Extraits

Elle ne rougit pas en pensant à la passion qu'ils avaient retrouvée après tant de mois d'abstinence. Elle brûlait d'être de nouveau dans ses bras. Il l'avait quittée il y avait quelques heures à peine, mais il lui manquait déjà

Sa mère et elle étaient presque au pied des marches. Le groupe suivant était déjà annoncé. Le regard de Kate s'arrêta sur un très grand gentleman ténébreux et son sourire disparut. Il la contemplait avec une telle intensité que ses yeux semblaient lancer des éclairs argentés;

Kate le reconnut immédiatement. C'était le gentleman de Brighton, celui qui l'avait observée depuis le ponton pendant qu'elle jouait au chat et à la souris avec les vagues. Son cœur battait maintenant si fort qu'elle se dit que sa mère devait certainement l'entendre. Kate ne pouvait détacher ses yeux du jeune homme, ne fût-ce pour vérifier si sa mère avait remarqué son manège avec l'étranger.

Qui était-il ?

Kate avait du mal à respirer, ses oreilles bourdonnaient, son cœur battait la chamade. Etait-ce le coup de foudre ?

Il lui sourit alors discrètement et s'inclina vers elle, avec ostentation cette fois.

Jill acquiesça en se laissant tomber sur le canapé, les mains tremblantes. C'était Mary Gallagher qui avait déclaré la disparition de sa fille, le 2 janvier 1909. Jill était de plus en plus intriguée. L'article présentait Kate comme la fille de feu Peter Gallagher, de New-York. C'était à coup sûr ce même Peter Gallagher qui vivait au 12, Washington Square, Jill en était persuadée.

La dernière fois que Kate avait été vue, apparemment, c'était à la soirée organisée pour l'anniversaire d'Anne Bensonhurst, le samedi 17 octobre, à Bensonhurst.

Les lettres se mirent à danser devant les yeux de Jill.

Au lieu de voir l'article, ce fut Kate qu'elle contempla, en robe de bal de dentelle noire, d'une beauté éclatante mais pâle d'angoisse. La foule qui l'entourait formait un kaléidoscope de couleur vives, les femmes couvertes de bijoux, les hommes en noir ave des plastrons blancs amidonnés. on entendait le son d'un orchestre.

Kate, seule, observait l'assemblée d'un air triste.

Elle ne l'entendit pas. Elle lui souhaita bon voyage tel un automate, et raccrocha. Le chat sauta sur son lit, Jill caressa sa fourrure douce.

Elle avait cru Alex quand il lui avait assuré qu'il ferait une disquette. Pourquoi aurait-elle eu une raison d'en douter ? Il avait dit : "Faites-moi confiance".

Jill attira Ezekial conte elle. Elle redoutait que toutes ses récentes découvertes concernant Hal ne la rendent paranoïaque. Il y avait eu une panne, les fichiers avaient été effacés : c'était aussi simple que ça.

Alex n'avait aucune raison de détruire de vieilles lettres n'ayant de valeur que pour la famille, et pour elle.

Dieu merci elle avait jeté ses calmants la veille, ses idées allaient s'éclaircir.

Elle se leva pour aller se servir un café serré. Elle n'était pas rassurée. Et si Alex avait menti ? Si c'était lui qui avait détruit les lettres ?

Thomas alla ouvrir la porte de l'appartement et s'effaça pour la laisser entrer.

Jill avait l'intention d'aller droit sur le canapé, mais son estomac en décida autrement. C'est à peine si elle eut le temps de se précipiter aux toilettes.

Quand ses nausées se calmèrent, Jill réalisa qu'elle vivait un des moments les plus embarrassants de sa vie.

Elle entendit ses pas, mais n'eut pas envie de se retourner. Elle savait qu'il l'observait sur le seuil.

Thomas resta silencieux, puis lança "Je vais chercher un verre d'eau" avant de tourner les talons.

Jill la regarda fixement. C'était donc Thomas qui tenait les cordons de la bourse. Ainsi Thomas aurait pu manipuler Hal s'il en avait eu le désir. Qu'il ne l'ait pas fait était à mettre à son crédit.

Jill ne répondit rien, elle l'observait. S'il avait entendu cela, il avait dû rester sur el seuil un bon moment à les espionner. Elle enrageait. Elle se sentait violée, coincée, piégée, à côté d'Alex qi la regardait. Elle n'aimait pas l'expression des yeux de Thomas, c'était celle d'un animal qui souffre, rendu méchant par la douleur, prêt à attaquer.

C'était elle qu'il voulait attaquer, à qui il voulait faire mal, qu'il voulait punir pour la mort de Hal. Jill en était certaine.

Son regard doré resta imperturbablement posé sur Jill.

Qui était Marisa ? Qu'avait représenté cette femme ? Jill manquait d'air, elle allait suffoquer. C'était ce dont elle avait eu secrètement peur : perdre Hal devant tous ces étrangers, sa famille, Thomas, Alex et toux ceux qui la méprisaient.

Ne pense pas à l'autre femme, se dit Jill. Hall t'aimait. Ce n'est pas ce que tu croix. Cette femme en Chanel avait voulu dire autre chose - Mais Jill avait trop de peine pour comprendre ce que cela aurait pu être.

Jill se cramponna à son banc. Devant elle, Margaret Sheldon sanglotait doucement. Thomas la serrait contre lui. Juste en face de Jill, Lauren commença à pleurer dans ses mains, puis sur l'épaule de son mari.

La cérémonie était devenue un cauchemar auquel elle devait échapper.

Frigorifiée, Jill serra ses bras contre sa poitrine. Les bagages défilant devant elle devinrent flous. Elle savait, elle était absolument certaine que Hal lui avait dit qu'il l'aimait, elle, Jill, au moment de sa mort. Il l'avait aimée comme elle l'avait aimé. Et elle devait s'en tenir à cette idée et s'y accrocher. Si seulement il ne lui avait pas dit qu'il se posait des questions sur leur avenir... Il doutait d'eux, il doutait d'elle. Jill sanglota.

Qui était Kate ?

Jill soupira. Elle pleurait silencieusement. Hal était mort et elle attendait ses bagages à l'aéroport d'Heathrow. Elle avait du mal à croire qu'elle se trouvait là ; et encore plus de mal à comprendre pourquoi. Elle était anesthésiée par trop d'émotions ; et à cet épuisement s'ajoutait le décalage horaire. Elle ramenait le corps de Hal à sa famille.

Hal était mort. Parti, pour toujours. Elle ne le reverrait jamais. Et elle l'avait tué.