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Commentaires de livres faits par LadyC

Extraits de livres par LadyC

Commentaires de livres appréciés par LadyC

Extraits de livres appréciés par LadyC

date : 18-06-2022
Il se leva, s’étira et gagna tranquillement la porte.

—Au fait, dit-il en se retournant, ne songez même pas à tenter de vous échapper.

Cara poussa un cri de rage impuissante. Elle rafla sur le bureau la dague effilée qui lui servait de coupe-papier et la lança vers lui. La lame se planta sur le montant de la porte et vibra.

Il ne cilla même pas.

—Continuez à vous entraîner, ma belle, gloussa-t-il.
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date : 18-06-2022
Renata leva les bras au ciel.

—Ô Seigneur! Les hommes! Pourquoi les avez-Vous faits aussi stupides?

Alessandro la régala du plus insolent de ses regards.
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date : 18-06-2022
—Très bien. Et Jacopo Petrucci de Sienne? Je n’ai jamais rien entendu de mauvais sur son compte.

—Sienne est à moins de cinquante milles d’ici.

—Trop près pour ta tranquillité d’esprit? avança Francesco d’un ton doucereux.

Alessandro lui lança un regard noir. Francesco déglutit.

—Pas à moins de cent milles à la ronde, marmonna-t-il. J’ai compris. Venise est-elle assez éloignée? Leonardo Loredano est pressenti pour être le prochain doge.

Alessandro secoua la tête.

—Trop terne. Je te rappelle que la signorina a horreur de s’ennuyer.

—Luca Orsini?

—Trop gros.

Francesco plaqua les mains devant son visage avec un gémissement.

—Que les choses soient claires, dit-il en se mettant à compter sur ses doigts. Je dois trouver un gentilhomme qui ait entre vingt-cinq et trente-cinq ans et qui ne soit pas un mercenaire. Il doit être assez riche pour l’entretenir, assez fort pour la mater, et suffisamment svelte pour ne pas risquer de l’écraser. C’est bien cela?

—Tout à fait, sourit Alessandro.

Francesco cogna son front contre la table qui se trouvait devant lui.

—C’est impossible! Même en omettant ton absurde interdiction des mercenaires, il n’existe probablement qu’un seul homme dans toute l’Italie qui corresponde à cette description.

Le ton de son lieutenant incita Alessandro à plisser les yeux.

—Et de qui s’agit-il?

Francesco afficha un grand sourire.

—Toi, Diavolo!

—Francesco, répliqua Alessandro d’une voix très douce, et d’autant plus menaçante. Va-t’en.

Francesco se leva et s’inclina fort irrévérencieusement.

—Tout de suite, messire!
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date : 18-06-2022
C’était un rire, profond et grave –accompagné d’un lent applaudissement sarcastique.

Elle jura dans toutes les langues auxquelles elle pensa.

Un sifflement strident s’éleva du sous-bois et Saraceno s’immobilisa brusquement.

Cara se retourna. Bien sûr, c’était lui. Son pire cauchemar. Il attendait sur la rive, comme s’il avait toute la vie devant lui.

Il émit un autre sifflement, et ce traître de cheval se retourna. Elle eut beau bourrer ses flancs de coups de pied et tirer sur les rênes, rien n’y fit. Cara hurla de dépit.

—On se languissait de moi? demanda Del Sarto.

—Non!

—Je parlais à mon cheval, dit-il sèchement. Je vous félicite d’être arrivée aussi loin, cependant.

Cara l’ignora. Ce qui n’était guère aisé: elle était face à lui, sur une monture incontrôlable, au milieu d’une rivière glacée. Elle tenta une fois de plus de faire pivoter l’animal, qui resta aussi figé qu’une statue.

Del Sarto rit.

—Vous perdez votre temps. Il est trop bien dressé pour ignorer mes ordres.

Cara se souvint de la façon dont Saraceno s’était parfaitement incliné devant elle, le jour où elle s’étaitretrouvée suspendue à ce marronnier. Peste et malédiction!

—Savez-vous que voler un cheval est un crime passible de mort?

—Je n’ai fait que l’emprunter! J’avais l’intention de le renvoyer dès que j’aurais atteint le…

—Le monastère Saint-Jean? Votre oncle le fait certainement surveiller.

—Je sais cela! Je n’avais pas l’intention de me présenter à la porte principale. Je connais des tas de moyen d’y entrer et d’en sortir sans être vue.

—Je vous crois sur parole. Néanmoins, je ne puis laisser ce crime impuni. C’est une question de principe.

—Vous n’avez aucun principe!

Il leva la main pour la faire taire.

—Savez-vous nager?

Cette question anodine lui fit plisser les yeux.

—Bien sûr.

Il siffla de nouveau, et Saraceno s’enfonça dans l’eau.

—Inspirez à fond! lança-t-il d’un ton enjoué.

—Je vous interdis…!

Son cri outragé s’interrompit quand ce diable de cheval s’assit dans le courant glacé, les immergeant entièrement tous deux. Cara en eut le souffle coupé. Ses mains glissèrent sur le cuir mouillé alors que Saraceno roulait sur le côté, la délogeant de son dos. Elle tenta de se raccrocher désespérément au pommeau, mais la vivacité du courant l’en empêcha et elle se retrouva la tête sous l’eau. Quand elle refit surface, toussant et crachant, elle entendit Del Sarto émettre un nouveau sifflement. Saraceno se releva en l’aspergeant copieusement, gagna la rive et s’ébroua vigoureusement.

Del Sarto flatta l’encolure de l’animal pour le féliciter.

—Tu es un bon garçon. Tu viens de donner une leçon à la méchante dame qui voulait te voler.
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date : 18-06-2022
—Est-ce une église? chuchota-t-elle.

Le rire de Francesco se répercuta sous le plafond voûté.

—Non, signorina. C’est un hôpital. Pour les soldats qui ont été blessés au combat. Il Diavolo emploie ici certains des meilleurs docteurs d’Europe.

