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— Ah, la bitch! La f&$#ing bitch!
Ugo n’en revient pas du comportement de Roxanne. Lui, Aïsha et moi, on est assis dans la cuisine de sa boucherie, fermée pour la soirée. Il termine la préparation de son curry d’agneau, pendant que je m’enfile verre de rouge par-dessus verre de rouge. Aïsha a les yeux rivés sur son ordinateur, à la recherche d’une salle pour mon mariage. De plusieurs salles à visiter, devrais-je préciser.
Afficher en entierJamais, au grand jamais! Je jette un regard vers Aïsha, qui semble aussi catastrophée que moi, vers Justin, qui se bidonne sans aucune retenue, et vers P-O, qui semble s’en foutre comme de l’an quarante. Finalement, je regarde Dominique, et là mon inquiétude monte d’un cran. Elle sourit d’une façon complice à notre animatrice, avant de clore la discussion.
Afficher en entierNotre animatrice m’en veut à mort depuis que mon patron et Dominique ont décidé de me donner ma chance en ondes. Au début, ils avaient pensé me confier le rôle de coanimatrice, mais quand ils ont su que j’allais me marier, ils ont eu une bien meilleure idée.
Afficher en entierAvec lui se trouvent Roxanne, notre animatrice qui, pour une fois, n’est pas en retard, et Dominique, la réalisatrice de l’émission. Cette dernière est amoureuse de notre patron, M. Samson, un homme marié et père de trois jeunes enfants. Pathétique.
Finalement, il y a P-O, pour Pierre-Olivier, chef réputé qui fait dans la bistronomie et qui présente une chronique culinaire à l’émission. Ah oui, c’est aussi l’amoureux d’Aïsha. Elle me jure qu’ils forment le couple le plus heureux du monde. Et que P-O ne mérite pas du tout la réputation de courailleux qu’on lui a attribuée. À écouter mon amie, P-O est fidèle comme un chien…
Afficher en entierSi je n’étais pas encombrée d’un café, je serrerais les deux mains de mon amie dans les miennes pour la supplier encore plus fort.
Et si je n’avais vraiment aucune peur du ridicule, je m’agenouillerais carrément devant elle pour l’implorer de venir à mon secours. Là, tout de suite, en plein milieu du couloir, devant tous nos collègues qui circulent librement. Mais comme j’ai quand même un peu de fierté, je me contente de la prier du regard.
Afficher en entier— Ça fait que j’ai pas le choix. Je vais le faire, mais faut pas que Max le sache.
Voilà ce que j’explique à ma meilleure amie, en chemin vers la cafétéria du bureau. Aïsha travaille à la même émission que moi. Elle est la styliste personnelle de l’animatrice, ainsi que de chacun des chroniqueurs. Et c’est elle qui va s’occuper de moi pendant ma téléréalité. Yahou! Je vais avoir un look d’enfer, c’est certain.
Afficher en entierBon, soyons honnêtes. Quatre cent mille téléspectatrices, ce n’est pas tout à fait personne. Mais à l’heure actuelle, toutes les stratégies sont bonnes pour le convaincre. Même un petit mensonge.
C’est que je n’ai pas le choix. J’ai déjà dit oui à l’équipe pour ce projet. En fait, là non plus, je n’avais pas le choix. C’était mon mariage en petites doses à l’écran tous les jours ou un transfert à l’émission de sports.
Ce qui équivaut, dans mon cas, à un véritable suicide professionnel, étant donné que je n’ai jamais regardé une partie du Canadien au complet. Je m’endors toujours à la fin de la première période. Et ce, même si je suis invitée dans une loge au Centre Bell; tout de suite après le service des mini-egg rolls et des bâtonnets de fromage, je cogne des clous.
Afficher en entierDepuis deux ans, je suis recherchiste pour une émission de télé qui s’appelle Totalement Roxanne. Titre tiré du nom de l’animatrice, Roxanne D’Amour. On y fait de la cuisine, de la déco et des tribunes téléphoniques sur des sujets tels que «Avez-vous déjà brisé une amitié à cause du sexe?».
— Tu sais que l’émission va plutôt mal. Les cotes d’écoute sont en baisse et on cherche par tous les moyens d’attirer de nouveaux téléspectateurs.
Afficher en entier— Maxou, il faut que je te dise quelque chose. Je suis à table avec mon futur mari dans sa grande maison de Saint-Lambert, où j’ai pratiquement élu domicile depuis quelques semaines.
Pour ce petit mardi soir d’après les fêtes, j’ai préparé un repas tout simple: saumon gravlax, mesclun à la grenade et croûtons au romarin. Le tout précédé d’un cappuccino aux champignons. J’avale une gorgée de muscadet pour me donner du courage.
Afficher en entierPendant que la fermière continue de me sermonner gentiment sur mon manque de jugeote, je ramasse ma douzaine d’œufs sans vérifier leur état. Advienne que pourra! Je lui présente mille excuses et je sors rapidement du poulailler. Comme la voleuse que je suis.
Dehors, le froid m’incite à me dépêcher et je cours jusqu’à la voiture de Maxou, mon précieux magot contre ma poitrine.
Je pénètre dans l’auto à la vitesse de l’éclair. Je dépose mes œufs sur le banc du passager. Je laisse tomber ma tête entre mes mains et je m’appuie contre le volant, le temps de reprendre mon souffle. Ouf! Je suis déjà complètement crevée!
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