Commentaires de livres faits par Lauree
Extraits de livres par Lauree
Commentaires de livres appréciés par Lauree
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— Numéro 4.
— Waouh ! elle fait mine de s’extasier. Je prends du galon, tu pourrais me féliciter.
— C’est quand tu te seras pris autre chose que du galon que je viendrai t’applaudir.
— Classe… elle grommelle en haussant les épaules.
Rien de plus qu’une chose que je vais effacer et remodeler à ma guise.
— Qui est-ce ? demandé-je dans l’entrebâillement, en chuchotant. Qu’est-ce que vous voulez ?
— Victoria, c’est moi ! Et je n’arrive pas à croire que tu ouvres la porte au beau milieu de la nuit sans savoir qui se trouve de l’autre côté. Tu n’as donc aucun instinct de survie ?
La colère s’empare immédiatement de moi.
— Sérieusement Mark, tu te pointes dans mon hôtel, sans y être invité et sans prévenir, et tu tapes à ma porte en pleine nuit pour ensuite te plaindre parce que je t’ouvre ?
Je ferme le robinet et me tourne vers elle, en attente de la suite de sa question.
— Comment est… quoi ?
Elle se met carrément à rougir. J’ai le mauvais pressentiment que ce qui va suivre ne va pas me plaire.
— Tu sais… Elle baisse la voix et jette un œil par-dessus son épaule, comme si quelqu’un se cachait dans les toilettes pour écouter notre conversation. « Être une call-girl. C’est tellement… Pretty Woman ! » Elle pose sa main sur sa poitrine en lâchant un soupir exagéré. « Et Mark est parfait pour ce rôle, lui aussi. »
Je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Je suis sûre que ma bouche est grande ouverte.
Elle vire carrément à l’écarlate.
— Désolée. Je n’aurais pas dû poser cette question. C’était juste par curiosité, tu vois ?
— Je ne suis pas une call-girl, réponds-je sèchement. Je bosse dans le marketing. Je sors avec Mark Pierce, c’est tout.
Je tourne les talons et quitte les toilettes, laissant la porte saloon se rabattre derrière moi.
Ces femmes ne m’aimeront jamais. Je ne serai jamais au niveau de Mark Pierce, de ses amis ou de ses collaborateurs.
Ce week-end est un vrai fiasco.
— J’aimerais pouvoir te croire, Mark… continue mon père.
— Toi, fichu latino à fossettes, c’est à toi que je pense quand tu es là. Tu éclipses tout. Mes pensées, mon chagrin, ma solitude… Je pense à toi quand tu me touches, quand tu m’embrasses, quand tu me fais l’amour. Je ne pense jamais à lui pendant, car tu as ce don et cette chaleur qui me font tout oublier.
— Quoi donc ? demanda-t-il d’une voix rauque.
— Les battements de ton cœur.
— Tu ne peux pas forcer une personne à rester si elle n’en a pas envie.
Il ferma les yeux et poussa un profond soupir. Je déglutis. J’aurais voulu lui dire qu’il avait raison, qu’il était l’homme de ma vie, que j’aimais son fils comme s’il était le mien, qu’il était le seul à qui je voulais donner mes lèvres pour rompre mon chaos, mais je ne pouvais pas. C’était trop dur.
— Tant mieux parce que ça n’arrivera pas.
— C’est là où tu te trompes. Je sais que ça arrivera et tu le sais aussi, n’est-ce pas ? (Il se pencha un peu plus et mon souffle se coupa.) Sauf que tu te voiles la face. N’essaye pas de m’embobiner, je le sens. C’est pareil pour moi. Cependant, je ne suis pas un putain de pervers. J’ai un fils, je l’élève et je bosse quatre fois plus qu’un autre pour qu’il soit heureux et qu’il n’ait pas honte de son père. J’ai autre chose à foutre qu’à échafauder un plan pour te violer, Dylan. Bon sang, pourquoi tu ne me fais pas confiance ?
J’accusai un pincement au cœur sans broncher.
— Tu es un papa génial, Nate. Trouve une maman géniale au lieu de perdre ton temps avec moi.
Les larmes ont dévalé mes joues.
— Qui es-tu ? ai-je murmuré. Où est passé le garçon que j’aimais ? Où est mon Rune ?
Il a lâché mon bras, comme si je l’avais brûlé.
— Tu veux vraiment savoir ? Tu veux savoir où est ton Rune ? Il est mort le jour où tu l’as abandonné.
Je lui ai tourné le dos, mais il m’a bloqué le passage.
— Je t’ai attendue, Poppy. J’ai appelé tout le monde. J’étais prêt à tout pour te retrouver, mais tu avais disparu ! On m’a dit que vous aviez déménagé chez une tante malade. Je savais que c’était faux. Même ton père refusait de me répondre ! J’ai essayé d’être patient, mais les mois ont filé, et j’ai perdu espoir. Par ta faute, Poppy. J’ai laissé la douleur s’emparer de moi jusqu’à ce que l’ancien Rune disparaisse à jamais. Je ne pouvais plus le regarder dans le miroir. Ce Rune était à toi, Poppy. Ce Rune était heureux et amoureux. Et tu l’as abandonné ! Tu l’as laissé sombrer dans la souffrance et la colère !
Il a collé son visage au mien.
— C’est toi qui l’as tué, Poppy. Le Rune que tu aimais est mort le jour où tu as brisé ta promesse.
— Oui ! Mille baisers, Rune ! Mille !
— NON !
Mon sourire s’est envolé.
Rune a fait un pas vers moi.
