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Le Chagrin et la Grâce



Description ajoutée par annick69 2016-03-06T19:06:15+01:00

Résumé

Quand, en avril 1999, l épouse de Caelum, Maureen, échappe de justesse au massacre de Columbine, le couple se réfugie dans la ferme où il a été élevé, à Three Rivers, dans le Connecticut. C'est là que Caelum découvre des archives familiales : les lettres de son aïeule, militante abolitionniste ; les journaux de son arrière-grand-mère, fondatrice de la prison pour femmes du comté ; des coupures de presse sur ces années 1960 qui l ont vu grandir aux côtés d'un père alcoolique traumatisé par la guerre de Corée... Pour tenter de comprendre la colère qui l'habite depuis toujours, Caelum va devoir explorer les recoins les plus obscurs de sa mémoire... Une plongée au c ur de l histoire des Etats-Unis à travers l épopée flamboyante d une famille sur cinq générations. Ambitieuse, foisonnante, cette vaste fresque entraîne le lecteur dans des tourbillons résolument romanesques. Non sans grâce. Sophie Pujas, Transfuge.

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Classement en biblio - 40 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par ninanina 2011-11-20T16:27:00+01:00

Ce soir-là, ils assuraient tous les deux leur dernier service chez Blackjack Pizza même s'ils étaient les seuls à le savoir. Il faut au moins leur reconnaître ça : c'étaient des dissimulateurs-nés. Des organisateurs patients. Ça faisait un an qu'ils mijotaient leur coup, laissaient des traces de leurs intentions : sur papier, sur vidéo, sur Internet. En fin de première, l'un d'eux avait écrit sous leur photo de classe : « Bon Dieu, j'ai hâte de les voir crever, j'ai déjà le goût du sang dans la bouche. » L'autre avait ajouté : « Tuer des ennemis, faire tout péter, buter des flics ! Ma colère sera divine ! »

Ma colère sera divine : voilà peut-être un indice. Leur capacité à tromper tout le monde était-elle leur justification ? Si nous étions dupes, c'est que nous étions tous des imbéciles ; ils nous étaient donc supérieurs et en droit de déclencher le chaos. Mais je ne suis peut-être qu'un théoricien du chaos de plus, égaré comme les autres dans le labyrinthe.

C'était le vendredi 16 avril 1999, quatre jours avant qu'ils n'ouvrent le feu. J'étais resté au lycée pour une réunion de parents d'élèves et une réunion syndicale, et, entre les deux, j'avais appelé Maureen pour lui dire que je rapporterais quelque chose pour le dîner. Blackjack Pizza se trouve sur le chemin de la maison.

Il était encore tôt. Le rush du vendredi soir n'avait pas commencé. Il se tenait à la caisse, accoudé au comptoir, en train de parler à une fille en blouse de coiffeuse. Enfin, parler est un bien grand mot. Il y avait un portable sur le comptoir et il ne cessait de le faire tourner avec son index - de regarder le téléphone au lieu de regarder la fille. Je me souviens de m'être demandé si je n'avais pas surpris une querelle d'amoureux. « Je ferais mieux d'y retourner, dit la fille. À demain. » Sa blouse portait l'inscription « Hair du temps », ce qui signifiait qu'elle travaillait au salon de coiffure voisin - celui où allait Maureen.

« C'est ta cavalière ? » lui demandai-je. Le bal de promotion avait lieu le lendemain soir au Design Center de Denver. Les élèves retourneraient ensuite au lycée pour une fête qui durerait toute la nuit et que je m'étais laissé convaincre de chaperonner.

« Pas question d'aller à ce bal ringard », dit-il avant de lancer par-dessus son épaule : « Alors, ça vient, cette moitié champignons, moitié boulettes ? » Son équipier ouvrit la porte du four, jeta un coup d'œil à l'intérieur. Leva le pouce.

« Dites-moi, les gars. Vous avez fait une autre bataille de farine Blackjack ? »

Il esquissa un sourire. « Vous vous en souvenez ?

