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Commentaires de livres faits par lara-emilie

Extraits de livres par lara-emilie

Commentaires de livres appréciés par lara-emilie

Extraits de livres appréciés par lara-emilie

date : 20-10-2014

Noël. Un jour joyeux et traditionnel. Pourtant, ce matin-là, lorsque Holly se lève, rien ne se déroule comme prévu : elle a dormi trop tard et dehors le blizzard s’est installé, empêchant tout déplacement. Seule avec sa fille Tatiana, Holly essaie de comprendre ce sentiment étrange qui lui dit que rien ne sera plus comme avant, mais sans y parvenir. Ce dont elle est certaine, toutefois, c’est que « quelque chose les a suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Dès les premières pages, l’atmosphère est étrange : lourde, inquiétante, comme si quelque chose n’allait pas. Impossible toutefois pour le lecteur de comprendre la raison de ce malaise qui s’installe peu à peu pour ne plus le quitter. Peut-être est-ce le blizzard qui retient Holly et Tatiana à l’intérieur et empêche les invités de venir célébrer Noël avec elles ? Peut-être est-ce le comportement étrange de Tatiana face à sa mère ? Ou encore, ce « quelque chose » qui les a suivi depuis la Russie jusque chez eux ?
Depuis le réveil de Holly, rien ne semble habituel ; à bout de nerfs sans réellement savoir pourquoi, celle-ci essaie toutefois de passer une journée de Noël aussi normale que possible. Laura Kasischke joue avec talent sur les émotions et les impressions ; le lecteur saisit immédiatement que quelque chose ne va pas, mais il lui sera impossible de mettre le doigt dessus jusqu’à la dernière page et ce, malgré les indices qui lui sont dévoilés au fil des pages.
Petit à petit, nous apprenons à connaître Holly et, à travers ses yeux, les autres personnages qui ont joué un rôle dans sa vie. Nous découvrons son triste passé et le moment où, treize ans auparavant, tout a changé avec l’adoption de Tatiana. Pourtant, à travers ces petits flashbacks qui se mêlent au présent, la Russie semble des plus menaçantes. L’organisation des scènes, avec cette alternance entre le passé lointain, le passé proche et le présent, garantit le suspense et soulève de nombreuses interrogations. Le mystère a-t-il un lien avec la Russie et l’adoption de Tatiana ? Comment expliquer les coups de téléphone anonymes et le comportement bizarre des personnages ? Holly est-elle devenue folle ? Ou Tatiana ?
Esprit d’hiver est un très bon thriller psychologique, un huis-clos à l’atmosphère pesante qui dresse le portrait d’une femme hantée par son passé et par ses expériences. Bien qu’on soit aux États-Unis, plusieurs incursions en Russie donnent à l’histoire un côté encore plus inquiétant, renforcé par le froid et la neige qui tombent. Un roman qu’il sera difficile de lâcher avant la dernière page... et même après, il ne nous a pas encore lâché !
Je remercie le Livre de Poche de m’avoir choisie pour la sélection blogueurs d’octobre 2014 et de proposer à chaque fois une sélection si variée : j’ai découvert un auteur de talent et un thriller glaçant !
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Carrickfergus, 1981. Un homme est retrouvé mort dans sa voiture, une main coupée. Quelques jours après, un second meurtre survient, laissant penser à un tueur en série prenant pour cible des homosexuels. Le sergent Sean Duffy, policier catholique en milieu protestant, est chargé de l’enquête, qui se révèle bien plus délicate que prévu… Il faut dire que dans une Irlande du Nord ravagée par la guerre civile, la tension est à son comble.
Adrian McKinty nous propose un roman policier haletant, avec en toile de fond les évènements historiques ayant marqué l’Irlande du Nord. Des politiques de la Dame de fer aux grèves de la faim des opposants au gouvernement, on se représente facilement l’environnement dans lequel se déroule l’enquête, ajoutant de la tension et du danger à l’intrigue. Il est en effet plutôt inhabituel de rencontrer un héros ayant à se demander la plupart du temps s’il a affaire à des personnes catholiques ou protestantes, et forcé de vérifier à chaque sortie s’il n’y a pas une bombe sous sa voiture.
Sean Duffy est un personnage très attachant, dont la psychologie est très développée. Il n’a rien du policier stéréotypé et sa jeunesse ainsi que son manque d’expérience le rendent très intéressant. C’est grâce à lui que nous suivons le fil de l’enquête, rencontrant avec lui des personnages importants, tant du point de vue de l’enquête que du point de vue historique.
L’intrigue en elle-même est bien ficelée, et bien malin serait celui qui arrive à trouver le fin mot de l’histoire avant la dernière page. D’un possible tueur en série aux intrigues du gouvernement, en passant par une disparition inexpliquée, les pistes sont nombreuses et il n’est pas facile de savoir lesquelles valent la peine d’être suivies. Les personnes assassinées étaient-elles des indicateurs exécutés par l’IRA ? ou des homosexuels, illégaux dans ce pays aux fortes traditions anciennes ? ou l’affaire est-elle bien plus compliquée encore ?
À mon sens, le point fort de ce livre est la période et l’environnement particuliers dans lesquels il se déroule. Dans un milieu si imprévisible et difficile à comprendre, les règles habituelles ne s’appliquent pas. Je pense toutefois que quelques connaissances de base de la guerre civile d’Irlande du Nord sont nécessaires pour pouvoir apprécier pleinement la lecture – en raison, notamment, du grand nombre de groupes et de milices, tantôt catholiques, tantôt unionistes, qui peuvent prêter à confusion si on n’en a jamais entendu parler.
Comme il s’agit du premier tome d’une trilogie, le lecteur assiste à la mise en place du contexte historique et des personnages, qui seront sans aucun doute développés par la suite. L’enquête passe, par moments, au second plan, ce qui nous permet d’en apprendre plus sur la vie privée de Sean Duffy et sur les émeutes, les attentats, le racket, les alliances entre les différents groupes et autres évènements prenant place dans le pays..
En conclusion, Adrian McKinty nous live ici un premier tome prometteur à l’ambiance noire et au goût de danger. Dans un pays détruit par la guerre civile, on ne mène pas une enquête de manière habituelle ; il y a bien plus de facteurs à prendre en compte, ce qui fait que le contexte et l’intrigue sont indissociables. À lire pour tous les amateurs de fiction historique et de romans policiers à suspense !
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer en lisant le résumé de la quatrième de couverture, La mesure de la dérive ne se déroule pas au Libéria, mais sur l’île grecque de Santorin, où nous découvrons le quotidien de la jeune Jaqueline… Murée dans la solitude, elle vit – ou plutôt survit – avec les souvenirs de son passé, qui ont marqué à jamais son existence, essayant à tout prix de garder fierté et décence.
Au fil des pages, nous sommes entraînés dans les pensées de Jaqueline, qui tente de survivre comme elle le peut, sans aide, seule. Peu à peu, ses souvenirs se mêlent à la réalité, les réflexions terre-à-terre de sa vie de réfugiée laissent de la place à des scènes touchantes, qui susciteront forcément de la nostalgie, tant pour l’héroïne que pour le lecteur. Et les images reviennent, toujours les mêmes ; des voix surgissent, accompagnant la jeune fille dans ses combats quotidiens… à tel point que l’on se demande si c’est la réalité ou le fruit de son imagination.
Le récit est organisé comme un flot de pensées qu’il est impossible d’arrêter, véritable stream of consciousness qui nous fait découvrir peu à peu l’existence de Jaqueline. Nous découvrons des scènes « d’avant », et des scènes de « maintenant », mais que s’est-il passé entre temps ? Qu’est ce qui a transformé cette jeune fille appartenant à un milieu privilégié en une réfugiée obligée de se cacher des autorités et de dormir en pleine nature, avec à peine de quoi se nourrir ?
Ce roman a été pour moi très dépaysant, non seulement parce qu’il fait allusion à des lieux qui me sont inconnus, mais aussi parce que c’est un genre que je n’ai pas l’habitude de lire. Pour cette raison, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais peur de trouver un roman aux scènes violentes et sanglantes, assorties de trop nombreux détails historiques, mais Alexander Maksik nous offre quelque chose de tout à fait différent : l’histoire d’une seule personne – pas forcément toujours du côté des « bons » – et de ses efforts pour continuer à vivre dans le présent malgré le passé. C’est un livre extrêmement profond qui, même s’il ne contient que peu de passages explicitement violents, nous touchera au plus profond de nous.
Malgré certaines longueurs au début, j’ai passé un très bon moment. Après coup, les quelques passages qui m’ont paru un peu répétitifs dans la première partie prennent leur sens et la structure quelque peu désordonnée illustre parfaitement le flot de pensées qui habitent l’esprit de l’héroïne. Les amateurs d’action et de détails historiques à n’en plus finir s’ennuieront sans doute un peu, mais les autres se laisseront sans aucun doute séduire par cette histoire triste et touchante, qui nous laisse avec une lueur d’espoir.
Je remercie Babelio pour l’organisation des Masses critiques, car je n’aurais sinon probablement pas découvert ce roman, et les éditions Belfond pour leur confiance.
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date : 22-07-2014

La Tamise n’est pas un long fleuve tranquille ; la vie non plus. Sonia vit en pleine ville de Londres, dans la maison de son enfance, les Berges. Vu de l’extérieur, c’est le tableau parfait de la quadragénaire simple, avec une vie réussie ; vu de l’intérieur, c’est beaucoup plus compliqué. Qu’est-ce qui pousse Sonia à retenir le jeune Jez chez elle ? La solitude ? Le besoin d’être aimée et entourée ? La folie pure ? Ou les fantômes du passé qui ne cessent de la hanter ?
Désordre est le premier roman de Penny Hancock, un thriller psychologique prenant qui nous fera vivre le début de l’hiver à Londres, sur les bords de la Tamise. La rivière joue un rôle central dans le livre, présence menaçante pour le lecteur, mais rassurante pour l’héroïne. Elle en devient presque un personnage à part entière, tant elle prédit le danger. On le sent arriver, mais on ne peut l’éviter, car le courant nous porte inexorablement vers le désastre. C’est impossible qu’il en aille autrement, mais on ne peut s’empêcher d’espérer...
Notre protagoniste, Sonia, se livre peu à peu à nous, laissant transparaître une onde de folie que l’on essaie inconsciemment de s’expliquer. Les parties qui lui sont consacrés sont à la première personne, ce qui nous aide à entrer dans le personnage et les fréquents flashbacks, parfaitement intégrés à la trame, nous donnent envie d’en savoir plus. Peu à peu, nous découvrons les drames de la vie de Sonia, dissimulés sous des apparences parfaitement normales. C’est ce qui rend l’histoire aussi prenante : le fait qu’elle soit réaliste, qu’elle puisse se passer sans que personne n’en sache rien.
