Extraits

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Un océan de mensonges

Au large des côtes bretonnes, mercredi 11 juillet 1951

Olivier éprouva un vif soulagement en respirant l’air frais aux fortes senteurs marines, qui l’assaillit à peine arrivé sur le pont. Il entendait le choc des vagues sur la coque du bateau. La mer était forte, houleuse. En bon marin, il avait pu estimer la distance parcourue depuis l’embarquement.

Lara écoutait, oppressée. Elle éprouvait un début de malaise, à cause du regard lointain de Jonathan Kervella, de la voix âpre de Nicolas Renan. Mais elle comprit vite que les deux hommes n’étaient pas la seule cause de son trouble.

Une silhouette se dessinait devant la baie vitrée bleuie par le crépuscule pluvieux. La femme au voile rouge lui apparut, d’une netteté sidérante. Son corps de statue antique drapé de noir, elle avait une main posée à la naissance de son cou. Son admirable visage, livide, exprimait un immense chagrin. La vision s’estompa immédiatement.

L’ancien détenu marmonna un « oui » gêné. Il avait été libéré au prix de mystérieuses transactions avec un gardien du centre pénitentiaire de Rennes. Barry l’attendait le soir de sa sortie. Il lui avait promis une forte somme d’argent et un billet pour l’étranger, en échange d’une obéissance absolue, doublée d’une fidélité aveugle à un « Monsieur » qu’il n’avait jamais vu. Maintenant il avait la pénible impression d’être piégé et chaque jour en danger de mort.