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Le pur-sang se tenait dans son box, les regardant avec nonchalance. Grand, musclé, sans élégance, mais plein de confiance en lui-même. Aucune contingence imprévue ne l’effrayait. Il aimait courir. Sa digestion était impeccable et ses nerfs en acier. Renny avait consacré une large part du legs d’un oncle bien-aimé à l’achat d’East Wind. Il l’avait acheté en dépit de l’opposition énergique quoique presque silencieuse de sa femme. Et combien cette acquisition s’était avérée profitable ! Le grand poulain avait gagné une course après l’autre. De riches turfistes lui avaient offert des sommes considérables, mais une sorte de fidélité obstinée lui avait fait refuser les propositions les plus tentantes. La place d’East Wind était à Jalna. C’est cette même loyauté qui l’amenait maintenant auprès de sa vieille jument Cora. Elle approchait de quarante ans, mais elle était en excellente condition : dents relativement bonnes; intelligence, de l’avis de Renny, extraordinaire. Elle l’aimait avec l’ardeur d’une nature fort simple. Il subit la caresse de son museau humide, de son mordillement; en échange il lui donna une tape enjouée puis un baiser.
Afficher en entierSept pigeons descendirent maintenant la pente du toit et s’arrêtèrent, prêts à prendre leur essor, leurs yeux semblables à des joyaux et leurs gorges lustrées brillant de la promesse de la saison nouvelle. Un pas rapide se fit entendre dans l’avenue : celui d’Adeline, la fille de Renny. De cinq ans plus âgée que son frère, elle présentait, malgré sa sveltesse, un aspect plantureux par comparaison avec la rigide austérité du corps d’Archer. Ils formaient à tous points de vue un contraste absolu. Il avait les cheveux blonds, secs, ayant tendance à se dresser tout droits, tandis que ceux de sa sœur, d’une riche teinte acajou, qui avait au soleil des reflets roux, bouclaient autour de son visage animé; il avait les yeux d’un bleu invariable; elle d’un brun changeant; les lèvres d’Archer formaient une ligne pensive (qu’il espérait satirique); celles d’Adeline étaient toujours prêtes soit au sourire soit à la tristesse.
Afficher en entierIls s’avancèrent sur la route et prirent un sentier, récemment dégelé, qui, à travers champs, menait à Jalna. Le lacet d’un soulier de Mary s’était dénoué; Renny se courba pour le rattacher. Consciemment féminine, elle savoura cette attention en même temps que la bonne odeur de tweed et de tabac qui émanait de lui. Tout comme il avait regardé sa nuque blanche avec tendresse, elle contempla avec étonnement la sienne, hâlée, bien qu’elle eût été tout l’hiver protégée par un col. Avec curiosité, elle examina ses oreilles pointues très colorées et sa chevelure rousse et dense.
Afficher en entierCette petite Mary était âgée de huit ans, assez délicate et pas très grande pour son âge, plus déconcertée que satisfaite par ce qu’elle découvrait autour d’elle, pourtant parfois envahie d’une joie folle. Cela lui arrivait toujours quand elle se trouvait seule, quand tout était silence, à part peut-être le bruissement des feuilles remuées par la brise ou le chant soudain d’un oiseau invisible. Alors elle levait les bras et les agitait telles des ailes. Elle poussait un petit cri, comme si l’intensité de ses sentiments dépassait ce qu’elle pouvait supporter.
Rien n’était susceptible de lui apporter de joie par cette froide matinée du début de mai. Le vent du nord faisait trembler les plantes annuelles du jardin. Certaines d’entre elles atteignaient près d’un mètre quatre-vingts, mais les érables étaient à peine en bourgeons.
Afficher en entierLa villégiature d'une semaine avait été prolongée d'un jour. Le huitième matin, la brume s'était dissipée, et le vent soufflait du nord-ouest. Tous furent d'accord pur dire que ce serait une journée merveilleuse à passer sur le lac. Les jeunes femmes préparèrent, un déjeuner plus copieux que d'habitude ; ils le prirent à l'extrémité opposée du lac, dans une petite baie qu'abritait une île. Ce fut sur le chemin du retour qu'ils essuyèrent la bourrasque
Afficher en entierLa villégiature d'une semaine avait été prolongée d'un jour. Le huitième matin, la brume s'était dissipée, et le vent soufflait du nord-ouest. Tous furent d'accord pour dire que ce serait une journé merveilleuse à passer sur le lac. Les jeunes femmes préparèrent un déjeuner plus copieux que d'habitude, ils le prirent à l'extrémité opposée du lac, dans une petite baie qu'abritait une île. Ce fut sur le chemin du retour qu'ils essuyèrent la bourrasque.
Afficher en entierPar une allée de gazon bordée de fleurs, que la gelée avait brûlées, et un escalier de bois, Finch suivit Wakefield jusqu'à la rive sablonneuse du lac qui s'étendait devant eux. En comparaison de celui dont ils avaient l'habitude, il était petit : par temps clair, on apercevait facilement son autre rive. Sous le ciel bleu, il n'en reflétait pas l'azur ; sa couleur était d'un vert changeant. Sur les îles qui le parsemaient, des arbres de haute taille s'élevaient au-dessus des rochers se projetaient leur ombre à la surface de l'eau. Wakefield, si longtemps confiné dans les bois, eut l'impression d'un paysage merveilleusement libre. Sa première pensée fut : "Oh ! si seulement Molly était ici !" mais, trop fier pour l'exprimer, il se contenta de dire, d'un ton terre à terre :
- Si ce temps se maintient, nous passerons une semaine dont il fera bon se souvenir. Tu ne peut imaginer ce que j'éprouve. C'est comme un nouveau bail avec la vie.
Afficher en entierElle lui avait fait part de la nouvelle et n'avait plus grand-chose à dire. Des voix et des rires leur parvenaient de la pelouse avec le son d'une valse de chopin jouée par Finch. Renny prit la main de Roma, l'embrassa et remonta avec elle la pente menant à la maison.
Afficher en entierImmédiatement, elle en mit pour lui une tranche sur une assiette, et Denis approcha une chaise de la table à côté de Wright. Les quatre adultes le regardèrent manger avec un vif intérêt.
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