La perspective varie... Nous découvrons ainsi Helen, la tante de Jez, qui a elle aussi un rôle important à jouer. Nos deux héroïnes sont très différentes, mais toutes deux attachantes à leur manière. L’alternance de points de vue nous donne deux manières de voir les choses : la première, externe, est celle de la police et des personnes qui enquêtent sur la disparition de Jez sans avoir la moindre idée de ce qui lui est arrivé. La deuxième, interne, est celle de Sonia, qui est justement responsable de cette disparition. Ce qui est intéressant, et ajoute sans aucun doute de l’attrait et du suspense au roman, c’est que nous n’avons jamais l’avis de Jez. C’est le personnage autour duquel s’articule toute l’intrigue, mais on ne le découvre qu’à travers les yeux des autres personnages. Un choix curieux, mais indéniablement judicieux de la part de l’auteur.
Penny Hancock crée une atmosphère qui se fait de plus en plus étouffante, de plus en plus menaçante avec des descriptions très imagées. En arrière-plan, le fleuve nous accompagne, parfois calme, parfois déchaîné, au fil des courants et des marées. Le rythme fluctue lui aussi, avec un début plutôt lent pour bien poser le décor, puis une accélération progressive et une montée du suspense qui nous tiendront en haleine jusqu’aux dernières pages.
L’atmosphère est sombre et dérangeante, tout comme Sonia. Et pourtant, il semble impossible de détester l’héroïne tant le sort semble s’acharner contre elle, seule et démunie. Une détresse dissimulée sous les apparences, causée sans nul doute par les drames et désordres de sa vie passée et l’instabilité de son présent. Alors que son acte devrait susciter de la révolte ou du dégoût, c’est un mélange d’émotions contradictoires qu’éprouvera le lecteur, et ce n’est pas la fin ouverte qui résoudra ses états d’esprit.
Désordre est un magnifique premier roman. Très psychologique, il met en scène la folie d’une femme que la vie a usée. Avec ses descriptions imagées et la Tamise en toile de fond, ses protagonistes à la personnalité développée, ses changements de point de vue et sa montée de suspense et de tension, Penny Hancock nous entraîne dans une aventure londonienne haletante qui n’est finalement pas si éloignée de la réalité. Attention la folie nous guette !
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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Alors qu’il est très facile de citer le titre d’un livre se passant pendant la Seconde Guerre mondiale, il est beaucoup moins évident d’en trouver un qui évoque les années qui ont précédé ce conflit ; c’est pourtant le cas de Dans le jardin de la bête, qui nous plonge dans la montée du nazisme à Berlin depuis l’année 1933.
Lorsque William E. Dodd accepte le poste d’ambassadeur américain à Berlin, il est loin de se douter de ce qui l’attend. N’importe qui doit avoir le cœur bien accroché pour accepter une telle mission, mais il n’est de plus pas diplomate ; très vite, lui et sa famille se retrouvent projetés dans la vie politique du pays, cohabitant avec les nazis et les antinazis, dans un milieu de plus en plus hostile et dangereux. Aux États-Unis, on entend bien sûr parler du nazisme, mais Dodd se rendra bien vite compte que la réalité est toute autre.
Erik Larson est journaliste, ce que l’on remarque immédiatement : il s’est extrêmement bien documenté sur la période et sur le sujet et inclut dans ce roman de nombreuses citations et notes historiques très utiles pour les passionnés de cette période. Il en ressort un roman historique très complet, basé sur les notes personnelles des différents personnages que l’on apprend à connaître au fil des pages. Le lecteur découvre peu à peu la vraie nature du régime et vit de l’intérieur plusieurs évènements historiques de grande importance.
Le point fort, c’est sans aucun doute le mélange de points de vue ; l’auteur s’est servi de sources variées, ce qui nous permet d’entrevoir les difficultés de l’époque : impossible de faire confiance à qui que ce soit, impossible de dire ce que l’on pense – que ce soit en Allemagne, bien sûr, ou même à l’étranger – et impossible de ne pas se retrouver, d’une manière ou d’une autre, mêlé à tout cela. Au fil des pages, les personnages évoluent dans un monde de plus en plus dangereux, dans lequel les abus de pouvoir sont monnaie courante. Les nazis, la Gestapo, les SS, les SA, l’armée... il y a de quoi se perdre dans les intrigues...
De manière générale, j’ai eu de la peine à me plonger dans le roman, principalement en raison du grand nombre de notes de bas de page, de citations et d’explications. Il était difficile de suivre le fil, car j’avais l’impression que l’on passait d’un évènement à l’autre sans lien et qu’il y avait un trop grand nombre de digressions. Le style, très documenté, rend également les personnages peu accessibles, ce qui n’aide pas à entrer dans l’histoire.
En reprenant à posteriori mes impressions sur le livre, je dois tout de même admettre que j’ai passé un bon moment et que c’est un livre extrêmement intéressant. Je pense que ma déception est due au fait que ce n’est pas vraiment ce que j’en attendais : en réalité, c’est un roman historique bien plus qu’un thriller... Une fois l’idée acceptée, les pages se sont tournées d’elles-mêmes.
Bien que le début ait été un peu difficile, une fois que l’on s’habitue au style, on a envie de connaître la suite... qui arrive finalement trop vite. Alors que le début est très détaillé, plus on arrive vers la fin, plus les évènements se précipitent et je trouve que ce déséquilibre au niveau du rythme est dommage. Mis à part ces petits détails, c’est un roman passionnant pour tous ceux qui aiment l’histoire, car il donne d’une part un point de vue différent, et traite d’autre part une période qui est finalement peu connue.
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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date : 22-07-2014

Comment Sandra, jeune femme enceinte un peu perdue, aurait-elle pu se douter de ce qui l’attendait sur cette plage tranquille dans les environs d’Alicante ? Comment aurait-elle pu prévoir que les deux rencontres qu’elle fait, alors que la saison touristique touche à sa fin et que la côte se vide peu à peu, allaient changer sa vie à jamais ?
Tout à fait par hasard, Sandra se lie d’amitié avec un couple d’octogénaires norvégiens et ses liens avec eux se resserrent rapidement. Elle en vient à faire partie de leur vie, mais elle fait alors une deuxième rencontre qui va bouleverser la première. Julián, un vieil homme arrivé tout droit d’Argentine, lui dévoile peu à peu l’horrible secret que cache le couple. Tout d’abord bien décidée à ne pas le croire, Sandra voit chaque jour de plus en plus d’indices qui l’obligent à se poser des questions... Et si Julián disait vrai, et qu’elle avait atterri au cœur d’un sombre milieu ? Et s’il était trop tard pour s’échapper ?
Dès les premières pages, le lecteur est entraîné dans l’univers sombre du nazisme ; tout le monde en a entendu parler, tout le monde pense que cela appartient au passé. Et pourtant, il arrive que le passé ressurgisse, de la manière la plus inattendue qui soit. Nous avons d’un côté l’innocence de la jeune Sandra, et de l’autre l’expérience du vieux Julián, qui a tant vécu, ou qui a plutôt survécu. L’auteur alterne les points de vue avec brio, faisant ressortir les contrastes entre les deux protagonistes, entre ce que l’un sait et que l’autre ignore, entre les apparences et la réalité.
La narration est une des grandes forces de ce roman : le lecteur peut, au fil des pages, reconstituer le puzzle grâce aux pièces disséminées dans les l’histoire. Certaines scènes sont racontées par Sandra, puis c’est Julián qui prend le relais (ou inversement), ce qui donne une lumière nouvelle aux évènements. Chaque détail a une explication et tout se met peu à peu en place. L’atmosphère devient de plus en plus lourde et de plus en plus électrique. À mesure que Sandra découvre la vérité la peur gagne le lecteur, qui se fait malgré lui plus attentif, guettant chaque indice, chaque piège potentiel. Nous voici à peine arrivés à la moitié de l’intrigue que l’environnement accueillant et tranquille du début du livre se fait hostile et menaçant. Nous en venons à douter de tout le monde, à nous interroger sur les motivations de chacun des personnages, tout comme Sandra, qui se retrouve projetée dans cette aventure sans qu’elle n’ait rien demandé à personne.
Les deux personnages principaux sont bien sûr Julián et Sandra qui, à tour de rôle, nous racontent les événements. L’avantage, c’est que nous avons ainsi deux points de vue bien différents : celui d’un vieil homme sachant parfaitement ce dont les autres personnages sont capables, et celui d’une jeune femme qui ignore tout du danger qui la guette et se laisse tromper par les apparences, comme la plupart des gens. C’est le fort contraste entre ces deux visions qui amène le lecteur à douter ; est-il vraiment possible que toutes ces personnes âgées, en apparence si serviables et aimables, soient les monstres que Julián décrit ? En toile de fond, Cara Sánchez nous fournit un certain nombre de détails historiques nécessaires à la compréhension de l’intrigue. L’information est très bien dosée et s’intègre parfaitement au déroulement de l’histoire.
À mon sens, Ce que cache ton nom est avant tout un thriller psychologique, mais aussi un roman d’apprentissage contenant une note de romance et incitant à la réflexion ; après les premiers chapitres, l’intrigue passe au second plan pour laisser la place aux personnages, à leurs sentiments et à leurs dilemmes. Faut-il dire la vérité à Sandra ? La protéger ? L’inciter à fuir ? Faut-il faire confiance à Julián et l’aider à mener à bien la mission qu’il s’est donnée ? On trouve de la haine, de l’affection, du respect, de la peur, et même de l’amour. Dans les premières pages, on pense que tout est calculé et qu’il s’agit d’un plan dont chaque détail a été mis au point pour satisfaire un besoin de vengeance qui nous paraît parfaitement compréhensible. Pourtant, de nombreuses surprises attendent non seulement le lecteur, mais aussi les différents personnages, trop sûrs d’eux pour prévoir ce qui les attend.
Ce que cache ton nom est un très bon thriller psychologique qui met en scène une intrigue inquiétante mise en valeur par de nombreuses rencontres auxquelles personne ne s’attend. Les changements de point de vue sont menés d’une main de maître, nous forçant peu à peu à nous défaire de l’innocence qui était nôtre au début du roman. Nous assistons à un combat contre le mal, un mal absolu, inimaginable, et qui pourtant se cache dans la vie quotidienne, sous des apparences tout à fait normales. On en vient à se demander... et si, comme Sandra, nous avions inconsciemment côtoyé de telles personnes ?
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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date : 22-07-2014
L’image qui nous vient bien souvent à l’esprit lorsque l’on évoque la Thaïlande est celle d’une destination touristique paradisiaque aux plages de sable blanc et aux lagons turquoise. Eliot Bellay, un trentenaire français employé en télécommunications ne fait pas exception à la règle : il souhaite y passer ses vacances pour se remettre en forme après une période difficile de sa vie. Pourtant, à peine est-il arrivé à destination que les malheurs s’enchaînent et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Eliot survit à un naufrage et se retrouve sur une plate-forme pétrolière perdue en mer d’Andaman. Avec sept autres survivants, il se voit obligé de se débrouiller dans ce lieu hostile où les événements étranges se succèdent avec une rapidité déconcertante.
