Commentaires de livres faits par LaetiDR
Extraits de livres par LaetiDR
Commentaires de livres appréciés par LaetiDR
Extraits de livres appréciés par LaetiDR
Chaque fois qu’on parle d’amour, c’est avec « jamais » et « toujours ».
Barbara
La maison en enfer, 2010
La voiture gravissait la petite côte menant au domaine de Mennevaux, le château d’Alastair Foix, mon grand-père. Le fossile, l’ancêtre, la crapule, le nazi.
Gavin jouait avec sa console portable sur le siège arrière. Il s’était si bien intégré que j’en étais plus fier qu’Artaban. Son assimilation de la langue française moderne était exceptionnelle. Ses professeurs étaient ravis des progrès obtenus. Moi aussi, faut-il le dire !
La route était quelque peu boueuse. Ce matin, nous avions quitté Tours sous la pluie, et après avoir visité Amboise, nous avions mis le cap sur Blois. Malgré la pluie drue et fine et le brouillard persistant par endroits, le flanc de Loire était agréable.
Tôt dans la journée, mon éditeur m’avait signifié, par téléphone, qu’il convenait d’être célèbre avant de se mettre à écrire, raison pour laquelle il venait de refuser deux écrivains en herbe parfaitement méritoires, de mon propre avis.
Mais cet éditeur n’était pas André. Lui, il avait disparu.
Quitte à m’en faire un ennemi, je lui signifiai à mon tour, avec une noirceur subtile, que si cela continuait de la sorte, le monde de la littérature serait rapidement mangé par tous ces incapables et ces débilisants alcoolisants de la Jet Set attitude, qui se prennent pour des artistes en pontifiant sur leurs frasques sexuelles.
Des libertinages qui n’intéressent au mieux que les moules et les bigorneaux.
Il me taxa de communiste réactionnaire. J’approuvai. J’avais l’habitude. J’aimais ça ! Mes ouvrages avaient fait ma gloire, mais en même temps, m’avaient souvent attiré une certaine hostilité de différents groupes sociétaux. « Ça sent bon la France, anthologie des senteurs de l’hexagone » m’avait valu une renommée européenne, mais aussi la critique facile des bobos gauchistes qui m’avaient taxé de nationaliste.
« Phares et ports bretons, récits des survivants » m’avaient donné la joie d’exposer mon œuvre avec des photographes durant une saison dans toute la Bretagne. Malheureusement, on me taxa alors d’extrémiste et de séparatiste pour mes prises de position contre l’Europe et ses choix agricoles désastreux.
Mes origines se trouvaient dans cette vaste plaine alluviale grisâtre et triste. Mais j’avais pris demeure bien loin de là, au soleil du sud, là où le vin est corsé et chaud, là où les femmes sourient de toutes leurs dents, là où les cigales chantent leur joie, là où les enfants babillent avec accent. Le sud plutôt que le nord, la chaleur plutôt que la froidure, la joie plutôt que le ressentiment.
Gavin n’était pas du même endroit, loin s’en faut. J’étais conscient que ma mère et mon grand-père allaient se livrer à un véritable interrogatoire sur ce fils tombé du ciel.
Je savais que mon oncle, avec ses grandeurs malvenues, allait se pencher sur le cas de mon ange sorti de Dieu sait où. Je savais que je n’aimerais pas ça, que mes nerfs allaient encore me travailler.
J’avais toujours adoré Noël, mais cette fois, cela promettait d’être du sport. L’affrontement était un sport, un sport dans lequel je n’excellais guère. Pourtant, je n’avais aucune chance d’en réchapper. Je m’y étais préparé.
Entre les atrocités proférées par le vieil Alastair, amateur des horreurs de la seconde guerre ; la folie hargneuse de ma mère, qui s’amusait à porter plainte contre tout un chacun pour des motifs aussi minables que variés, devenue littéralement folle à la suite du décès de sa propre mère ; la froide prétention de mon oncle qui régentait dans l’ombre et faisait figure de saint martyre auprès des bonnes gens, l’alcoolisme de ma tante, obligée de supporter ce monde furieux qui l’entourait .
Cela relevait de la gageure que de tenir le coup toute une soirée.
La mort de ma femme n’avait rien arrangé. Il restait à espérer de ne pas avoir à affronter la rude méchanceté de toute cette dynastie que je n’avais pas méritée ! Je m’étais promis d’envoyer au tapis le premier qui me parlerait de Christine.
Il est de ces choses auxquelles on ne touche pas, de ces souvenirs dont on ne parle pas, de cette nostalgie qu’on garde pour soi !
Je remontai l’allée et engageai la voiture dans le chemin privé du château de Mennevaux. Les souvenirs jouaient avec la réalité et, en ce moment précis, les événements survenus voici huit mois me revinrent en mémoire avec une étonnante vélocité.
J’espérais que Laureen O’Connelly me rejoigne rapidement. Elle était arrivée voici seulement deux heures à Charles De Gaulle et mettrait encore un temps certain pour nous rejoindre. J’avais loué une chambre pour elle et son fils dans le même hôtel que nous, mais elle avait juré d’être présente à la fête du réveillon de Noël au château de Mennevaux. Fête... Ce mot avait de quoi prêter à rire !
La voiture emprunta un chemin de graviers et fit le tour de la vieille demeure. Le jardin était dans un état d’abandon total, le délabrement des écuries et des réserves était alarmant. Dans peu de temps, il faudrait vendre. Si seulement le vieil Alastair pouvait voir les choses avec clarté !
Je vis bientôt mon oncle sortir par la porte de la cuisine. Il avait ce sourire figé qui caractérisait son esprit de prétention et d’absolue lâcheté, sa médiocrité et son hypocrisie. Je sortis de mon véhicule, bombai le torse comme un gamin pris en faute et fixai mon parent avec morgue et agressivité.
Mon oncle avait une tête de faux calme, des yeux trop petits, les lèvres pincées, le visage émacié, les gestes mesurés, la glotte proéminente. Autrefois, dans sa jeunesse, des cheveux longs émargeaient son visage d’éternel gamin. Mais depuis, la rigueur et la sainte gaieté de sa femme avaient eu raison de lui.
- Ah ! Voici le jeune Gavin, lança mon oncle en adressant un sourire aimable à mon garçon. Le célèbre Gavin ! Enfin, nous allons en savoir plus sur lui.
Oui, en savoir plus. Mais pas ce qui est à moi... pas ce qui est à nous ! Me souvenir, oui, me rappeler les faits, l’horreur, l’affreuse vérité … revoir le visage de Gavin, mon Gavroche, me rappelle tellement de choses …
One toddled home and then there were nine;
Nine little Injuns swingin' on a gate,
One tumbled off and then there were eight.
Refrain : One little, two little, three little, four little, five little Injuns boys, Six little, seven little, eight little, nine little, ten little Injuns boys.
Eight little Injuns gayest under heav'n,
One went to sleep and then there were seven;
Seven little Injuns cutting up their tricks,
One broke his neck and then there were six.
Six little Injuns kickin' all alive,
One kick'd the bucket and then there were five;
Five little Injuns on a cellar door,
One tumbled in and then there were four.
Four little Injuns up on a spree,
One he got fuddled and then there were three;
Three little Injuns out in a canoe,
One tumbled overboard and then there were two.
Two little Injuns foolin' with a gun,
One shot t'other and then there was one;
One little Injuns livin' all alone,
He got married and then there were none.