— Bien sûr. C'est ce que tu as écrit de mieux. »

Je l'avais eu comme élève l'année d'avant. Esprit concret, dépourvu d'imagination, il était attentif à ses notes et préférait le par cœur - définitions de mots et vers de Shakespeare - aux exercices faisant appel à la créativité. Pourtant son texte sur les batailles de farine du personnel de Blackjack Pizza, présenté comme une parodie de la guerre, était ce qu'il avait écrit de plus vivant de tout le trimestre. J'avais griffonné en commentaire : « Tu devrais songer à un atelier d'écriture l'an prochain. » C'est ce qu'il avait fait. Il était dans celui de Rhonda Baxter. Mais cette dernière ne l'aimait pas - elle le trouvait condescendant. Elle détestait la façon dont il levait les yeux au ciel devant les commentaires des autres. Rhonda et moi avions une heure de creux en commun et nous échangions nos points de vue sur les élèves. Moi, je ne peux pas dire que je l'aimais ou le détestais. Il m'avait demandé une fois une lettre de recommandation. Je ne sais plus pour quoi. J'ai en revanche le souvenir de m'être creusé la cervelle pour trouver quoi dire.

Il enregistra mon achat. Je lui tendis un billet de vingt dollars. « Comment ça se présente pour l'année prochaine ? Tu as une réponse des universités où tu as déposé une demande d'inscription ?

— Je m'engage dans les marines.

— Ah oui ? J'ai entendu dire qu'ils cherchaient des gars bien. »

Il hocha la tête sans sourire et me rendit la monnaie.

Son camarade apporta sans se presser le carton de pizza au comptoir. Il avait perdu son air juvénile. Il était devenu un adulte efflanqué, au nez en bec d'oiseau, au menton en galoche, aux cheveux noués en une queue-de-cheval tristounette.

« Et toi, quels sont tes projets ?

— L'université de l'Arizona.

— Prometteur, tout ça. » J'indiquai d'un signe de tête sa casquette des Red Sox. « Tu es supporter ?

— Si on veut. Je viens d'acheter Garciaparra pour ma ligue de base-ball virtuel.

— Super. J'allais tout le temps aux matches des Sox quand j'étais à l'université de Boston. Fenway est à cinq minutes.

— Cool.

— C'est peut-être leur grande année, hein ?

— Peut-être. » Il n'en avait visiblement rien à foutre.

Lui aussi était dans l'atelier d'écriture de Rhonda. Un jour, elle était entrée dans la salle des profs, très remontée. « Lis-moi ça, avait-elle dit. C'est pas de la perversité ? » Il avait écrit une histoire de deux pages sur un mystérieux vengeur en trench-coat noir. Au moment où des sportifs et des étudiants BCBG quittent un bar animé, il sort des pistolets et des explosifs de son sac de sport, les tue et s'éloigne en souriant. « Tu crois que je devrais appeler ses parents ? » avait demandé Rhonda.

J'avais haussé les épaules. « Un tas de gamins écrivent ce genre de connerie. Trop de jeux vidéo, trop de testostérone. À ta place, je ne me mettrais pas martel en tête. Il a juste besoin d'une copine. » Mais elle s'était quand même fait des cheveux, suffisamment pour passer un coup de fil aux parents. Elle avait taxé la rencontre, une semaine plus tard, de « perte de temps ».

La porte s'ouvrit brusquement : cinq ou six gosses chahuteurs entrèrent dans la pizzeria. « Salut, à plus tard, dis-je.

— À plus », lança-t-il. Je me rappelle avoir pensé qu'il ferait un bon marine. Propre sur lui, consciencieux, tee-shirt repassé bien rentré dans son short sans faux pli. Dans quelques années, il aurait probablement l'étoffe d'un officier.

Au dîner, ce soir-là, Maureen a suggéré qu'on aille au cinéma, mais je me suis excusé en invoquant l'épuisement de la fin de semaine. Elle a débarrassé la table, j'ai donné à manger aux chiens et nous nous sommes retirés devant nos télés respectives. À 22 heures, j'étais dans mon fauteuil relax en train de regarder Homicide avec le sous-titrage, l'estomac plein de pizza. J'avais Newsweek ouvert sur les genoux pour les spots de publicité, une bière entre les cuisses et un CD de Van Morrison qui me résonnait dans le crâne : Astral Weeks, un disque paru en 1968, l'année de mes dix-sept ans.

