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"Être écuyère de cendre est un grand honneur, tu sais. Seules celles appelées par un destin d'envergure sont ainsi choisi par la Dame.
- Mais je n'ai pas de dragon. Ni de Maîtresse, d'ailleurs, quand on y pense. Comment suis-je censée accomplir quoi que ce soit de grand toute seule, sans dragon, sans Maîtresse ?"
Afficher en entierPeut-être ne tenait-elle aucun livre entre ses mains, mais bien une forêt en dormance, la mémoire de chaque espèce sommeillant en son sein.
Afficher en entierNi jalouses montagnes ou colériques volcans, ni plateau ancestral ou palais désœuvré. Juste les nuages et le vent, la voûte céleste sans fin ni commencement.
Afficher en entierLien entre les cieux et le monde souterrain, l'arbre dialogue avec les vers comme avec les oiseaux, en toute égalité.
Afficher en entierElles reprirent leur travail de classement, bercées par le ronronnement du feu dans l'âtre, le parfum des plantes séchées, le calme bienvenu de l'antre de Frêne.
Afficher en entierPèn aimait regarder les filles s'attacher les cheveux. Si l'une de leurs camarades commençait à passer les doigts à travers sa chevelure, à la rassembler sur le sommet de son crâne d'un geste agile du poignet, Pènderyn interrompait toute activité pour l'observer. Qu'elles soient à l'entraînement, attablées à graisser des cuirs, occupées à nettoyer la voilère, à grignoter une mignardise ou bien en pleine discussion, elle se figeait et s'abreuvait du tressaillement des boucles ophidiennes.
Afficher en entierSophie tombe à genoux, pose les mains sur la pierre froide. Des larmes d'impuissance ruissèlent le long de ses joues et pleuvent sur ses doigts abîmés par le voyage à travers le Ravin. Entaills encroûtées, ecchymoses violacées et griffures diverses recouvrent ses mains, ses avant-bras et se poursuivent sous le couvert de sa chemise. Elle a affronté la falaise gardienne de Nordeau avec ce mêmes mains. Elle a imposé sa volonté à la face de pierre à la force de ces paumes, de ces phalanges, de ces ongles. Elle s'est hissée jusqu'au repaire de l'Ermite à la force de ces bras ; elle s'est saisie de Baldré ; elle l'a ceint à ses hanches et il ne l'a plus quittée. Dans le secret de sa poitrine, les braises de la colère se ravivent. Au prix d'un immense effort, et malgré la douleur insoutenable qui s'attache à ses membres, Sophie se redresse. Le Ravin mugit autour d'elle, déverse tout un folt de refus, de dédain et de hargne.
Afficher en entierQuand elles se turent, les Aînées s'avancèrent entre les cendres et les dernières braises et, s'agenouillant dans la poussière des os, brulèrent leurs encens sacré et respirèrent leurs fumées divinatoires. Éliane surveillait Raëlle. Quelque soit le prénom que leur murmurerait la Dame, c'est par elle que viendrait la nouvelle. Un nuage s’éventra contre la montagne et la pluie se mit à tomber. Éliane resta immobile. Les Aînées étaient toujours prostrées au milieu des restes calcinés qui se transformaient en boue, attendant que leur soit chuchotée l'identité de l'héritière d'Acquilon, son écuyère de cendre. Raëlle se redressa sous la pluie battante et s'avança vers les novices. Depuis l'autre côté de la cours, Éliane ne put entendre le nom de celle qu'elle appela, mais elle put discerner l'une des fillettes les plus âgées, une petite silhouette aux cheveux noirs, serrer sa camarade la plus proche dans ses bras et s'extirper du groupe compact d'enfants. Elle rejoignit Raëlle et l'Aînée la guida jusqu'à sa Maîtresse.
"La dame a parlé, clama Raëlle haut et fort. Du sang vient la cendre et de la cendre vient l'enfant. Ainsi sont nos coutumes. Acquilon a passé, voici venu Sophie !"
Un long rugissement accompagna ses paroles. Depuis leurs quartiers des remparts, les dragons manifestaient leur approbation.
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