L'Alliance de fer, Tome 2 : La Martyre

Sang, boue, massacres, corps à moitié morts ou en décomposition : l'auteur nous montre ce qu'est la guerre. Cela a un côté poisseux, malaisant mais c'est tellement bien écrit que nous nous retrouvons au cœur de ces batailles, auprès de ces soldats prêts à tout pour défendre leurs vies. C'est très immersif, limite cinématographique, entrecoupé des sombres pensées ou de la fatalité d'Alwyn, qui est désormais devenu un homme après toutes ces épreuves .

🗡️Il y aussi quelque chose d'épique dans le récit de ces batailles, avec des actes de bravoure qui ne peuvent laisser insensibles, même si l'auteur nous rappelle toujours le côté absurde et affreux de la guerre.

🛡️La religion y tient une place de plus en plus importante, notamment avec la Martyre ressuscitée Evadine. Mais c'est une religion qui est basée sur un énorme mensonge que peu connaissent, comme qu'Alwyn.

👑Dès lors, pourquoi suit-il cette femme ? Quel est le lien mystérieux qui les unit ?

⚔️Les personnages féminins sont l'égal des hommes, c'est à dire qu'elles peuvent se montrer aussi retorses, malignes, intelligentes, manipulatrices, guerrières d'exception, fanatiques, vengeresses, meneuses d'hommes que ces derniers, peut être même plus car nous évoluons dans un monde patriarcal. Et j'ai adoré ce parti pris de l'auteur qui nous offre des personnages féminins saisissants.

🔥 Le peuple Caerith est de plus en plus mis en avant . Cette immersion dans leur monde a été l'un des moments les plus marquants de ce roman : pas de religion, la liberté, l'égalité... comment ne pas aimer ce peuple qui va jouer aussi un rôle important dans la vie d'Alwyn !

⚔️ Chaque chapitre nous ramène à un moyen âge où l'on passait son temps à faire la guerre au détriment du peuple, avec une bonne touche d'obscurantisme religieux. Mais il y a aussi une bonne part de mysticisme et de retournements de situation qui donnent une toute autre dimension au récit. La vérité semble à la fois proche et lointaine. Alwyn parviendra t'il à atteindre sa vérité ?

J’ai trouvé ce deuxième Tome excellent dans la lignée de blood song

“𝑴𝒚 𝒘𝒆𝒂𝒌𝒏𝒆𝒔𝒔, 𝒎𝒚 𝒇𝒂𝒊𝒍𝒖𝒓𝒆, 𝒎𝒚 𝒕𝒓𝒖𝒕𝒉.”

Le grand drame de cette histoire, c'est que le scénario et le héros ont un potentiel énorme, mais Anthony Ryan ne sait pas écrire les émotions, en fait. Pendant plus de 1 000 pages, on est dans la tête d'Alwyn, témoin de ses décisions et de ses actes, mais à aucun moment le personnage ne partage ce qu'il ressent. C'est fou, quand même ! L'intégralité de ce tome (et du suivant, j'imagine) repose sur le fait qu'il aime Evadine et qu'il se laisse entraîner malgré lui dans plusieurs guerres et croisades pour rester avec elle mais à AUCUN MOMENT il ne l'exprime clairement ! Il n'y pense même pas, sauf pendant 2-3 pages vers la fin ! Et ça rend tout incohérent, parce qu'autant dans le tome 1 on savait que son objectif était de s'échapper et d'être libre, autant depuis qu'il a renoncé à prendre le large avec Toria, c'est comme s'il s'était résigné à rester avec Evadine et à commettre les fameux crimes dont il nous parle tout le temps mais sans jamais se poser et se demander "mais au fait, qu'est-ce que je veux, moi ?". Un peu d'introspection, merde.

Parce qu'au final, on se retrouve avec un héros qui ne sait pas ce qu'il fout là et qui ne fait absolument rien pour changer les choses. C'est chiant. Et ça fait que le seul passage intéressant du roman, c'est quand il se retrouve séparé d'Evadine parce que là, enfin, il a un objectif.

Bon et puis, 500 pages de lecture pour qu'il se passe si peu de choses ? J'ai l'impression que le récit passe plus de temps à nous teaser des événements qu'à réellement les montrer. C'est comme si l'auteur avait une vision de son personnage qu'il n'arrivait pas du tout à retranscrire sur le papier : le "faux roi" qui considère Alwyn comme responsable de bien plus de morts que lui (alors qu'il est en rébellion depuis plus de 10 ans, peu probable donc), les grands chevaliers et même la famille royale qui font appel à Alwyn au moindre besoin (à croire que le royaume manque cruellement de gens intelligents), et globalement l'intégralité des personnages secondaires qui ont déjà tous entendu parler d'Alwyn au moins une fois. Alors que c'est un scribe et un soldat médiocre (au début). Y'a pas un souci ?

Plus classique que le tome 1, les 280 premières pages racontent la guerre. La deuxième partie est plus intéressante et le fantastique vraiment bien amené monte en puissance.

Vivement le tome 3 !