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Après les fiévreuses journées de juillet 1830 qui avaient chassé Charles X et permis l’avènement de Louis-Philippe, roi des Français par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Paris avait tardé à retrouver un semblant d’ordre. Dans les rues débarrassées de leurs barricades, s’étaient succédé cortèges, manifestations et défilés de toute sorte. On avait assisté pendant des semaines à ce spectacle inouï du peuple envahissant chaque jour le Palais-Royal, résidence du nouveau souverain. On entrait là comme dans un moulin.
Afficher en entier"Dieu m'avait remis entre ses mains pour que j'expie la seule faute dont je me reconnaissais coupable. Celle d'exister."
Afficher en entierL'inconnu qui l'avait interpellé si rudement était un jeune homme de vingt-trois ans, en redingote grise, pantalon rayé à sous-pieds, haut-de-forme rabattu sur les yeux, une canne élégante à la main. Il avait les hanches minces et les épaules carrées. Son regard gris et acéré semblait une flamme ardente. Ses traits fins et délicats, d'une beauté singulière, presque douloureuse, pouvaient faire songer à une créature céleste qui se serait égarée ici-bas. Du moins, au premier coup d'œil. Car un examen plus attentif révélait, sous cette apparence éthérée, une dureté, une détermination aussi aiguisée que le fil d'une épée. On s'avisait alors que cet ange était de ceux qui portent un glaive et que la tension immobile perceptible dans toute sa personne l'apparentait à un fauve à l'affût.
Afficher en entierJ'ignore encore si quelque chose est possible entre nous, si mon corps est capable sans se rebeller d'accepter les caresses et les étreintes, mais il me semble que cela vaut la peine, au moins, d'essayer.
Afficher en entierNul homme sur cette terre ne peut empêcher un ange de prendre son envol.
Afficher en entier- Prenons à présent la belladone, poursuivait le professeur Pelletier. Vauquelin en a isolé le principal composant sous l'Empire, un alcaloïde qu'un pharmacien a surnommé atropine il y a quelques années, par référence au nom de la Parque qui était censée couper le fil de la vie.
Afficher en entierIls étaient une dizaine à se balancer à des cordelettes. Des gros et des efflanqués. Des gris et des presque noirs. Ils voltigeaient et tournoyaient dans l’air, se frottant les uns aux autres dans une gigue macabre et obscène.
Des rats…
De gros rats empaillés, suspendus à l’extrémité d’une perche qu’un homme baladait sur son épaule en guise d’enseigne. L’individu, selon toute probabilité un vendeur de souricières et de mort-aux-rats, remontait lentement la rue Saint-Fiacre, longeant le mur d’enceinte de l’hôtel d’Uzès.
Afficher en entierLe commissaire Jules Flanchard, chef de la Sûreté, souhaitait le rencontrer le lendemain, à la première heure.
Valentin connaissait de vue ce policier à la réputation flatteuse, mais il n’avait encore jamais eu l’occasion de lui parler. Surtout, il n’avait rien à voir a priori avec les affaires que traitait la brigade de sûreté. Cette dernière avait été fondée sous l’Empire par l’ancien forçat Vidocq pour traquer les criminels de droit commun et combattre le milieu parisien. Depuis 1827 et le remplacement de son chef, la brigade était en cours de restructuration et le bruit courait, dans les couloirs de la préfecture, qu’elle se muait en police secrète chargée de surveiller et de traquer les adversaires politiques du nouveau régime.
Afficher en entierDe toute façon, j’avais atteint l’âge où les enfants abandonnés sont généralement repris aux familles d’accueil pour être placés auprès d’un patron dont l’activité nécessite de petites mains. L’administration faisait alors procéder au retrait du collier que nous portions rivé au cou et dont la médaille mentionnait notre immatriculation sur les registres de l’Assistance, l’année de notre dépôt et la désignation de l’hospice d’origine.
Afficher en entierJe me rappelle parfaitement une certaine soirée d’été. J’étais entré dans ma huitième année. Et depuis trois mois, j’étais le seul homme à la maison. Le forestier qui m’avait accueilli sous son toit avait disparu un beau matin. C’était un paysan rude, taiseux, mais qui avait su, à sa manière, me témoigner, sinon de l’amour, du moins de la bonté. Ni lui ni sa femme n’avaient jugé utile de m’expliquer les raisons de ce départ. Mais il me suffisait de voir les larmes dans les yeux de celle que je prenais alors pour ma mère pour comprendre que le malheur avait fait irruption dans nos vies. Cette absence marquée au sceau du silence semblait confirmer la loi suprême du destin : les personnes que nous chérissons désertent tôt ou tard notre existence.
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