J'avais quarante-sept ans à l'époque. Un mois auparavant, un type dans un forum de discussion avait posé la question : « Quels sont les dix chefs-d'œuvre de l'ère du rock ? » Des dizaines d'entre nous avaient commencé à dresser des listes, et à se rentrer dans le lard au sujet de nos sélections mutuelles. (Je me représentais mes frères cyberrockers sous la forme d'un gros type à la calvitie naissante, boudiné dans un tee-shirt tie-dye XL alors que la taille XXL s'imposait.) Mon choix était aussi sujet à caution que ceux des autres. J'encourus l'ire bon enfant de plusieurs de mes cyberpotes quand j'inclus dans ma liste Nebraska de Springsteen, mais exclus Born to Run et Born in the USA. « Dude, porte-parole des VRAIS fans du Boss », ingénieur en recyclage des déchets dans le Michigan, m'envoya un message : « J'ai le regret de t'informer que tu es encore plus naze qu'un sandwich à la soupe ! » Bien sûr, j'y allai moi aussi de mes critiques, pas toujours avec succès. J'appris ainsi que j'avais gravement offensé un professeur de littérature médiévale en affirmant que les Backstreet Boys étaient les descendants directs d'un autre groupe mièvre et surfait d'une ère révolue : les Beach Boys. Le professeur demanda à communiquer en privé et je lui fournis obligeamment mon adresse. Une semaine plus tard, je recevais une enveloppe FedEx, port payé par l'université de Princeton, contenant onze pages d'une défense érudite (à défaut d'être convaincante) de l'album Pet Sounds.

Écouter de la musique et dresser des listes m'occupa pendant des semaines : Sgt. Pepper ou Songs in the Key of Life ? Aretha Franklin ou Etta James ? J'avais gardé ma dixième et dernière place pour Van the Man, le peu orthodoxe mais toujours intéressant Van Morrison, mais je n'arrivais pas à me décider entre l'élégant Moondance et son Astral Weeks à l'émotion à fleur de peau. D'où les écouteurs, ce vendredi soir.

Mais tout ça, c'était une armure, je le comprends à présent : la télé, le magazine ouvert, le bilan musical de ma vie, le cyberbavardage. Je m'abritais sous une cotte de mailles multimédia pour repousser toute demande affective de la part de Maureen.

Une ombre traversa le tapis et mon regard quitta Homicide. « Caelum ? » articulèrent ses lèvres. Elle tenait notre plateau en osier sur lequel se trouvaient deux verres de vin rouge et une bougie allumée. Je regardai le vin osciller dans les verres tandis qu'elle attendait. Un parfum épicé émanait de la bougie. À l'époque, ma femme était fana de la chanteuse Enya et d'aromathérapie.

Je soulevai mon oreillette gauche. « Ouais, donne-moi quelques minutes. Je veux sortir les chiens, regarder un peu les infos. J'arrive. »

Maureen, les épaules vaincues, fit demi-tour avec son plateau et commença à gravir l'escalier. J'étais capable de lire le dos de Mo, comme celui de mes deux précédentes épouses. Mais lire et réagir sont deux choses différentes. « Ne vous contentez pas de regarder les pages, avais-je coutume de dire à mes élèves. Identifiez-vous au personnage. Vivez le livre de l'intérieur. » Ils restaient assis à me regarder poliment avec de grands yeux, comme si j'étais un extraterrestre venu de la planète N'importe Quoi.

