Extraits

"Cela fait quelque temps que j'y pense. Je sais que la plupart des gens ne comprendront pas pourquoi, particulièrement ceux qui m'aiment et que j'aime. Tout ce que je peux dire, c'est que personne ne sait quel enfer j'ai vécu. Ces dernières semaines, c'est devenu tout bonnement insupportable. Il est temps pour moi de partir. Je suis profondément désolé."

Les meilleures amitiés sont celles où il n'est pas nécessaire de parler pour combler les silences.

Nous jouissions d'une vue splendide sur tout Stornoway, baigné de soleil, niché à l'abri des arbres, qui remontaient sur la colline du château derrière la ville. Le bruit de la cité nous parvenait, porté par le vent, agité et lointain, écrasé par le fracas de la mer et les clameurs des huîtriers et des bergeronnettes qui se baignaient et plongeaient autour de nous.

"Qu'est-ce qui nous est arrivé, Donald ?" Il réfléchit à sa propre question. "Je veux parler de nos espoirs, de nos attentes. Quand nous n'étions que des mômes et que la vie n'était rien d'autre que des possibilités. Tout ce que nous voulions être, tout ce que nous aurions pu être."

- Comment te sens-tu ?

- Super mal.

- Très bien. Tant que tu sens quelque chose, tout va bien.

Cela ne manquait jamais de le déprimer de voir la maison de sa tante, oubliée et laissée à l'abandon. La chaux qui s'écaillait, les ardoises brisées, les vitres cassées ou condamnées par des planches, comme une dent manquante dans une bouche mal entretenue.

Il s'agissait du même soleil que celui qui lui avait brûlé la peau en Espagne mais, à quatre mille kilomètres plus au nord, il n'était plus qu'un disque pâle dans un ciel brumeux et atténuait à peine la morsure du vent froid qui soufflait du nord-ouest.

Lorsqu'il se réveilla, il faisait jour. Ce fut à ce moment-là qu'il trouva Whistler, debout sur la crête, enveloppé par la lumière rose et étrange de l'aube, contemplant l'emplacement du lac disparu où se trouvait l'avion de Roddy, posé au milieu des rochers.

Fin soupira et eut une brève hésitation avant d'ouvrir l'arrière de son 4x4 et d'en sortir sa veste imperméable et un petit sac à dos. Il enfila la veste, passa le sac à ses épaules et agrippa fermement dans sa main droite la poignée antidérapante de son bâton de marche.

Il y allait, prêt ou non.

Nous n'avions pas prononcé un mot depuis un moment. Mais c'était un silence agréable. Les meilleures amitiés sont celles où il n'est pas nécessaire de parler pour combler les silences.