Le cavalier du Louvre

Alors ? Un faune qui finirait chargé de titres et d'honneurs ? Et qui s'en moquerait ? Pourquoi pas ? Mais est-ce possible ? Ne sommes-nous pas condamnés au malheur, au désespoir, à la mélancolie, au vide, à l'absence, à l'errance, à la mort, au doute, à la punition que nous méritons , Ne nous répète-t-on pas cela depuis presque deux siècles ? Le règne du jeu et de la raison n'a-t-il pas entraîné les pires catastrophes totalitaires ? Et si c'était le contraire ? Si l'humanité était périodiquement saisie de haine convulsive et meurtrière contre le jeu, l'art, la raison ? Lourde hypothèse, n'est-ce pas, que celle d'un ressentiment inusable formant le fond organique de notre problématique espèce. Dans le cas de Vivant, il faut pourtant supposer une passion unique dirigeant toute une vie, et trouvant - fait rarissime - une issue explosive dans le temps historique de cette vie. L'art ? Oui, employons ce mot, avant d'essayer de lui donner un sens moins creux que celui dont nous l'avons recouvert. Un sens effervescent, mobile, aventureux. L'empire de l'art, comme on dit l'empire des sens. Notre homme, nous allons le voir, n'est pas un Idéologue. Voilà sans doute, pourquoi il s'est moins trompé que beaucoup.