— Je ne veux pas que tu embrasses un garçon, Poppy ! Je ne te laisserai pas faire !
— Mais…
Il a pris ma main dans la sienne.
— Tu es ma meilleure amie. Je ne veux pas que tu embrasses d’autres garçons !
— Il le faut, Rune. C’est ma nouvelle aventure. Tu resteras mon meilleur ami. Je te le promets. Tu comptes plus que tout.
Son regard s’est posé sur moi, puis sur le bocal.
— Poppymin… Tu es ma Poppy. Pour la vie.
— C’est vrai ?
— Rappelle-toi, ma puce. Quel est mon souvenir préféré ? Celui qui me fait encore sourire aujourd’hui ?
— Les baisers de papy. Parce qu’ils étaient beaux, qu’ils te rendaient heureuse et que c’était l’homme de ta vie.
Ma mère s’est approchée de nous en silence. Elle avait un bocal dans les mains. Il était rempli de petits cœurs en papier. Elle l’a posé devant moi.
— Qu’est-ce que c’est ?
— C’est ton aventure, a répondu ma grand-mère. Mille petits cœurs. Mille baisers de garçon.
J’ai essayé de compter les cœurs… Impossible. Ils étaient trop nombreux.
— Je ne comprends pas…
Elle a attrapé un crayon sur la table de chevet.
— Tu avais raison, Poppy. Mes plus beaux souvenirs sont les baisers de ton grand-père. Pas ceux de tous les jours, mais les plus mémorables. Ceux que ton papy ne voulait pas que j’oublie. Ceux qui ont failli faire éclater mon cœur de bonheur. Nos baisers sous la pluie, devant le coucher de soleil, au bal de fin d’année… quand il me serrait fort dans ses bras et me murmurait des mots doux.
Mon regard s’est posé sur le bocal entre mes mains.
— C’est un bocal de souvenirs, a-t-elle expliqué. Grâce à lui, tu te rappelleras les baisers qui t’ont rendue heureuse, ceux auxquels tu voudras repenser quand tu seras vieille, comme moi. Les plus beaux. Ceux qui t’ont fait sourire. Chaque fois que le garçon que tu aimes t’offre un baiser, ouvre le bocal et attrape un cœur. Écris l’endroit où il t’a embrassée. Quand tu seras grand-mère, tu raconteras tes aventures à tes petits-enfants, comme je l’ai fait avec toi. Tu auras un bocal à trésors avec les mille plus beaux baisers de ta vie.
Il s’interrompit pour me désigner de la tête aux pieds.
— Le cuir et toi, c’est une putain de belle histoire d’amour !
Flamme se raidit, mais avant qu’il puisse avancer vers eux, AK attrapa le bras de Viking pour le rappeler à l’ordre.
— C’est pas parce que le frangin se taillade plus les bras qu’il ne pourrait pas t’entailler la gueule. Allez, on bouge, ducon.
Elle me regarda et soupira, vaincue.
— Comme Ky l’a fait avec moi ?
J’acquiesçai.
— Comme Flamme le fait avec moi.
Je retins ma respiration, trop effrayée de gâcher cet instant par un souffle qui interromprait ses révélations.
— Je vais te faire l’amour, Lila. Je vais te prendre, te posséder. Parce qu’il n’y a personne d’autre… personne d’autre qui puisse m’offrir ce moment à part toi.
Je l’embrassai fougueusement, et elle me le rendit bien.
Front contre front, nous avions le souffle court.
— Tu es à moi, répétai-je.
— Et tu es à moi, affirma-t-elle avec fierté.
— B-bébé, murmurai-je, le cœur battant la chamade.
– Non, tu es une voleuse… Une voleuse d’âme, Olivia. J’irai brûler en enfer à cause de toi.
Elle secoue la tête, mais je suis trop parti pour pouvoir m’arrêter. J’ai besoin de sortir tout ce que j’ai dans le ventre.
« Ça me foutait en l’air de vous regarder. Ça me donnait la gerbe. T’étais gênée en me regardant, je le voyais bien, et j’avais juste envie de vous crier d’aller vous faire foutre, Mael et toi. J’avais juste envie que vous sortiez de ma vie une bonne fois pour toutes. Pendant deux ans, Rine… deux ans, je t’ai regardée avec lui. C’est sacrément long. Pendue à son cou, à le bécoter, à l’écouter te dire qu’il t’aimait quand moi, je ne pouvais pas te l’avouer. Est-ce que tu imagines seulement ce que ça fait de voir la femme qu’on aime dans les bras de son meilleur ami ? Est-ce que t’as la moindre idée de ce que j’ai pu éprouver ? Alors, ouais, ouais, c’est vrai, quand il est mort, j’ai été content. Je me suis marré, j’ai picolé et j’ai rigolé. Et putain, après… j’ai juste eu envie de lui casser la gueule, mais ce connard, il était même trop lâche pour ça. Il a préféré se buter en haut de cette falaise au lieu de m’affronter. Je t’ai embrassée ce jour-là parce que je voulais que tu lui racontes. Parce que j’en pouvais plus de te voir avec lui. Parce qu’il t’avait cognée et que je ne supportais plus ça. J’avais envie de toi, Rine, putain… à un point viscéral. C’était en train de me rendre dingue, tout le désir que j’avais pour toi. Ça devenait trop lourd à porter. Mais je n’imaginais pas qu’il prendrait cette foutue moto. Je n’imaginais pas qu’il aurait cet accident. Je n’imaginais pas que ça nous détruirait comme ça l’a fait. »