L’entrée ouvrait sur un cloître fleuri et Cara regarda autour d’elle, émerveillée. S’il existait un endroit sur terre qui ressemblait à l’idée qu’elle se faisait du jardin d’Éden, c’était celui-ci. Il y avait là une profusion d’herbes et de plantes. Des fleurs s’épanouissaient sur des treillages et des tonnelles. Des arbres fruitiers répandaient leurs fins pétales rose et blanc au moindre souffle d’air. Un long bassin rectangulaire, rempli de nénuphars, reflétait le ciel. Ce havre de paix, d’une perfection presque irréelle, formait un vif contraste avec l’animation des rues qu’ils venaient de traverser.

Plusieurs hommes veillaient à l’entretien du jardin; certains se tenaient accroupis pour ensemencer les bordures, d’autres cueillaient les fruits, accomplissant leurs gestes avec un calme serein. Tous les travailleurs souffraient d’un handicap. Les blessures de certains étaient évidentes quand il leur manquait un membre, mais d’autres semblaient moins gravement atteints physiquement. Toutes les blessures ne sont pas forcément visibles à l’œil nu, et Cara savait que celles de l’esprit sont souvent les plus difficiles à guérir.
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date : 18-06-2022
—Exactement. Nous autres Italiens avons érigé la maîtrise des poisons au rang d’art. Avez-vous entendu parler d’un certain Da Vinci? C’est un artiste attaché au service du duc de Milan. Il a injecté du cyanure à travers l’écorce d’arbres fruitiers. Les fruits que produisent ces arbres sont empoisonnés, mais ils contiennent une quantité de poison si infime qu’il est indécelable. Il faut en manger pendant une longue période pour qu’il fasse effet…

Cara fit mine de noter quelque chose sur un carnet invisible.

—«Manger des fruitsavec parcimonie.»

Il sourit.

—La méthode qui semble faire fureur ces derniers temps consiste à envoyer des lettres empoisonnées.

—«Fuir toute correspondance», fit-elle mine d’ajouter dans son carnet imaginaire.

Sa plaisanterie le fit sourire.
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date : 18-06-2022
Cara flatta l’encolure de la bête.

—Bonjour, beauté.

Le cheval remua les oreilles et émit un souffle d’extase.

—Une conquête de plus, dit Del Sarto à l’intention de sa monture.

L’animal acquiesça d’un hochement de tête, tout en observant Cara de ses grands yeux intelligents. Il approcha ses lèvres du nez de Cara et le poussa sur le côté.

—Tu es pathétique, soupira Del Sarto. Prêt à toutes les singeries pour un joli minois. Mais où sont donc passées tes manières? Incline-toi devant la dame.

Cara ne put réprimer un sourire charmé quand l’animal recula de trois pas de façon à tendre la patte devant lui. Il inclina la tête et exécuta une parfaite révérence. Cette pitrerie dissipa une part de sa colère, et elle adressa un sourire contrit à son ravisseur.

—Très impressionnant. Ce talent se révèle-t-il d’une quelconque utilité sur un champ de bataille?

—Vous n’avez pas idée, répondit-il en détaillant sa tenue. Vous avez saccagé cette chemise. Je l’ajouterai à la liste de ce que vous me devez.
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date : 18-06-2022
Malédiction. La branche la plus basse était encore à six mètres du sol et le tronc était très lisse. Cara était en train de se demander comment elle allait descendre quand la porte de la cour s’ouvrit. Un claquement de sabots s’éleva et une voix teintée d’amusement transperça le vert feuillage du marronnier.

—Bonjour, signorina. Vous vous amusez bien?

Cara jura –dans cinq langues différentes. C’était cet animal de Del Sarto, juché sur l’imposant cheval noir qu’elle avait vu passer un instant plus tôt. L’étalon caracola, impatient d’aller faire son galop du matin.

—Devrais-je réévaluer mon hospitalité, si mes invités tentent de se sauver par la fenêtre? Quelque chose vous a-t-il déplu, signorina? Le matelas était-il inconfortable? L’eau chaude insuffisante? La literie mal aérée?

Cara baissa vers lui un regard exaspéré.

—Allez-vous-en!

—Pour que vous puissiez vous enfuir? Je ne crois pas, non. Comment comptiez-vous descendre? Vous êtes bien trop haut pour sauter, même si vous semblez assez folle pour tenter l’expérience.

Il lâcha les rênes et descendit de cheval d’un mouvement fluide. L’animal se contenta de l’attendre sans qu’il ait besoin de l’attacher. Cet homme était clairement habitué à être aveuglément obéi, mais il allait devoir réviser ses attentes en ce qui la concernait.

—Lâchez, je vous rattraperai.

—Non!

—Je ne vous laisserai pas tomber; vous ne pesez pas plus lourd qu’un moineau. Je vous ai déjà portée, vous vous souvenez?

Cara se sentit rougir. Il s’approcha du pied de l’arbre et leva les yeux vers elle, les mains calées sur les hanches.

—Laissez-moi tranquille!

Cara attrapa un marron et le lança aussi fort qu’elle put. Elle manqua son objectif: le marron atteignit son épaule alors qu’elle avait visé le milieu du front. Il bondit en arrière, mais la satisfaction de Cara fut de courte durée. Il se pencha et ramassa une poignée de marrons, sertis dans leurs bogues munies de piquants. Elle écarquilla tout grand les yeux quand il ajusta son tir.

—Je vous interdis!

—Pourquoi? Si vous l’avez fait, je peux le faire aussi.

Cara poussa un cri quand un marron atteignit son bras –durement. Il ne prenait même pas la peine de les lancer délicatement.

—Aïe! Arrêtez!

Un autre marron frappa sa cuisse. Le suivant toucha sa tête et resta pris dans ses cheveux. Elle tenta de s’abriter derrière le tronc, perdit l’équilibre et poussa un hurlement de terreur quand elle chuta vers le sol, la tête la première.