Passager vers l’enfer est un premier roman qui fait de l’effet, et on voit que l’auteur sait de quoi il parle. Tout le monde a déjà entendu parler de la Thaïlande, mais on en connaît généralement surtout les clichés. Quelle désillusion de découvrir un côté plutôt sombre de cette société : de la pollution aux problèmes sociaux en passant par l’inefficacité de la police, l’image décrite n’est pas des plus flatteuses. Pourtant, on se sent happé par ce monde si différent du nôtre, dans lequel on survit comme on peut. Loin de se perdre dans les détails, Lionel Camy nous suggère les traits principaux de l’endroit, nous laissant ensuite le soin d’en faire nos propres déductions.
Rapidement, l’univers du roman se retrouve limité à un seul endroit : la plate-forme pétrolière sur laquelle Eliot a échoué avec ses compagnons de fortune. Un lieu restreint, parfait pour un huis-clos... mais qui se révèle finalement bien plus inquiétant qu’on ne pourrait le penser : des bâtiments désaffectés aux salles de production, tout est sinistre et dangereux. On dirait que la plate-forme est hostile et ne veut pas des naufragés... qui doivent, malgré leurs différences de culture, cohabiter pour survivre.
Les personnages, justement, sont un point central de l’intrigue. Pas facile de cohabiter quand on a des habitudes et des intérêts tout à fait différents. L’auteur nous offre un panorama de cultures très diversifié: deux moines thaïs, une océanographe canadienne, un jeune allemand, un footballer albanais, un chef d’entreprise français et un vieil homme japonais et Eliot... qui se retrouvent forcés de cohabiter pour survivre ; la barrière de la langue ne leur facilite pas la tâche. Bien que parfois un peu stéréotypés, les personnages sont intéressants. Certains sont plus développés que d’autres, en fonction des affinités d’Eliot avec eux. Charlène, la scientifique, est un choix particulièrement intéressant car elle permet à l’auteur de donner, de manière fluide et naturelle, des informations utiles sur le milieu dans lequel se déroule l’histoire.
L’intrigue est relativement simple, mais la tension augmente au fil des évènements. Tout paraît s’acharner contre les personnages... si bien qu’on en vient à se demander s’il n’y a pas quelque chose de plus que le manque de chance dont ils ont été victimes au début. Bien que les scènes tragiques s’enchaînent parfois un peu trop rapidement à mon goût pour être tout à fait réalistes, on se laisse entraîner par le mystère.
Ce n’est qu’à la fin qu’une clef nous est livrée... et encore, ce n’est pas une solution absolue, mais plutôt une suggestion qui laisse de nombreux détails inexpliqués. Au lecteur, ensuite, de faire preuve d’imagination pour expliquer le mystère de la plate-forme ! La résolution, mélangeant légendes thaïlandaises, histoires politiques et sociales, donne matière à réfléchir... Et bien qu’il manque quelques contrastes, c’est un premier roman prometteur qui nous emmène en terre inconnue.
Je remercie Pascal Galodé Éditeurs pour la confiance qui m’a été accordée et le forum A&M pour l’organisation de ce partenariat. Passager vers l’enfer est un bon roman qui m’a fait passer un moment très agréable... et qui pourrait même donner des cauchemars !
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Décollage pour le Nigéria, où Aurélien Molas nous plonge dans une intrigue palpitante avec, en toile de fond, les sombres évènements politiques qui ont marqué le pays entre 2003 et 2010. Lorsqu’une équipe de Médecins sans frontières procède à une mission dans un orphelinat isolé, ses membres se rendent bien vite compte qu’on leur cache quelque chose, mais ils n’ont pas le temps de s’interroger car le bâtiment est soudain attaqué : commence alors un combat sans merci qui s’articule autour d’une enfant mystérieuse, la petite Naïs, que tout le monde s’arrache.
Tel un journaliste, l’auteur nous dépeint un paysage noir, un lieu de désolation et de corruption où les intérêts liés au pétrole déterminent tout. Les premiers chapitres posent le cadre du roman, que ce soit son atmosphère pesante, ses personnages fouillés ou le contexte géopolitique. Le point de vue change et le récit se mêle aux extraits de journaux, donnant un rythme de plus en plus soutenu à l’histoire.
Les personnages sont nombreux, mais ont tous une personnalité bien développée ; certains sont attachants, d’autres repoussants, mais il est impossible de rester indifférent. Et, bien entendu, la petite Naïs ne cesse d’intriguer. Pourquoi le gouvernement et les révolutionnaires veulent-ils à tout prix mettre la main sur elle ? On aimerait bien le découvrir, tout comme les médecins qui se sont donné pour mission de la protéger.
Les personnages principaux – Benjamin, Megan et Jacques – sont une des originalités qui font la force de ce livre. Ce ne sont pas des policiers, ni des détectives ou des journalistes, mais des médecins avec différentes motivations, partis sur un autre continent pour réaliser une mission humanitaire. Malgré leur dévouement et leur désir d’aider la population victime de malnutrition et de diverses maladies dues aux conditions de vie du pays, ils se retrouvent confrontés à une violence qu’ils étaient loin d’imaginer. Les meurtres et la corruption sont monnaie courante pour parvenir à ses fins, et personne n’est à l’abri. Au fil des pages, le lecteur découvrira une dure réalité et ressentira la même peur que les personnages.
L’intrigue est menée de manière admirable et le rythme est un parfait équilibre entre les scènes de suspense, les informations factuelles nécessaires à notre compréhension et les éléments biographiques des différents personnages. Le tout s’enchaîne naturellement, et on remarquera sans peine la qualité des recherches menées par l’auteur, qui mêle des faits historiques réels à la fiction.
L’écriture est très évocatrice et nous entraîne sur les traces des médecins, bien décidés à rendre le monde meilleur, ou au moins à ne pas laisser le mal régner. Seul petit détail que je critiquerais : le résumé de la quatrième de couverture, qui en dit trop sur les protagonistes à mon goût. Le suspense nous accompagne néanmoins tout au long de l’histoire ; nous voulons tout d’abord découvrir le secret de Naïs, puis savoir comment ce combat sans merci entre les révolutionnaires, le gouvernement et les médecins va se passer.
À mi-chemin entre un thriller psychologique, un roman géopolitique et une aventure haletante dans un pays inconnu, Les fantômes du Delta est un chef d’œuvre qu’il est impossible de lâcher avant la dernière page. La réalité à laquelle nous sommes confrontés est sombre et triste, mais on ne peut s’empêcher, aux côtés des Médecins sans frontières, de continuer à espérer. Et si, malgré le gouvernement corrompu, les multinationales qui ne pensent qu’au pétrole et les révolutionnaires désespéré, il y avait une solution pour que l’histoire se termine bien ?
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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date : 21-06-2014

Un vent de cendres est un roman qui procure des sensations fortes. Après un avis quelque peu mitigé sur le premier roman de Sandrine Collette, me voici obligée de réviser mon jugement ; peut-être est-ce dû au cadre dans lequel se déroule l’intrigue, peut-être aux personnages, au encore au final fracassant. Toujours est-il que ce deuxième roman m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page et que je ne suis pas prête d’oublier les surprises qui m’ont été réservées lors de ma lecture.
Tout commence lorsque Malo et sa sœur Camille arrivent en Champagne pour participer aux vendanges. Le domaine sur lequel ils travaillent appartient à deux hommes étranges et inquiétants, Octave et Andreas, qui ont été brisés par un accident survenu des années auparavant. S’installe une relation étrange entre Octave et Camille, relation qui ne plaît pas du tout à Malo et qui suscite les moqueries de leurs compagnons de travail. Au fil des jours, l’ambiance se fait plus tendue... et l’inévitable finit par se produire. Est-il encore temps d’échapper au piège qui se referme lentement ?
Les protagonistes de ce roman sont sans conteste une de ses grandes forces. Tous sont bien développés et attachants, ou intrigants : Camille et Malo, bien entendu, mais surtout Octave, cet homme défiguré qui ne sait plus vivre en compagnie des autres. Il y a aussi la présence de Laure, tel un spectre venu hanter les lieux et l’esprit des personnages. Des liens se font et se défont entre ces derniers, laissant présager une fin qui ne sera pas forcément heureuse.
Sandrine Collette prépare bien le terrain : dans les premières pages, nous découvrons l’univers des vendanges : il nous paraissait accueillant au premier abord, mais se révèle bien vite oppressant. Petit à petit, le domaine se fait plus hostile, imperceptiblement, et des indices nous indiquent que quelque chose de dangereux menace les protagonistes. Bien que réparties en neuf jours, les différentes parties du livre sont assez inégales, tant du point de vue de l’action que de l’information transmise.
Quiconque aura lu la quatrième de couverture saura à quoi s’attendre et j’ai trouvé dommage qu’autant de détails concernant le déroulement de l’histoire aient été dévoilés. Nous connaissons donc déjà une bonne partie de l’intrigue, car la mise en place est plutôt lente, et je pense que certains lecteurs reprocheront à l’auteur quelques longueurs dans la partie centrale. Cependant, elles me paraissent nécessaires pour que l’atmosphère soit « juste » et puisse à ce point jouer avec nos peurs.
Vous l’aurez compris, le suspense n’est pas au centre du roman. Cette impression est peut-être due au trop grand nombre de détails dans le résumé et j’ai eu l’impression – sans vouloir gâcher le suspense – de souvent deviner les évènements avant qu’ils ne se produisent... Et pourtant ! La fin surprendra sans aucun doute la plupart des lecteurs. Bien malin serait celui capable de soupçonner l’horreur de cette affaire. Même plusieurs minutes après avoir refermé le livre, j’ai eu du mal à digérer. Le contraste avec le début est flagrant, et il suffit de quelques lignes pour que les pièces du puzzle s’emboîtent.
Des nœuds d’acier m’avait dérangé pour sa violence, une violence crue qui se retrouve dans Un vent de cendres, mais de manière beaucoup plus subtile, implicite, presque. Il n’y a pas beaucoup de scènes de violence, pourtant, on se sent oppressé dès l’arrivée de Malo et Camille au domaine. Je dirais sans hésiter que ce deuxième roman m’a plus marquée, plus entraînée que le premier... peut-être parce que c’est moins le mal qui se cache dans le quotidien, mais plutôt une série de malheurs qui conduit à une véritable stratégie. Cela rend la psychologie des personnages d’autant plus intéressante que l’on a l’impression de pouvoir les comprendre. Et même si on voudrait en détester certains, on n’y parvient pas.
Un vent de cendres est un très bon roman, tant du point de vue de l’intrigue que de l’écriture. Sandrine Collette fait montre de son talent pour créer une atmosphère réussie, des descriptions vivantes – surtout celles des courses-poursuites – et une intrigue terrifiant. Je recommande ce livre à tous les amateurs du thriller psychologique ainsi qu’à ceux qui apprécient des bons romans policiers, sachant toutefois qu’ils pourraient y trouver quelques longueurs.
Je termine en remerciant Babelio pour l’organisation des Masses Critiques, et les Éditions Denoël pour leur confiance. Un merci particulier à l’auteur également, qui m’a fait vivre des émotions fortes avec ce roman. Vivement le prochain !
