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Il aurait pu faire appel à une équipe de couvreurs professionnels, qui auraient dressé leurs échafaudages tout autour de la grange. Cela aurait été une façon plus rapide et plus sûre de faire ce travail. Mais plus onéreuse aussi, et c’était là le problème. L’homme armé d’un pied-de-biche était un ancien soldat qui avait quitté l’armée après vingt-cinq ans de carrière, et il avait dépensé la plus grande partie de sa prime de départ à la retraite pour acquérir son rêve : une maison à la campagne, sa maison, enfin. Cette grange, avec ses cinq hectares de terrain et une piste de terre jusqu’à la route la plus proche pour se rendre au village.
Afficher en entierLes habitants du Hampshire sont nombreux à penser que cette région est la plus belle de l’Angleterre. On y trouve sur la côte sud, face à la Manche, le grand port maritime de Southampton et les chantiers navals de Portsmouth. La région a pour capitale administrative la cité historique de Winchester, que domine une cathédrale vieille d’un millier d’années.
Afficher en entierLe frère d’Abdelahi vivait à plusieurs centaines de kilomètres de là dans la ville fondamentaliste de Quetta, et leur mère venait de tomber malade. Comme il voulait prendre de ses nouvelles, il tenta d’appeler avec son portable. Ce qu’il avait à dire n’avait rien d’extraordinaire et se fondrait dans le flux des milliards de bavardages qui transitaient chaque jour entre les cinq continents. Mais ce téléphone ne marchait pas. L’un des compagnons d’Abdelahi lui montra que l’indicateur de charge n’affichait plus aucun trait noir, et que la batterie était donc à plat. C’est alors qu’Abdelahi remarqua le téléphone posé sur l’attaché-case de l’Égyptien.
Afficher en entierNés dans la misère, ils avaient tous été éduqués dans une madrassa, ou école coranique, de la secte islamiste des wahhabites, la plus extrémiste et la plus intolérante de toutes. Ils ne savaient rien faire d’autre que réciter le Coran et ils étaient ainsi, comme des millions de jeunes formés dans les madrassa, promis au chômage. Mais, dès l’instant où leur chef de clan leur confiait une tâche, ils étaient prêts à mourir pour l’accomplir. En ce mois de septembre, on les avait chargés de protéger l’Égyptien entre deux âges qui parlait l’arabe nilotique, et connaissait assez de pachto pour se débrouiller. L’un de ces quatre garçons s’appelait Abdelahi et vouait une véritable adoration à son téléphone portable. Malheureusement, la batterie de l’appareil était à plat car il avait oublié de la recharger.
Afficher en entierPour des raisons qui seraient connues par la suite, Toufik Al-Qur se trouvait le 15 septembre à Peshawar, au Pakistan, dans une totale clandestinité, après une vaste et dangereuse tournée hors du refuge montagneux. Il attendait l’arrivée du guide qui devait le reconduire dans les montagnes de Waziri et jusqu’au Cheikh en personne.
Afficher en entierCe membre d’Al-Qaïda avait, semble-t-il, offert en signe d’allégeance le téléphone en question à l’un des hauts responsables de l’organisation qui forment le cercle rapproché d’Oussama Ben Laden dans son refuge des montagnes désertiques du Sud-Waziristan, à l’ouest de Peshawar, le long de la frontière pakistano-afghane. L’appareil ne devait servir qu’en cas d’urgence, compte tenu de l’extrême méfiance des responsables d’Al-Qaïda pour les portables. Mais son utilisateur ne se doutait pas à ce moment-là que l’un des auteurs des attentats de Londres avait été assez stupide pour laisser le reçu à Leeds, dans son bureau.
Afficher en entierOn découvrit également que Siddique Khan et le membre du groupe dont il était le plus proche, un jeune natif du Penjab du nom de Shehzad Tanweer, s’étaient rendus au Pakistan en novembre et y étaient restés trois mois. Leurs contacts dans ce pays ne furent pas identifiés, mais, plusieurs semaines après les attentats de Londres, la chaîne de télévision arabe Al-Jezira diffusa une vidéo réalisée par Siddique Khan pour montrer comment il avait planifié son action – et sa propre mort – et il s’avéra que cet enregistrement avait été, sans doute possible, effectué pendant son séjour à Islamabad.
Afficher en entierDans les vingt-quatre heures qui suivirent les explosions, ils furent tous identifiés et retrouvés à leurs domiciles respectifs en différents endroits de la ville de Leeds, au nord de Londres ; ils avaient tous plus ou moins l’accent du Yorkshire. Leur chef était un instituteur du nom de Mohamed Siddique Khan, spécialisé dans le soutien aux élèves en difficulté.
Afficher en entierSi le jeune garde du corps taliban avait su qu’il mourrait en donnant ce coup de téléphone, il se serait abstenu. Mais il l’ignorait, et il en mourut.
Le 7 juillet 2005, quatre kamikazes déposaient leurs sacs à dos piégés dans le centre de Londres. Ils tuèrent cinquante-deux voyageurs et en blessèrent environ sept cents, dont une centaine resteraient handicapés à vie.
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