Extraits

Qu’est-ce qui m’a poussée à m’énerver et me braquer autant pour en arriver là ?

Je pense que c’était la crainte de perdre ma dignité si je laissais Xavier me nourrir à la main.

Je contemple ma peau crasseuse et les taches d’origine douteuse que j’ai trouvées ce matin sur ma robe bleu ciel après avoir utilisé une paillasse des porcs en guise de couverture la nuit dernière quand j’avais froid.

Ouais, j’assure à mort niveau dignité en ce moment.

Et dire, mon Dieu, que je trouvais que les heures passaient lentement quand je pouvais me balader dans la maison et lire des polars.

Ha.

Hahahahahaha.

Essayez de rester assis dans une cage de trois mètres sur quatre pendant soixante heures d’affilée.

Sans rien d’autre à faire qu’écouter les moindres bruits.

J’ai entendu des chevaux, je crois. Logique, car Xavier utilise pas mal de métaphores chevalines. Peut-être qu’il les entraîne ? Ou il les garde en pension ?

C’est surtout la stridulation incessante des grillons qui m’a tenue éveillée toute la nuit. Durant la journée, il n’y a rien à faire, sinon jeter un œil par l’interstice de la porte. Et au coucher du soleil, l’unique activité consiste à écraser les moustiques et les insectes.

Ai-je dit à quel point je hais la nature ?

M. Owens a dit plus tôt que j’étais la candidate idéale. La virginité faisait-elle partie des exigences du client ? Et si oui, comment l’ont-ils su ?

Ce n’est pas comme s’il était écrit sur mon front aucun pénis n’a pénétré ce corps. Je suis une brillante jeune femme de vingt-six ans. Je fais du sport, je garde la ligne et je me fais souvent draguer. À mon âge, c’est louche d’être encore vierge sans, vous savez, de motif religieux.

«  Samson. L’étalon sauvage.

— Tu veux dire que tu vas l’entraîner ? Tu commences tout de suite ? 

Il opine et me tire en direction de la grange. Je suppose que c’est une évidence pour lui. Perso, je pensais qu’il laisserait l’étalon seul pendant un jour ou deux, le temps qu’il s’habitue à l’enclos.

Vous savez, un peu comme il a fait pour moi. »