Del Sarto la rattrapa sans effort.

Cara rua et le martela de ses poings. Il la déposa sur le sol en riant, sans se soucier de ses coups.

—Tout le plaisir est pour moi, signorina.
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Thomas la considéra avec admiration.

— Je savais que je t’avais épousée pour une excellente raison. Si tu étais née dans la peau d’un garçon – ce qui aurait été une terrible tragédie soit dit en passant –, tu serais déjà amiral.

— Cal est aussi de cet avis, avoua-t-elle en riant. Sauf que, selon lui, je serais général. Les filles sont éduquées pour devenir de parfaites maîtresses de maison, et j’ai eu le meilleur des professeurs avec Emmaline.
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Sa tendre épouse s’était endormie, apparemment.

Alors qu’il se penchait pour l’embrasser, il l’entendit murmurer dans son sommeil :

— Mmm… galipettes.
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Sentant l’impatience d’Emmaline, Thomas se leva à son tour.

— Nous poursuivrons cette conversation demain matin. Galbraith, pourriez-vous le ramener ici demain à 10 heures ?

— À 10 heures ? s’écria Cornélius en frémissant. Je ne me lève jamais avant midi.

— Ce sera donc une nouvelle expérience pour vous. 10 heures, demain matin, à Ashendon House.

— Vous êtes tous horribles, dit Cornélius d’un ton geignard. Moi qui étais tellement content d’assister à ce bal !

— Allons, venez, Cendrillon, lui lança Galbraith. Il est bientôt minuit, l’heure des citrouilles.
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Thomas et Ashendon la regardèrent disparaître derrière un bosquet. Rose était une splendide cavalière.

— Votre sœur est une femme exceptionnelle, dit Thomas au bout de quelques secondes. Vous ne m’en voudrez pas, si le jour du départ je l’enferme à double tour dans la cave ?

Ashendon haussa les épaules.

— C’est la seule chose raisonnable à faire. Assurez-vous qu’elle ait un peu d’eau et de pain.

— Naturellement.

— Très bien.

Les deux hommes continuèrent leur promenade en silence. Pour la première fois, ils étaient d’accord.
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— Son approche est intéressante, fit enfin remarquer Ned.

— Intéressante ? Ce n’est pas le mot que j’emploierais. Je dirais plutôt exaspérante. Inopportune. Impossible. J’ai envie d’étrangler ce salaud.

— Tu as bien failli, il me semble.

— Tu ne peux pas me le reprocher. Ce type a un sacré culot.

— J’ai eu l’impression que tu ne lui faisais pas peur.

— Il ne s’est pas défendu, répliqua Cal en haussant les épaules.

— Il a préféré ne pas le faire, rectifia Ned.

— Pardon ?

— Il le fait exprès. Il te provoque à dessein.

— Eh bien, c’est réussi ! déclara Cal.

— Réfléchis. Il te met à l’épreuve, il te teste.

— Et pourquoi diable voudrait-il me tester ?

— C’est ce que je trouve intéressant. S’il voulait se faire accepter par la famille de Rose, on pourrait s’attendre qu’il soit plus conciliant. Et même reconnaissant. Or ce n’est pas le cas.

— C’est même l’inverse.

— Exactement.

— Il est trop sûr de lui.

Les deux hommes sirotèrent leur cognac, l’air pensif.

— J’ai aussi trouvé sa réaction intéressante quand tu as tenté de l’acheter, lâcha Ned.

Cal ricana.

— Il sait que Rose vaut bien plus que cela. Il veut obtenir plus d’argent.

— Je n’en suis pas si sûr. Il veut t’asticoter, déclara Ned en allongeant les jambes. Il sait très bien qu’en tant qu’époux de Rose, il a déjà le droit de disposer de sa fortune.

— Pas si je fais annuler le mariage.

Ned haussa les épaules.

— Je crois qu’il a toutes les chances de devenir ton beau-frère.

— Plutôt mourir !

— J’espère que nous n’en arriverons pas là, répliqua Ned, amusé.
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date : 13-06-2022
— En avons-nous fini, Votre Grâce ? lança-t-elle avec morgue.

— Je crains presque pour ma vie d’avoir à aborder un autre sujet. Henry, pour ma tranquillité d’esprit, éviterez-vous à l’avenir de faire des courses à cheval au parc ? Vous avez une sublime chute de reins, je sais, dit-il avec un regard appuyé à l’endroit en question, mais je sais aussi que vous avez fait cette course à califourchon. Si vous pouvez attendre que nous soyons à la campagne, je serai tout à fait ravi de vous voir monter ainsi, continua-t-il, promenant son regard avec une lenteur délibérée sur ses jambes fines esquissées par la soie de sa robe. Mais je ne peux m’empêcher de considérer qu’à Londres, une lady se doit de monter en amazone et que cet exercice requiert davantage de retenue.

Henry soutint le regard de son époux sans ciller, les lèvres pincées, le feu aux joues.
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date : 13-06-2022
— Marius, finit par exploser Cranshawe, je veux savoir à quoi rime cette comédie !

Il ramassa le journal et le lança vers son cousin.

Eversleigh examina l’annonce qui avait été entourée.

— Tout m’a l’air correct. Le seul détail qui me turlupine un peu, je l’avoue, c’est que Mlle Tallant n’aime pas être appelée Henrietta. Cependant, il me semble que les lecteurs auraient pu être troublés si j’avais annoncé mes fiançailles avec Henry Tallant, quelques-uns même scandalisés. N’êtes-vous pas d’accord, Oliver ?

Cranshawe ne parvint à conserver son calme qu’au prix de vaillants efforts.

— Vous ne pouvez être sérieux, Marius. Vous, le célibataire le plus endurci du royaume. Avec cette annonce, vous allez être la risée de tout Londres.

