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Les deux gars rigolent. Le blond fait un pas de plus dans ma direction. Il empeste la bière et le whisky. — Disons que ce soir, on a sifflé quelques cannettes, mais faudrait surtout pas que ça t’inquiète. On est encore parfaitement capables d’aller au bout de tout ce qu’on entreprend
Afficher en entierM’extirpant du lit, je décide de m’habiller, et avant de sortir de la chambre d’hôtel, je charge mon arme et la coince entre ma ceinture et mon dos, dissimulée par mon sweat-shirt. L’hôtel se dresse sur Océan Avenue. Je la traverse, ainsi que la voie express qui suit la côte et me sépare de l’océan.
Afficher en entierCHAPITRE PREMIER
Quelqu’un frappe à la porte de la maison où je me trouve, à Las Vegas. La soirée est déjà avancée ; le salon est plongé dans une pénombre qui dissimule jusqu’aux murs de la pièce. J’ignore qui vient de frapper. En fait, je ne suis même pas certaine de savoir qui je suis : je sors à peine d’une expérience due à un alchimiste désormais mort. J’ai le cerveau en bouillie, et les nerfs en pelote. Pourtant, avant de me lancer dans cette expérience, il y a seulement quelques heures de cela, j’étais encore une vampire dotée d’une volonté de fer – la dernière vampire encore en vie sur cette planète. À présent, j’ai bien peur d’être redevenue un être humain. J’en ai peur, mais je le souhaite. Peut-être suis-je une jeune femme prénommée Alisa, l’humble rejeton d’un monstre vieux de cinq mille ans, Sita la vampire.
On continue à frapper à la porte.
— Ouvre-moi, lance une voix masculine et impatiente. C’est moi.
Qui ça, moi ? Bien qu’elle me semble familière, je ne reconnais absolument pas la voix de cet homme, et j’hésite à lui obéir, voire à répondre. Des rares personnes que je tiens pour être des amies, seul Seymour Dorsten est censé savoir que je me trouve ici, dans cette maison, à Las Vegas. Quant aux autres, eh bien, deux d’entre elles ont récemment péri au cours d’une explosion nucléaire, dans le désert du Nevada. Il s’est passé pas mal de choses, ces quelques derniers jours, et je suis responsable de la plupart.
— Sita, dit la voix de l’autre côté de la porte. Je sais que tu es là.
Bizarre. Ce type connaît mon ancien nom. Il le prononce même comme s’il me connaissait bien. Mais alors, pourquoi ne me dit-il pas comment il s’appelle ? Bien sûr, je pourrais le lui demander, mais une soudaine émotivité m’en empêche. Une timidité que j’ai rarement éprouvée au cours des cinq mille années qui ont précédé.
La peur. Mon regard se pose sur mes mains.
Afficher en entierUne fois, quelqu’un a demandé à Krishna quelle était la chose la plus miraculeuse parmi toutes celles que compte la création, et il a répliqué : « Qu’un homme puisse se lever chaque jour en croyant sincèrement qu’il vivra éternellement, tout en sachant qu’il est condamné à mourir. »
Afficher en entierSans lui répondre, je pense alors à Rama, mon mari depuis si longtemps défunt, et à Lalita, ma fille, incinérée il y a cinquante siècles, dans un lieu qu’il ne m’a jamais été donné de connaître. — Oui, dis-je dans un souffle, j’avais presque vingt ans quand Yaksha est venu me prendre. Et parce que je suis restée comme en suspens entre deux époques pendant une drôle d’éternité, je répète doucement : — Presque vingt ans
Afficher en entierNon, tu étais bien trop occupée à me menacer de mort. Soudain, une douleur me transperce la poitrine, à l’endroit où, peu de temps auparavant, un pieu s’est planté dans mon cœur. Pendant un instant, une atroce sensation de brûlure irradie ma cage thoracique, comme si j’étais en train de me vider de mon sang. Mais le spasme ne dure pas, et, prenant une profonde inspiration, je dis d’une voix triste
Afficher en entierLe gouvernement savait que tu te trouvais dans la base militaire, et les autorités sont probablement persuadées que tu n’as pas survécu à l’explosion. — Encore leur faudra-t-il s’assurer que je suis bien morte. Et comme mon sang est pour eux une véritable obsession, ils vont explorer toutes les pistes susceptibles de remonter jusqu’à moi
Afficher en entierSaisissant les clés posées sur la table de cuisine, je jette un coup d’œil par la fenêtre, sans apercevoir quoi que ce soit d’alarmant. Au loin, les lumières du Strip, le grand boulevard de Las Vegas, scintillent gaiement au milieu de l’immense désert. Une bombe nucléaire vient d’exploser, mais il n’est pas question de retarder l’assouvissement des vices humains. D’accord, le vent soufflait dans l’autre sens, mais je me garderai bien de juger. J’ai toujours aimé le jeu et les paris, et je crois comprendre, mieux que la plupart des gens, pourquoi le dé atomique n’a pas trahi la ville du péché. Et pourquoi les retombées mortelles l’ont évitée. Ce qui ne m’empêche pas de jurer à nouveau
Afficher en entierComment oses-tu me poser une question pareille ? Tu ne m’as même jamais invitée à sortir avec toi. Seymour fait de son mieux pour accepter la perte de son monde, la mort de cette magie qu’il s’était appropriée. Il se force à sourire. — On passe justement un film de vampire, en ville. On pourrait aller au cinéma, se goinfrer de pop-corn, rigoler un peu, et puis on pourrait coucher ensemble
Afficher en entierPourtant, tu peux me parler, je sais écouter. Mais il faut que tu m’écoutes également. Tu dois me donner une chance de t’expliquer ce que je ressens. Que l'expérience ait réussi, j’en suis ravie, et elle représente pour moi bien plus que tu ne peux l’imaginer. Et je suis ravie que le processus soit irréversible. Le regard de Seymour se plante dans le mien
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