La Vie ô combien ordinaire d'Hannah Green

Malgré un résumé intéressant et une histoire qui aurait pu me plaire j'ai été déçue par ma lecture. Des passages trop longs voire inutiles. C'est dommage.

Une bonne petite surprise avec une lecture qui mêle avec brio contes, histoires emmêlées, et tranches de vie vues par des yeux d'enfant, le tout dans un style quelques fois un peu barré (m'ayant d'ailleurs fait par moment un peu penser à "De bons présages" de Prachett & Gaiman).

L'ensemble donne quelque chose de vraiment intéressant à découvrir. La narration des premières pages partant un peu en tous sens, ajoutée au fait que nous allions suivre une gamine de 11 ans, me faisait légèrement appréhender cette lecture, pensant que cela risquait de vite devenir un peu lourdingue d'avoir des réflexions d'enfant pendant plusieurs centaines de pages.

Ce qui n'est pas du tout le cas ; le récit est très bien écrit et intelligemment mené, alternant les points de vue pour avoir un tour d'horizon complet de tous les événements qui se déroulent en simultané et pouvoir cerner l'intégralité des personnages liés à cette intrigue. Chaque chapitre est narré à la manière de la personnalité du protagoniste suivi, ce qui nous plonge parfaitement à leur côté et permet de se mettre tour à tour dans la peau d'une enfant, d'un très vieil ingénieur, d'un bandit plus que foncièrement mauvais, ou bien encore d'un père un peu paumé qui tente tant bien que mal de s'accrocher aux pages qu'est devenue sa vie.

Les personnages apportent tous quelque chose à l'histoire, aucun ne nous paraît jamais de trop ; ils nous entraînent avec eux, y compris le phénomène Palafre qui malgré toute la débilité qu'on lui prête (et qu'il se prête lui-même) n'en devient jamais lourd ou agaçant.

L'auteur aborde des thèmes intéressant tels que la conception de ce qui est bien ou mal et ce à différents degrés d'approche, ou bien la séparation parentale vue aussi bien par chacun des deux parents que par leur enfant ; chaque sujet important se voit éclairé par le regard avisé d'un vieil homme plutôt sage et pourtant plein de mystères pour les siens.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, en particulier le style narratif assez original, qui brise souvent le "quatrième mur" et qui est empreint d'humour. C'est d'ailleurs un mélange assez détonnant car on a d'un côté l'humour innocent et absurde d'Hannah, enfant de 11 ans, d'un autre côté l'humour sarcastique et macabre du diable, et au milieu l'humour ironique et cynique du narrateur. En ce qui me concerne, j'ai été séduite par ce décalage, même si l'humour s'estompe (ou s'assombrit) au fil de l'histoire.

La force de ce roman n'est pas le suspense, d'autant plus que le dénouement est assez prévisible. Pour autant, je ne me suis quasiment jamais ennuyée en lisant toutes les aventures d'Hannah et sa famille. Seuls les passages avec Nash étaient un peu moins intéressants à mon goût. Et dans cette histoire enfantine, l'auteur parvient à glisser quelques réflexions philosophiques un peu déprimantes, il faut l'avouer, mais absolument pas rébarbatives. Je pense notamment au premier chapitre du point de vue de Steve, avec cette superbe métaphore sur l'écriture. Métaphore qui sera plus tard tournée en dérision dans l'histoire même, ce que j'ai trouvé génial.

En somme, j'ai été totalement embarquée par l'histoire d'Hannah, Erik, le diable et son gnome accidentel. Pourtant les enfants ont tendance à me taper sur les nerfs mais là ça n'a pas du tout été le cas ; Hannah n'est pas agaçante et son point de vue parfois absurde est très attachant. Sa relation avec le diable est assez drôle et j'ai adoré la scène finale au Starbucks, qui résume bien tout l'absurde du livre.

Très original ! On ne s'attend pas à une telle histoire quand on découvre les premières pages du livre !

Je recommande malgré la difficulté, parfois, de s'y retrouver avec les personnages...