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date : 21-06-2014

Citrus County, Floride : une petite ville sale et perdue ; des habitants en quête de leur identité, arrivés là par un malencontreux hasard. Dès les premières pages, nous découvrons cet endroit sombre, qui semble coupé du reste du monde. Une atmosphère lugubre y règne et il n’est pas difficile de comprendre la dépression qui habite les personnages.
Tout d’abord, il y a M. Hibma, le professeur qui n’aime pas son métier et qui est tout le contraire du bon exemple à donner aux élèves. Dans sa classe, Toby, petit délinquant vivant avec son oncle dérangé, dépressif et asocial, collectionne les heures de colle, alors que la petite nouvelle, Shelby, est bien trop intelligente pour se trouver là.
Au gré de leurs humeurs, les personnages tissent des liens, puis les défont. Dans un tel milieu, il n’est pas facile de trouver de la motivation, surtout lorsque les adultes sont aussi perdus que les adolescents et les enfants. Certains ont des rêves, la plupart se contente de survivre... en espérant que quelque chose va changer à jamais leur vie monotone. Et quand ils décident de forcer la main au destin, les choses ne peuvent que mal tourner.
J’ai été très surprise par ce roman, car il ne ressemble à rien de ce que j’ai lu auparavant. Il y a bien un peu de mystère et de tension, mais je ne l’aurais personnellement pas qualifié de « polar », et encore moins de « thriller ». Les personnages et leur environnement en sont l’intérêt principal, parfaitement indissociables l’un de l’autre. Nous suivons les actions de Toby et de M. Hibma – qui ne sont pas toujours honorables, il faut l’admettre – et tentons de comprendre comment ils ont pu en arriver là.
Leur évolution et leurs relations sont bien décrites, mais j’ai toutefois eu un peu de mal à comprendre leurs motivations. Certaines scènes m’ont paru un peu surréalistes, impression qui a peut-être été renforcée par le ton pessimiste et cynique de l’auteur. Citrus County est un no man’s land où aucun espoir n’est possible... quoiqu’on ne puisse s’empêcher d’espérer. Malgré un certain manque de compréhension des personnages, je me suis d’une manière ou d’une autre attachée à eux et même si je ne me suis jamais dit que ce livre était extraordinaire, je ne peux pas nier que je l’ai beaucoup apprécié.
Citrus County est, à mon sens, plus un roman sociologique qu’un véritable polar ; je dirais même qu’il s’agit d’un roman sociologique noir, dans lequel nous voyons les personnages se débattre, impuissants, dans un environnement oppressant et lugubre. Bien que ne comportant que peu de suspense, on se laisse facilement entraîner par les aventures quotidiennes des protagonistes. Et la question transparaît dans chaque scène, dans chaque dialogue : basculeront-ils du côté du mal, ou du côté du bien ? Et dans un lieu comme Citrus County, cette distinction existe-t-elle vraiment ?
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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Henri Lœvenbruck met en scène un univers médiéval fantastique pour sa trilogie Gallica. Dans le premier tome, nous faisons la connaissance de Bohem, un jeune garçon différent des autres, qui se voit forcé de fuir lorsque les habitants de son village sont massacrés par de mystérieux et violents guerriers. Très vite, il remarque qu’il était la cible de cette attaque, et que d’autres personnes le recherchent dans tout le royaume, sans qu’il ne sache pourquoi. Il se doute pourtant que cela a un rapport avec la nuit de la Saint-Jean quatre ans plus tôt, durant laquelle il a sauvé un loup du bûcher. Bohem essaie alors de comprendre qui il est en échappant à ceux qui veulent sa peau. Fort heureusement, entre les Compagnons, Vivienne et Mjolln et les Brumes, il n’est pas seul.
Le louvetier se passe à Gallica, un État ressemblant fort à la France médiévale. L’auteur mélange quelques détails historiques, beaucoup de légendes et une dose de fantasy pour nous entraîner sur les traces de Bohem. Plus que l’histoire elle-même, ce sont les mystérieuses Brumes qui m’ont attirée et donné envie de lire ce roman.
L’histoire en elle-même est intéressante, mais un peu trop simple à mon goût. Elle contient à mes yeux trop de stéréotypes et les personnages sont quelque peu superficiels. On peut deviner ce qu’il adviendra de leurs relations très rapidement, et prévoir leurs sentiments et réactions. En ce qui concerne l’intrique, je l’ai aussi trouvée assez prévisible et manquant de suspense à plusieurs reprises. Bohem fait d’importantes rencontres mais, finalement, il passe la plupart de son temps à fuir pour échapper à ses nombreux assaillants. On sent dès le début qu’il n’est pas ordinaire, et on attend avec impatience la révélation qui nous expliquera qui il est, mais cela vient bien trop rapidement : en trois pages, c’est terminé. Difficile à accepter pour Bohem, peut-être, mais plus encore pour le lecteur avide de surprises et de suspense.
Malgré ces quelques points négatifs, je n’ai jamais été tentée d’abandonner le roman. Les descriptions de Gallica m’ont enchantée, tout comme l’univers – trop brièvement – évoqué des Compagnons et des troubadours… et, bien sûr, les Brumes. Malgré un certain manque de suspense, on se demande toujours ce qui va arriver et Henri Lœvenbruck sème suffisamment d’allusions à la suite pour nous encourager à rester plongés dans l’univers fantastique du roman.
Comme dans les grandes œuvres de fantasy, on trouve ce mélange de légendes et de réalité, cette quête du héros qui est différent des autres et ce combat entre la religion et la science, ou, dans notre cas, plutôt le progrès. Au fil de la fuite de Bohem, nous découvrons les différents royaumes de Gallica, ainsi que les protagonistes qui y sont rattachés. Et comment ne pas s’attacher à ce jeune héros innocent, malgré ses sentiments grossièrement décrits et ses actions quelque peu stéréotypées ? Et comment ne pas vouloir découvrir qui est l’inquiétant Sauvage, que rencontre notre protégé lors de ses visites dans le monde de Djar ?
Le Louvetier est un bon moment de lecture, malgré quelques déceptions. Il ne faut toutefois pas oublier que c’est un roman jeunesse, qui satisfera sûrement l’audience à laquelle il est destiné. Henri Lœvenbruck nous présente une Gallica pleine de conflits et de légendes, des personnages attachants et une histoire bien trouvée dont le lecteur aura envie de connaître la suite. Heureusement, c’est chose possible puisque deux tomes suivent celui-ci.
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Avec Derniers Adieux, Lisa Gardner nous offre un roman haletant et bien documenté, qui m’a tout d’abord fait penser à une série américaine de par sa construction et l’entrée en matière de l’auteur. Lorsqu’elle est contactée par une prostituée qui prétend détenir des informations sur de mystérieuses disparitions, Kimberly ne sait pas si elle doit la croire ; les victimes n’ont jamais été portées disparues et aucune preuve n’atteste que l’histoire terrifiante racontée par la jeune fille soit vraie. Pourtant, alors qu’elle commence à enquêter aidée d’autres collègues, Kimberly va bien vite se rendre compte que l’affaire est bien plus sombre qu’on pourrait le penser… et qu’il faut agir vite pour empêcher l’horreur de continuer.
Les scènes s’enchaînent de manière rapide ; on n’a pas le temps de s’ennuyer une seule seconde alors que nous découvrons les nombreux protagonistes qui joueront un rôle dans l’intrigue. Bien que l’enquête du FBI soit centrale, nous avons aussi un aperçu de la vie privée des personnages : Kimberly, agent spécial enceinte ; Mac, son mari, enquêteur expérimenté ; Sal, un de ses collègues… Je dois avouer que les premières pages ne m’ont pas convaincues car tous me paraissaient plutôt stéréotypés : les enquêteurs modèles ne vivant que pour leur travail ; les familles des agents, victimes de criminels ; la vie familiale de Kimberly, impossible à concilier avec son travail… Et pourtant, j’en suis rapidement arrivée à me prendre d’affection pour les personnages et à vivre l’enquête à leur côté.
Lisa Gardner multiplie les points de vue, ce qui ajoute une grande profondeur au roman tout en garantissant le suspense. Plusieurs histoires commencent, entre lesquelles il est parfois difficile de faire le lien – au départ du moins. Au fil des pages, le lecteur pourra faire ses propres hypothèses sur l’intérêt de ces scènes et avoir une bonne idée de la psychologie des différents personnages, qu’ils fassent partie des « méchants » ou des « gentils ».
Contrairement à de nombreux romans policiers, on ne part pas d’un cadavre pour trouver le coupable, mais plutôt du coupable – ou, dans ce cas, du suspect – pour trouver les victimes. J’ai aimé que l’ordre des choses soit quelque peu inversé et que, petit à petit, on nous introduise cet univers terrifiant, empli de folie et de cruauté.
Les araignées ont un rôle important dans l’histoire, et on remarque à quel point Lisa Gardner s’est documentée sur le sujet. Sans être particulièrement attirée par ces animaux, j’ai trouvé ces passages très intéressants et fascinants… même si ce n’est pas une lecture que je recommanderais forcément à une personne arachnophobe.
La tension augmente au fil des pages, à mesure que le danger qui plane sur Kimberly se rapproche. La cruauté se fait plus fréquente aussi, et certaines scènes sont plutôt violentes, surtout à la fin. En ce qui concerne le style de l’auteur, il est assez difficile de juger puisqu’il s’agit d’une traduction. Si j’ai trouvé le ton adapté au rythme et aux évènements décrits, j’ai repéré quelques maladresses qui rendent la lecture un peu difficile à quelques reprises.
En conclusion, Derniers adieux est un roman policier très réussi, qui confirme le talent de Lisa Gardner. Une fois les premiers clichés dépassés, on découvrira une intrigue originale qui nous tiendra en haleine jusqu’aux dernières pages, mêlant enquête et scènes plus personnelles. La variation de point de vue est un grand avantage de l’écriture, car il devient plus difficile de classer les personnages dans le camp des bons ou des mauvais. C’est un roman policier que je recommande aux amateurs du genre, sauf peut-être aux personnes un peu sensibles et aux arachnophobes… quoique, peut-être découvriront-elles une autre facette de ces petites bêtes qui nous font si facilement peur…
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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date : 05-02-2014

Avec son premier roman, Sandrine Collette nous entraîne dans un univers glaçant et angoissant, dans lequel tout espoir de s’échapper est vain. Théo, la quarantaine, vient de sortir de prison. Endurci par cette difficile expérience, il est prêt à recommencer sa vie, mais le tout tourne au cauchemar lorsqu’il se retrouve piégé par deux vieillards qui font de lui leur esclave. Seul, traité comme un chien, il tente de survivre, sans se douter que son calvaire est loin d’être terminé et que l’avenir lui réserve des épreuves bien pires encore que ce qu’il a pu endurer jusque-là.
L’intrigue est simple, le style d’écriture aussi. Le roman commence par une petite introduction qui situe le contexte et donne d’emblée le ton sombre qui prédominera au fil des pages ; on comprend immédiatement que l’on n’aura pas affaire à une « happy end », mais ce qui suit est bien plus choquant que ce à quoi on peut s’attendre.
