L'agonie d'une monarchie
Auteur
- Jean-Paul Bled (Écrivain)
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extrait
François-Joseph s'est maintenant endormi. Mais chacun comprend que la fin est proche. Le moment est venu d'accomplir le dernier acte du rituel religieux. Vers huit heures et demie, le chapelain de la cour est appelé au chevet de l'empereur pour lui administrer l'extrême-onction.
François-Joseph s'éteint doucement, lentement, sans souffrance apparente. Soudain une quinte de toux le saisit, son corps se redresse un bref instant, puis retombe sur la couche. C'est fini. Le médecin ne peut que constater le décès. Il revient alors à Marie-Valérie d'accomplir le dernier geste de piété filiale, en fermant les yeux de son père.
Avant que François-Joseph ne rejoigne sa dernière demeure à la crypte des Capucins, neuf jours vont encore s'écouler. Le cérémonial régit la mort des Habsbourg comme il a réglé leur vie. Pour son ultime voyage, François-Joseph a été revêtu de l'uniforme d'apparat de Feldmarschall, illustration, jusque dans la mort, du lien qui n'a cessé de l'unir à son armée. Plusieurs jours durant, ses sujets peuvent le voir reposer ainsi sur son lit de camp. Avec le transfert à la Hofburg, le faste des grandes funérailles prend le dessus. La dépouille de François-Joseph est exposée sur un catafalque dans la chapelle de cour tandis qu'une multitude de bouquets et de couronnes complète ce décorum funèbre. Trois jours encore, la foule des Viennois défile pour un ultime hommage.
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Qui pourrait croire que l'Autriche-Hongrie, Etat monarchique où les nations s'effaçaient devant le loyalisme à la Couronne, a jamais existé tant son fonctionnement parait anachronique aux XIXe et XXe siècles ?
Les faits sont pourtant là: en dépit des contradictions, des rancunes séculaires entre peuples rivaux, de l'équilibisme politique quasi-constant, la Double-Monarchie a existé, fonctionné et même eu sa chance de traverser l'orage de la Première Guerre mondiale.
Piégée dans le conflit par ses ambitions, arrimée à une Allemagne avide de victoire totale, l'Autriche-Hongrie était déjà morte avant que l'encre n'ait séché le 11 novembre 1918.
L'Agonie d'une Monarchie retrace avec minutie les décisions qui ont conduit au crépuscule d'un des plus fameux empires que le Vieux Continent ait abrité. Loin d'être un Etat autocratique vain et à bout de souffle, la Double-Monarchie tenait un rôle d'équilibre en Europe. En son sein, les peuples du centre du continent et du nord des Balkans se trouvaient neutralisés et coalisés sous la figure tutélaire et sincérement révérée de l'empereur-roi.
N'eut-ce été pour l'entêtement des Hongrois, les faillites de la diplomatie impériale et l'ambition allemande, qui sait si l'empire éternel des Habsbourg n'aurait pas eu sa chance de traverser la tempête de 14-18 sans exploser ?
Les faits sont cruels: depuis sa disparition, l'Autriche-Hongrie a laissé ses peuples en pâture aux appétits des Grands du continent, voire en proie aux guerres intestines; des conséquences qui font encore de l'ancien espace habsbourgeois le ventre mou de l'Europe.
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Un bon livre sur la fin de la monarchie austro-hongroise. Seul bémol, l'auteur parle plus des faits que des personnes.
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Activité récente
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Résumé
Bâti sur les décombres de l'Europe napoléonienne, l'Empire austro-hongrois semblait, en 1914, l'une des puissances les plus solides du continent. Six ans plus tard, la monarchie habsbourgeoise agonise : l'Autriche-Hongrie ne survit pas à la Première Guerre mondiale.
C'est à la suite de l'assassinat de son prince héritier François-Ferdinand que le vieil empereur François-Joseph s'est laissé entraîner dans la guerre, aux côtés de l'Allemagne. Déchiré entre des nationalités différentes, des religions antagonistes, véritable tour de Babel linguistique, l'empire n'a pas supporté le choc. Cinq ans après Sarajevo, ce sont cinq pays nouveaux, fondés sur le principe des nationalités, qui remplacèrent la Double Monarchie.
Jean-Paul Bled, qui est le meilleur spécialiste français de l'Autriche-Hongrie, retrace avec minutie l'agonie d'une monarchie qui n'a pas su s'adapter aux temps nouveaux en dépit des atouts non négligeables qu'elle détenait.
Cette page capitale de l'histoire de l'Europe n'a jamais été racontée dans son ensemble.
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