sept ans son aîné. Une fille intrépide aurait sans doute convaincu ses parents de la laisser courir sa chance en faisant ses débuts dans le monde.

Mais Millie n'était ni rebelle ni intrépide.

C'était une enfant calme et sérieuse, qui savait d'instinct que de nombreuses choses reposaient sur ses frêles épaules. Elle comprenait pourquoi il était important de savoir jouer les douze Grandes Études, et elle avait intégré que son éducation ne consistait pas tant en leçons de mu-sique, de langues étrangères et de maintien, que dans l'apprentissage de la discipline et de l'abnégation.

L'amour ne faisait tout simplement pas partie de l'équa-tion. Ses avis et goûts personnels n'entraient pas en ligne de compte. Elle n'était somme toute qu'un rouage dans cette grande machinerie qui s'était mise en route : le beau mariage.

Pourtant, la nuit où elle apprit la mort du comte, elle pleura cet homme qui, comme elle, n'avait pas eu son mot à dire concernant le choix de la personne qui partagerait le reste de son existence.

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Mais la grande machinerie ne s'arrêta pas pour autant. Deux semaines après les obsèques, ses parents invitèrent à dîner le nouveau comte, cousin lointain du premier.

Millie ne savait pas grand-chose au sujet de feu son fiancé, et encore moins à propos de son remplaçant. On lui avait juste dit que celui-ci avait dix-neuf ans et était encore étudiant à Eton, en dernière année.

Sa jeunesse la perturba un peu. Elle s'était faite à l'idée d'épouser un homme nettement plus âgé qu'elle. Mais, pour le reste, elle ne pensa pas vraiment à lui. Leur ma-riage n'était qu'une transaction financière ; moins elle s'impliquerait, mieux cela vaudrait.

Cette belle sérénité vola en éclats dès l'instant où le jeune comte franchit le seuil de leur maison.

Millie n'était pas une bécasse sans opinions. .Même si elle surveillait ses paroles et ses actes, elle censurait rare-ment sa pensée. C'était la seule liberté dont elle disposait.

Parfois, dans son lit la nuit, elle songeait à l'amour tel qu'il était dépeint dans les romans de Jane Austen - sa mère ne l'autorisait pas à lire les soeurs Brontë.

Il lui semblait avoir compris que l'amour naissait de l'observation, qui permettait une analyse avisée de la na-ture de la personne.

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