Tout commence pourtant relativement bien pour Théo, qui est enfin relâché de prison. Le récit à la première personne nous permet de partager son ressenti par rapport à cette période de sa vie et les évènements qui l’ont conduit en « zonzon », et d’apprendre à le connaître. La première impression de ce personnage n’est pas des plus favorables, je dois l’admettre, mais la suite nous fera éprouver – bien malgré nous – une pitié certaine pour cet homme réduit au statut de chien, et on en viendra même à s’identifier à lui.
Le moment décisif de la capture de Théo marque une rupture très forte avec les scènes calmes et tranquilles qui précèdent directement. On en venait à croire qu’il s’en sortirait, qu’il recommencerait une nouvelle vie, meilleure et, soudain, tout s’effondre. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le voilà plongé dans un univers oppressant, d’une cruauté extrême.
Au début, l’espoir subsiste, pour nous comme pour lui. Il s’en sortira, il réussira à s’échapper. Pourtant, rapidement, la violence se fait plus forte, l’ambiance plus inquiétante, les vieux plus fous. Et nous en venons à nous résigner avec lui.
Le langage est simple, cru même, et reflète l’ambiance de la vieille ferme où les conversations sont presque inexistantes. La solitude, la douleur et le silence sont devenus les compagnons de Théo, dont l’espoir de s’échapper se fait de plus en plus rare. L’espace accordé à l’intrigue est très réduit ; on passe de la cave au potager, de la remise à la forêt qui entoure directement la vieille ferme, pour retourner ensuite à la cave. Le nombre de personnages est lui aussi très restreint, ce qui donne une impression d’intense oppression. Tout comme Théo, nous comprenons qu’il n’y a pas d’issue.
Des nœuds d’acier est un thriller psychologique où toute la violence du huis clos se fait ressentir. Pas besoin de descriptions détaillées ; la suggestion de ce qui arrive au héros est suffisante pour nous glacer le sang. C’est un roman que je recommande aux amateurs du genre qui ne sont pas trop sensibles, car il est tout simplement impossible de ne pas être touché par la cruauté qui se cache dans un endroit tout à fait inattendu. Une intrigue simple, mais extrêmement bien mise en scène !
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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date : 03-02-2014

Miséricorde est le premier roman des enquêtes du département V, la très prometteuse série nordique de Jussi Adler-Olsen. Dans ce premier volume, nous faisons la connaissance de l’inspecteur Carl et de son nouvel associé, le syrien Assad. En raison de la création d’un nouveau département qui s’occupe d’anciennes affaires jamais résolues, ils se penchent sur la disparition de la politicienne Merete Lyyngaard, survenue cinq ans plus tôt.
Comme on peut s’y attendre, une enquête jamais résolue n’est pas des plus faciles à résoudre et le rythme est par conséquent parfois un peu lent ; il est toutefois agréable d’avoir le temps de faire connaissance avec les personnages et de s’intéresser à une victime qui n’est pas – forcément – morte. Carl reprend point par point l’enquête qui avait été effectuée et s’intéresse aux pistes alors négligées. Peu à peu, nous prenons connaissances des faits et des résultats de l’enquête et, en alternance, nous avons des chapitres consacrés à Merete. En parallèle, nous rencontrons aussi brièvement les collègues de Carl, qui travaillent sur une affaire qui l’a profondément marqué… et qui est loin d’être résolue.
Les scènes décrites du point de vue de Merete sont généralement très crues et violentes, mais elles nous donnent un aperçu des personnages et de leur caractère, ce qui est une des grandes forces de ce livre. Leur personnalité est très bien développée et on s’y attache rapidement, que ce soit à Carl, l’enquêteur bourru, à Assad, l’assistant exotique ou à Merete, qui est passée de politicienne renommée dans tout le pays à captive tout à fait dépendante de ses ravisseurs. Loin des stéréotypes, Jussi Adler-Olsen nous propose des personnages intéressants qui apportent une profondeur certaine à l’enquête.
La construction de l’intrigue elle-même est très bien pensée, et j’ai apprécié le grand nombre de détails qui sont fournis pour que nous puissions formuler notre propre hypothèse – bien que certains lecteurs puissent sans doute critiquer la description trop précise de chaque démarche ; j’ai trouvé que cela nous évitait de confondre les noms et les évènements et de suivre l’enquête de manière efficace. J’ai toutefois été un peu déçue de trouver aussi facilement ce qui s’était passé – pas tout, bien entendu, mais les grandes lignes de l’histoire.
Miséricorde a reçu plusieurs prix littéraires qui sont à mes yeux tout à fait mérités. L’écriture est agréable, les personnages très intéressants et l’intrigue bien menée. C’est une enquête quelque peu originale, qui change des polars (nordiques ou pas) classiques et qui combine suspense et indices nous permettant de prendre part à l’enquête. Ce qui est sûr, c’est que la suite de la série a immédiatement rejoint ma pile à lire !
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Dans le pays de Bandigara, les crocodiles sont sacrés. Aussi, ce n’est pas une surprise qu’une malédiction s’abatte sur la région après qu’un chasseur a tué un de ces animaux, par cupidité, par vengeance ou par bêtise. La terre n’offre plus assez de ressources, les villageois sont touchés par la faim et la maladie et les enfants deviennent intenables. Les seuls à pouvoir améliorer la situation sont le vieux sorcier Youbou, réfugié dans une grotte, et la jeune Aïssatou, chassée de son propre camp.
Avec Si un cobra vous regarde dans les yeux, Joël Vernet nous fait découvrir un pays mystérieux qui paraît à la fois hostile et séduisant, et des personnages frappés par le sort, mais pourtant si courageux. Le récit est teinté de couleurs locales, que ce soient des descriptions ou des mots spécifiques en rapport avec la culture, qui sont explicités dans un glossaire à la fin de l’ouvrage. L’aperçu que nous avons du pays de Bandigara évolue au fil des pages, mais il en ressort une impression générale de rudesse qui contraste avec le caractère de la plupart des personnages.
L’histoire principale met en scène Aïssatou et Youbou, mais comprend également de nombreux autres contes secondaires racontés par ces deux personnages. Nous découvrons ainsi des légendes africaines et la vie quotidienne des habitants, si différente de la nôtre. Une touche de fantaisie s’ajoute à cela pour faire rêver les lecteurs, petits et grands.
L’histoire en elle-même est intéressante et nous entraîne à la découverte du pays, de ses traditions et de ses légendes. Aux côtés d’Aïssatou, nous découvrirons pourquoi la malédiction s’est abattue sur le village et Youbou nous expliquera comment la lever. L’arrivée des autres contes dans la trame principale m’a, à quelques reprises, paru quelque peu artificielle, mais chacun d’entre eux est très réussi et apporte une pièce à l’ensemble du livre.
L’écriture fluide, simple et élégante est adaptée à tout public. De même, chaque histoire peut être prise à plusieurs niveaux, ce qui intéressera donc non seulement les jeunes lecteurs, mais également des personnes plus matures désireuses de découvrir un univers qui est loin de nous être familier.
Au fil des pages, un certain nombre de dessins illustrent le texte, ce qui est toujours agréable dans ce type de livre. C’est un moyen de nous mettre dans l’ambiance, tout en nous laissant une part suffisante d’imagination.
Je remercie Babelio pour l’organisation d’une nouvelle édition des masses critiques et Tertium éditions pour leur confiance. Un conte atypique pour petits et grands qui nous fera découvrir un univers si différent du nôtre !
Je remercie Babelio pour l'organisation des masses critiques, sans lesquelles je n'aurais probablement pas découvert ce livre.
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date : 02-02-2014

Un avion sans elle est mon premier coup de cœur de l’année… et pas des moindres. C’est un roman policier extraordinaire qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page ; j’ai tout simplement été incapable de le lâcher avant de connaître le fin mot de l’histoire.
C’est le résumé de la quatrième de couverture qui m’avait d’abord attirée, il y a plusieurs mois de cela. Lors d’une tempête qui secoua le Jura dans la nuit du 23 décembre 1980, un avion s’écrase, ne laissant pour rescapé qu’un bébé de trois mois. Deux familles se disputent la miraculée, celle que les médias ont surnommé « Libellule », et les doutes subsistent, même après la décision du juge. Durant les dix-huit ans qui suivent le drame, le détective privé Crédule Grand-Duc enquête sur l’affaire, ne négligeant aucune piste, pour essayer de découvrir qui est véritablement Emilie Vitral.
Une histoire de famille – ou plutôt, de familles – une catastrophe, des secrets enfouis dans le passé et un détective privé déterminé à éclaircir le mystère : tous les ingrédients étaient réunis pour un bon polar, qui s’est finalement révélé être bien plus que cela. L’intrigue est très bien pensée, le rythme parfait pour conserver le suspense et les personnages intéressants, bien qu’un peu stéréotypés dans certains passages. Les relations qu’entretiennent les deux familles, avec Crédule Grand-Duc en intermédiaire, ajoutent une profondeur rare à l’intrigue, ce qui est extrêmement agréable pour un roman de ce genre.
Si l’intrigue elle-même peut paraître simple au premier abord, il ne faut pas oublier le contexte… et l’année où la catastrophe s’est produite. En effet, en 1980, les méthodes scientifiques n’étaient pas aussi avancées qu’aujourd’hui. Difficile d’imaginer résoudre un tel mystère sans l’ADN et les tests de paternités… et pourtant, la justice devait alors utiliser d’autres moyens pour parvenir à leur décision.
Les voix se mêlent pour nous conter l’enfance de Lylie, depuis le drame jusqu’à ses dix-huit ans. Les souvenirs de Marc Vitral, celui que la justice a désigné comme son frère, apparaissent en alternance avec le compte-rendu détaillé des années d’enquêtes que Grand-Duc a passées à rechercher la vérité. Le point de vue de plusieurs autres personnages nous est également brièvement offert ; qu’il s’agisse de Nicole Vitral, de Malvina, de Mathilde de Carville ou de Lylie elle-même, les différentes perceptions évitent que nous tombions dans le piège des gentils et des méchants. Chacun nous donne sa manière de voir les choses, son avis personnelle, et c’est au lecteur d’interpréter et de ne pas se laisser manipuler.
Alternant le passé et le présent, avec même un petit aperçu du futur à quelques reprises, Michel Bussi trouve un équilibre parfait dans son récit. Au fil des pages, la tension monte et les doutes s’insinuent. Qui est vraiment Lylie ? Est-elle Emilie Vitral ou Lyse-Rose de Carville ? Toutes les pistes sont explorées de fond en comble, mais le lecteur est bien loin d’imaginer la surprise qui l’attend à la fin du roman. Un coup de théâtre qu’il me semble presque impossible de deviner, aussi fin limier qu’on puisse être.
Au-delà de l’intrigue policière pure, les relations entre les personnages sont une des forces de ce livre. Bien que l’enquête soit au premier-plan, on s’intéresse beaucoup à la psychologie des protagonistes, ce qui nous aide à comprendre leurs agissements et leurs motivations. Alors que l’histoire se développe, des questions sur l’identité, le bonheur en lien avec l’argent et la justice surgissent, donnant matière à réfléchir.
