Ajouter un extrait
Liste des extraits
Preux ne reprit pas l’analyse de sa partie. Elle était complexe et donnait lieu à de nombreuses variantes, qu’il devrait examiner une à une. En outre, la finale avait été longue, puisque soixante-huit coups avaient été joués. Il n’avait pas assez de temps pour toute cette étude avant le rendez-vous. Il décida de s’y replonger en revenant du café, où il n’avait pas l’intention de traîner. Il laissa son ordinateur ouvert, enfila un jean à la place du vieux pantalon de jogging qu’il mettait le soir quand il était seul chez lui, prit sa veste noire favorite et sortit.
Il fut surpris de voir les trottoirs de la rue Gambetta remplis de monde. Il se serait presque cru un dimanche à 11 heures, quand le marché de Wazemmes tout proche bat son plein. Sans doute l’exceptionnelle douceur de ce début avril – il faisait encore 20° à 19 heures – expliquait-elle cette affluence record. Les gens que Preux croisait flânaient, le sourire aux lèvres. Il flottait dans l’atmosphère un parfum de décontraction et de bonne humeur, comme si la météo clémente avait pour mission de tirer la cité endormie de sa léthargie hivernale.
Preux, contaminé par cette nonchalance, remonta lentement l’artère commerçante vers la place du Marché. Comme il était en avance, il la dépassa et poursuivit vers le bout de la rue. Il croyait oubliée la scène pénible de l’après-midi quand, soudain, le visage décomposé de Mme Dutoit s’imposa à lui, en même temps que résonnaient en lui les questions qu’elle lui avait posées. Ah ! Elle devait bien s’en moquer de la douceur de l’air aujourd’hui ! Combien de temps lui faudrait-il avant qu’elle n’en sente à nouveau le charme ? Mal à l’aise, il fit demi-tour, pressé désormais d’arriver au bistrot.
Afficher en entier