L'Arrière-saison

Un roman fin, délicat, aux allures quelque peu impressionnistes. Philippe Besson a, comme bien souvent, l'art de capter les sentiments humains, les infimes tremblements des âmes, en peu de mots, avec une poésie envoûtante et une précision digne d'un scanner. Ce rêve qu'il nous fait vivre, un huis-clos sentimental et tendu entre une femme et trois hommes, lui a été inspiré par une œuvre picturale d'Edward Hopper, dont il a tiré toute la substance pour écrire ce livre presque magique et pourtant authentiquement humain.

Ici, on invente des histoires aux tableaux, des passés à des personnages qui ne sont que des silhouettes immobiles... j'ai vraiment adoré ce concept. Besson écrit les relations, l'amour, les regrets et la nostalgie avec une exactitude troublante, sa plume est délicieuse. C'était une bonne lecture.

Première œuvre de Besson dans laquelle je me plonge après avoir (trop) longtemps attendu de découvrir son univers. "L'Arrière saison" est un roman très contemplatif dérivé du tableau Nighthawks d'Edward Hopper. Derrière un comptoir, Louise et Stephen se retrouvent après des années d'éloignement, d'oubli et de regrets. Louise attend son amant qui doit rompre avec son épouse, mais il tarde à la rejoindre et laisse le temps s'étirer dans l'intimité de ce café. Le tout donne un roman plutôt bref mais émotionnellement puissant.

Certains lecteurs auront l'impression de rencontrer d'interminables longueurs car contraints de lire plusieurs pages de narration couvrant à peine quelques secondes du récit pour enfin atteindre la réplique suivante. Pourtant, l’auteur a indubitablement besoin de ces pages-là pour nous dévoiler les pensées et le passé de chacun des personnages. On apprend à les connaître très intimement au fur et à mesure de la conversation mais aussi et surtout à travers leurs dialogues intérieurs, à travers tous les non-dits qui appesantissent le malaise ambiant, à travers leurs réactions vis-à-vis de ce que leur interlocuteur dit, fait, montre. Même le serveur, Ben, devient un personnage clef de ce huis-clos de par le silence auquel il se contraint. Et le lecteur, aussi. J'avais l'impression d'être assis là, touillant mon café avec un air songeur, mais restant tout ouïe. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus séduit dans ce roman.

Chapeau M. Besson, et à bientôt.

Un peu trop descriptif mais idée de départ excellente. Pas le meilleur Besson que j'ai lu pour l'instant

L'arrière-saison : Un texte hyper touchant, émouvant, fort. Quatre personnes dans un café à Cape cod. J'apprends aussi que c'est son troisième roman. Que d'excellents dialogues, que d'excellents silences aussi. Une petite merveille ce texte.

"Il ne répète rien, ne reproduit rien. Il poursuit sa route. Il passe à autre chose. Lorsqu'on sort vivant des accidents, il faut de dépêcher de ne plus y penser. Louise prétendrait qu'on peut sortir vivant des accidents sans en sortir indemne. c'est toute la différence entre eux deux."…

Mon premier Besson de l'année ! Je l'avoue, je ne suis pas forcément fidèle en littérature. Ce n'est pas parce que le roman d'un auteur m'a plu que je vais me jeter sur ses autres bouquins tout en attendant fébrilement les prochains. En vérité, il n'y a que 3 écrivains qui me font cet effet là : Mathias Malzieu, Victor Dixen et M. Philippe Besson. Chacun des romans de ce dernier me parle, me procure des frissons, me fait du bien et du mal en même temps. Parce qu'il parle de l'amour, de sa beauté et de ses souffrances, comme personne.

Avant-même d'ouvrir "L'arrière-saison" je savais que j'allais l'aimer à cause de la citation choisie par l'auteur; mon extrait préféré de "L'Amant" de Marguerite Duras. Bon, ok, ça annonçait la couleur. Déjà il était évident que je ne ressortirais pas indemne de cette lecture...

Philippe Besson nous propose ici un huit-clos mettant en scène 3 personnages (4 si on compte Carter). Louise et Stephen, anciens amants, se retrouvent de manière fortuite dans un café de Cape Cod. Ben, le serveur, va assister à leur échange à la fois délicat, douloureux, salvateur...Encore une fois quelle claque ! L'auteur dépeint avec brio toutes les émotions engendrées par une rupture : la difficulté de laisser une histoire qui a compté, l'envie d'avancer tout en restant accroché au passé, le désir de l'autre qui est toujours présent etc. Une fois n'est pas coutume, l'oeuvre de Besson m'a remuée parce qu'elle m'a évoqué des souvenirs, elle a ravivé des sentiments. À chaque fois que je lis un roman de cet écrivain, j'ai toujours l'impression qu'il s'adresse à moi, qu'il me pousse à réfléchir sur mes propres relations. C'est raconté avec une telle pudeur, une telle délicatesse. On dirait une petite confidence échangé avec le lecteur.

La plume est sublime comme d'habitude. Pleine de grâce. On parle beaucoup de théâtre dans "L'arrière-saison" et j'avoue que ce roman m'a parfois fait penser à une pièce. Il n'y a que 4 personnages sur scène, pas vraiment d'action. Je m'imaginais très bien le décors, les protagonistes. Je verrais parfaitement cette histoire adaptée sur les planches.

Avant de conclure, il me faut tout de même évoquer un ou deux bémols. Mon gros regret concerne les personnages de Ben et de Carter. J'ai trouvé qu'ils étaient l'un comme l'autre assez mal exploités. J'aurais voulu en apprendre davantage sur le jeune serveur même si je comprends qu'il est là avant tout en tant qu'observateur. Des fois je me suis dis qu'il était l'incarnation de l'auteur dans l'ouvrage. Il n'intervient pas, il regarde juste le couple principal évoluer. Carter par contre, je n'ai pas compris son intervention. Il n'a pas grande utilité selon moi.

Bref, encore un formidable livre de Philippe Besson qui m'a touchée en plein cœur. En outre, j'adore le principe d'imaginer une histoire à partir d'un tableau !

Un huit-clos for sympathique qui nous raconte avec subtilité et finesse la façon dont un couple brisé se ré-apprivoise à nouveau. Une lecture facile et sans prise de tête.

Que c'est beau, que c'est délicat, sobre, intime et profond à la fois. Que de questionnement, de sentiments vrais et touchants, de volonté d'avancer et de gagner le pas sur la douleur et le passé.

Il n'y avait pratiquement pas de dialogues dans toutes ces lignes, mais pourtant, on comprend tout, tout nous parle, et tout nous touche...

Le tableau se fond dans le récit.

Assis autour d'un comptoir de bar,

Réels ou fictifs, ils s'animent.

Rêves ou tragédies de couples,

Investigations dans une histoire,

Etonnements justes et vrais

Réajustent notre propre histoire.

Et je vous conseille la lecture.

Saison

J'ai été un peu déçue (ayant vraiment adoré d'autres livres de cet auteur et aimant le tableau d'Hopper), même si le livre est bien écrit, bien construit et original. L'analyse de tous les sentiments et de tous les souvenirs qui se cachent derrière chaque réplique ainsi que l'effort d'imagination qui est demandé au lecteur m'ont plu, mais je trouve qu'il manquait un peu de consistance à ce roman.