— Vraiment ? s’étonna le duc. Je ne m’étais pas rendu compte que les ans avaient déjà fait de moi un vieillard décrépit. Mais je suppose que nous ne nous voyons jamais tels que nous sommes, n’est-ce pas ?

— Cette fille a à peine quitté le banc de l’étude, insista Cranshawe.

— Vous pensez que je ne saurai pas comment m’y prendre avec elle, Oliver ? Je puis vous assurer que je suis encore très… capable en dépit de mon âge avancé. Avec un effort surhumain, je pourrais même réussir à engendrer un héritier.

Le teint de Cranshawe prit un intéressant ton pourpre tandis que son beau visage se déformait de colère.

— C’est une provocation, n’est-ce pas, Marius ? Vous avez toujours détesté l’idée que votre titre me revienne, je me trompe ?

— Voyez-vous, cher cousin, la transmission de mon titre à qui que ce soit n’a rien d’une idée agréable puisqu’elle implique ma mort comme condition première. Oui, vous avez raison, en effet. Cette perspective m’est odieuse.

— Vous tournez tout en dérision, s’agaça Cranshawe, glacial. Il est impossible de parler sérieusement avec vous. Mais croyez-moi, Marius, vous commettez une grave erreur et vous en paierez les conséquences. Je puis vous assurer que si vous épousez cette petite péronnelle, vous serez la cible de tous les quolibets. La duchesse d’Eversleigh avec des taches de rousseur, des boucles en bataille et les pieds qui s’emmêlent sur la piste de danse, laissez-moi rire !

Eversleigh prit son temps mais, lorsque cette dernière pique sortit de la bouche de Cranshawe, celui-ci se retrouva arraché à sa chaise sans ménagement, aidé en cela par une prise d’acier sur les revers de sa redingote.

— Je regrette que vous ne puissiez rester plus longtemps, Oliver, lui dit le duc avec civilité, son visage imperturbable à quelques centimètres du sien. Juste un petit conseil avant que vous partiez, entre cousins : les propos inconsidérés peuvent se révéler néfastes pour la santé, soyez-en conscient.

Il lâcha les revers de la redingote, s’essuya les mains, se rassit à sa place avec flegme et reprit sa tasse de café.

Muet de rage, Cranshawe se dirigea vers la sortie d’un pas furibond.

— N’oubliez pas votre journal, mon cher, lui lança aimablement le duc.

Une fraction de seconde plus tard, la porte claqua derrière son cousin.

— James, rappelez-moi de parler au majordome de ce courant d’air dans le couloir, dit le duc à Ridley.

— Oui, Votre Grâce.
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date : 13-06-2022
L’homme qui regardait par la fenêtre et lui tournait le dos n’était pas Peter. Un rapide regard à la ronde apprit à Henry que celui-ci ne se trouvait pas dans la pièce. Lorsque le visiteur se retourna, elle en resta bouche bée. L’homme qui se tenait devant elle n’était autre que le très énigmatique duc d’Eversleigh !

— Ah, mademoiselle Tallant, bonjour. Je vous en prie, entrez et refermez la porte.

— Votre Grâce, c’est vous, dit-elle un peu sottement. Pardonnez-moi, mon frère m’attend.

— Quelle provocation de sa part, répondit Eversleigh, alors qu’il y a un instant à peine il m’a accordé la permission de m’entretenir avec vous.

Il traversa la pièce d’un pas tranquille. Henry était comme pétrifiée sur le seuil, la main encore sur la poignée de la porte ouverte.

— S’il vous plaît, permettez-moi de fermer cette porte, dit-il, à ses côtés. Vous paraissez incapable de vous en charger vous-même.

— Euh… oui, Votre Grâce.

Henry s’esquiva en hâte à l’autre bout de la pièce.

Le duc ferma posément le battant et l’observa à travers le monocle dont il semblait ne jamais se séparer.

— Si cela peut vous tranquilliser, mademoiselle, je peux vous assurer que je n’ai pas mangé d’ail.

Henry rit avec nervosité.

— Ne préféreriez-vous pas venir au salon, Votre Grâce ? demanda-t-elle d’un ton enjoué. D’autres visiteurs y sont rassemblés.

Le duc abaissa son lorgnon.

— Êtes-vous donc si pressée de les rejoindre, mademoiselle Tallant ?

— Non, pas du tout, confessa-t-elle. En réalité, j’étais bien contente de pouvoir m’échapper. Lord Marley insistait pour que j’accepte une promenade en sa compagnie et l’idée ne me tente pas vraiment, je l’avoue. Mais si j’avais refusé, Marian m’aurait mise au pain sec et à l’eau pendant une semaine. Il est riche, vous savez, et il a un titre.

— Marley ! s’exclama Eversleigh avec un frisson théâtral. Je suppose qu’il fait son marché pour trouver une nouvelle maman à ses deux gamines.

— Il m’a parlé d’elles, en effet.

— J’imagine. Venez vous asseoir par ici, mademoiselle Tallant, au lieu de trembler à l’autre bout de la pièce telle une biche aux abois. Vous savez, si je souhaitais vous donner la chasse, je vous rattraperais en un instant.

Henry se hérissa.

— Sachez que je ne tremble jamais ! Et s’il vous prenait l’envie de m’attraper, vous pourriez le regretter.

Au-dessus de ses yeux bleus, les sourcils du duc se firent intrigués.

— Je sais me défendre, déclara-t-elle fièrement. Une fois, Giles s’est retrouvé avec un œil au beurre noir.

— Pauvre garçon, je compatis, commenta-t-il, pince-sans-rire. Restez donc où vous êtes à trembler, mademoiselle Tallant. Moi, je m’assois.
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date : 10-06-2022
Les documents à la main, elle se posta devant l’immense baie vitrée. La nuit était tombée. Des lumières brillaient de nouveau dans les collines. Dans le jardin, Spock pourchassait des ombres. Cilla termina son verre de vin puis se tourna vers Ford.

