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Résumé
La hâte de vivre
(...)
Toute la poésie d'Antonia Pozzi oscille, comme sa vie, entre espoir et désillusion, entre noirceur et lumière, entre abandon et extase, entre ascèse et sensualité. « Il y avait en moi un dualisme terrifiant, hérité du christiannisme primitif, entre l'âme et le corps. Ma pauvre et malheureuse expérience n'a fait que l'exacerber. D'une part, j'étais trop faible et inconsciemment désireuse d'une vie complète pour renoncer définitivement à l'un ou l'autre aspect de moi, et j'ai continué ainsi, à tâtons, prompte à hurler d'horreur au moindre choc avec la réalité. », écrit-elle à Vittorio Sereni le 16 août 1935. (…)
Son écriture, sorte de poésie diariste échelonnée sur près de dix années ( elle recopie ses poèmes dans des cahiers d'écolier, en prenant soin de noter la date et le lieu de composition), porte les stigmates de cet écartèlement ontologique auquel elle s'oppose ou bien se soumet. Antonia Pozzi trouve son double dans le héros de Thomas Mann, Tonio Kröger, auquel elle s'identifie au point de signer parfois Tonia Kröger. Comme lui, elle est hantée par cette antinomie impossible à résoudre, ce dissidio entre création et vie « normale », que José Ortega y Gasset appelle crise et définit comme suit : « Il y a crise quand l'univers intellectuel n'est plus au niveau de la vie, quand les paroles perdent toute signification pour le comportement et que l'action est totalement indifférente au réconfort d'une discipline intellectuelle. » (…)
Extraits de la préface de Thierry Gillyboeuf