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Chapitre 1
Beatrix
Tout a commencé il y a trois mois, quand Éric Jones a découvert un mot très explicite dans son casier, situé juste à côté du mien. Ce mot, c’était « STOP » écrit sur un Post-it rouge. J’ai vu les tremblements nerveux d’Éric quand il l’a trouvé. À l’époque, je venais d’arriver à Lakecrest et je le connaissais à peine, mais comme je suis une personne sympa, je lui ai demandé gentiment ce qui se passait. Éric est resté muet et m’a montré le Post-it.
— Tu as la mâchoire bloquée ?
— C’est un carton rouge, a-t-il chuchoté.
— Comme dans un match de foot ?
Il a eu l’air encore plus effrayé.
— Ça vient d’un prof ? Du proviseur ? D’un match de foot entre un prof et le proviseur ?
Pendant que je jouais toute seule aux devinettes, le regard d’Éric s’est focalisé derrière moi. J’ai entendu une vague de gloussements monter crescendo. J’avais beau n’être là que depuis quatorze jours, je savais déjà ce qui causait tout ce bazar.
— Les Blackthorn, ai-je soupiré.
Je me suis retournée. C’était impressionnant ! On voyait rarement des garçons aussi beaux au lycée. Ou seulement à la télé. Même à Lakecrest, notre lycée bourgeois de la côte nord-ouest du Pacifique, où tous les élèves avaient au minimum une BMW, la plupart des garçons se fichaient de leur apparence. Évidemment, certains portaient mieuxl’uniforme que d’autres. Malheureusement, c’était les frères Blackthorn qui avaient le plus d’allure dans leur chemise à carreaux gris et boutons dorés. Encore plus malheureusement, toutes les filles étaient en adoration devant eux. Tout le monde s’arrêtait de respirer au passage des frères Blackthorn, même les garçons.
Afficher en entier- Oh ! Ne me dis pas que tu t'es fait avoir par son joli visage, a dit Mark en lui souriant. Tu sais que tu n'as aucune chance avec lui ? C'est un pédé. Un homo. Une grosse pédale qui aime les bites...
J'ai entendu l'impact, et j'ai vu Mark par terre, mais quand je me suis retourné, je n'en ai pas cru mes yeux. Bee, le poing levé, les prunelles brûlant d'une rage folle, venait de le frapper. La foule s'est tue. Nous nous sommes tous figés. Puis elle a explosé.
Béatrix Cruz, un mètre soixante-deux, a bondi sur Mark pour le marteler de coup de poing.
Mark a fait quelque chose d'inédit : il a crié de douleur.
Afficher en entierSoudain, mes doigts se sont retrouvés à quelques centimètres de la joue de Wolf, si près que j’en ressentais la chaleur. J’avais envie d’aller plus près encore, de le toucher, mais mon bon sens s’est réveillé. Qu’est-ce que je faisais ? Comment mes doigts étaient-ils arrivés là ? J’ai reculé la main, Wolf a eu un geste de repli au même moment. Qu’est-ce que je foutais ?
— Je… je suis désolée.
Afficher en entierPrologue
Si je vous disais qu’un lycée m’a pourri la vie, vous ne me croiriez pas. Vous me diriez : « Mais, c’est impossible Bee, un établissement dédié à l’enseignement secondaire ne peut pas gâcher un si bel avenir ! » Je vous regarderais alors droit dans les yeux, je prendrais vos mains innocentes dans les miennes et je prononcerais trois mots :
Wolfgang Alexander Blackthorn.
Là, vous vous demanderiez qui peut bien être cette personne assez puissante pour gâcher l’existence de quelqu’un. Moi-même, après tout ce temps, je me le demande encore. Mais commençons par le commencement. J’adore cette formule. Comme si mon histoire était suffisamment épique pour être couchée par écrit. Elle mérite quand même d’être racontée. Et à l’ancienne, avec un stylo et du papier.
Comme ça, personne ne pourra me hacker, pas même cette petite fouine de Fitz. Vous finirez par comprendre, ne vous inquiétez pas. Tout ce que vous avez à savoir pour l’instant, c’est que Fitz est intelligent. Plus intelligent que moi, ce que je considère comme un exploit.
Où en étais-je ? Ah, oui !
Wolfgang Blackthorn et la façon dont il a ruiné ma vie. Et mon cœur.
Reprenons depuis le début.
Je m’appelle Beatrix Cruz.
Et voici ce qui s’est vraiment passé.
Afficher en entierEn écoutant les gens, on les comprend. Et si on les comprend, si on comprend leur point de vue, on n'est pas prétentieux, quoi qu'ils en disent.
Afficher en entier- Alors qu'est-ce que tu fais quand les gens disent que tu es prétentieux ?
- Je ne réponds pas.
Il s'est agenouillé pour refaire son lacet. C'était bizarre de voir quelqu'un d'aussi grand et intimidant plié en deux.
- Mais avant ça, je les écoute. En écoutant les gens, on les comprend. Et si on les comprend, si on comprend leur point de vue, on n'est pas prétentieux, quoi qu'ils en disent.
Ces paroles me sont restées en tête, même après que nous nous sommes séparés.
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