— Je ne pose pas en bustier de cuir.

— OK, acquiesça-t-il, une lueur malicieuse dans le regard. Je me débrouillerai autrement.

— Je ne pose pas nue.

— Seulement pour ma collection personnelle.

— Vous avez un stylo ? demanda Cilla en riant.

— Une bonne centaine.

Il lui tendit un roller.

— Autre condition, ajouta-t-elle en traversant la pièce. J’exige que Brid soit encore plus canon que Batgirl.

— Elle le sera.

Après qu’elle eut signé les trois exemplaires du contrat, il lui en remit un.

— Et si on allait se servir un autre verre et commander une pizza, histoire de célébrer notre collaboration ?

Cilla se raidit, de nouveau sur la défensive. Cette fois, ce n’était pas Ford qui avait envahi son espace privé, mais elle le sien. Néanmoins, elle entendait conserver ses distances.

— Non, je vous remercie. Vous avez du boulot et moi aussi.

— Demain sera un autre jour.

— N’insistez pas. J'ai prévu d’étudier la question de l'installation d'un jacuzzi, ce soir.

Ils sortirent tous deux de l’atelier.

— Ne gaspillez pas votre argent pour un jacuzzi. Il y en a un ici.

— Mais je parie qu'il n'a pas de jet massant, rétorqua Cilla en s’engageant dans l’escalier.

— Non, mais je suis un expert en massage.

— Si vous étiez Orlando Bloom, j’irais de ce pas essayé votre jacuzzi, mais comme vous n’êtes pas Orlando Bloom, je vous souhaite une bonne nuit.

Elle ouvrit elle-même la porte d'entrée.

— Orlando Bloom ?

Elle s’éloigna sans se retourner en agitant la main par-dessus son épaule.
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date : 10-06-2022
Ford choisit un dessin de Brid brandissant sa masse à deux têtes et le tendit à Cilla.

— Tiens, c'est pour toi. Tu l’afficheras quelque part dans ta maison, et la prochaine fois que tu auras envie de pleurer tu le regarderas et tu te diras que Brid est exactement à ton image : une fille forte et courageuse.

— Je dois avouer que tu es la première personne à me voir comme une déesse guerrière. Pour te remercier, je vais te faire moi aussi un petit cadeau.

Cilla se retourna, souleva le bas de son tee-shirt et se pencha légèrement en avant, révélant un tatouage celtique au creux de ses reins : trois ovales formés d’une seule et même ligne, liés en leur centre par un cercle.

— La triquetra, dit Ford, le nœud de la trinité, symbole de la triple divinité : la mère, la fille, l’aïeule.

Elle lui jeta un regard par-dessus son épaule.

— Quelle culture !

— J’ai fait des recherches, avoua-t-il en s’approchant du tatouage pour l’examiner de plus près. Et c’est justement l’un des motifs que j’avais retenus pour Brid. C’est dingue, non ?

— Je le verrais bien sur son biceps.

— Hein ? Quoi ? Pardon, j’étais distrait.

— Sur le biceps, répéta Cilla en se retournant et en pliant le bras pour contracter le sien. Ce sera moins sexy qu’au bas du dos, mais plus percutant. Surtout s’il n’apparaît que lorsqu’elle se transforme.

— Je vois que tu m'écoutes quand je parle.

— C’est surtout toi qui m’as écoutée, aujourd'hui, dit-elle en lui effleurant la joue. Je t’en suis infiniment reconnaissante.

— Sortons prendre l’air, tu veux bien ? Si on reste ici, je crains que ça ne se termine au lit. Et demain on imputera ça au fait que tu as eu un petit passage à vide. Viens, allons manger une glace.

Spock bondit instantanément hors de son panier.

— Je ne sais pas si je ne préfère pas le lit à la glace, murmura Cilla en lui caressant les lèvres.

— Chut. Pas de discussion. Allons manger une glace, rétorqua Ford en la prenant par la main et en l’entraînant dans l’escalier.
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date : 10-06-2022
— Pendant que vous jouez au docteur, je vais voir si je peux me rendre utile dans les combles.

— Il serait peut-être temps, marmonna Cilla en fusillant Steve du regard.

— Quoi ? Je suis allé acheter des doughnuts.

Là-dessus, il sortit de la grange avec un clin d’œil à l’attention de Ford.

— Il t’a apporté des doughnuts ? demanda Cilla.

— Pour que je lui prête ma salle de gym.

— Mmm. Je suppose qu’il t’a réveillé.

— Ouais, alors que j’étais en train de rêver de toi dans une chambre rouge avec un lit aux montants de cuivre.

— Qu’est-ce que je faisais dans cette chambre rouge ?

— Je n’ose pas te le dire, mais on pourrait rejouer la scène, tous les deux.

Cilla plongea son regard dans le sien.

— Je n’ai pas de chambre rouge, et toi non plus.

— J’achèterai de la peinture.

En riant, elle referma la porte de la grange derrière elle. Et se retrouva plaquée contre le mur par cette bouche veloutée qui lui donnait le vertige.
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Il ferma le rideau en toile qui séparait son lit du reste de la tente et souffla les chandelles, les plongeant dans l’obscurité. Peu après, elle sentit le lit grincer sous son poids. Il la prit dans ses bras, la serrant contre son corps nu. Avec un soupir de contentement, elle se lova contre lui et savoura sa chaleur.

— Stryder ?

Il se raidit en entendant la voix de Swan de l’autre côté du rideau.

— Je dors, Swan. Si tu tiens à la vie, ne me dérange pas.

— Tu es seul ?

— Swan ! répliqua Stryder d’une voix ferme. Tourne les talons et fiche-moi la paix, ou je t’envoie en mission en Outre-mer.

— Bonne nuit, dit Swan sèchement. Et tu as intérêt à être seul.

Lorsqu’ils l’eurent entendu sortir, Stryder poussa un soupir.

