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Les deux bras posés tranquillement sur le toit du pick-up, j’admire le spectacle de notre maire affrontant bravement le bouc préféré de Doris, tirant sur sa jupe pour lui faire lâcher prise. Le pauvre animal se fait traiter de tous les noms. Jusqu’à ce qu’il en ait marre et se mette à charger, cornes en avant.
Le visage déformé par la peur, Julie hurle une nouvelle fois et se met à courir dans ma direction en contournant le véhicule, suivie de près par le bouc salement énervé d’avoir perdu sa proie.
Ma surprise est de taille lorsqu’elle se jette dans mes bras. Je devine qu’elle me préfère encore au bouc, ce qui est plutôt flatteur. Je me demande juste pour quelle raison elle ne s’est pas simplement enfermée dans la voiture. Mais maintenant que mes mains enserrent étroitement sa taille fine par réflexe, et que son parfum subtil de femme atteint mes narines, d’autres pensées viennent parasiter mon questionnement.
Des pensées que je ne devrais pas avoir.
Voyant que rien ne se passe, son joli visage se décolle de mon torse et se tourne vers Jacob, posté à un mètre de nous, un bout de tissu pendant de sa petite mâchoire de caprin indocile.
- Pourquoi il n’attaque plus ? demande la jolie brune toujours accrochée à mes épaules en fixant le bouc.
Son visage est si près du mien…
- Sans doute parce que vous avez cessé de vous agiter et de lui crier des insanités au visage. Il est peut-être susceptible après tout.
Malgré tout, je ne peux m’empêcher de la houspiller. En réalité, Jacob se méfie de moi. La seule fois où il a essayé de me charger, il a fini la tête dans le tronc du chêne par manque de stratégie et de rapidité. Il a joué, il a perdu et a accepté sa défaite de bonne grâce. Depuis ce jour, il garde une distance de sécurité. Ce que je lui tairai également c’est que niveau attaque, Jacob est plutôt mou, son but étant avant tout d’attirer l’attention sans pour autant vouloir blesser quelqu’un.
Julie semble tétanisée face à la bête à cornes qui la fixe d’un air mauvais, au point où elle en oublie sur qui elle a posé ses mains. Tandis que pour ma part, j’ai une conscience aigüe de son corps collé au mien, presque indécemment.
- Est-ce que vous allez me rendre mon corps ou vous comptez y rester accrochée le reste de l’après-midi ?
Ses yeux s’écarquillent subitement en comprenant que sa posture est un brin compromettante, ce qui ne doit pas échapper non plus à Doris, cachée derrière ses voilages de fenêtre que je vois bouger par intermittence. Do et son indiscrétion assumée.
Julie relâche sa prise sans pour autant s’éloigner, au contraire, elle vient se placer dans mon dos, s’agrippant de sa petite poigne à mon biceps.
Nouveaux frissons. Je peste intérieurement contre mon organisme si faible.
- Dites-lui de partir, s’il vous plait.
- Désolé, je ne parle pas chèvre.
- Eh bien, essayez au moins !
Afficher en entier« Je frotte mes oreilles comme pour me débarrasser de cette conversation qui n’en était pas une. Plutôt appeler ça, une mise à mort. Le crime parfait si on y regarde de plus près. Le sujet finit par se suicider à force de méchancetés répétées, et hop on en parle plus. Vraiment parfait. À retenir pour un prochain manuscrit. »
Afficher en entier« — Tu parles sans savoir maman, je me suis adaptée depuis mon premier coup de fil. Et c’est l’endroit rêvé pour obtenir de l’inspiration. Et arrête de me balancer des monstruosités à tout bout de champ, je n’ai pas mérité ça.
— C’est bien la preuve que tu te mens à toi-même… »
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