La Vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique : souvenirs d'un jeune homme
Auteur
- Jean Anouilh (Écrivain)
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extrait
Il [Louis Jouvet] ne m'aimait pas, et je dois reconnaître que j'étais parfois insolent avec lui. Un jour, après la lecture d'une de mes pièces, je crois bien que c'était La Sauvage, il me dit "Tu comprends, mon petit gars, tes personnages sont des gens avec qui on ne voudrait pas déjeuner!" Je répliquai "Croyez bien qu'eux non plus ne voudraient pas!"
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Portrait de l'Auteur en anti-héros.
Jean Anouilh fait revivre le jeune homme qu'il fut, qui a quitté la faculté de droit dès 19 ans pour vivre ... de sa plume. Oh, d'abord modestement, en répondant à des courriers de réclamation. Puis, dans la "réclame". Avant de passer, assez vite, aux déclamations du théâtre. Et de confronter sa naïveté et son ignorance à quelques monstres sacrés...
Avec une certaine réserve -ne vous attendez pas à des déballages, ce n'était pas le genre de la maison-, avec des hommages à ces gens de théâtre qui étaient sa famille, de savoureuses ou attendrissantes anecdotes, et quelques mises au point impitoyablement laconiques. Tout cela avec le style élégant, dépouillé et plein d'ironie que l'on connait dans ses pièces.
Glissant rapidement sur ses débuts dans la vie active, c'est surtout sa vie de théâtre qu'il évoque, et aussi une drôle de guerre peu glorieuse dont on retrouve des reflets hauts en couleurs mis en scène dans sa pièce "les poissons rouges", ainsi que la période de l'épuration. Le livre se clôt sur la générale de "Pauvre Bitos" (1956; Anouilh est né en 1910). Il évoque le scandale soulevé à l'époque ; un lynchage en règle par toutes les sensibilités politiques, des communistes à la droite. Le plus grave restant pour lui que les critiques "écrivaient que la pièce étaient inécoutable, trop longue et mortellement ennuyeuse" !
Si dans ses pièces, vous avez apprécié le style d'Anouilh, pas d'hésitation !
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Date de sortie
La Vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique : souvenirs d'un jeune homme
- France : 1987-02-02 - Poche (Français)
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Résumé
Jean Anouilh se défend d'avoir voulu écrire ses mémoires. Il n'est pas Saint-Simon, dit-il, ni Chateaubriand qui n'hésitait pas à embellir les épisodes de sa vie. Il est Jean Anouilh, tout simplement, l'homme de théâtre le plus présent sur nos scènes depuis cinquante ans.
Il nous a fait rire, pleurer, il nous a serré la gorge. Nous avons vécu avec lui, et pourtant nous le connaissons à peine cet homme discret, effacé derrière son œuvre. Dans La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique il soulève un coin du voile. Ce n'est pas pour nous éblouir, c'est par un petit coup de tendresse moqueuse pour le jeune homme qu'il a été et qui découvrait la vie un peu à la manière d'un Buster Keaton. Il avoue avoir du mal à se reconnaître dans ce personnage ballotté par la vie, aux prises avec ces monstres pas toujours sacrés que sont les comédiens et les directeurs de théâtre, mais nous, nous savons bien que c'est déjà lui avec ses modesties et ses certitudes. Après tout, le monologue c'est encore du théâtre. Le rideau se lève sur une scène à peu près nue. Une petite fille dort dans une valise. Son papa écrit et n'a pas de quoi payer son loyer, mais sur la table s'accumulent les manuscrits peuplés de tous ces personnages qui ont accompagné sa vie imaginaire et sa vie réelle. L'homme de théâtre est un magicien.
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