Un avion sans elle est un livre magnifique que je recommande à tous. C’est non seulement une intrigue policière exemplaire en termes de rythme narratif, de suspense et de coups de théâtre, mais c’est également un livre qui nous pousse à nous interroger sur des questions fondamentales.
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S’il fallait décrire Le mystère du Pont Gustave Flaubert en un seul mot, je choisirais sans aucun doute le qualificatif « original ». L’originalité est la plus grande force de ce roman. Elle marque en effet ce livre du début à la fin, entraînant le lecteur autour du monde à différentes époques sur les traces de personnages de fiction ou historiques.
L’intrigue en elle-même paraît simple au premier abord : le vol d’un vélo, sur lequel le détective privé Jules Kostelos doit enquêter, et qui a apparemment un lien avec le Pont Gustave-Flaubert et l’Armada, qui sera célébrée sous peu à Rouen. Il a ensuite fallu l’imagination débordante de Pierre Thiry pour faire de cet incident un livre aussi agréable qu’intriguant.
Les protagonistes sont inhabituels, quelque peu farfelus, et hauts en couleurs. Du chat anglais Charles Hockolmess à la mystérieuse bibliothécaire Salammbô, sans oublier ses antipathiques collègues Georges Astulf, Berualf Vetusga et Fulbert Astaguve, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Viennent ensuite d’autres personnages, dont les noms ne nous sont pas inconnus : Napoléon, Giovanni Bottesini, Christophe Colomb, et bien évidemment, Gustave Flaubert. Jouant avec talent sur l’histoire et la fiction, l’auteur nous offre alors bien plus que la simple résolution d’un mystère.
Au fil des pages, les citations et références littéraires s’enchaînent, parfaitement intégrées à la narration. Grand nombre d’entre elles nous rappellent Flaubert mais, de Jules Verne à James Joyce, personne n’est laissé de côté. Se pose alors l’inévitable question : où est la frontière entre la fiction et la réalité ? Parmi les références historiques semées dans l’histoire, les jeux de mots et les anagrammes ainsi que les notes explicatives souvent teintées d’humour, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.
Pierre Thiry se sert du Pont-Gustave Flaubert et de son histoire comme base et nous offre un roman hors du commun, dans un univers décalé, qui surprendra plus d’un lecteur. Grâce à une écriture agréable, le lecteur découvrira les quais de Rouen, avec un petit passage au Mexique et en Argentine ; les silhouettes impressionnantes des navires de l’Armada et les mélodies mystérieuses d’un opéra oublié. Une fois la dernière page tournée, on n’a qu’une seule envie : (re)découvrir Gustave Flaubert et son œuvre…
Bien que la lecture puisse être un peu déstabilisante au début en raison des nombreuses digressions et parenthèses, la chronologie présente à la fin de l’ouvrage aidera les amateurs de faits concret à faire la différence entre la fiction et la réalité… encore que quelques événements inattendus puissent s’y glisser.
Le mystère du Pont Gustave Flaubert est un livre magnifique, mêlant histoire et fiction, réalité et imagination, mots et musique... avec un résultat aussi inattendu qu’intéressant. Un livre surprenant et entraînant comme je n’en avais jamais lu auparavant ! Je le recommande à tous les amoureux de la littérature – et en particulier de Gustave Flaubert et de son œuvre – aux amateurs de musique, mais également à tous les lecteurs désireux de changer de genre et de découvrir quelque chose de tout à fait original et inattendu.
Je remercie chaleureusement Pierre Thiry de m’avoir offert son livre, et je m’excuse d’avoir tardé à publier ma chronique – ce qui ne signifie en aucun cas que la lecture ne m’a pas plu, bien au contraire. Merci également pour la dédicace personnalisée qui m’a fait très plaisir !
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date : 02-02-2014
Femmes séduisantes, passion dévorante, univers mystérieux, le tout avec une touche de fantastique… Voici les ingrédients rassemblés dans les sept nouvelles de Femmes obscures, d’Angélique Ferreira.
Comme le titre l’indique, les femmes sont au centre de l’attention. Qu’elles vous ensorcellent ou vous fasse rêver, qu’elles recherchent la justice ou désirent la vengeance, toutes les héroïnes de chaque nouvelle ont une personnalité forte et atypique, ce petit quelque chose qui nous oblige à nous attacher à elles ou, au contraire, à les détester. Impossible, en revanche, d’y rester insensible…
Naturellement, lorsque l’on parle de femmes, il y a souvent des hommes aux alentours… et ce recueil n’échappe pas à la règle. Là aussi, nous avons affaire à des personnages hauts en couleur, possédant chacun leur propre caractère et nous entraînant avec eux dans des aventures plus surprenantes les unes que les autres.
Bien qu’ayant plusieurs points communs, les sept nouvelles sont très différentes les unes des autres, et cette variété est sans aucun doute un des points forts de l’histoire. On se promène de l’Angleterre à l’Égypte, en passant par la France ; on remonte le temps, voyageant du XXème au XVIIème siècle ; on accompagne une belle-de-nuit aux trousses de son amour, une femme devenue alcoolique sur les traces de l’homme de sa vie et une jeune fille passionnée dans sa quête de vengeance…
Le changement complet de décor d’une histoire à l’autre est surprenant au début, mais quand on s’y habitue, il devient très agréable. C’est un sentiment de dépaysement total qui nous habite dès la seconde nouvelle, lorsque nous passons de l’atmosphère sombre de l’Angleterre du XVIIème siècle à la vie animée de Paris au XXème. Les détails historiques sont précis et bien intégrés à l’histoire, nous permettant de découvrir des événements importants, mêlant réalité et fiction, faits authentiques et fantastiques. Le tout est parfaitement équilibré et, ajouté à la plume fluide de l’auteur, garantit une lecture très agréable des différentes nouvelles.
Comme toujours, le désavantage des nouvelles est leur longueur : à peine s’est-on attaché aux personnages et adapté au décor que le tout change… Les sept histoires présentées dans Femmes obscures ont toutefois l’avantage de ne pas être trop courtes, ce qui nous permet de les apprécier et de ne pas ressentir ce sentiment de frustration qui m’habite souvent à la fin d’un tel recueil.
Pour ne pas gâcher le suspense, je ne vais pas vous faire le résumé de chaque intrigue. Je voudrais toutefois vous faire part de mon coup de cœur, « Voile Immaculé », la première nouvelle présentée. Elle se passe, comme je l’ai déjà mentionné, en Angleterre, ce qui a sans aucun doute influencé mon opinion – et quelle surprise, surtout, d’y rencontrer les princes de Shrewsbury. L’atmosphère inquiétante qui règne et le mélange entre personnages réels et de fiction ont su me tenir en haleine jusqu’aux derniers mots.
Femmes obscures est un très beau recueil de nouvelles mêlant événements historiques et fantastique et mettant en scène des femmes qui n’ont rien d’ordinaire. La magnifique couverture exprime tout à fait l’ambiance des histoires, qui sont très variées et pleines de suspense. C’est donc un livre que je recommande à tous (dès l’adolescence, en raison de quelques scènes un peu crues) et qui, je l’espère, vous fera voyager à travers le temps et l’espace.
Je remercie le forum Le sanctuaire de la lecture pour l’organisation de ce partenariat et les éditions Artalys, ainsi que l’auteur, pour leur confiance.
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Avec sept nouvelles de longueurs variables, Pablo Mehler nous ouvre les grilles du jardin du Luxembourg, nous faisant pénétrer dans un univers empli de sons, de couleurs et de rencontres.
Alors que bon nombre d’entre nous ne le connaissent que de renommée, que certains l’ont déjà visité, ou en sont même des habitués, le Jardin du Luxembourg nous est ici présenté d’une manière qui sort de l’ordinaire. Loin des clichés qui en font presque une légende, nous découvrons le monde des loueurs de bateaux, de la dame-pipi et des gardiens, monde insoupçonné, et bien plus énigmatique qu’il n’y paraît au premier abord.
Les nouvelles n’ont pas réellement de liens entre elles, hormis le lieu dans lequel se déroule l’action, bien entendu. Les personnages sont à chaque fois différent et les histoires, variées. Toutes commencent par une situation tout à fait ordinaire qui bascule peu à peu dans le mystérieux, voire dans le fantastique.
Les protagonistes ont leur propre personnalité et traversent généralement une phase un peu difficile de leur existence – problèmes de couple, difficultés professionnelles, période de déprime… Tout n’est pas rose, et toutes les histoires n’offrent pas une fin heureuse. Pourtant, le lecteur sera très facilement entraîné par la plume simple et agréable de l’auteur, qui lui laissera la liberté de réfléchir et d’interpréter la fin à sa manière.
Bien que les nouvelles soient indépendantes les unes des autres, il est judicieux de les lire dans l’ordre proposé – et pas tout à fait au hasard, comme moi – car l’organisation est sans conteste un des points forts du recueil. Les histoires s’enchaînent et se complètent, nous offrant ainsi des visions variées du Jardin, adoptant le point de vue de plusieurs personnes différentes.
Grâce aux descriptions détaillées et à l’écriture vivante de l’auteur, on se projette facilement derrière les grilles du jardin aux côtés des personnages, parmi les promeneurs occasionnels du jardin, et on se prend rapidement au jeu. Quels secrets inattendus allons-nous percer ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
Je tiens à remercier Entrée Livre pour l’organisation des Jeudi Critiques, ce qui m’a permis de découvrir de manière très agréable un lieu qui invite à la rencontre… et donne envie d’aller visiter le Jardin du Luxembourg pour découvrir ce monde à part dans la réalité.
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Qui n'a pas rêvé de partir à la découverte de terres inexplorées ? Comme beaucoup, Inti Salas Rossenbach nourrissait un tel projet ; cependant, contrairement à la plupart d'entre nous, il l'a réalisé : plus de trois mois en kayak sur les canaux de Patagonie avec son coéquipier Alexandre. Une telle expédition se prépare, comme nous le comprendrons dès les premières pages, car rien ne peut être laissé au hasard face aux dangers de l'extrême. C'est après deux ans d'organisation intense que le voyage a commencé et, malgré toutes les situations hypothétiques imaginées, personne n'est jamais à l'abri du danger.
Dans le sillage des deux hommes, nous partons à la découverte de la Patagonie, cette région si peu connue et peuplée de légendes et de mythes ; une terre inhospitalière, ou la mer règne en maître. Comme le titre l'indique, nous avons tout d'abord affaire à une odyssée. Nous découvrons la région à travers des descriptions très imagées : ses paysages, ses habitants et sa faune.
Ce livre est toutefois bien plus qu'un simple récit d'expédition. Aux différentes étapes décrites, aux difficultés rencontrées et aux endroits découverts se mêlent anecdotes personnelles, réflexions intimes et informations historiques. À mesure de l'avancée des deux explorateurs, nous avons l'impression d'apprendre à connaître cette terre encore inconnue. Nous voici rapidement immergés dans un univers totalement dépaysant, sur les traces des peuples qui y habitaient avant l'arrivée des espagnols.
