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Je me rappelle la petite phrase d'un vieil homme accoudé au comptoir d'un estaminet : « Ici, si t'attends le soleil, tu prends racine. » Le tout avec un accent que je crains de ne pas savoir reproduire. On dit des gens du Nord qu'ils ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors, et c'est vrai.
Afficher en entier« Elle relève la tête et me cherche du regard. Un regard ! C’est quoi ? Trois secondes. Même pas. C’est le temps d’un éclair, d’un électrochoc, d’un flash, d’un truc de fou.
C’est cette vision surréaliste et brutale de ce que pourrait être l’avenir. Pas seulement ce soir, ou demain, ou le mois prochain.
Je me vois là, au même endroit, dans dix ans, dans vingt ans, avec elle, à partager ce moment de complicité, à échanger des milliers de choses par le biais d’un simple regard. »
Afficher en entierJe la fixe ardemment jusqu’à ce qu’elle rougisse de nouveau
.— Quelque chose te dérange ? attaqué-je, faussement innocent.Elle ose enfin m’affronter. J’aime l’étincelle de défi qui brille dans ses yeux clairs. Elle me rassure sur la capacité de la demoiselle à se rebiffer.
— Ça t’ennuierait beaucoup de t’habiller plus correctement pour sortir deta chambre ?Des accents d’agacement s’ajoutent à la raucité maladive de sa voix.Voilà qui devient intéressant.
— Je ne te savais pas si pudibonde.
— Ce n’est pas une question de pudibonderie, mais de politesse, me rétorque-t-elle. Je ne suis pas sûre que tu apprécierais beaucoup de me voir à moitié nue à table.Quelle perche magnifique elle vient de me tendre !Elle s’en rend compte également, car elle recommence à se mordre la lèvre inférieure d’un air un peu inquiet. Ce serait dommage de la décevoir.Je me penche vers elle en m’accoudant sur la table pour lui faire part demes convictions très masculines.
— Alex, je ne suis pas autrement fait que la plupart des hommes. Alors,sincèrement, je crois que si, j’apprécierais.
— Ben voyons ! marmonne-t-elle en reculant instinctivement contre le dossier de sa chaise.
— Je m’en voudrais de te priver d’un confort légitime. Tu es ici chez toi,m’amusé-je à lui rappeler sur le même registre provocateur.
— Tu peux toujours rêver !
Sur ce, elle débarrasse ses couverts et son pot de confiture industrielle à la fraise, me signifiant ainsi que la discussion est close. Enfin, pour ce qui la concerne.
— C’est l’un des rares points que nous n’avons pas abordés avant designer le contrat de location, lui fais-je remarquer.
— Oui, c’est vrai. J’ai omis ce détail, mais je ne me sentais pas autorisée à rentrer autant dans ton intimité.
Afficher en entierJe suis encore plus frustré que ce matin. J'ignore absolument tout d'elle, à commencer par son nom. J'ai pourtant l'impression de la connaitre depuis toujours.
Afficher en entierLa relation très planifiée que je vis actuellement m'a presque fait oublier le plaisir d'une érection spontanée.
Afficher en entierJe reprends place derrière ma table de travail immédiatement après avoir raccroché, mais je ne peux me départir de cette bonne humeur qu’Alexandra a insufflée dans mon esprit. J'aime l’espèce d'urgence qu'elle donne à mon quotidien. De spectateur de mon existence, j'en deviens vraiment acteur. Comme Pinocchio, je prends vie et me délivre des ficelles qui m'animaient jusque-là.
Afficher en entierAlexandra provoque une véritable métamorphose. Il ne suffit pas de porter des vêtements de marque, de conduire une voiture de luxe, d’occuper un appartement très chic pour être heureux. J’ai tout remisé, les fringues au placard, la voiture au garage, je me suis collé sur le dos un supplément de loyer qui réduit considérablement ma marge financière. Et pourtant, je ne regrette rien. C’est grâce à elle, ou à cause d’elle peut-être, à cause de ses rêves écrits sur un clavier, de sa façon agaçante de mordiller ses lèvres, de son bordel méthodique, à cause de ses yeux verts qui guettent chacun de mes gestes. Elle suscite en moi un élan que je peine à maîtriser.
Afficher en entierElle s’appuie contre la porte. Dans son regard passe la même lueur étrange. Mais cette fois, elle consent à me livrer le fond de sa pensée.
— Merci d’être resté avec moi. J’appréhendais d’être seule, ce soir.
Les mots sont inutiles. Je lui souris avec tendresse, puis je m’enferme dans la cabine d’ascenseur. Elle m’adresse un petit signe de la main avant que je la perde de vue. Dans ma poche, sa clé pèse soudain plus lourd, comme pour me rappeler à la réalité. En même temps que je descends dans les étages, je dégringole du nuage sur lequel Alexandra m’a entraîné. Je passe discrètement devant la loge du gardien. En sortant sur le trottoir, je lève les yeux vers le troisième. À présent, je sais parfaitement situer ses fenêtres. Je ne distingue rien d’autre qu’une lumière tamisée.
J’ignore encore complètement comment je vais me tirer de cette histoire de fou dans laquelle je me suis embarqué. La seule chose dont je suis certain, c’est qu’aucune fille n’a produit sur moi un tel effet. Plus qu’un simple désir, Alexandra éveille en moi l’envie d’être à ses côtés, de veiller sur elle, de la protéger de tout, d’elle-même, s’il le faut. Sous ses dehors bravaches, elle cache une personnalité sensible et émouvante. Je sais désormais à quoi m’en tenir. Pour l’avoir lu dans les pages de son roman, je comprends que son héroïne est identique à ce qu’elle est. Je plonge la main dans ma poche et j’en tire la fameuse clé.
Et puisque son héros est à l’image de celui qu’elle espère…
Afficher en entier« Elle relève la tête et me cherche du regard. Un regard ! C’est quoi ? Trois secondes. Même pas. C’est le temps d’un éclair, d’un électrochoc, d’un flash, d’un truc de fou.
C’est cette vision surréaliste et brutale de ce que pourrait être l’avenir. Pas seulement ce soir, ou demain, ou le mois prochain.
Je me vois là, au même endroit, dans dix ans, dans vingt ans, avec elle, à partager ce moment de complicité, à échanger des milliers de choses par le biais d’un simple regard. »
Afficher en entierJe n’ai pas cherché à la chasser de mon esprit, je crois qu’elle n’en serait pas partie, de toute façon. Elle est restée là, près de moi, comme elle l’a été deux heures durant sur le siège d’en face. J’ai ressenti l’envie furieuse de détacher la grosse pince noire qui retenait ses cheveux, d’empêcher ses dents d’entamer ses lèvres et d’y poser les miennes pour l’embrasser à lui en faire perdre haleine. Et, ce maudit réveil a sonné.
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