L'Anniversaire du monde

Si je me marie - par amour, par désir de stabilité, pour avoir des enfants -, j'épouse trois personnes. Je suis un homme du Matin ; j'épouse une femme du Soir et un homme du Soir, et avec ces deux-là, j'ai des relations sexuelles ; et j'épouse une femme du Matin, avec qui je n'ai pas de relations sexuelles. Elle a des relations sexuelles avec l'homme du Soir et la femme du Soir. Ce mariage à quatre s'appelle un sedoretu.

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La complexité du sedoretu est tellement évidente que je suis toujours surpris quand un hors-mondien ne discerne, dans ce faisceau de relations multiples, que celle qui est interdite, illicite. « Comment peux-tu être marié avec trois personnes et ne jamais faire l'amour avec l'une d'elles ? », demandent-ils ?

Cette question me met mal à l'aise ; elle tend à supposer que la sexualité est une force si puissante qu'elle ne peut être contenue dans une autre sorte de relation, ou être modelée par elle. La plupart des sociétés attendent d'un père et d'une mère, ou d'un frère et d'une soeur, qu'ils aient une relation familiale non sexuelle, bien que je croie comprendre que dans certaines de ces sociétés, le tabou de l'inceste est souvent violé par des gens qui s'autorisent à s'en affranchir de par leur âge et leur sexe. Il est évident que de telles sociétés considèrent que les êtres humains sont divisés en deux catégories, la division fondamentale reposant sur le pouvoir dominant. Pour nous, la division fondamentale est la moietié [la séparation Matin-Soir]; le sexe est important, certes, mais c'est une différence secondaire ; et dans la quête du pouvoir, personne ne part d'une position de privilège inné. Il est certain que cela nous conduit à voir les choses différemment.