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Je savais qu’un million de soldats étaient morts à Verdun. Mais ce n’étaient là que des abstractions, des chiffres, des statistiques, des informations. On ne peut souffrir pour un million d’êtres.
Mais ces trois enfants, je les avais connus, je les avais vus de mes propres yeux, c’était tout à fait différent. Qu’avaient-ils fait, qu’avaient fait leurs pauvres parents pour mériter un tel sort ?
Afficher en entierJe puis me rappeler le jour et l'heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir.
Afficher en entierOn ne peux souffrir pour un million d'êtres.
Afficher en entierIl entra dans ma vie en février 1932 pour n'en jamais sortir. Plus d'un quart de siècle a passé depuis lors, plus de neuf mille journées fastidieuses et décousues, que le sentiment de l'effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années et des jours, nombre d'entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d'un arbre mort.
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Je ne puis me rappeler exactement le jour où je décidai qu'il fallait que Conrad devînt mon ami, mais je ne doutais pas qu'il le deviendrait. Jusqu'à son arrivée, j'avais été sans ami. Il n'y avait pas, dans ma classe, un seul garçon qui répondît à mon romanesque idéal de l'amitié, pas un seul que j'admirais réellement, pour qui j'aurai volontiers donné ma vie et qui eût compris mon exigence d'une confiance, d'une abnégation et d'un loyalisme absolus.
Afficher en entierLa mort sape notre confiance dans la vie en nous montrant qu'en fin de compte tout est également futile devant les tênèbres finales.
Afficher en entier"Je ne puis guère me rappeler ce que Conrad me dit ce jour-là ni ce que je lui est dit. Tout ce que je sais est que, pendant une heure, nous marchâmes de long en large comme deux jeunes amoureux, encore nerveux, encore intimidés, mais je savais en quelque sorte que ce n'était là qu'un commencement et que, dès lors, ma vie ne serait plus morne et vide, mais pleine d'espoir et de richesse pour tous deux.
Quand je le quittai enfin, je courus sur tout le chemin du retour. Je riais, je parlais tout seul, j'avais envie de crier, de chanter, et je trouvais très difficile de ne pas dire à mes parents combien j'étais heureux, que toute ma vie avait changé et que je n'étais plus un mendiant, mais riche comme Crésus. Mais parents étaient, grâce à Dieu, trop absorbés pour observer le changement qui s'était fait en moi. Ils étaient habitués à mes expressions maussades et ennuyées, à mes réponses évasives et à mes silences prolongés, qu'ils attribuaient aux troubles de la croissance et à la mystérieuse transition de l'adolescence à l'âge viril. De temps à autre, ma mère avait essayé de pénétrer mes défenses et tenté une ou deux fois de me caresser les cheveux, mais elle y avait depuis longtemps renoncé, découragée par mon obstination et mon manque de réceptivité.
Mais, plus tard, une réaction se produisit. Je dormis mal parce que j'appréhendais le lendemain matin. Peut-être m'avait-il déjà oublié ou regrettait-il sa reddition? Peut-être avais-je commis une erreur en lui laissant voir à quel point j'avais besoin de son amitié? aurais-je dû me montrer plus prudent, plus réservé? Peut-être avait-il parlé de moi à ses parents et lui avaient-ils conseillé de ne pas se lier d'amitié avec un Juif? Je continuai à me torturer ainsi jusqu'au moment où je tombai enfin dans un sommeil agité."
Afficher en entierTous deux savions que les choses ne seraient jamais plus comme avant et que c’était le commencement de la fin de notre amitié et de notre enfance.
Afficher en entier"I tell you, nobody shall humiliate me, no king, no prince, and no count."
Afficher en entierEt nous parlions des filles. Par comparaison avec l'état d'esprit de l'adolescence à notre époque, nos conceptions à cet égard étaient d'une incroyable naïveté. Pour nous, les filles étaient des êtres supérieurs d'une pureté fabuleuse qu'il ne fallait approcher que comme le faisaient les troubadours, avec une ferveur chevaleresque et une adoration distante.
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