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– Si on allait plutôt voir la tempête sur la rivière ?
Deux soucoupes lui répondent, éberluées qu’une dame si sensée fasse preuve d’une telle audace. Valentine ne sait pas que derrière les rideaux, Herminie a vu le jour pointer et que jamais elle n’a pu résister à l’aube sur Kerbrénou. Tant pis pour le froid, la pluie, le vent, pour la déraison.
(…) Toutes deux enveloppées dans tout ce qu’elles ont trouvé pour se protéger des gifles d’une eau qui leur dégouline dans le cou descendent le chemin vers la grève. La main gantée de Valentine dans celle d’Herminie. Le givre s’est curieusement mêlé à la fête, s’agrippant partout. Il y a de la féérie dans l’air. Les prémices des bois les mettent soudain à l’abri. Sous leurs pieds, bottés de caoutchouc, le sol crisse, se fait glissant. Un magma de feuilles en décomposition, de bogues vides de châtaignes, oursins terrestres roussis, de boue verglacée, de terre grasse, grumeleuse. Le sentier se rétrécit.
Dans le silence du tout petit matin, la proximité de l’iode monte brusquement. L’alliance insolite du froid et de la douceur salée des abords de la rivière les enrobe alors qu’elles atteignent la voûte cintrée de rhododendrons géants du Népal. A une centaine de mètres de ce tunnel d’un vert soutenu, une trouée qu’éclaire à peine le lever du jour. Un camaïeu de parme, de gris sale habille de reflets étranges les vagues noires en chevrons de l’Odet en colère. Valentine s’extasie :
– C’est comme dans une histoire… »
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