Le Bal du comte d'Orgel

J'étais tombée sur ce livre par hasard dans la bibliothèque familiale et donc l'avais lu peut-être un peu trop jeune.

Je n'avais pas su vraiment à l'époque apprécier l'imbroglio amoureux de cet étrange trio, formé du comte et de la comtesse d'Orgel et du jeune François... J'avais trouvé l'ambiance tordue et un brin compliquée.

Un roman très intéressant sur l'évolution des sentiments dans un triangle amoureux hanté par les conventions et la bienséance. Je savais que Radiguet était un jeune auteur talentueux et trop peu étudié mais je ne m'attendais certainement pas à la profondeur et à la pertinence de ses analyses des relations humaines et de la société mondaine. Sa plume est non seulement charmante mais surtout mature - c'est sans doute pour cela que les critiques ont presque attribué cette œuvre à son mentor Jean Cocteau.

Une belle et surprenante découverte.

J'avais adoré "le diable au corps", et je m'attendais à un niveau équivalent avec ce livre. Il n'est pas mauvais, au contraire, mais j'aurais peut-être dû commencer par celui-là pour "monter en puissance" ^^

Le sujet du "Bal du Comte d'Orgel" se trouve être le même que celui de la "Princesse de Clèves". A la différence prêt que là où le livre de Raymond Radiguet se termine, celui de Madame de Lafayette commence à peine. Ainsi, la pertinence et la finesse des analyses de Radiguet réhaussent et illuminent, pour le moins, celles de Mme de Lafayette écrites pourtant plus de 250 ans avant…. Le Diable au corps m'avait transporté… Je ne peux pas dire qu'il en fut de même avec "Le Bal du Comte d'Orgel" et si j'ai eu mal à la tête ce ne fut pas d'avoir danser.. mais de n'avoir pas toujours réussi à suivre l'auteur dans ses circonvolutions cérébrales.

La situation d'arrivée - et non pas initiale - rappelle la Princesse de Clèves : une femme confie à son mari qu'elle en aime un autre, mais refuse de céder à la passion. Le milieu rappelle - à son échelle - Proust, avec cette satire des mondains, de la noblesse et du désir de paraître. Mais plus que ces personnages principaux assez fades, ce sont les personnages secondaires que j'ai appréciés : la mère incapable d'avouer ses sentiments à son fils qui retrouve progressivement un goût de vivre pour elle-même, le père croisé dans le train qui est ravi de faire rire ses enfants pendant que sa femme a honte de sa bonté et de sa naïveté. Ce sont ces personnages secondaires qui apportent l'émotion.

Raymond Radiguet avait 20 ans quand il a écrit ce livre , et pourtant la façon dont il décrypte l'évolution des rapports amoureux, amicaux et mondains , dans cette société dominée par le " paraître " est impressionnante de maturité, et aussi d'un certain désenchantement , qui me rend un peu triste pour quelqu'un d'aussi jeune. Le style est brillant , quoiqu'un peu suranné et j'ai trouvé que l'ambiance générale de l'ouvrage faisait penser à la fin XIXème, bien que l'action se situe un peu plus tard , en 1920. Bien que les références soient très justes dans les commentaires précédents, j'ai pour ma part trouvé les personnages du " Bal du Comte d'Orgel " beaucoup plus travaillés et moins mièvres que dans "la princesse de Clèves". Sur la forme et le contexte de l'action , ce livre parait un peu désuet , mais l'analyse très juste des sentiments est totalement intemporelle . Je ne peux donc que conseiller cette lecture, qui en plus est assez rapide et peut donc constituer un excellent tremplin pour aborder les classiques.

Le pastiche de la Princesse de Clèves mérite d'être lu. Si on a lu le livre de Mme de Lafayette, il faut pousser le zèle à s'intéresser au roman posthume de Raymond Radiguet. Cela en vaut la peine !

Dans ce roman est abordé le thème du triangle amoureux bien, avec surtout une belle référence à La princesse de Clèves. L'amour, la passion amoureuse comme fil à suivre, mais l'allusion littéraire pèse un peu.

Bien que l'écriture psychologique de ce trio amoureux soit intéressante ainsi que l'intrigue en elle même j'ai parfois trouvé que le tout traînait un peu en longueur. Petite déception par rapport au "Diable au corps" du même auteur.

Un livre moins réussi que le diable au corps. Certainement un grand morceau de la littérature mais aussi très certainement très barbant...dommage que Radiguet soit disparu si rapidement, il aurait été intéressant de voir tout ce qu'il aurait pu laisser à la littérature.