Le récit n'est pas tout à fait chronologique, ce qui maintient une sorte de suspense. Bien que nous suivions les kayakistes du sud au nord, de nombreux retours en arrière nous sont offerts, ainsi qu'un premier chapitre éclatant décrivant « le début de la fin » de l'expédition. Cela brise une monotonie qui pourrait s'installer après quelques chapitres et m'a paru un choix extrêmement judicieux qui représente bien l'imprévu et les décisions à prendre lors d'une expédition de ce genre.
Le style est très agréable à la lecture, élégant et soigné, et contribue grandement à notre voyage. Des termes espagnols au vocabulaire de la navigation et des marins, c'est une image fidèle de la Patagonie qui nous est dépeinte – pour autant qu'on puisse en juger.
Au fil des pages, le lecteur ne pourra qu'admirer le courage de l'auteur et de son coéquipier, prêts à affronter de tels défis lors d'une expédition hors du commun. Je ne me suis jamais réellement identifiée à eux, mais j'ai eu l'impression de peu à peu découvrir leur extraordinaire quotidien et de partager quelques-unes de leurs aventures depuis une certaine distance qui me garantissait une sécurité agréable.
Les rencontres avec les habitants locaux constituent sans aucun doute un des points forts du roman. Que ce soient des marins, des villageois ou des citadins, tous se montrent extrêmement accueillants et nous donnent un petit aperçu de leur univers si différent du nôtre. Et, bien sûr, il y a la mystérieuse Laura qui accompagne l'auteur à mesure que les pages de son carnet se remplissent. Une odyssée en Patagonie est un magnifique récit de voyage mêlant aventure, découverte de terres inexplorées et rencontres improbables ; un moyen pour le lecteur de découvrir des terres presque inexplorées tout en savourant la sécurité de son chez-soi ; un retour en arrière dans l'histoire d'une région si peu connue et peuplée de légendes… Avec ce livre magnifique, Inti Salas Rossenbach nous invite à monter à bord de son kayak pour participer à l'aventure.
Je remercie Babelio pour l'organisation des masses critiques, sans lesquelles je n'aurais probablement pas découvert ce livre.
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Dans les contes, le rôle des fées est de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Tout le monde le sait, y compris Ódla, la fée de la mousse. Cette dernière décide donc de faire honneur à ces légendes et part au service des habitants du royaume. Mais, entre sauvegarder le marais, conduire le prince auprès de sa promise, sauver les créatures magiques qui lui tiennent compagnie et échapper aux méchants qui veulent sa peau, elle n’a pas la tâche facile. D’autant plus qu’Ódla n’a pas de baguette magique !
Ce magnifique conte pour adultes nous emmène sur les traces de cette fée peu ordinaire qui rêve de faire le bien. L’auteur joue avec adresse sur les clichés et stéréotypes de ce genre littéraire, y ajoutant une touche personnelle qui fait la différence. Qui a déjà rencontré des momies dans un conte de fées, ou un liron ? Une bonne dose d’originalité, donc, qui nous promène de surprise en surprise, conservant ainsi un certain suspense jusque dans les dernières pages.
Le conte commence de manière plutôt classique : un prince qui doit retrouver sa princesse, enfermée dans sa tour ; une méchante reine qui veut du mal à de gentilles créatures ; une fée aimée de ses compagnons qui rêve de sauver son marais adoré... Toutefois, d’autres éléments surprenants s’ajoutent peu à peu, et le passage du classique au moderne se fait en douceur, tout en conservant la magie du genre.
La plume de l’auteur est magique. Fluide et élégante, elle nous entraîne dans la visite d’un royaume un peu particulier. Entre descriptions imagées et dialogues vivants, l’équilibre est parfait et fait écho au rythme de l’action.
La fée de la mousse est un magnifique conte de fées. Mêlant stéréotypes et originalité, Philippe H. Besancenet nous invite à la réflexion au moyen d’une histoire en apparence simple. C’est un livre qui peut être lu à plusieurs niveaux, mais que je recommande avant tout à un public mature en raison du vocabulaire recherché et des subtilités qui se cachent dans le texte. De plus jeunes lecteurs se laisseront sans aucun doute séduire, eux aussi, mais risquent de passer à côté de quelques aspects intéressants de la lecture.
Je remercie le forum A&M, et tout particulièrement Aurélie, pour l’organisation de ce partenariat qui m’a permis de découvrir un livre entraînant, original et magique. Merci également aux Éditions du P’tit Golem pour leur confiance et, tout naturellement, à l’auteur pour sa magnifique histoire. Ce qui est sûr, c’est que je vais m’intéresser de près d’autres de ses œuvres, Le magicien de Golem et Fées à la chaîne.
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Mélangeant génétique et fiction, Tatiana de Rosnay nous entraîne sur les pas de Bruce Boutard après que, suite à une malade cardiaque, il ait reçu un nouveau cœur. Sa vie change alors du tout au tout et, persuadé que cela a un lien avec son donneur, il part sur les traces de cette inconnue qui lui réserve bien des surprises.
Comme toujours, la plume magnifique et fluide de Tatiana de Rosnay m’a entraînée dès les premières pages. Peu à peu, nous apprenons à connaître Bruce, un homme plutôt désagréable, inintéressant et toute à fait ordinaire. Une image un peu stéréotypée qui contraste fortement avec celui qu’il deviendra après sa transplantation. Les changements s’opèrent petit à petit, surprenant tout d’abord le lecteur avant d’interpeller le personnage lui-même.
Commence alors une enquête des plus intéressantes sur son donneur ou plutôt, sa donneuse. Quel choc pour cet homme fier et quelque peu phallocrate que d’apprendre que son cœur a appartenu à une femme. Pourtant, plus sa personnalité et ses goûts se révèlent différents, plus il a envie de découvrir celle qui lui a sauvé la vie. Entre l’Italie, la Suisse et la France ; entre l’art et l’amour, Bruce part sur les traces de cette femme mystérieuse dont il ne sait rien encore.
S’alternent alors les moments de suspense, les scènes romantiques et les instants touchants, alors que Bruce rencontre des personnages hauts en couleur, tous plus intéressants les uns que les autres : la jolie Joséphine, le mystérieux comte Valombra, son fils Mathieur, l’accueillant couple Weatherby, la taciturne baronne Landifer... et, bien sûr, indirectement, Constance, sa donneuse. Au premier abord, on peut avoir l’impression qu’un nombre de personnages aussi élevé pour un roman somme toute assez court est quelque peu exagéré ; ce n’est toutefois pas le cas. Chacun a sa propre personnalité, son importance, et apporte quelque chose au déroulement de l’histoire. De plus, ils sont introduits de manière si naturelle qu’on ne remarque même pas à quel point on s’attache à eux.
J’ai eu l’impression que Le cœur d’une autre était, en fait, plus l’histoire de Constance que celle de Bruce ; que si nous devions choisir le vrai héros, ce serait elle plutôt que lui. La part de mystère qui entoure cette jeune fille disparue m’a convaincue. Nous la découvrons peu à peu, au travers de Bruce, mais il y a toujours une part d’elle qui restera inconnue et inaccessible, tant pour les lecteurs que pour les autres personnages. Bruce, quand à lui, a rapidement changé de statut à mes yeux. Homme désagréable, il devient bien vite touchant et attachant. En raison de sa maladie ou de son nouveau cœur ? Au lecteur de décider.
Le mélange de considérations sur la médecine et de fiction m’a immédiatement séduite. Comme l’explique Joël de Rosnay, père de l’auteur et biologiste reconnu, dans sa préface, l’approche n’est aujourd’hui pas confirmée par la science. Et, pourtant, il est extrêmement facile d’y croire, de se laisser entraîner par le cœur du héros sur les traces de Constance. Pour cette raison, on peut lire le livre comme une simple fiction, mais l’histoire suscite également des questionnements très intéressants pour qui s’y arrête un instant.
En résumé, un véritable coup de cœur pour une histoire de cœur extraordinaire ! Une alliance de romance et de mystère, avec un peu de science en filigrane qui suscitera chez le lecteur toute une série d’émotion... et la fin vous fera peut-être bien verser une petite larme. À lire absolument.
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Plutôt surprenant que le premier livre d’une série mettant en scène un policier norvégien se déroule en Australie. C’est pourtant le cas de L’homme chauve-souris de Jo Nesbø. Harry Hole est envoyé à Sydney pour enquêter sur le meurtre d’une jeune fille norvégienne. Ce qui semble être une simple enquête de routine se révèle bien plus compliqué qu’il n’y paraît au premier abord. Comme un autre cadavre est retrouvé, Harry doit exploiter toutes ses capacités pour démasquer le meurtrier avant qu’il ne soit trop tard.
La première partie du roman met en place le décor de l’enquête. Nous découvrons l’Australie, avec bien sûr le commissariat de police, mais également plusieurs facettes de la ville de Sydney. Aux côtés d’Harry, nous visitons les bars, les parcs et les cafés, ainsi que le monde de la drogue et de la prostitution, découvrant ainsi quelques traits typiques de la société : là, les quartiers gays et la cohabitation entre blancs et aborigènes font partie du quotidien.
En plus de découvrir la ville, nous rencontrons dès le début les personnages qui ont de l’importance dans l’intrigue. Tous sont hauts en couleurs et leur personnalité est progressivement développée en profondeur, permettant au lecteur de se forger une opinion au fil des indices découverts par l’équipe de police. À plusieurs reprises, toutefois, j’ai eu l’impression que l’enquête passait au second plan, tant on reçoit d’informations secondaires. Cela ne dérange pas réellement, mais a tendance à détourner quelque peu l’attention.
L’intrigue en elle-même a un point de départ plutôt simple, mais se complique rapidement au fil des pages. Il est donc impossible de découvrir ce qui s’est passé. L’auteur nous mène à de nombreuses reprises sur de fausses pistes, conservant le suspense jusqu’aux dernières pages. Certaines scènes sont violentes et décrites de manière crue, ce qui offre un contraste marqué avec les pauses narratives et les scènes romantiques qui composent ce roman.
L’élément qui m’a sans aucun doute le plus surprise est le rythme de l’histoire. L’alternance entre les descriptions et l’action elle-même est tout à fait atypique et maintient l’intérêt du spectateur de manière subtile, sans pour autant basculer dans un trop-plein de suspense ou d’informations. Nous passons en quelque sorte d’un extrême à l’autre, entre une pause presque complète de la progression de l’intrigue et une série d’évènements qui s’enchaînent de manière tellement rapide qu’on a à peine le temps de respirer.
L’homme chauve-souris est un roman policier qui ne se concentre par exclusivement sur l’enquête, mais aborde également de nombreux autres sujets, en particulier des thèmes en rapport avec la vie quotidienne en Australie. Nous apprenons à connaître Harry Hole et découvrons peu à peu des fragments de son passé et de son présent. Le suspense est présent et de nombreux retournements de situation maintiendront l’intérêt du lecteur jusque dans les dernières pages, malgré de nombreuses pauses narratives. En raison de plusieurs scènes violentes et de considérations plutôt sérieuses, c’est une lecture adaptée à un public plutôt mature ; un très bon début pour une série atypique, qui motive à lire la suite des aventures de Harry Hole !
