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" Après, Mamie. Qu'est-ce qui va se passer quand tu vas mourir ? […]
"C'est comme passer une porte, Jojo. […]
La mort , une immense bouche grande ouverte […]"
Afficher en entierQuelques jours plus tard, j’ai compris ce qu’il essayait de dire, que devenir adulte, ça signifie apprendre à naviguer dans ce courant : apprendre quand se cramponner, quand jeter l’ancre, quand se laisser porter.
Afficher en entier« Allez, c’est parti », dit Papy.
Papy maîtrise le bouc comme si c’était un homme et les genoux de la bête fléchissent. Elle tombe dans la terre museau en avant, tourne la tête et du coup elle me regarde pendant que sa joue frotte contre le sol, dans la poussière et le sang. Elle me montre son œil doux mais je ne me détourne pas, je ne cille pas. Papy tranche. Le bouc fait un bruit étonné, un bêlement ravalé par un gargouillement, et ensuite il y a du sang et de la boue partout
Afficher en entierLeur chant est omniprésent : leur bouche ne remue pas et pourtant ça émane d'eux. Une mélodie dans la lumière jaune. Ça émane de la terre noire, des arbres et du ciel toujours éclairé. Ça émane de l'eau. C'est le plus chant que j'ai entendu, mais je n'en comprends pas un mot.
Afficher en entierIl a su voir au delà de ma peau café au lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prune, et il m'a vue moi. Il a vu que j'étais une blessure ambulante, et il est venu me panser.
Afficher en entierElle s'agenouille et elle fait dégringoler les pierres sur le sol, regarde la femme de l'eau salée qui a été réveillé en sursaut, et elle dit :
"D'accord."
Les larmes et l'océan et le sang pourraient irriter le nez, creuser un trou dedans. La femme de l'eau salée, la femme vers qui Léonie rampe par-dessus les pierres en disant, Maman, Maman, cette femme regarde Léonie avec tant de compréhension, de pardon et d'amour que j'entends à nouveau la chanson ; je connais cette mélodie. C'est celle de l'endroit d'or après les eaux. une grande bouche s'ouvre en moi et gémit ; je suis un estomac vide.
L'oiseau à écailles se pose au bord de la fenêtre et craille.
Afficher en entierElle venait de l’autre côté de l’océan, son arrière-grand-mère, et elle avait été kidnappée et vendue. Et elle avait raconté à ma grand-mère que, dans son village, on mangeait de la peur. Elle disait que la peur, ça changeait la nourriture en sable dans la bouche. Elle disait que tout le monde savait pour la marche forcée jusqu’à la côte, qu’il y avait des rumeurs sur les bateaux et sur les hommes et les femmes qu’on entassait dedans…
Afficher en entierParce que je voulais sa bouche sur moi, parce que dès l'instant où je l'ai vu traverser la pelouse pour me rejoindre dans l'ombre du panneau de l'école, il m'a vue. Il a su voir au-delà de ma peau café sans lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prunes, et il m'a vue moi. Il a vu que j'étais une blessure ambulante, et il est venu me panser.
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