— Il s’est trompé de vocation. Il aurait fait une redoutable mère supérieure.

Elle pouffa de rire contre son épaule.

— Sauf que les malheureux enfants sous sa charge auraient bien pu l’étouffer dans son sommeil.

Ils rirent tous deux, puis se calèrent confortablement l’un contre l’autre.
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Il s’écarta lentement et la dévisagea.

— Tous les hommes embrassent-ils de cette manière ? demanda-t-elle, légèrement étourdie.

— Je ne sais pas. Je n’ai jamais embrassé un homme.

Elle rit malgré elle. Il était décidément plein de surprises. Qui eût cru qu’il pût être aussi drôle et chaleureux ?
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L’impact de ses formes sensuelles contre son torse fut aussi choquant qu’excitant. D’instinct, il referma les bras autour d’elle pour l’empêcher de tomber. Elle était légèrement essoufflée, les joues roses, les yeux brillants. L’espace d’un instant, il l’imagina en proie au paroxysme du plaisir, et dut refouler une puissante envie de prendre ses lèvres entrouvertes.

— Milady, nous devons cesser de nous rencontrer de cette manière, plaisanta-t-il.

Elle rosit un peu plus.

— Il semblerait que je sois toujours déséquilibrée en votre présence, milord, répliqua-t-elle.

Il émit un petit rire. Il aurait pu en dire autant.

— Je commence à me demander si mes dames de compagnie n’ont pas raison sur un point, ajouta-t-elle.

— Lequel ? demanda-t-il en la redressant et en la lâchant.

— Une paire de bras forts peut parfois s’avérer utile.

Il lança des regards alarmés autour de lui, comme s’il entendait sonner le tocsin.

— Quelque chose ne va pas, milord ?

— Vous venez presque de me faire un compliment, si bien que je crois que ma mort est imminente.

Elle se mit à rire à son tour.

— Si votre mort est imminente, c’est à cause de votre épée et non de ma langue.

Il haussa un sourcil interrogateur.

— J’ai promis de ne plus vous insulter, ajouta-t-elle. Rassurez-vous, mes griffes sont rentrées.

Bizarrement, il regrettait presque ses attaques verbales. Elles l’aidaient à rester sur ses gardes. Ce nouvel aspect de la personnalité de Rowena le déconcertait. L’envoûtait.

Il baissa les yeux vers les griffes en question. Ses ongles, parfaitement manucurés, étaient longs et élégants.

Il pouvait les imaginer glissant lentement le long de sa colonne vertébrale…

Il recula en chassant cette pensée malvenue. Il commençait à penser comme Swan.

— Où alliez-vous avec une telle hâte ? demanda-t-il pour changer de sujet.

— Quelque part où mes dames de compagnie ne me trouveront pas.

— Pourquoi ?

— Elles se sont mis en tête de nous marier.

Il poussa un long soupir.

— Nous devrions les mettre avec mes hommes qui, eux, sont résolus à ce que je reste célibataire.

— Vraiment ?

— Oui, ils ne veulent pas que nos vies changent.

Elle resta un instant songeuse.

— Effectivement, il serait intéressant de les réunir, ne serait-ce que pour voir qui l’emporte. Cela dit, selon mon expérience, l’homme plie invariablement devant la femme.

— Je ne dirais pas cela, contra-t-il. La reddition me paraît réciproque.

— Comment cela ?

— L’homme peut mordre dans la pomme mais, ensuite, la femme le suit partout où il va.

— Vous le croyez vraiment ?

— Pas vous ?

— Je crois qu’une dame devrait dégonfler votre ego de quelques degrés.

— Seriez-vous cette dame ? s’enquit-il avec un regard sceptique.

Elle lui répondit par un sourire séducteur.

— Oui, lord Charmant. Contrairement aux autres dames que vous connaissez, vos atouts n’ont aucun effet sur moi.

— Mes atouts ? Quels sont-ils ?

— Vous savez fort bien ce qui fait se pâmer vos admiratrices.

— Et pas vous ?

— Non, répondit-elle en relevant le menton. Je n’ai jamais été renversée par la vue de gros biceps ou d’un beau visage. C’est ce qu’un homme a là qui m’intéresse, ajouta-t-elle en posant la main sur son torse.

Elle avait parlé sur le ton de la plaisanterie et fut surprise de voir la lumière s’éteindre dans les yeux de Stryder.

— Dans ce cas, je n’ai effectivement rien à vous offrir, milady, déclara-t-il. Cette partie de moi est morte depuis longtemps.

Le cœur de Stryker battait fort sous ses doigts, aussi puissant que l’homme qui se tenait devant elle.

— Pourtant, vous ne me donnez pas l’impression d’être indifférent au sort des autres. Vous n’avez pas hésité à défendre Kit, hier soir.

Il s’écarta.

— Stryder ? le rappela-t-elle alors qu’il tournait les talons.

Il s’arrêta et lui lança un regard par-dessus son épaule.

— Merci encore, dit-elle.

Il fronça les sourcils, comme si ses paroles le décontenançaient. En vérité, elle ignorait pourquoi elle était aimable avec un homme qu’elle aurait dû haïr. Pourtant, elle n’avait aucune envie de le blesser. Il y avait trop de douleur dans ses yeux.

— À votre service, milady, répondit-il avec un léger sourire moqueur.
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Il tendit la main et effleura sa joue glacée.

— Ne pleurez pas, voyons. Cela n’en vaut pas la peine, dit-il doucement.

Rowena déglutit péniblement. Qui aurait cru qu’un tel barbare fût capable d’un geste si doux ?

— Pas la peine, milord ? Qu’est-ce qui en vaudrait la peine, selon vous ?

— Suis-je si horrible que je vous ai fait pleurer ?

— Oui, vous l’êtes, répliqua-t-elle, surprise qu’il la taquine.

Il se mit à rire.