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“Herbjörg María Björnsson. Un nom imprononçable que vous n’êtes pas près d’oublier. » Cette phrase, présente sur la quatrième de couverture, peut paraître quelque peu prétentieuse, mais elle résume finalement très bien l’impression générale se dégageant de La femme à 1000°.
Au fil de courts chapitres, nous voyageons entre le présent d’Herbjörg María Björnsson, surnommée Herra, et son passé. Avec elle, nous voyageons à travers l’Islande, le Danemark, l’Allemagne, la France et l’Argentine ; nous vivons la Seconde Guerre Mondiale, l’indépendance de l’Islande ; nous rencontrons des personnalités comme John Lennon, Evita, Marlene Dietrich ou Jean-Paul Sartres.
Vous l’aurez compris, les quelques 600 pages de La femme à 1000° sont emplies d’évènements d’importance capitale pour l’histoire, de réflexions sur une société en pleine mutation et d’anecdotes riches en détails, ce qui n’en fait pas une lecture facile. Les références historiques sont très nombreuses, tout comme les citations et allusions littéraires, et quelques connaissances préalables sur l’Islande et sa culture se révèlent utiles à la compréhension globale.
Hallgrímur Helgason se sert en réalité d’Herra pour se pencher sur l’histoire de l’Islande. De la pauvreté des îles et de la campagne aux salons de luxe de la résidence présidentielle, un aperçu foisonnant de la société et de son évolution s’offre au lecteur – la beauté des paysages, le silence des habitants, le viol des femmes et leur condition... Le tout sur un ton incisif, empreint d’humour et d’ironie, en alternance avec un style plus gave et objectif.
Pourtant, loin d’être réduit à une simple technique narrative, le personnage principal ne passe pas au second plan. Au fil des événements qui ont marqué son existence et la vie d’une nation entière, nous découvrons une personne haute en couleur et au caractère fort, à laquelle nous nous attachons sans même nous en rendre compte. Sans longues descriptions, l’auteur nous fait peu à peu à faire connaissance avec cette femme pleine de contradictions qui, après une vie aux quatre coins du monde entourée de personnages plus intéressants les uns que les autres, se retrouve seule dans son garage en compagnie de son ordinateur et de sa connexion Internet. Une femme, donc, qui malgré son cancer, suit l’air du temps et s’adapte à la société actuelle.
Constamment, nous passons du présent au passé avant de revenir au présent, ce qui est tout d’abord difficile à suivre. Les souvenirs eux-mêmes ne s’enchainent pas toujours dans l’ordre chronologique, mais comme la date est indiquée à chaque fois, on s’habitue vite à ce calendrier quelque peu fantaisiste. Plus encore, cette apparente confusion semble traduire le fil de pensée de l’héroïne, ajoutant une dimension de réalisme à l’histoire.
Le style de l’auteur est, tout comme le roman lui-même, plutôt surprenant. Le vocabulaire est recherché et de nombreux néologismes et inventions donnent de la profondeur aux phrases, tout comme les jeux de mots et double sens qui démontrent que la traduction est exemplaire. En résulte une impression de richesse et une abondance de détails qu’il n’est néanmoins pas toujours facile de suivre.
Pour conclure, La femme à 1000° est un roman à la fois intéressant et surprenant, que je recommande à un public intéressé par l’histoire et amateur de belle plume. Ce n’est toutefois clairement pas une lecture facile ; ne vous attendez donc pas à le lire d’une traite, mais profitez des courts chapitres pour l’apprécier peu à peu et découvrir la culture islandaise si particulière.
Je remercie Babelio pour l’organisation de cette masse critique, ainsi que les éditions Presse de la Cité, sans qui je n’aurais sans doute jamais découvert ce roman inattendu et entraînant.
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Six nouvelles mettant en scène des personnages variés. Six histoires du quotidien racontées d’une plume légère et entraînante. Amsterdamnation et autres nouvelles nous permet de découvrir de courts textes de Tatiana de Rosnay, dans lesquels nous retrouvons toutefois dès les premières pages le style élégant, fluide et précis qui m’avait déjà séduite dans ses romans.
Les histoires, de longueur très différentes, sont variées et surprenantes, avec bien souvent un final inattendu. Oscillant entre dialogues, descriptions et échanges épistolaires, les techniques narratives variées apportent elles aussi une touche d’originalité à cet ouvrage. Pourtant, malgré ces différences, les courts récits comportent plusieurs points communs. Tout d’abord, nous plongeons dans le quotidien soit des personnages d’âge moyen dont le couple est en difficulté, soit des jeunes adolescents dont l’existence n’est pas des plus roses. Les thématiques de l’amour, des relations et de la solitude sont donc le fil rouge de ces nouvelles. Nous rencontrons également plusieurs auteurs, qui ne sont pourtant jamais les principaux protagonistes de ces histoires. Et, toujours, cet élément de surprise qui nous saisit à la fin de chaque récit...
« Amsterdamnation », la première nouvelle de ce recueil, est, globalement, plutôt sombre. À travers les yeux d’Harry, nous découvrons la vie monotone de son couple typiquement anglais, qui ne le satisfait plus. Il n’est pourtant pas prêt d’oublier ce voyage à Amsterdam que sa femme a organisé pour son anniversaire. Immédiatement, j’ai pensé à Moka, probablement en raison des nombreuses références à la culture anglaise et du ton quelque peu humoristique de ce récit, malgré une atmosphère générale plutôt lourde.
« Ozalide » est la nouvelle que j’ai préférée. J’avais déjà eu l’occasion de la lire, mais la redécouvrir m’a à nouveau transportée. Dans cet univers qui rappelle un peu l’atmosphère du Voisin, nous suivons Ozalide, un personnage très intriguant qui cherche à se rapprocher de l’auteur qu’elle vénère. Et pourtant, ses motivations restent bien cachées jusqu’aux dernières lignes.
« Bel-Ombre », est probablement la nouvelle qui se démarque le plus des autres. Tout d’abord parce qu’elle est rédigée sous forme de lettre avec une destinataire très inhabituelle, mais également parce qu’il s’agit d’un texte bien plus personnel dans lequel Tatiana de Rosnay fait allusion à l’histoire de sa propre famille.
« Sur ton mur » aborde la thématique très actuelle des réseaux sociaux. Comme dans À l’encre Russe, le personnage principal se retrouve happé dans une spirale. L’issue en sera-t-elle heureuse ou désastreuse ?
Le genre de « Constat d’Adultère » est surprenant. À travers un dossier rédigé par plusieurs agents, comprenant SMS, Emails et descriptions, nous faisons connaissances de trois personnages sans jamais les rencontrer directement. La technique narrative est très intéressante et s’adapte parfaitement à la fin.
« Dancing Queen » est une nouvelle d’à peine quelques pages qui m’a pourtant beaucoup touchée et qui présente un retournement de situation très agréable.
Je remercie Entrée Livre qui, grâce aux Jeudis Critiques, m’a permis de découvrir ce petit livre d’une auteur que j’aime tant. Ce fut l’occasion d’apprécier d’autres types de textes de Tatiana de Rosnay. Un voyage agréable, entraînant et varié, que je recommande à tous !

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date : 12-07-2013
Notre planète est peuplée de plus de sept milliards d'individus, chacun entretenant des liens sociaux avec d'autres. Au fil d'une vie, nous rencontrons un nombre incroyable de personnes, mais seules quelques unes de ces rencontres changent notre vie. Orages raconte une de ces histoires, depuis le moment où les personnages se sont vus pour la première fois jusqu'à... la fin (je n'en dirai pas plus pour ne pas tout dévoiler).
Vous l'aurez donc compris, Orages est un roman d'amour. Mais ce n'est pas un livre à l'eau de rose, comme on pourrait l'imaginer. C'est bien plus que cela : une écriture légère et poétique, des sentiments profonds et bien décrits, une histoire belle et touchante... Nous observons les personnages, dans leur bulle, le temps d'un été. L'idée de ne pas leur donner de prénom pour qu'on puisse plus facilement s'identifier à eux m'a séduite, bien qu'il ne soit pas toujours facile de savoir auquel d'entre eux les pronoms possessifs se réfèrent. Ce n'est toutefois pas un grand problème et la manière dont sont exposés leurs sentiments, avec de nombreux détails, est plus que réaliste. On remarque bien que la psychologie est un domaine que l'auteur connaît parfaitement.
Au long des 180 pages qui composent ce roman, nous apprenons à connaître et comprendre les personnages, en particulier Elle, dont nous sommes témoins de tous les états d'âmes. Tout se joue donc au niveau psychologique, sans qu'il n'y ait réellement d'action. De même, pas de descriptions de lieux, de paysages ou d'autres personnages, qui pourraient nous distraire. On en reste à l'essentiel : la rencontre de nos deux personnages. J'ai aimé m'y plonger, mais je dois admettre qu'à mi-chemin dans ma lecture, je n'étais plus autant intéressée qu'auparavant. Cela est sans doute dû à la lenteur du développement de la relation – ce qui est nomal, me ferez-vous remarquer, c'est comme dans la réalité – qui offrait un déséquilibre trop grand à mon goût avec la vitesse du temps qui s'écoulait : l'état d'esprit et les sentiments des personnages restaient pratiquement inchangés et, pourtant, chaque journée était décrite dans le détail.
Heureusement, lors de ces quelques passages un peu longs, la plume de l'auteur a continué à m'entraîner dans l'histoire. L'écriture est extrêmement poétique et emplie de de métaphores et de symboles. J'ai particulièrement aimé l'image de l'oiseau blessé – même si j'aurais préféré qu'il y soit seulement fait allusion, sans trop d'explications, pour laisser le soin au lecteur de faire le lien par lui-même. Plusieurs pistes pour comprendre le titre nous sont également données et nous entrons ainsi dans un univers qui semble hors du temps, dans un autre monde, empli de perfection, de magie et d'amour. Impossible de le nier, l'histoire est tout simplement magnifique.
L'unique chose qui ne m'a pas entièrement convaincue est l'épilogue. Moi qui aime généralement les fins fermées, où nous obtenons les réponses à nos questions, j'ai trouvé qu'il donnait trop de détails et qu'un final laissant place à l'interprétation aurait, ici, été parfait. Je comprends toutefois la décision de l'auteur et, il faut l'avouer, les dernières images sont très belles.
Orages est donc un roman très bien écrit qui séduira tous les amateurs de belles histoires d'amour dans lesquelles on se centre en détail sur la psychologie des personnages et le développement de leur relation. Et, dernière remarque avant de conclure, la présence d'une aquarelle sur la couverture me plaît beaucoup et est parfaitement appropriée, je vous laisse le soin de découvrir pourquoi. Je remercie donc le forum A&M pour l'organisation de ce tour et les éditions Chloé des Lys pour leur confiance.
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