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Cette perfection du détail qui caractérise les pièces de Tchekhov, nous la retrouvons dans ses nouvelles. Elles sont beaucoup moins connues chez nous. Chacune est un petit drame ; quelques-unes, en quelques pages, sont des drames en miniature. On aimerait qu'une traduction valable en ait été faite par un écrivain de la qualité d'Irène Némirovsky.
Du moins avons-nous désormais une image de sa vie qui nous manquait. Je ne puis conseiller au lecteur que d'entrer dans cette vie comme j'y suis entré moi-même : comme on pénètre chez un être rare, qu'on aimait sans le connaître dans son intimité. Rien d'indiscret dans les découvertes qu'il fera. L'homme qu'il trouvera ne sera pas rabaissé par la connaissance de sa vie quotidienne. Il y a dans bien des biographies, dans bien des mémoires, une part d'indiscrétion, et même d'indécence ! Comme si le biographe éprouvait un secret plaisir à démonter l'idole, à découvrir le petit homme qui se cache souvent sous le manteau du génie. Jeu facile. Le génie cache mille faiblesses. Elles sont sa rançon, elles sont sa souffrance. Mais il se nourrit de ces faiblesses. C'est l'engrais dont il tire parfois ses meilleurs fruits. Le biographe, qui, fréquemment, n'est lui-même qu'un petit homme, a une tendance instinctive à montrer l'engrais plus que les fruits. Ne songe-t-il pas, plus ou moins consciemment, que le lecteur aime la petite histoire et même le petit scandale ? Le grand homme en pantoufles a toutes nos misères, et il a les siennes par surcroît. Joie maligne de le rabaisser au niveau commun ; bon rendement publicitaire ; voilà les ressorts de la plupart des vies romancées.
Ici rien de pareil. L'homme qui nous est révélé n'est pas rabaissé par le récit de ses misères. Pauvre, d'une famille nombreuse, malade, Anton Tchekhov a connu toutes les difficultés de la vie. Elles nous sont contées simplement, sans phraséologie. Il sort grandi de l'épreuve. Nous pourrons maintenant l'aimer et l'admirer davantage. Grâce soit rendue à sa biographe. Elle inscrit un chapitre émouvant dans l'histoire de la littérature universelle. Par Irène Némirovsky, Tchekhov va être un peu plus de chez nous et nous nous sentirons mieux en contact avec lui. (pages 9 et 10)
Jean-Jacques BERNARD
Afficher en entierLa nostalgie de l'innocence, la peinture sans concession d'une humanité " souffrante "... nombreuses sont les affinités qui lient Irène Némirovsky à Anton Tchekhov. Née un an avant la mort de ce dernier, l'auteur de Suite française, couronnée à titre posthume par le prix Renaudot 2004, était fascinée par le destin et la personnalité du grand écrivain. Cette biographie à la fois précise et intime révèle l'auteur de La Cerisaie dans toute sa vérité, ses souffrances et ses espoirs. Une enfance " sans enfance ", comme le disait lui-même Tchekhov, la violence de son père, fils de serf, l'écriture pour entretenir sa famille, la conscience aiguë d'une condition misérable, la carrière de médecin et le désir de guérir le chagrin. Dans la vie de Tchekhov comme dans son œuvre, le sublime côtoie l'insignifiant. Ce livre, qui est aussi un essai sur la littérature russe dans lequel Irène Némirovsky évoque brillamment, aux côtés de Tchekhov, Tolstoï et Gorki, scelle la rencontre de deux âmes étrangement proches.
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