Maureen est mon épouse trois-coups-de-canif-dans-le-contrat-et-je-te-vire et, à ma connaissance, la seule de la trinité qui m'ait trompé. La bougie allumée sur le plateau était un des signaux dont nous étions convenus au Connecticut, en 1994, durant l'humiliante expérience de la thérapie conjugale : sept séances que nous avions suivies après ses parties de jambes en l'air avec Paul Hay au Courtyard Marriott.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par mona2018 2022-04-17T10:39:50+02:00
Or

Un pavé ... à couper au couteau ! Wally Lamb aborde ici plusieurs sujets qui est la reconstruction après un traumatisme, la résilience face à la vérité sur sa naissance, l'importance de son hérédité, les difficultés d'un rapport de couple, la transmission juste du savoir, le positionnement religieux et politique, l'injustice de la justice, les rapports amicaux et parfois leurs écueils, l'incompréhension des "psys" face à la souffrance de leurs clients et tant d'autres sujets abordés dans cette saga familiale. Dommage car Wally Lamb est un superbe écrivain mais qui s'éparpille dans une foule de directions et on perd la tête à le suivre. On aimerait peut-être ce roman découpé en plusieurs parties. N'empêche que je l'ai lu avec avec avidité en sautant parfois les lettres de son aïeule...

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Commentaire ajouté par LOANDRE 2021-04-03T20:38:33+02:00
Argent

Le début de ce roman fut un peu laborieux, et comme il fait 890 pages, autant dire que le début c'est au moins 300 pages. Beaucoup de lenteurs ont altéré mon plaisir, mais ce fut tout de même une belle lecture une fois que nous sommes implantés dans l'histoire. De nombreux thèmes sont abordés, les chocs post traumatiques, au retour d'une guerre ou après un attentat (ici, la tuerie de Colombine), l'alcoolisme, l'enfance, le poids des actes de nos ancêtres sur nous, les prisons de femmes et bien d'autres choses... Un roman plein d’émotions, poignant et bien écrit.

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Commentaire ajouté par goretti 2020-04-12T19:12:26+02:00
Pas apprécié

Je viens terminer ce livre interminable. Beaucoup trop de longueur qui viennent alourdir le roman. En ce qui concerne la tuerie à Colombine, j'en aurais pris beaucoup plus. J'ai énormément aimé suivre Maureen comment elle a vécu cette tragédie de l'intérieur et comment elle continue à survivre après la tuerie. Néanmoins, l'écriture de Wally Lamb est agréable à lire. Trop de chapitres superflus.

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Commentaire ajouté par Mietje 2013-10-04T14:01:34+02:00
Or

J'ai prêté ce livre à une amie , il y a plus d'un an. Il vient de me revenir; je ne l'avais toujours pas répertorié en Booknode et il m'est donc difficile d'en faire un commentaire aussi longtemps après une lecture. Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai beaucoup insisté pour ravoir ce livre car il m'avait laissé à l'époque un véritable enchantement. Même après un an, je ne peux que conseiller de lire ce livre.

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Commentaire ajouté par dianelangevin 2012-10-01T23:30:16+02:00
Or

j'ai bien aimé , même s'il y a en effet beaucoup de longueurs. Voir comment un événement comme le tuerie de Colombine détruit la vie des individus , est incroyable. C,est en plus très bien écrit.

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Commentaire ajouté par cricri2a 2011-06-23T22:30:32+02:00
Lu aussi

j' ai lu ce livre mais c'est pas un de mes préférés. il est beaucoup trop long même si le livre a une histoire prenante.

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Commentaire ajouté par subzero 2011-02-28T14:53:39+01:00
Argent

Jai adoré même si les longueurs sont parfois décourageantes. Ce livre est poignant et traite bien du thème de la résilience.

Je le garde précieusement.

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Commentaire ajouté par carotim 2011-02-16T10:36:16+01:00
Lu aussi

Je finis ce livre en étant très partagée. Oui, il est bien écrit, certains passages sont prenants et le sujet traité est intéressant. Mais par contre, je l'ai trouvé beaucoup trop long. Pas trop gros, les pavés ne me font pas peur. Mais l'action est bien trop lente à mon goût.

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Date de sortie

Le Chagrin et la Grâce

  • France : 2010-01-07 - Poche (Français)

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2023-09-23T15:58:00+02:00

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