— J’avoue que vous êtes la première femme que je rencontre qui ne me supporte pas.

— Vous devriez sortir plus souvent.

Il haussa les sourcils.

— Vous ne pouvez m’adresser la parole sans me dénigrer et, néanmoins, vous me demandez mon aide ?

Il n’avait pas tort.

— Pardonnez-moi, dit-elle, légèrement piteuse. J’ai tellement l’habitude de vilipender les chevaliers comme vous que c’est devenu un réflexe. Si vous acceptez de m’aider, je jure de ne plus vous insulter.

— Vraiment ?

— C’est promis.
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— Il n’en était pas question, ma chère, l’interrompit-il. Je suis un homme, pas un enfant qu’on doit protéger. En outre, votre oncle n’aurait sans doute pas apprécié ma présence. En ce moment même, il nous surveille tel un lion veillant sur son lionceau.

En lançant un regard par-dessus son épaule, Rowena constata que lord Lionel était revenu dans la salle et qu’effectivement il les observait de loin.

Elle sourit et agita la main à l’adresse de l’homme qui l’avait élevée depuis la mort de son père.

Les traits de lord Lionel s’adoucirent, puis il regarda Kit et son expression redevint féroce. Rowena poussa un soupir. Son pauvre oncle était terrifié à l’idée qu’elle s’enfuie avec l’un des troubadours qu’elle fréquentait.

Elle n’avait aucune intention de se marier. Même si la reine Aliénor lui vantait souvent les plaisirs de la vie conjugale, elle avait trop souvent vu la souveraine attristée par les infidélités de son époux pour ignorer que le mariage pouvait aussi être un long crève-cœur.

Or, elle n’avait aucune envie de souffrir.

— Il est clair qu’il ne m’aime pas, observa Kit.

— Oh, Kit, ne le prenez pas personnellement ! Il n’aime aucun homme qui s’assoit trop près de moi.

Kit s’écarta aussitôt de quelques centimètres, la faisant rire.

***

— Tu vas bien, Rowena ? lui demanda doucement Lionel.

— Oui, mon oncle, répondit-elle sans quitter Stryder des yeux.

Ce dernier fronça les sourcils en entendant son nom.

— Rowena de Vitry ? demanda-t-il.

— En effet.

Il paraissait aussi atterré qu’elle l’avait été en apprenant son identité.

— C’est donc vous l’ogresse qui écrit ces chansons ?

— Vous connaissez mon œuvre ?

— « Que la peste emporte tous les porteurs d’épée et que la gangrène pourrisse leurs bras simiesques. Qu’ils deviennent tous stériles, gras et périssent jeunes. » Oui, milady. Mon écuyer m’a rapporté ce matin même ce que vous appelez votre « œuvre ».

Elle se raidit devant son ton méprisant. Ce n’était pas le premier homme à détester ses chansons. Toutefois, pour une raison obscure, elle se sentait humiliée. Elle se défendit avec les seules armes dont elle disposait : ses mots.

— Je connais aussi la vôtre, milord, riposta-t-elle. On raconte que vous avez coupé la tête de plus de deux cents hommes et que vous en avez trucidé plus d’un millier. Si je ne m’abuse, les Sarrasins vous ont surnommé « le Boucher anglais ».

— Vous avez empoisonné l’esprit de mon écuyer.

— J’ai libéré son esprit, rétorqua-t-elle.

Stryder avança d’un pas vers elle. Kit vint aussitôt se placer entre eux, les obligeant à rester à distance.

— Rowena, Stryder, n’oubliez pas où vous êtes, leur dit-il.

Rowena sentit le feu lui monter aux joues en se rendant compte que leur échange se déroulait devant toute la cour d’Angleterre.

Stryder balaya lui aussi la foule d’un regard glacial. Il reprit en baissant la voix :

— À l’avenir, milady, je vous demanderai de cesser de libérer l’esprit de mon écuyer, un adolescent influençable. Lorsque Druce se retrouvera face à une épée ennemie, j’ose espérer qu’il saura défendre sa vie avec d’autres armes que sa langue.

— S’il n’y avait pas tant d’hommes si prompts à brandir une épée, milord, il n’aurait pas à vivre dans la peur d’être tué, et vous non plus.

— Je ne crains pas les épées, uniquement les idiots qui refusent d’entendre raison, rétorqua-t-il. Il est regrettable qu’aucun homme dans votre vie n’ait pris le temps de vous apprendre à rester à votre place.

Toute la salle retint son souffle.

Rowena n’avait jamais été aussi furieuse de sa vie. À cet instant, elle comprit le désir qu’avaient certains hommes d’en frapper d’autres, et elle détesta Stryder de le lui faire ressentir.

— Si tu as encore besoin de moi, mon frère, préviens-moi, lança-t-il à Kit.

Puis il reporta son attention sur elle.

— Quant à vous, milady, je vous préférais nettement avant de savoir qui vous étiez.

Sur ce, il tourna les talons et se dirigea vers la porte avant qu’elle n’ait pu lui répondre.
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Elle s’arracha à son regard jovial et baissa les yeux vers son torse. Il portait une longue tunique rouge et noir soyeuse qui moulait les muscles de son torse.

Son corps était un véritable festin pour les yeux.

C’est alors qu’elle vit l’épée attachée à sa ceinture.

— Vous êtes un chevalier, dit-elle lentement.

Chevalier. Tueur. Les deux mots étaient synonymes à ses yeux. Elle aurait dû deviner qu’il appartenait à cette engeance maudite – la plupart des nobles étaient chevaliers. Cela ne l’empêchait pas d’être amèrement déçue.

Quel dommage qu’un homme aussi beau consacrât sa vie à des activités aussi futiles que cruelles !

— En effet, milady, répondit-il de sa voix mélodieuse. Un chevalier à votre service.

Elle aurait sans doute dû le remercier de l’avoir rattrapée. Cependant, il le devait à des réflexes qu’il avait cultivés pour mieux tuer. Elle aurait encore préféré tomber à plat ventre devant tout le monde.

— Vos services ont été appréciés, milord, répondit-elle d’un ton glacial.

Alors qu’elle lui tournait le dos, il la rappela :

— Milady ?

Elle se retourna.

— Ne me direz-vous pas votre nom ?

— Non.

Cette fois, lorsqu’elle voulut s’éloigner, il lui barra la route.

— Non ? répéta-t-il.

Tout en ayant l’air surpris, il parvenait à rester charmant et chaleureux. De toute évidence, il n’était pas habitué à entendre ce mot dans la bouche d’une femme.

— Je n’en vois pas l’utilité, déclara-t-elle. Sans nul doute, bien des dames ici présentes vous donneraient volontiers le leur ; je n’en fais pas partie.

Un coin de ses lèvres se retroussa, creusant une seule fossette dans sa joue gauche. Malgré elle, elle trouva son expression…

Amusante ?

Non, ce n’était pas le mot. Cela lui donnait un air… adorable.

— N’ai-je pas le droit d’être curieux, milady ? demanda-t-il. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’une inconnue me tombe dans les bras.

Elle se mordit la lèvre inférieure pour retenir son sourire, ce qui ne fut pas chose facile.

— Permettez-moi d’en douter, milord.

Il se mit à rire, émettant un son suave et riche qui déclencha toutes sortes d’étranges sensations dans le corps de Rowena. Son pouls s’accéléra, et elle se sentit légèrement étourdie.

— Alors, disons plutôt que ce n’est pas tous les jours qu’une dame me tombe dans les bras involontairement, rectifia-t-il.

— Cette fois, je vous crois aisément.

Elle recula d’un pas, effrayée par son propre désir de s’attarder en sa compagnie. Que lui prenait-il ? D’ordinaire, elle ne supportait pas la présence de ce genre d’homme. Sans doute avait-elle abusé du vin.

Tu n’as pas bu une seule goutte, Rowena. Tu viens juste d’entrer dans la grande salle.

Alors ce devait être à cause de l’effervescence des événements du jour. Oui, c’était sûrement cela.

— Si vous voulez bien m’excuser, dit-elle.

Il s’écarta à contrecœur.

— Pour cette fois seulement, répondit-il. Lors de notre prochaine rencontre, j’espère obtenir un nom.

— Vous serez de nouveau déçu, milord.

Une lueur admirative brilla dans les yeux bleus du chevalier.

— Je dois vous prévenir : je prends mal les déceptions.

Elle sourit malgré elle. Cette joute verbale n’était pas pour lui déplaire. Il était rare qu’un homme lui tienne tête ainsi.

— Alors soyez prévenu à votre tour : je prends mal les mises en garde.

Cette fois, lorsqu’elle s’éloigna, il ne tenta pas de la retenir. Elle l’entendit rire derrière elle.
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Il s’assit lentement dans son fauteuil en cuir, dont les pieds ne lui paraissaient plus aussi solides et stables. Comme s’il risquait de basculer de son trône d’un instant à l’autre.

— Je vous ai bien entendus et suis d’accord avec vous : cela mérite une enquête. Toutefois… il y a une complication.

— Laquelle ? demanda Dorian, aussitôt sur le qui-vive. Tu es la personne la moins compliquée que je connaisse.

Morley laissa passer cette pique.

— Je suis devenu un peu…

Il chercha le mot juste. Entiché ? Turlupiné ? Obsédé ?

— … lié à la fille du préfet Goode.

— Laquelle ? s’enquit Argent. N’en a-t-il pas plusieurs ?

Morley déglutit. Une fois qu’il aurait craché le morceau, il ne pourrait plus revenir en arrière. Leurs réactions seraient pénibles à supporter. Toutefois, cela en valait la peine s’ils pouvaient l’aider à y voir plus clair et à choisir un plan d’action.

— Celle dont le mariage vient d’être annulé par un meurtre, répondit-il.

— Tu es un rapide, Morley ! s’exclama Ash. Ça s’est passé quand, il y a trois minutes ?

— Non, c’était…

Ash ne l’écoutait pas.

— Techniquement, elle n’est pas veuve. Tu n’as donc pas besoin d’attendre toute une année pour respecter les convenances…

— Mais non, crétin ! Je ne l’ai pas rencontrée aujourd’hui. C’était il y a trois mois.

Dorian prit un air outré et, tenant les revers de sa redingote, gonfla le torse en adoptant une posture de patriarche.

— Une liaison, Morley ? Toi, un inspecteur en chef et chevalier du royaume ? C’est purement scandaleux.

— Et moralement répréhensible, ajouta Ash avec un sourire en coin.

— Je ne te le fais pas dire, renchérit Dorian. Qu’en pensera la bonne société ? l’Église ?

Morley n’avait pas la force de répondre à leurs railleries. Il enfouit son visage dans ses mains.

— C’est encore pire que cela, hélas. Je l’ai enfermée dans une de nos cellules au sous-sol.

Il y eut un long silence. Lorsqu’il releva les yeux, il ne vit pas sur leurs traits la stupeur à laquelle il s’était attendu.

De fait, ces hommes durs à la réputation sinistre semblaient retenir un sourire presque fier.

— En toute honnêteté, Morley, un enlèvement n’est pas un obstacle insurmontable, déclara Ash avec nonchalance. Montre-moi un homme ici qui n’a pas eu à enfermer sa bien-aimée pour qu’elle consente enfin à l’épouser.

— Pour ma part, c’était dans un château écossais, déclara Dorian avec un brin de nostalgie.

— Ta tour écossaise, tu peux te la garder. Moi, c’était sur un vaisseau pirate, se vanta Ash.

— Un placard, dit Argent, toujours aussi concis.

En voyant les trois hommes ricaner, Morley ressentit une pointe de compassion pour leurs épouses.
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